Les astronomes prennent la mesure d’un trou noir

La taille du disque d’accrétion du trou noir situé au centre de la galaxie M87 est égale à 5,5 fois celle de son horizon… Tel est le résultat obtenu par l’équipe internationales d’astronomes formée autour de l’observatoire Haystack du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Cela n’en a pas l’air mais il s’agit de la première prise de mensurations de l’objet le plus extraordinaire de l’Univers: le trou noir. Sorte de bonde aspirante du cosmos, le trou noir attire tout, lumière comprise, ce qui passe à sa portée et l’engloutit sans que l’on comprenne très bien ce qu’il peut bien faire d’une telle accumulation vorace. Ni ce que devient cette matière ultra comprimée. Toujours est-il que tout ce qui atteint l’horizon du trou noir, c’est à dire sa limite extérieure, disparaît. Autour de lui, tourne une sorte de salle d’attente, un couloir de la mort circulaire: le disque d’accrétion. Là, poussière, gaz ou objets célestes pris dans les rets de la gigantesque gravité du trou, attendent…  Et les astronomes tentent de comprendre ce qui se passe dans cette antichambre de la désintégration. Comment la matière se comporte et si elle suit bien les lois de la physique d’Einstein. Pour cela, rien ne vaut la prise de mesure. C’est ce qui vient d’être fait grâce à des moyens impressionnants.

Tout se passe dans la galaxie M87 située à 50 millions d’années lumière de la Terre. En son centre, le trou noir est 6 milliards de fois plus massif que notre soleil. Pour l’observer et le mesurer, un réseau associe les télescopes d’Hawaii, d’Arizona et de Californie au sein de l’Event Horizon Telescope (EVT) capable de discerner des détails 2000 fois plus petits que ceux que distingue Hubble depuis l’espace. Grâce à la technologie VLBI (Very Long Baseline Interferometry) qui permet de relier les signaux provenant des différents télescopes, les astronomes ont pu prendre les mesures du trou noir. La taille du disque d’accrétion semble indiquer qu’il tourne dans le même sens que le trou noir. Cette observation directe pourrait permettre de mieux comprendre la dynamique des jets de matière expulsés du disque d’accrétion sous l’effet de changements de champs magnétiques. L’étude a été publiée dans la revue Science le 27 septembre 2012.

Michel Alberganti

lire le billet

La sélection du Globule #8

Magnetar– L’étoile bizarre qui apparaît sur cette vue d’artiste (crédit : ESO/L. Calçada) est un magnétar : il s’agit d’une étoile à neutrons dotée d’un champ magnétique incroyablement puissant (d’où le terme de magnétar, mot-valise construit sur l’expression anglaise de “magnetic star”). C’est le reste d’une grosse étoile en fin de vie, après qu’elle a explosé en supernova. Celle-ci lance un défi aux astrophysiciens car, étant donné sa masse, elle n’aurait jamais dû se transformer en magnétar mais en trou noir… Pourquoi cela ne s’est-il pas produit ? Mystère…

Qui n’a pas vu un enfant lâcher involontairement dans le ciel son ballon plein d’hélium (et se mettre à hurler dans la seconde suivante) ? Eh bien, ce spectacle risque de ne plus se voir dans quelques décennies, parce que les réserves de ce gaz très léger s’épuisent à vitesse grand V. Le problème, c’est que l’hélium est très utile pour de nombreux appareils (comme les machines à IRM) et procédés industriels…

– Tout le monde connaît le nom de la chienne Laïka, qui fut le premier être vivant envoyé dans l’espace en 1957, par l’URSS. On sait moins comment s’appelaient les premiers animaux qui eurent la chance, contrairement à Laïka qui était condamnée à mourir en orbite, de revenir sur Terre vivants. Il s’agit, là encore, de deux chiennes soviétiques, Belka et Strelka, qui s’envolèrent pour une journée dans l’espace il y a cinquante ans, le 19 août 1960.

– Pour les fans de volcans, je signale le blog (en anglais) d’Erik Klemetti, un géologue spécialiste du magma. Il vient de consacrer une série de trois billets à l’Etna.

Je vous conseille aussi cette infographie du Washington Post qui retrace l’évolution des émissions de carbone des pays les plus industrialisés depuis 1950. Il y a deux façons de voir les choses : les émissions totales (et là, la Chine est numéro un devant les Etats-Unis) et les émissions par habitant (et là, les Etats-Unis restent de loin le champion incontesté).

– Pour finir : vous n’avez peut-être jamais entendu parler d’Andalgalornis steulleti, une espèce d’autruche avec un énorme bec de rapace (Hitchcock aurait adoré en avoir un ou deux spécimens vivants pour Les Oiseaux…), qui vivait en Argentine il y a quelque 6 millions d’années. Une équipe de chercheurs a scanné son crâne démesuré et très lourd afin de comprendre comment l’oiseau s’en servait pour tuer ses proies. A voir en vidéo ci-dessous :

Pierre Barthélémy

lire le billet