Gorbatchev plaide pour les énergies renouvelables

GorbatchevDans quelques semaines, l’humanité célèbrera un bien triste anniversaire : les vingt-cinq ans de l’accident  nucléaire de Tchernobyl, qui s’est produit le 26 avril 1986. Un quart de siècle plus tard, Mikhaïl Gorbatchev, qui était à l’époque secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique et fut très marqué par la catastrophe, signe, dans The Bulletin of Atomic Scientists un article résumant les leçons qu’il en a tirées. Le Prix Nobel de la paix 1990 en voit essentiellement quatre.

Le volet “prévention” arrive bien sûr en premier pour éviter que ne se reproduise un tel accident mais il s’agit d’une figure imposée dans ce genre de discours. Aussitôt après, Mikhaïl Gorbatchev, qui rappelle qu’on ne peut rejeter du jour au lendemain l’énergie nucléaire dont beaucoup de pays dépendent (à commencer par la France), apporte néanmoins quelques nuances à tendance nettement écologiste. On ne pouvait s’attendre à moins de la part du fondateur de Green Cross International, à condition néanmoins de savoir que, depuis plusieurs années déjà, l’ancien numéro un soviétique est entré dans le camp des défenseurs de l’environnement : “Il est nécessaire, écrit-il, de réaliser que l’énergie nucléaire n’est pas la panacée, comme certains observateurs le prétendent, le remède au problème de l’approvisionnement énergétique ou à celui du réchauffement climatique. Sa rentabilité est aussi exagérée, tout comme son coût réel ne prend pas en compte de nombreuses charges cachées. Aux Etats-Unis, par exemple, les subventions directes allouées à l’énergie nucléaire se sont élevées à 115 milliards de dollars entre 1947 et 1999, auxquelles il faut ajouter 145 milliards de dollars de subventions indirectes. Par contraste, les subventions apportées aux énergies éolienne et solaire combinées ne se sont élevées, pendant la même période qu’à 5,5 milliards de dollars.”

Et Mikhaïl Gorbatchev d’enchaîner sur un véritable plaidoyer pour les énergies renouvelables : “Pour mettre un terme au cercle vicieux “la lutte contre la pauvreté se fait au prix d’un environnement dégradé”, le monde doit rapidement passer à des énergies efficaces, sûres et renouvelables, lesquelles apporteront d’énormes bénéfices économiques, sociaux et environnementaux. Alors que la population mondiale continue de s’agrandir et que la demande énergétique croît, nous devons investir dans des sources d’énergie alternatives et plus durables (éolienne, solaire, géothermique, hydroélectrique) et dans des campagnes généralisées pour une meilleure maîtrise et de meilleurs rendements de l’énergie, qui offriront des possibilités plus sûres, plus efficaces et plus abordables pour concilier à la fois la demande en énergie et la protection de notre fragile planète.”

Dans la suite et fin de son article sur les leçons de Tchernobyl, le père de la glasnost insiste sur la nécessité de rendre plus transparent le milieu du nucléaire, très fermé et porté sur le secret. Il met également en garde contre le risque que des terroristes attaquent des installations nucléaires ou qu’ils s’emparent d’uranium enrichi ou bien de plutonium.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : rien à voir avec ce qui précède mais je signale à qui cela peut intéresser que je participe, ce vendredi 4 mars, à l’émission de Mathieu Vidard “La Tête au carré” sur France Inter, à 14h05. J’y parlerai du manuscrit Voynich.

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