Doha, capitale du Qatar, accueille la dix-huitième conférence des Nations unies sur le climat du 26 novembre au 7 décembre 2012. Dix-huit conférences depuis 1997. Plus d’une par an… Cette fois, le pays choisit est un symbole. C’est lui qui détient le record du monde d’émission de CO2 par habitant. Pas moins de 44 tonnes en 2009, contre 17,2 pour les Américains, 6,1 pour la France et… 5,3 pour la Chine. Ne parlons pas de l’Inde avec ses 1,4 tonne par habitant.
Ce classement, s’il ne reflète pas la contribution de chaque Etat à l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, est très révélateur des différences de mode de vie entre les pays. Ainsi, la Chine (24% des émissions mondiales) est en tête de pays émetteurs de CO2 devant les Etats-Unis (18%). Par habitant, ces deux pays se retrouvent, respectivement, à la 78e et à la 12e place.
Le Qatar est donc bien le symbole du mode de vie auquel il faut absolument tourner le dos pour réduire les émissions de CO2. L’émir, Hamad bin Khalifa Al Thani, lui, a construit un haras entièrement climatisé. On imagine les participants de la 18e conférence sur le climat installés dans un auditorium ultra-moderne consommant le maximum d’énergie fossile possible. Un lieu idéal pour porter le fer, diront les plus militant. Le symbole d’une bataille perdue, penseront les plus réalistes…
Ambiance surréaliste, donc, au coeur du premier pays exportateur mondial… de gaz. Que l’on soupçonne d’ailleurs de profiter de la conférence pour faire la promotion de sa première ressource, réputée moins émettrice de CO2 que le charbon. Tout cela au moment où la Banque mondiale publie un rapport alarmant sur la poursuite de la croissance des émissions de ce même CO2. Et que, dans la revue Nature du 2 décembre, est publié un article confirmant que les années 2011 et 2012 battent, chacune, les records d’émission précédents.
Les chercheurs du Global Carbon Project enregistrent ainsi une progression de 2,6% en 2011 à 35,6 milliards de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère. Ils estiment qu’environ 80% de la croissance est imputable à la Chine. La légère réduction des émissions des Etats-Unis et de l’Europe ne parvient pas à compenser l’explosion de celles des pays émergents. Désormais, il faut oublier l’objectif d’une augmentation de température limitée à 2°C en 2100 (par rapport à la température de l’ère pré-industrielle). Les projections tablent désormais sur une fourchette comprise entre 4 et 6°C. Une excellente motivation pour les représentants des 190 pays présents à Doha.
Michel Alberganti
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