Aimer la musique, c’est, d’abord, être sensible au son. A tous les sons. Au bruit même. Mais dans la vie, l’essentiel du sonore est nuisance. On se protège plus du son qu’on ne l’écoute. Sauf lors d’un concert. Là, soudain, le silence d’abord, ce grand absent de la ville, s’installe. Rupture. Et puis, le son naît. D’une pureté douloureuse, presque, au début, tant il faut convaincre notre cerveau de l’accepter, de le laisser nous pénétrer.
L’expérience sonore peut transporter dans un autre monde plus surement que toute autre. Il suffit de fermer les yeux pour entrer dans l’univers parallèle créé par le compositeur. A quelques imperfections près. Ce monde parallèle n’en est est pas vraiment un. Les limites de la technologie brident le son et, de l’univers rêvé, ne nous parvient que des pans, des bribes, des traversées, parfois, au mieux.
Mais que se passerait-il si ces imperfections disparaissaient ? Si l’autre monde était aussi parfait que celui de la Matrice ? Avec tous ses volumes, ses angles, ses raclements, ses brisures, ses échos et ses étouffements, ses émergences et ses effondrements, ses voix d’un au-delà qui serait bien là ? A portée de la main, au sens propre. Un son qui peut naître au milieu des spectateurs avant de s’évanouir pour ressurgir là-bas, tout près ou au loin. Un son libre dans l’espace tout entier d’une salle. Le compositeur devient alors l’architecte de sa musique. Il rejoint le sculpteur, autre maître de l’espace. Alors, sans doute, serions-nous vraiment transportés ailleurs, aussi surement qu’avec ce que promet la téléportation.
Bien sûr, il faudra laisser le temps à nos neurones ancestraux d’apprendre à voyager, les oreilles grandes ouvertes, dans ce nouvel espace. “A l’origine, l’audition spatiale servait essentiellement à nous prévenir d’un danger pouvant surgir derrière nous ou hors de notre vue”, rappelle Huges Vinet, directeur de la recherche et développement de l’Ircam. Depuis, les choses ont empiré. Si les risques de danger sont plus faibles, c’est du son lui-même, du bruit, que nous avons appris à nous protéger. Tout un nouveau parcours est donc nécessaire.
Eh bien, un tel voyage initiatique dans une Matrice sonore est désormais possible. Le 29 novembre 2012, le grand public pourra le découvrir dans les entrailles de l’Ircam, à Paris lors de l’inauguration du nouveau système de spatialisation, l’aboutissement d’une dizaine d’années de travail. L’installation est sans doute unique au monde en raison de l’association, dans le même espace, de deux systèmes : le Wave Field Synthesis et l’Ambisonique.
Pour Globule et Télescope, Hugues Vinet présente la nouvelle installation de l’Ircam. Le fondateur des lieux, Pierre Boulez, peut être fier de cette réalisation qui permet de nous projeter dans ce que sera l’univers sonore des salles de concert bientôt, des salles de cinéma demain et de nos voitures et salons, après-demain.
Pour assister à la soirée d’inauguration, le 29 novembre 2012, à 19 heures :
www.ircam.fr/eac.html
Accès gratuit sur réservation au : 01 44 78 12 40
Lieu : Ircam, 1 place Igor-Stravinsky, 75004 Paris – Métro Hôtel de ville, Rambuteau, Les Halles ou Châtelet
Michel Alberganti
Aimer la musique c’est d’abord aimer l’infinité de subtilités apportés par les interprètes pour véhiculer l’émotion, le souffle, la vie. On peut considérer cela comme des impuretés et préférer un son parfait, immuable, synthétique…
Intéressante initiative pleine de promesse innovantes en matière de créations artistiques.
Nos bonnes vielles chaines 5D n’ont qu’a bien se tenir; Déjà Bose simule un répartition spatiale mais ce n’est peut-être qu’un début.
La question est de savoir si les deux récepteurs que sont les oreilles humaines seront sensibles à l’origine en 3 dimensions des sons?
Il semblent bien que l’on fasse la différence entre un son devant derrière dessus dessous à droite à gauche mais par quel mystère avec seulement 2 récepteurs?
Perçoit-on vraiment par exemple sans la vue la différence d’altitude entre deux sons devant soi situé à des hauteurs différentes?
À quand le son 3D sur Youtube …? En attendant, ça se passe à l’IRCAM ce soir.
Mouais, le 21 ème siècle sera celui de la maitrise de la phase et de la spatialisation. On notera qu’avec un bon système 5.1 on parvient déjà à obtenir des résultats satisfaisant du moins pour la reproduction de sources classiques. Cependant malgré l’évolution des guides d’ondes et des matériaux “les limites de la technologie brident le son”. Ce que fait l’Ircam est très intéressant mais se destine plus à la musique contemporaine qu’a la sonorisation d’un groupe de pop dans une salle de spectacle ou même qu’a une salle de cinéma. Quand on mixe le son d’un film on fait attention à l’effet porte de sortie. C’est quand on entend un son dont la source n’apparait pas à l’écran et qu’il vous fait tourner la tête, vous voyez alors la loupiote “Sortie de secours” ce qui a pour conséquence de distraire le spectateur, effet contraire de celui recherché à savoir l’immerger dans le film. C’est pour cela qu’un système Dolby Stéréo (4+1) est largement suffisant car le canal arrière sert à diffuser l’ambiance et le bruit de fond… On a quelques films type Star wars qui vont au delà mais cet n’est au fond qu’un gadget. Le système de l’Ircam ressemble à un line aray horizontal. C’est bien beau mais cela montre que pour dépasser la technologie actuelle une seule solution existe multiplier à outrance le nombre d’enceinte ce qui produit des problèmes de phase… Le commun des mortels avaient déjà tendance à positionner une enceinte sur le buffet de la cuisine et l’autre derrière le canapé du salon ce qui inadapté à la reproduction stéréophonique alors avec 5 je vous laisse imaginer le résultat d’autant plus que les sons d’ambiance demande une qualité de restitution très précise et on vous vend des système en plastique à 200€… Bref les marketeus on bien fait le boulot. Je vais aller jeter un coup d’oreille à tout ça, c’est autre chose que 4 garçons dans le vent enchâssés à la que leu leu dans une cuisine carrelée.