Dahlia : le secret du rouge et du noir

Il existe pas moins de 40 000 espèces hybrides cultivées de dahlia. Et plus de 20 000 variétés de cette fleur appréciée des Aztèques. Ses couleurs peuvent ainsi couvrir une vaste gamme de nuances du blanc, au jaune et à l’orange ainsi toutes les teintes imaginables de rouge et de violet. Hormis le bleu. Néanmoins, il n’existe qu’un petit nombre d’espèces cultivées baptisées “dahlias noirs” pour leur double teinte noire et rouge. Si cette fleur a inspiré l’écrivain James Ellroy et le cinéaste Brian de Palma, elle fascine aussi une équipe de chercheurs de l’université technique de Vienne (Autriche) dirigée par Heidi Halbwirth. Leur étude a été publiée par la revue BMC Plant Biology le 23 novembre 2012. Bien entendu, tout est question de molécules.

Pour la première fois, les chercheurs estiment avoir percé le secret du dahlia noir. La fleur doit sa couleur double à une accumulation massive de pigments naturels, les anthocyanes. Ensuite, cela se complique car les scientifiques ont réalisé une analyse en profondeur de l’expression des gènes du dahlia. Ils ont découvert une augmentation de l’acheminement des flavonones vers les anthocyanes au détriment des flavones. Ainsi, tout s’explique… En dehors de leurs effets sur les dahlias, les flavones intéressent aussi le monde médical pour leur effets thérapeutiques (athérosclérose, ostéoporose, diabète et certains cancers). Leur présence dans les plantes nous permet d’en consommer de 20 à 50 mg par jour.

Pour ce qui concerne la couleur du dahlia noir, les chercheurs autrichiens semblent avoir buté sur le cas de la variété Black Barbara. Même si cette dernière montre une forte expression des gènes de l’anthocyanine qui pourrait expliquer les quantités importantes d’anthocyanines mais pas la formation élevée de flavones. Nous ne discuterons pas ce point… Les scientifiques appellent à de nouvelles études pour aller encore plus loin. Ils estiment néanmoins que la découverte du mécanisme de suppression de la formation de flavones dans la majorité des Dahlias noirs présente un intérêt pour les spécialistes. En effet, le Dahlia étant une plante octoploïde (8 jeux complets de chromosomes dans chaque cellule) et la présence de plusieurs allèles étant probable, les mécanismes découverts pourraient rendre possible la production de plantes disposant d’une quantité voulue de flavones. Là encore, nous les  croyons sur parole. Et nous ne regarderons plus les dahlias noirs de la même façon désormais…

Michel Alberganti

2 commentaires pour “Dahlia : le secret du rouge et du noir”

  1. Ce n’est pas la fleur qui a insipiré James Elroy mais le meutre de la starlette surnommée le Black Dalhia. Le film de Brian de Palma est quant à lui l’adaptation du livre d’Elroy.

  2. @ NoleafClover – Merci pour votre message et pour nous faire profiter de votre érudition. 🙂

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