Les billets neufs se dépensent moins

Le consommateur est, décidément, un être bien plus sensible qu’il n’y paraît. Voilà que deux chercheurs des universités canadiennes de Winnipeg et de Guelph nous révèlent qu’il ne se comporte pas de la même façon suivant que ses billets de banque sont neufs ou usagés. D’après l’article que Fabrizio Di Muro et Theodore Noseworthy (sic) vont publier dans le Journal of Consumer Research de mars 2013, “l’apparence physique de l’argent peut altérer le comportement en matière de dépense”. D’après les chercheurs, les billets usagés donnent au consommateur le sentiment qu’ils sont sales et contaminés. A l’inverse, les billets neufs leur donnent une sensation de fierté…

Pas si interchangeable

Une idée reçue s’écroule. Alors que l’argent est censé n’avoir pas d’odeur et de fournir, par définition, des objets interchangeables, voilà que nous sommes sensibles à son apparence physique. Si nous donnons un billet de 20 $ à quelqu’un, le fait qu’il nous rembourse avec un billet de 20 $ ou un autre ne devrait pas avoir d’importance. C’est la raison pour laquelle les diamants, les maisons ou les tableaux ne peuvent prétendre à servir de monnaie d’échange. Leur valeur est, en effet, rarement identique. En réalité, les chercheurs estiment que l’argent lui-même n’est pas aussi interchangeable qu’il n’y paraît.

Dans plusieurs études, on a donné à des consommateurs des billets neufs ou usagés avant de leur demander d’effectuer différentes tâches en liaison avec le shopping. Résultat, ceux qui ont des billets usagers ont tendance à dépenser plus que ceux qui ont des billets neufs. Ils ont également une préférence pour “casser” un gros billet usagé plutôt que de payer la somme exacte avec des billet neufs de moindre valeur.

L’argent serait un produit en soi

Les chercheurs ont également voulu vérifier la croyance qui veut que l’on dépense plus facilement une somme donnée lorsqu’elle est en petite coupure. Par exemple, 4 billets de 5 dollars comparé à un billet de 20 dollars. Eh bien, là encore, l’apparence physique des billets peut renforcer, réduire ou même inverser cette règle. Fabrizio Di Muro et Theodore Noseworthy en concluent que l’argent est un objet aussi bien social qu’économique. “Nous avons tendance à voir la monnaie comme un moyen de consommation et non comme un produit en elle-même. Mais elle est en fait sujette aux mêmes inférences et influences que les produits qu’elle peut acheter”, affirment-ils.

Moralité, pour faire des économies, rien de tel que de s’approvisionner en billets neufs dans un distributeur. Et de bien faire attention avant de “casser” un gros billet. L’argent sale que nous recevrons en échange ne durera pas longtemps.

Michel Alberganti

lire le billet