Avec zéro pont au mois de mai, la fête du Travail et la commémoration de la victoire de 1945 tombant un dimanche, 2011 a été achetée par le patronat… Alors, bon, voici enfin le viaduc de l’Ascension, profitons-en, il fait beau, on va prendre l’apéritif dehors. Pour les moustiques, c’est aussi l’heure de l’apéro. Du moins, soyons justes, pour les femelles qui sont les seules à nous piquer, nous et une palanquée d’animaux à sang chaud ou froid, puisque les grenouilles et les serpents se font aussi attaquer, ainsi que certains insectes. Mais c’est sûr qu’un humain en bermuda ou en robe d’été fait une victime idéale : il y a de la surface.
Dame moustique a besoin de votre sang, non pas vraiment pour manger, étant donné qu’elle se nourrit essentiellement de nectar, mais pour obtenir les protéines dont elle a besoin afin de développer ses œufs avant la ponte. Le prélèvement sanguin est une étape indispensable dans le cycle reproducteur de la plupart des espèces de moustiques. L’insecte vous a repéré(e) de très loin, tout simplement parce que, étant vivant(e), vous respirez et transpirez (mort(e), vous éviteriez les piqûres de moustiques et un certain nombre d’autres problèmes comme les courses au supermarché, le samedi, avec le hit NRJ en fond sonore). Grâce à un système olfactif perfectionné, le diptère détecte en effet le dioxyde de carbone que vous expirez et toute une série de composants présents dans votre sueur. Si vous avez la chance d’exsuder une molécule qui lui déplaît, il vous évite. Sinon, le moustique s’approche, se pose, met sa serviette autour de son cou et sort ses couverts. En l’occurrence, un stylet piqueur très perfectionné qui empêchera votre corps de réagir convenablement à l’agression. Une fois que la peau est perforée, le stylet s’enfonce jusqu’à rencontrer un petit vaisseau sanguin. A ce moment-là, par le canal salivaire est injectée une substance qui anesthésie (le moustique est comme tout le monde, il ne veut pas se faire écrabouiller pendant le repas) et, surtout, qui empêche la coagulation. Le dîner peut commencer, un dîner pantagruélique, comme on peut le voir sur cette vidéo :
Le remplissage de la bestiole est spectaculaire, surtout si vous passez rapidement du début à la fin du petit film : on a l’impression d’être dans une station-service. Comme j’aime les chiffres et le calcul, je me suis demandé quelle quantité de sang la femelle moustique pouvait embarquer ainsi et quelle proportion de sa masse cela représentait. D’après les données que j’ai trouvées, le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres. La densité du sang n’étant qu’à peine supérieure à celle de l’eau (1 kg/litre), on en déduit que l’insecte en ingurgite 5 milligrammes, soit deux fois sa propre masse étant donné qu’il pèse en moyenne 2,5 milligrammes ! Les vainqueurs des concours de buveurs de bière n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Puisqu’on est dans les chiffres, petite devinette. A supposer qu’il puisse se faire siphonner entièrement de ses 5 litres de sang, pour combien de moustiques en mal de descendance un humain moyen pourrait-il servir de réserves de protéines ? Réponse simple : un million.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : N’oublions pas que, de tous les animaux, le plus dangereux pour l’homme est le moustique. A peu près à égalité avec l’homme, si l’on met bout à bout les accidents de la route, les guerres et les homicides divers.
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Le danger présenté par ces petits animaux de rien du tout est parfaitement inattendu (en ce qui me concerne, du moins).
La science est fascinante…
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Certains l’appellent même, a très juste titre, une arme de destruction massive. Les moustiques (différentes espèces) sont vecteurs de nombreuses maladies dites “tropicales” : paludisme, dengue, chikungunya, fièvre jaune, etc …
Pour ne parler que du palu, il tue, via le moustique, quelques 1 million d’enfants par an en afrique sub-saharienne … maladie pour laquelle un traitement efficace existe. Ce qui n’est pas le cas du chikungunya ou de la dengue …
J’oubliais un article original paru dans la revue de médecine Plos One. La papier intitulé “Beer Consumption Increases Human Attractiveness to Malaria Mosquitoes” (pdf en libre accès – http://www.plosone.org/article/info:doi%252F10.1371%252Fjournal.pone.0009546) montre que l’odeur des buveurs de bières était très attractive pour les moustiques vecteur du paludisme (l’anophèle femelle).
Attention donc, si vous partez en vacance sous les tropiques, de limiter votre consommation de bières …
Enfin un film avec de vrai vampires ! terrifiant !!!!!
Sympathique, cet article ! Quoique l’idée de me faire siphonner mes 5 litres de sang par une tribu de moustiques m’effraie un peu.
Oooooooo la grosse tache rouge et plaffffffffffffff……..
Personnellement j’ai déjà commencé la chasse au moustiques. Si quelqu’un veut faire la course à qui en tuera le plus… 😀
PS: j’en suis déjà à 25 en une semaine 😉
Juste fascinant. Merci.
“le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres. La densité du sang n’étant qu’à peine supérieure à celle de l’eau (1 kg/litre), on en déduit que l’insecte en ingurgite 5 milligrammes”
5 millionièmes d’un kilo ca fait 5µg non ?
Néanmoins, les images ne donnent pas vraiment l’impression que madame moustique ne se satisfasse d’un repas représentant 1/500eme de son poids.
Bref, la rubrique “fun facts ” du site mosquito.org(mais qui paye pour ce nom de domaine ?) a quand même l’air d’être plus fun que facts.
@Nicolas : désolé de vous contredire, mais le milligramme est le millième du gramme, qui lui-même est le millième du kilogramme. Par conséquent, un millionième de kilogramme est bien un milligramme. Un microgramme est un milliardième de kilogramme. Vous pensez bien que j’ai vérifié deux fois le calcul et le site que j’ai mis en lien ne s’est pas trompé non plus… C’est traître ces unités de mesure…
Ha oui 🙂
Je crains fort que les unités de calculs ne soient pas si traitres que ca (1µg = 1millionième de gramme), mais que les lecteurs qui- depuis le bureau- commentent un article en vitesse aient l’espace d’un instant confondu gramme et kilogramme.
@Nicolas : le fait que le kilogramme, et non le gramme, soit l’unité de mesure de la masse prête toujours un peu à confusion. On aurait le même genre de problème si le kilomètre, et non le mètre, était l’unité de distance.
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