2000-2009 Les matchs qui nous ont marqués

GravesenAvatar

France-Italie 2 juillet 2000

C’est la finale de l’Euro. Tout le monde attend le doublé après la victoire en Coupe du monde, deux ans plus tôt. Les Bleus atteignent leur plénitude de jeu. Thierry Henry montre qu’il va devenir un des plus grands attaquants de la décennie, Pat Vieira conteste la place de Deschamps, Desailly est un roc. Arrive la finale, face aux Italiens. Des deux côtés du terrain, deux joueurs méconnus, Francesco Toldo, le gardien qui a profité de la blessure de Buffon, et Marco Delvecchio, l’avant-centre de la Roma. Précieux, ils entraînent en finale la Squadra de Del Piero, Maldini, Totti et consorts.

J’ai 15 ans, le rendez-vous est donné dans une salle de spectacle qui diffuse le match sur écran géant. Nous sommes plus de 1.000 footix en bleu-blanc-rouge. Le match est pénible, Delvecchio marque un but de renard sur une combinaison Totti-Pessotto. Fin de match crispante. Comme je le souhaite, Lemerre fait rentrer Pires, Wiltord et Trezeguet.

Sur le dernier ballon du temps réglementaire, Barthez envoie une grande chiche sur la tête de Trezeguet qui dévie sur Wiltord. Le ballon parfaitement croisé effleure la main de Toldo. But. Les Italiens apprennent à reboucher le champagne, selon la blague en vogue.

Les Bleus dominent la prolongation: plus frais, plus mordants, ils débordent les Italiens, tel Robert Pires. Centre parfait pour Trezegol, reprise imparable, but en or. L’équipe de France est la meilleure du monde.

France-Angleterre 13 juin 2004

Les Bleus arrivent à l’Euro blindés de certitudes. Ils ont gagné tous leurs matchs de qualif, même dans un groupe modeste. Malgré quelques joueurs sur le déclin (Thuram, Lizarazu, Desailly) et une nouvelle charnière Gallas-Silvestre, ils sont prêts à laver l’affront du mondial coréen. Le tirage les place dans le groupe de l’Angleterre, qu’ils affrontent au premier match. C’est un dimanche soir, je suis blotti dans le canapé de ma grand-mère, à attendre d’en découdre avec la perfide Albion.

Les Bleus font l’essentiel du jeu mais sont bloqués par une équipe solide et vive en contre avec notamment Wayne Rooney. Sur coup franc, Lampard place un magnifique coup de boule. 1 à 0. Lancé plein champ, Shrek Rooney est cisaillé par Silvestre. Péno. On croit le match plié, mais Barthez sort la frappe de Beckham. Zidane rameute ses troupes.

A la 91e, le maître nous gratifie d’un coup franc parfait aux 30 mètres. Je respire de soulagement. Sur le coup d’envoi, Gerrard fait une passe moisie vers son but; Henry surgit, David James le démonte. Péno, ZZ devient le vengeur masqué de Jeanne d’Arc et de Waterloo. La France explose de joie. “Sorry, good game“. Les Bleus ne feront plus rêver pendant deux ans, les vieux se font sortir en quarts par la Grèce.

François Mazet

LucarelliAvatar

France-Espagne 27 juillet 2006

Depuis l’élimination par la Grèce à l’Euro, deux ans plus tôt, la France traîne son spleen. Qualifiés dans la douleur pour la phase finale de la Coupe du Monde, les Bleus sont aussi onctueux en poule et sortent deuxièmes d’un groupe faiblard (Suisse, Corée du Sud, Togo). Du coup, l’équipe de France est promise à une mort sans phrases entre les griffes du monstre espagnol, épouvantail complet après le 4-0 enfilé à l’Ukraine lors de son premier match de la compétition. Les Espagnols sont persuadés qu’ils vont mettre Zidane à la retraite, lui qui a annoncé la fin de sa carrière après la Coupe du Monde.

Je suis au stade Charléty à Paris, avec une bonne dizaine de milliers de spectateurs, pour suivre la rencontre sur écran géant. Ambiance crépusculaire et doigts croisés. Ça commence tambour battant, des actions de chaque côté, on tremble, on sursaute, on se mord les doigts. Et on souffre, quand l’arbitre accorde un pénalty à la Roja pour une faute de Thuram sur Pablo Ibanez. Villa se présente, Barthez part du bon côté mais c’est trop bien tiré. 1-0 pour l’Espagne. A la fin de la première mi-temps, lancé à la limite du hors-jeu, Ribéry court comme jamais et égalise. Dire que Lascarface n’était pas sûr d’être sélectionné à trois mois de la Coupe du Monde. Deuxième mi-temps, la France domine mais ne concrétise pas. Jusqu’à la 83e minute, et le coup de tête rageur de Vieira sur coup franc. Comme une rédemption pour celui qu’on accablait de tous les maux au début du tournoi. Il va falloir tenir dix minutes sous le feu espagnol. La délivrance arrivera un peu avant le coup de sifflet final, quand à la 92ème minute, sur un contre à une touche de balle, Zidane vient crucifier Casillas. Olé.

La Corogne-PSG 7 mars 2001

Paris en Champions League, autant dire il y a un moment déjà. Même qu’à l’époque, la compétition se jouait encore en deux phases de poule successives. D’ailleurs, dans la deuxième poule, c’est du lourd avec Milan, le Galatasaray et le Deportivo La Corogne. La Corogne, qui comme le PSG, était plus reluisante à l’époque puisqu’elle était championne d’Espagne. Avec de la pub pour la Dreamcast sur son maillot, ouais ouais.

C’est ce géant gallicien qu’un PSG déjà à la peine en championnat va défier au Riazor, en cette fraîche journée de mars. Moi je n’ai pas encore 15 ans, le maillot de 1996 en guise de pyjama dans le canapé familial. Le match commence. Au bout d’un demi-heure de jeu, Jay-Jay Okocha (héros parmi mes héros de l’époque) reprend un ballon de volée en dehors de la surface. Ça rebondit plusieurs fois, c’est détourné mais ça rentre dedans. 1-0! La mi-temps se profile, quand l’éclair de génie arrive. Bloqué sur la ligne de touche, à gauche du but adverse, Laurent Leroy se retourne, accélère pour mettre un espagnol dans le vent,  en élimine un autre d’un petit pont, crochète pour en balader un troisième et envoie une frappe enroulée en pleine lucarne. But fou, 2-0! 10 minutes après la pause, Algerino emmène un contre et sert Leroy, lancé à toute berzingue, qui cloue le gardien adverse déjà battu. 3-0! Laurent Leroy est le meilleur joueur du monde et Paris ne peut pas perdre.

Ou pas. 3 minutes plus tard, un certain Pandiani, dont je moquais jusque là le patronyme en chantant “Des pâtes, des pâtes…” (ça marchait avec Marco Pantani en vélo aussi), réduit le score de la tête. 3-1. 2 minutes après, c’est Tristan qui reprend de la tête un corner. 3-2. L’enthousiasme d’il y a cinq minutes est devenu un sourire seulement. Paris souffre, on fait rentrer des défenseurs pour colmater les brèches. Ça ne suffit pas. A un quart d’heure de la fin, encore sur un centre, le fameux Pandiani remet une tête. 3 partout. Ça commence à sentir vraiment mauvais. On se dit qu’on a bien fait d’en mettre trois au début, qu’on va arracher un bon match nul comme ça. Ou pas. Il reste cinq minutes à jouer, et comme une fatalité, un énième centre, et la tête de Pandiani, encore.

Après avoir mené de trois buts Paris perd le match, et moi toutes les illusions de ma jeunesse.

Lilian Murati


GazzaAvatar

Lyon-Lens 4 mai 2002

Ce match marque le début de l’hégémonie lyonnaise sur le championnat de France. Le scénario est idéal. Le premier affronte le second lors de l’ultime journée du championnat dans un match dont l’issue déterminera le champion. Une vraie finale.

Je suis en week-end avec des potes au bord de la mer. Jamais je n’ai autant attendu un match. Cette équipe est à la charnière entre le Lyon de mon enfance et de Cavégoal, et la machine à gagner emmenée par Juni. Coach Santini est sur le banc, Coupet est allé chez OL coiffure avec Pierre Laigle et Wallemme est moche.

Seuls des joueurs emblématiques de l’OL marqueront dans ce match. Govou, qui joue encore attaquant, d’une frappe de 20 mètres, Violeau en taclant comme un bon 6 pour un des 24 buts de sa carrière. L’ancien Gône Jacek Bak réduit le score d’une reprise de volée sur coup franc afin de laisser durer le suspense, mais Laigle achève les Sang et Or d’une frappe contrée dans la liesse de Gerland. La fin se passe comme dans un rêve. Entrée de Delmotte et Laville pour l’histoire. Edmilson porte un tee-shirt JESUS et même JMA semble sympathique.

Sur l’autoroute au retour les voitures 69 se klaxonnent. Vercoutre frétille et la place des Terreaux peut sombrer dans l’ivresse.

Real Madrid-Barcelone 2 mai 2009

Une démonstration de football. Ce Barcelone sait tout faire, la preuve. Jeu long dans le dos de la défense pour Henry (17ème et 57ème), coup de pied arrêté pour la tête de Puyol (19ème), pressing haut et récup’ dans le camp adverse (Messi 35ème), jeu court à 2 contre 4 (Messi 74ème) et le bon vieux débordement sur le coté (Piqué 82 ème).

Le Real prend complètement l’eau. Sergio Ramos amène bien une passe D et un but mais ça doit être le seul défenseur international capable de laisser Henry partir dans son dos deux fois dans un match. Et il fait encore le beau après ça! Un score fleuve et encore, les gardiens ont brillé.  Bon la prochaine fois, on aimerait aussi voir des défenses de haut niveau. Un match d’anthologie apprécié entre potes sur un canap’ avec de la bière.

Olivier Monod

TeddyBertinAvatar

Corée du Sud-Italie 18 juin 2002

Qu’il eut été bon de réécouter les commentaires de ce match made in Thierry Roland. Arbitre équatorien (Byron Moreno), équipe exotique (la Corée du Sud) et scénario improbable. La foire aux clichés est ouverte. Cette rencontre, je la regarde chez moi, à la télé. Je suis en seconde, donc en vacances depuis deux semaines. J’ai suivi les premiers matchs moisis de l’EDF à la radio, en cours. Les Bleus éliminés, j’ai désormais pris fait et cause pour les équipes “blagues” du Mondial asiatique: Sénégal, Turquie, États-Unis, et Corée du Sud donc.

Tonton Guus a fait du bon boulot: les hôtes de la compétition sont à donf, courant sur tout ce qui bouge, et ravivant la flamme d’un foot offensif, vif et technique. Problème: les Italiens se pointent en huitième. Ça sent le 1-0 des familles, sur un but pourri de Vieri à la 89ème. Sauf que tout se passe à l’envers. Les Coréens obtiennent rapidement un pénalty, après que deux des leurs se sont laissés tomber comme des fillettes dans la surface. Gigi Buffon sort la balle. Puis, Bobo se charge de calmer tout le public de Daejeon en ouvrant le score.

Les Coréens jouent comme des brutasses, et parviennent à égaliser à la 88ème par le dénommé Séol, après un magnifique amorti raté de la cuisse de Panucci. La prolongation est magique. Je tremble sur chaque attaque des fourbes transalpins, éclate de rire quand Totti se fait expulser pour simulation après avoir été séché dans la surface coréenne, et souris bêtement quand la future starlette messine Ahn-Jung Hwan devance Maldini et plante le pion victorieux.

Russie-Pays-Bas 21 juin 2008

Les Bataves ont mis l’ambiance au premier tour, en dynamitant les Italiens puis en envoyant les pauvres Sagnol et Thuram en retraite anticipée. Mais tout le monde sait que ça ne va pas durer. Fin de la supercherie dès le quart de finale, qui oppose l’équipe de Marco Van Basten à celle du sorcier Hiddink.

Les hommes de Moscou sont au top de leur forme (comme la Corée en 2002, ou l’Australie en 2006) et viennent de récupérer Andreï Arshavin, équivalent blondin de Leo Messi. Le joueur de Saint-Saint-Pétersbourg casse une paire de reins, Kolodin balance ses pralines des 35 mètres, et Pavlyuchenko promène sa grande carcasse en attaque.

Après de multiples arrêts d’un Van der Sar toujours aussi bon malgré sa tête de lapin myxomatosé, les Russes finissent par ouvrir le score. Et continuent de régaler dans le jeu, avec un Zhirkov délicieux à gauche. Van Nistelrooy, lui, fait l’erreur d’égaliser à la 86ème. La prolongation est un calvaire pour les Oranjes, qui s’apparentent alors à de vulgaires Sandy Casar en perdition dans le Tourmalet, face à des Ricardo Ricco dressés sur leurs pédales.

Pavlyuchenko fait oublier qu’il s’enterrera bientôt à Tottenham, Semak donne des regrets à tout Paris, et Arshavin, ah… Arshavin… Le nain blanc donne la passe décisive du deuxième but, et plante le dernier d’un petit pont fort sympathique.

Sidney Maréval

6 commentaires pour “2000-2009 Les matchs qui nous ont marqués”

  1. […] Ce billet était mentionné sur Twitter par Plat du Pied , François Mazet. François Mazet a dit: La rédac de Plat du Pied se souvient… https://blog.slate.fr/plat-du-pied-securite/2009/12/19/2000-2009-les-matchs-qui-nous-ont-marque/ […]

  2. Qui nous ont marquéSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS

  3. Oula oui, c’est corrigé ! 🙂

  4. Il devrait y avoir une loi interdisant d’évoquer le match de La Corogne…

  5. On pourrait aussi parler du match contre Rosenborg.
    Sublimissime. Le début de la fin …

  6. […] été aidé par l’arbitrage. En tous cas c’est bien, maintenant quand je repense au Dépor-PSG de 2001, je peux me dire qu’il y a (presque) […]

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