Vinci remporte le prix Hotei de la rémunération hyperbolique
Créons un prix pour le mode de rémunération le plus créatif ou le plus “baroque” et baptisons le Hotei (1), l’un des sept dieu japonais de la fortune. Dans la catégorie patron du CAC-40, le lauréat 2010 devrait être Xavier Huillard, administrateur-directeur général de Vinci. L’entreprise avait défrayé la chronique avec les rémunération exorbitantes de son ancien président, Antoine Zacharias : 4 millions de revenus annuels, 13 millions d’indemnités de départ et 40 millions de retraite chapeau. L’homme mis en examen pour “abus de biens sociaux” a été relaxé, à juste raison, en mars dernier par le Tribunal de Nanterre. Antoine Zacharias ne pouvant être accusé d’avoir bénéficié d’avantages accordés par son conseil d’administration. Juridiquement imparable.
Le pouvoir ne se partage pas longtemps
Pour éviter de se retrouver avec un nouveau PDG imperator, le conseil d’administration de Vinci avait, sagement, mis en place une direction bicéphale avec Yves Thibaut de Silguy, l’ancien Commissaire européen, dans le fauteuil du président et Xavier Huillard dans celui de directeur général. Le pouvoir étant ce qui se partage le moins bien au monde, le second va devenir P-DG. Il fallait donc revoir sa rémunération. Forcément. Cette fois, le conseil a sorti sa calculette pour imaginer une équation hyperbolique.
Commençons par le plus simple (Document de référence 2010 p. 159 et 160). La partie fixe du salaire sera de 700.000€ en 2010 et passera à 900.000€ l’année prochaine. +28% pour rémunérer la prise de responsabilité. Ensuite, il y a la partie variable. Elle ira de 0 à 1,44M€. Une somme qui reste raisonnable comparée aux sommes empochées par Antoine Zacharia, mais qui devrait lui permettre de faire un bond par rapport aux 900.000€ de 2009. Nous restons encore dans le classique avec des critères qui reposent sur la performance financière de Vinci.
Inspirez… Expirez
Ensuite, les choses se compliquent sérieusement. Inspirez. Il est mis en place un “programme d’incitation à long terme” pour les quatre prochaines années. Xavier Huillard devrait toucher : “16.600 fois la valeur de l’action Vinci pour autant que le ROCE [retour sur les capitaux investis) excède 6 % et à 41.500 fois la hausse de l’action Vinci constatée sur une période d’un an pour autant que la performance de l’action Vinci par rapport à celle d’un panel d’au moins 10 sociétés européennes du secteur de la construction et des concessions d’infrastructures soit au moins égale à +5%. En cas de performance moindre, le montant de la dotation annuelle sera réduit et sera nul si le ROCE est inférieur à 5% et si la performance de l’action Vinci est inférieure à –5% par rapport à celle du panel selon le cas.” Expirez.
Si le cours monte il gagne, si le cours baisse il gagne
Reprenons. L‘action Vinci est à actuellement entre 43 et 44€. Si, au cours de l’année le titre monte à 50€, et que sa progressions est de 5% supérieure à celle des ses rivales, le bonus sera de 950.000€. Si le cours perd 20%, le bonus pourra atteindre 700.000€, souligne Frédéric Génévrier d’OFGrecherche. Si l’on se souvient que le PDG est au service des actionnaires grands ou petits, il n’est pas sûr qu’une prime de 700.000€ autorisée malgré une perte de la valeur des actions qu’ils détiennent soit très pertinente. Si tout va bien Xavier Huillard disposera en 2011 d’une revenu de 3,3M€. On se rapproche tout doucement des revenus d’Antoine Zacharias.
PhDx
(1) Hotei, le dieu du contentement et du commerce, tient un gros sac plein de richesses et un éventail (ôgi,扇). Son gros ventre et son sourire symbolise la générosité. On dit qu’il est le seul mortel parmi les Shichifukujin.
Une statue d’Hotei est placée à l’entrée de nombreux magasins.
Bishamonten, le dieu protecteur de la loi bouddhique et aussi dieu de la prospérité et de la guerre, porte une armure et tient une petite pagode (symbole du bouddhisme) et une lance dans ses mains. Il conviendrait mieux aux patrons conquérants.
