Il faut parfois lire des textes vides. Vides d’information et de sens. La décision de la Commission des sanctions publiée hier, jeudi 25 février 2010, par l’Autorité des marchés financiers (AMF) est de ce point de vue un exemple du vide sidéral qu’il est possible d’atteindre. Le titre du document donne le ton: «Décision de la commission des sanctions à l’égard de la société X, et de MM. A, B, C et D». Suivent 9 pages où la société X et/ou messieurs A, B, C et D sont épinglés sans aucun élément pour les identifier. Le secteur de l’entreprise? On peut lire: “[la société] (ci-après «X») est spécialisée dans […]. Elle produit notamment […]. Ses actions sont cotées au compartiment […] de l’Eurolist.
Que leur reproche-ton à A, B, C et D?
– en ce qui concerne la société X et M. A, avoir comptabilisé dans les comptes de la société X aux 30 septembre 2006 et 31 mars 2007, publiés les […] décembre 2006, […] juin et […] 2007, des subventions de recherche et de développement (ci-après «R&D») pour l’exercice 2006/2007, «qui n’étaient pas encore acquises en ce qu’elles n’avaient pas été autorisées par la Commission européenne», ce qui aurait permis de «majorer de 33,1% le poste comptable relatif aux subventions de recherche et de développement» ; – en ce qui concerne MM. D et C, avoir «permis la communication d’informations inexactes, imprécises ou trompeuses sur la situation financière de la société X» en «attestant et certifiant sans réserve la régularité des comptes de la société X aux 30 septembre 2006 et 30 mars 2007, tels que publiés respectivement au BALO du […] décembre 2006, au BALO du […] juin 2007 et dans son document de référence relatif à l’exercice 2006/2007, alors qu’en [leur] qualité de commissaire[s] aux comptes, [ils avaient] connaissance des anomalies comptables significatives».
Tout est fait pour que le lecteur n’y comprenne rien. Les noms sont gommés, les dates rayées et les fait trop précis effacés.
Puis vient la sanction:
[la commission des sacntion] décide de:
– mettre hors de cause MM. D et C;
– prononcer à l’encontre de la société X une sanction pécuniaire de 50.000 € (cinquante mille euros) au titre du manquement à la bonne information du public et du manquement tiré de l’absence de diffusion simultanée au public d’une information privilégiée;
– prononcer à l’encontre de M. A une sanction pécuniaire de 30.000 € (trente mille euros) au titre du manquement à la bonne information du public et du manquement tiré de l’absence de diffusion simultanée au public d’une information privilégiée;
– prononcer à l’encontre de M. B une sanction pécuniaire de 5.000 € (cinq mille euros) au titre du manquement tiré de l’absence de diffusion simultanée au public d’une information privilégiée;
– publier, dans des conditions propres à assurer l’anonymat des personnes physiques, la présente décision sur le site Internet de l’AMF et dans le recueil annuel des décisions de la Commission des sanctions.
Rapellons que la Commission des sanctions n’est pas une émanation de l’AMF. Elle est constituée pour l’essentiel de hauts fonctionnaires nommés par le ministère de l’Economie et des Finances et prononce des sanctions, pas des condamnations. En effet, si après avoir réalisé son enquête et prononcé des sanctions, la Commission estime qu’elle a des éléments délictueux ou criminels, elle se tourne vers le procureur de la République. En l’occurrence, si des épargnants ont été floué par les agissements de A ou B, D et C, ayant été innocentés si vous avez bien suivi, ils ne pourront par porter plainte, sinon contre X.
C’est une curieuse façon de faire que de sanctionner en catimini, entre quatre murs, entre soi.
PhDx
lire le billetCent jours de travail par an, mais 11h00 de travail par jour.
Les aiguilleurs du ciel en grève n’ont peut-être pas apprécié le Rapport 2010 de la Cour des Comptes.Les conclusions du chapitre les concernant, intitulé “La gestion du personnel de la navigation aérienne”.
“Plusieurs points peuvent être soulignés :
– les contrôleurs de la navigation aérienne ne travailleraient effectivement qu’une centaine de jours par an, pour autant qu’on puisse bien estimer ce chiffre;
– la durée de leurs journées excède sensiblement celle de leurs collègues européens, au risque d’un affaiblissement de l’attention, et la DGAC [Direction générale de l’aviation civile] refuse de remettre en cause cet « acquis social »;
– l’opacité persiste sur le suivi des présences, contrairement à ce qui est constaté dans les pays étrangers.
Au-delà des questions soulevées par un niveau de productivité extrêmement faible et qui progresse peu, ces pratiques sont surprenantes dans une activité vouée à la sécurité pour laquelle la transparence et le contrôle devraient être la norme.
La pratique des clairances est inacceptable. La volonté des syndicats de les conserver a conduit à des dispositifs qui ne sont pas à la hauteur des exigences de sécurité qui doivent prévaloir dans le contrôle aérien. La DGAC doit désormais se mettre au niveau des standards européens et renoncer, sans tarder, à ses pratiques opaques. Un contrôle effectif de la présence permettrait de gérer les pointes de trafic, en ayant recours aux heures supplémentaires, ce qui permettrait par ailleurs un pilotage plus fin et partant une réduction des effectifs.
Par ailleurs, la DGAC doit rapidement renoncer à la règle du travail « un jour sur deux » pour adopter des cycles de travail, semblables à ceux qui prévalent à Eurocontrol et qui voient alterner quatre jours de travail et deux jours de repos. De tels cycles permettent de limiter la durée des vacations qui est aujourd’hui excessive, compte tenu du stress induit par ce métier que la DGAC met, par ailleurs, en avant.
Quant à la démarche protocolaire, elle ne correspond que très partiellement, du fait notamment de son caractère asymétrique, à l’esprit
de la contractualisation que défend la DGAC. Le contre-exemple de la réorganisation du contrôle aérien en région parisienne montre qu’elle
échoue à l’utiliser pour des enjeux clés.
En tout état de cause, la Cour recommande qu’un lien plus fort soit fait entre les mesures indemnitaires et leurs contreparties, la mise en œuvre de ces dernières devant faire l’objet d’un suivi adéquat. Enfin, les protocoles devraient être conclus pour une durée plus importante quitte à les accompagner de mécanismes de sauvegarde, adaptant la mise en œuvre des mesures indemnitaires en cas de retournement du trafic aérien et de diminution des ressources qu’il apporte pour financer ces mesures.
La Cour considère donc qu’au-delà des pistes envisagées pour pallier ses principaux défauts, la question de la pérennité de la méthode
protocolaire doit continuer d’être posée.”
En clair, les magistrats se demandent comment justifier à la fois une centaine de jours de présence au nom de la concentration nécessaire et de la sécurité qui en découle et des vacations qui penvent dépasser 11h00 en une journée?
Le poète et le pognon.
Lu dans “Libération”, dit ou écrit par Jacques Higelin, poète et chanteur : L’humain avant le pognon.
«Ce que je vois, c’est que les richesses ne sont pas réparties comme il faut sur la planète. Je suis sûr que ça ne coûterait pas tant que ça de faire passer l’humain avant le pognon. De faire en sorte que les gens aient au moins le minimum décent pour vivre.
«Ce qui me fait mal, c’est qu’on fait d’abord payer cette crise aux gens qui en souffrent le plus. Moi, je crois qu’il y a une volonté du pouvoir politique (lui-même dépendant du pouvoir économique) que cela ne s’arrange pas, que les gens restent dépendants, qu’ils descendent le plus bas possible. J’y vois un mépris profond de sa part.
Je me souviens de Sarkozy disant : “Qu’est-ce que vous voulez que je vous donne ? Mes caisses sont vides !“ La suite a montré que c’était faux. La crise, pour les grands de l’économie mondiale, ça me fait bien rire. Ils n’ont pas changé leurs habitudes. Ils ont été les premiers à être soutenus par les Etats et ils recommencent à jouer avec du fric virtuel. Ce n’est pas leur problème qu’il y ait une partie de l’humanité qui souffre.»
Nous aussi nous sommes pour la paix et les gentils. Nous détestons les méchants.
PhDx
Image de une: alain.caperan via FlickrCC
1/ “Nous sommes très méfiants sur la sortie de crise : nous allons voir des entreprises qui vont mieux avec des reprises de bénéfices et le retour de stock-option tandis que l’emploi va peu progresser.”
2/ « Il ne peut y avoir d’issue durable à la crise sans une véritable politique industrielle. Depuis des décennies, l’industrie a été, dans les faits, rayée des priorités de l’action publique, au profit, notamment, de la finance.”
3/ “La France doit redevenir une grande puissance industrielle, relocaliser et non pas délocaliser”. Lorsque je pense qu’il n’y a plus que 25 % de production de Renault en France. Qui c’est qui en est arrivé là ? C’est bien la stratégie des socialistes et d’un président de Renault qui s’appelait monsieur Schweitzer.”
4 / “Soit, Total est en mesure d’apporter un projet précis et daté d’implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie de Dunkerque”.
5/ “Il s’agit de dénoncer les stratégies financières des multinationales et leur volonté unique d’augmenter les marges et les profits avec pour seule variable d’ajustement l’emploi et les droits sociaux. Nous voulons exprimer le fait que d’autres choix sont possibles en matière de politique industrielle.”
6/ “La raffinerie [Total] des Flandres c’est tout l’avenir économique du port de Dunkerque, de sa plate-forme logistique, de ses sous-traitants. Je veux m’entretenir avec le président de Margerie pour m’assurer qu’à aucun moment nous ne mettrons en péril l’activité économique et sociale du bassin de Dunkerque, que nous garantirons l’emploi des salariés de Total dont la non fermeture de la raffinerie et qu'(…) ils pérenniseront nos relations aussi avec les sous-traitants et avec l’activité du port de Dunkerque”.
7/ “Il a été dit dans le bureau de Christian Estrosi [le ministre de l’Industrie] qu’il y aurait une nouvelle activité, qu’il n’y aurait pas de perte d’emplois, pas de licenciements et que le site rouvrirait d’une manière ou d’une autre. Il faut que maintenant ça se fasse rapidement. (…) En tous cas je suis du côté de l’emploi, en l’occurence la CGT se bat pour l’emploi aujourd’hui.”
8/ “Il faut qu’il y ait une activité industrielle qui soit garantie à chaque salarié. Si ces garanties ne sont pas apportées, Philips ne peut pas fermer son activité”.
9/ “Il y a en permanence des délocalisations, ce ne sont pas des délocalisations brutales mais insidieuses, sur la durée (…). Les plans sociaux d’aujourd’hui sont le résultat des délocalisations d’hier. Les salariés ont transféré leurs compétences vers d’autres pays et plus tard on supprime leurs emplois en France.”
10/ “Si un véhicule est assemblé en France, mais que 2/3 des pièces sont fabriquées à l’étranger, j’appelle cela de la délocalisation masquée !”
11/ “La crise est peut-être un prétexte pour les dirigeants américains de Molex, que je vais rencontrer le 25 août. Ils ne peuvent pas brader cette entreprise.”
12 / “Cela fait trente ans que l’on veut nous faire croire que l’avenir, ce sont les services, la finance, l’économie virtuelle. Ce qui a fait la fierté de notre pays(…)”
13 / “(…) nous garantirons l’emploi des salariés de Total et la non-fermeture de la raffinerie.”
1/ A: Xavier Darcos, ministre du Travail. Le Monde (22/02/10). 2/ B: Mohamed Oussedik, en charge du dossier de la politique industrielle à la CGT, L’Humanité. 3/ A: Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, lepoint.fr 02/02/2010. 4/ A: Christian Estrosi dans un communiqué le 22/02/2010. 5/ B: Carlos Moreira, de la Fédération CGT Métallurgie, nouvelobs.com (17.09.2009). 6/ A: Christian Estrosi, L’Alsace (22/02/2010). 7/ A: Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP. Boursorama (22/02/2010). 8/ Christian Estrosi La Tribune.fr ( 22/02/2010). 9/ B: Hervé Lasalle, porte-parole de l’Intersyndicale d’Alcatel-Lucent Le Monde.fr (28/07/09). 10/ A: Christian Estrosi. lerevenu.com (12/01/2010). 11/ Christian Estrosi JDD (02/08/2009). 12/ A: Christian Estrosi, Le Monde (22/02/2010). 13/ Christian Estrosi, dimanche matin, sur France Inter (21/02/2010).
PhDx
Le ministère du Travail a inventé le pilori numérique le jeudi 18 février, avant de le retirer le lendemain. Cela ressemblait à un immense mur de dénonciation des méchantes entreprises. Jeudi, 650 sociétés étaient inscrites sur une “liste Rouge” des entreprises pour n’avoir rien fait contre le stress au travail. L’avertissement était, si l’on ose dire, explicite :
«Figurent sur cette liste les entreprises qui ont répondu négativement au questionnaire du ministère et n’ont apporté aucun élément permettant de constater un engagement de négociation ou d’action sur le stress ainsi que toutes les entreprises qui n’ont pas demandé de mot de passe pour répondre au questionnaire ou n’ont pas validé ce dernier.»
Pas de réponse reçue, pas mot de passe demandé et la liste Rouge s’allongeait. Un peu expéditif, mais Xavier Darcos, avait prévenu: les entreprises de plus de 1.000 salariés avait trois mois pour signer un accord avec les organisations syndicales contre le stress au travail. Une date butoir avait été fixée par le ministère du Travail au 1er février. Passé ce délai, trois listes devaient être dressées: la Verte avec les entreprises qui avaient mis en place un dispositif anti-stress et signé un accord, la Orange avec celles qui avaient mis en route le processus et la liste Rouge avec celles qui n’avaient rien fait, rien discuté, rien rédigé.
Jeudi dernier, 650 sociétés, dont 18 en Alsace et 397 en Ile-de-France, étaient montrées du doigt. Parmi elles, SFR, Picard Surgelés, Ikea France, Veolia Transport, Orange, Nestlé Waters ou l’Agence France presse. En Orange, on pouvait trouver France Télécom, Décathlon ou Sony.
Et le lendemain? Plus une entreprise ni en Rouge ni en Orange. Que des vertueuses. Pourquoi un pareil revirement? «La liste avait vocation à évoluer. Il semble que beaucoup d’entreprises avaient été un peu négligentes et, de fait, nous avons reçu beaucoup de questionnaires ce matin, nous allons les examiner et nous mettrons à jour les listes, explique un porte-parole du cabinet de Xavier Darcos, un brin embarrassé. Nous avions dit que les listes allaient évoluer.» Evoluer, sans doute, mais peut-être pas à cette vitesse?
Plus de liste Rouge, plus de liste Orange, il reste encore une liste Verte concentrée sur Paris et alentours. L’Ile-de-France a en effet recensé 166 entreprises “Vertes”, mais pour le reste du territoire, cela semble maigrichon. Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Nord-Pas-de-Calais n’ont recensé qu’une vingtaine de sociétés, la Région Centre 2 seulement, le Limousin, la Franche-Comté, la Picardie, Champagne-Ardennes n’en comptent qu’une seule. La Corse et l’Auvergne affichent le score imbattable de 0.
La question est maintenant de savoir si des entreprises seront à nouveau inscrites sur la liste Rouge. C’est peu probable, tant la méthode paraît expéditive. Mais qui sait? A surveiller.
PhDx
lire le billetCompliqué de savoir ce que vaut un salarié en France, au Brésil, en Chine ou en Allemagne. Deux solutions: 1/ observer la planète de très haut avec la Banque Mondiale, l’OCDE ou le FMI, 2/ regarder par un trou plus petit. Vallourec, par exemple, a la bonne idée de décortiquer, dans son Document de référence 2008, le coût d’un salarié du groupe dans les différents pays où il est implanté. Le spécialiste des tubes, entre autre destinés à l’industrie pétrolière ou gazière, donne ainsi une image assez nette du prix de l’heure travaillée à travers la planète.
Salaire moyen (y compris intéressement, participation et charges sociales) (2008)
Etats-Unis 64.350€ -9%
Royaume-Uni 61.310€ -19%
Allemagne 58.060€ +7%
France 56.600€ +10%
Mexique 30.070€ +27%
Brésil 25.180€ +32%
Chine 8.860€ +32%
Temps de travail et heures supplémentaires (2008)
France 1.578heures (1527h + 51h)
Allemagne 1.759 heures (1564h + 195h)
Royaume-Uni 1.735 heures (1687h + 48h)
Etats-Unis 2.21O heures (1856h + 354h)
Brésil 2.067 heures (2019h + 48h)
Mexique 2.488 heures (2264h + 224h)
Chine 2.522 heures (2016h + 506h)
Coût de l’heure travaillée (2008)
Chine 4€
Mexique 12€
Brésil 12€
Etats-Unis 29€
Allemagne 33€
Royaume-Uni 35€
France 36€
Source: Vallourec, Document de référence 2008. Page 174 et suivantes.
Ces chiffres ne donnent pas d’indication sur les niveau de vie des salariés brésiliens ou chinois. Ils donnent en revanche une idée de l’avantage compétitif de ces pays quand il s’agit de produire des biens qui seront importés en Europe. Le consommateur pesant sur les prix de vente et in fine sur les coûts de fabrication. Si la Chine est devenue l’usine du monde, c’est évidemment parce qu’elle affiche un coût horaire inférieur ou proche de 4€ de l’heure.
PhDx
lire le billetDans la série l’automobile marche sur la tête Le Figaro souligne que l’industrie automobile a détruit 54.000 emplois en 2009, que Renault a perdu 3,1 Mds€, que PSA Peugeot Citroën a affiché une perte de 1,2 Md€, que leur production (1,5 million d’exemplaires) en France a baissé de 15,3 % et qu’elle est deux fois moindre que celle de 1999. Ajoutons que la balance commerciale de voitures assemblées est négative de 7,4 Mds€ et que, dans le même les ventes ont atteint un record en 2009 : 2,268 d’immatriculations.
Vendre plus de voitures, se traduit donc par des pertes financières, une production Made in France en baisse, une balance commerciale déficitaire et des suppressions d’emplois.
Dans une interview accordées aux Les Echos, Christian Estrosi annonce qu’il veut se battre contre cette logique: “Désormais, place au volontarisme politique.” Opposant le discours politique au “réalisme économique” il assure: “Il n’est pas normal que BMW produise 65 % de ses voitures en Allemagne et que Renault n’en produise que 25 % en France.” Il y a précisément des raisons qui expliquent ce décalage. La “petite” BMW, la 116i, coûte 23.900€, quand la Twingo de base est à 7.990€. Dans le haut de gamme l’écart laisse rêveur 51.450€ pour une Espace super équipée, 148.811€ pour un cabriolet M6. Il n’est pas sûr que la comparaison soit bien choisie.
Le ministre de l’Industrie va avoir fort à faire dans les mois à venir puisque, selon un rapport cité par Le Figaro et qu’il aurait sur son bureau, la filière automobile s’apprêterait à supprimer entre 40.000 et 50.000 emplois en 2010 et 2011.
PhDx
lire le billetBizzare, Raymond Soubie aurait, selon un témoin, enterré le débat sur le partage de la valeur ajoutée, devant des journalistes, quand le Président de la République le relançait avec les syndicats et les représentants du patronat. Nicolas Sarkozy a, en effet, une nouvelle fois demandé aux organisations syndicales et au Medef d’entamer des discussions sur le partage des richesses dans les entreprises Les Echos (15/02/2010). Il y a un an, il avait avancé l’idée d’une division en 3 tiers, avec un tiers pour les salariés, un tiers, pour le capital et un tiers pour les investissements. A la fin du mois de janvier, lors de son débat avec des Français, sur TF1, il avait encore réaffirmé sa volonté de voir ce chantier avancer.
Deux rapports officiels préconisent de ne rien faire.
En février 2009, le Président de la République a demandé au directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis, un rapport sur le partage de la richesse des entreprises. Le statisticien avait considéré la valeur ajouté qui se partage en 2/3 pour les salariés, 1/3 pour le capital pour les entreprises non financières. Un quart des entreprises consacrant 89% aux salariés, un quart n’accordant que 44% aux salariés. Personne, ne propose de ramener la part de la valeur ajouté consacrée au travail de 2/3 à 1/3. Jean-Philippe Cotis va donc chercher un autre “partage”, celui des profits “après impôts et charges d’intérêt et autres transferts”. Cette fois 7% va dans la poche des salariés des grandes entreprises, via l’intéressement et la participation, 57% permet de financer les investissements futurs et 36% va aux détenteurs du capital. Là encore, le partage en trois tiers ne paraît pertinent à aucun acteur. Le rapport Cotis est remis à Nicolas Sarkozy le 13 mai suivant. Il semble ne pas avoir été lu.
“Le partage de la valeur ajouté, sera les 35 heures de la droite.”
François Fillon tente lui aussi de trouver une solution et demande un rapport au Conseil d’analyse économique (CAE) présidé par Christian de Boissieu. L’intitulé est plus large, “Le partage des fruits de la croissance en France”, le sujet ne change pas. Conclusion très, très diplomatique : “Il apparaît aussi que certaines interventions sur la répartition de la valeur ajoutée et des profits pourraient entraîner des chocs négatifs sur les marchés d’actions, des phénomènes de délocalisation d’activités et une augmentation du chômage.“ Traduction: bousculer l’équilibre c’est prendre le risque de faire fuir les investisseurs, d’encourager les délocalisations et d’accroître le chômage! Perfides les économistes notent que: “Le débat actuel sur le partage de la valeur ajoutée est analogue à celui sur le partage du travail dans les années quatre-vingt-dix. (…) le partage de la valeur ajoutée, s’il se concrétisait, pourrait devenir pour la Droite ce que les 35 heures furent pour la Gauche : du malthusianisme en lieu et place de la croissance.”
“Les Français ne comprendraient pas.”
Il n’empêche, l’injonction revient. “Nicolas Sarkozy a regretté le blocage des discussions sur le partage de la valeur ajoutée dans les entreprises et demandé aux employeurs et aux syndicats de se mettre d’accord dans les trois mois, faute de quoi le gouvernement légifèrerait. “Les Français ne comprendraient pas que l’on n’avance pas“, a insisté le président de la République.” rapporte Les Echos. Le Figaro a entendu la même chose: “Le chef de l’Etat a par ailleurs donné aux partenaires sociaux «trois mois pour aboutir» sur la question du partage du profit dans l’entreprise , faute de quoi le gouvernement substituera à la négociation un projet de loi. «Le temps est venu pour les entreprises d’aborder la question du partage du profit avec leurs salariés», a déclaré [le président de la République]”.
PhDx
A l’heure de la retraite, mieux vaut être cadre, journaliste, professeur certifié ou agrégé, cheminot, un gazier, un électricien, un ancien de la RATP. Les intellectuels supérieurs*, au sens de l’Insee, qui prennent aujourd’hui leur retraite à 60 ans, peuvent espérer la toucher durant 21 ans. La durée moyenne de service de la pension atteint, 24 ans à EDF et GDF, 26 ans à la RATP et 25 ans à la SNCF. A l’inverse, un ouvrier n’aura, en moyenne, que 13 années de retraite. Mais attention, il s’agit là de moyenne, car un cheminot ou un professeur de fac, né en 1950, et qui va prendre sa retraite cette année, va toucher sa pension pendant 40 ans!
La France compte 15.000 centenaires, contre 200 en 1950 et 60.000 en 2050. Ined
Part des français de plus de 60 ans: 23% en 1980, 32% en 2010.
Espérance de vie à la naissance pour un homme né en France en 1946, quand la retraite à 65 ans est instaurée : 59,9 ans.
De la pyramide des âges (natalité élevée), tout va bien, à la toupie (faible natalité) tout va mal. Une animation de l’Ined.
L’espérance de vie d’un ouvrier sans incapacité**. A 35 ans, un ouvrier peut espérer vivre jusqu’à 73 ans, une ouvrière jusqu’à 78 ans. Au même âge un cadre peut espérer vivre jusqu’à 80 ans et une cadre jusqu’à 82 ans. Avec un âge de départ à la retraite identique l’ouvrier aura 6 années de retraite en moins. Population & Société n°441, 2008, Ined.
A la SNCF, l’âge moyen d’ouverture des droits à la retraite est de 55 ans, la retraite dure en moyenne 27 ans et l’âge moyen du décès est de 82 ans. Cour des Comptes P.312
A la RATP, l’âge moyen du départ à la retraite est de 55 ans, la retraite dure en moyenne 24 ans et l’âge moyen du décès est de 79 ans. Cour des Comptes P.312
A EDF et GDF, l’âge moyen du départ à la retraite est de 56 ans, elle sera servie pendant 23 ans et l’âge moyen du décès des électriciens et gaziers est de 79 ans. Cour des Comptes P.312
PhDx
* Intellectuel supérieur, selon l’Insee, comprend, entre autre, les professeurs et professions scientifiques salariés, des professionnels de l’information des arts et des spectacles dont l’activité est liée aux arts et aux médias et donc les journalistes, des ingénieurs et cadres techniques d’entreprise, salariés exerçant des fonctions de responsabilité qui nécessitent des connaissances scientifiques approfondies.
** L’espérance de vie « en bonne santé » ou sans incapacité, c’est à dire sans limitation d’activité, ou sans incapacité majeure liée à des maladies chroniques, aux séquelles d’affections aiguës ou de traumatismes.
lire le billetLes entreprises du CAC-40 vont devoir recruter 180 administratrices pour respecter la loi votée récemment à l’Assemblée nationale et qui prévoit que 40% des sièges des conseils d’administration soient réservés aux femmes, selon un calcul d’OFG Recherche, un cabinet d’analyse financière.
Elles ont un peu de temps, puisque la règle devrait être applicable en 2016, mais il y a du travail. Comment faire? Il y a deux stratégies possible intégrer plus de femmes ou réduire le nombre de siège. Seule la BNP Paribas n’est pas très loin du compte avec 4 femmes, dont Laurence Parisot, pour 13 administrateurs. Michelin dont le conseil de surveillance ne compte que 8 membres dont deux femmes, encore Laurence Parisot, et Barbara Dalibard. Là se pose un problème de virgule. Soit Michelin recrute une femme et affiche un taux de féminisation de 37,5%, soit l’entreprise de Clermont-Ferrend désigne 2 femmes et se retrouve avec 50% de femmes. En même temps, cela coïncidera avec la proportion de femmes dans sa clientèle.
Passons au groupe qui vont devoir faire un effort important. La palme du machisme entrepreneurial revint aux Crédit Agricole avec 2 femmes pour 22 administrateurs! Il lui faudra embaucher 9 femmes ou ramener son conseil à 5 membres. La réalité devrait se situer entre ces deux bornes. LVMH pose un problème particulier: la place de la femme dans les conseils est souvent celle de la mère, de l’épouse, de la fille ou la belle fille. Delphine Arnault, en l’occurrence, la fille de Bernard Arnault est l’unique femme d’un conseil de 18 membres qui devra en accueillir 6 supplémentaires. Situation strictement identique chez Lafarge: 18 hommes, 1 femmes autour de la table et donc 6 administratrices à désigner.
Le plus étonnant est sans doute le conseil de L’Oréal. Il compte 3 femmes : Liliane Bettencourt, sa fille Françoise Bettecourt Meyers, actionnaires prépondérantes du groupe et Annette Roux. A part cela des hommes, minoritaires parmi les clients mais largement majoritaires au conseil avec 11 membres sur 18.
Petite recension des groupes qui doivent recruter 6 femmes ou plus dans les prochains mois : GDF Suez, le Crédit Agricole, LVMH, Lafarge, Cap Gemini, Bouygues et PPR (Pinault Printemps La Redoute). Pour envoyer vos CV, suivez les liens…
PhDx
lire le billetParfois les chiffres s’entrechoquent. Jeudi (11/02/2010), Christine Lagarde, la ministre de l’Economie et des Finances, a obtenu l’engagement des grandes banques de dépôt (le Crédit Agricole, la BNP Paribas, la Société Générale, le groupe BPCE, né de la fusion des Banques populaires et de la Caisse d’Epargne, et le Crédit Mutuel), d’apporter 38 Mds€ aux PME et aux très petites entreprises, les TPE, en 2010. 38 Mds€ c’est un peu plus que les 32 Mds€ que les assureurs ne vont plus allouer aux PME et TPE. Au total les assureurs devraient, dans les deux ans à venir, revendre pour 250 Mds€ d’actions cotées ou non. Ils n’ont pas basculé dans le camps des alter-mondialiste, mais ils ont fait leurs comptes. C’est l’histoire d’une négociation européenne mal embarquée par la France depuis deux ans et qui ouvre toute grande les portes de la place de Paris aux fonds de pension anglo-saxons.
Rajouter des flotteurs
Le 22 avril 2009, 93 députés européens adoptent une directive draconienne, Solvabilité II, destinée à garantir la survie des assureurs de l’Union par gros temps. Peu importe qu’aucun d’entre eux n’ait disparu dans la tourmente financière, on va rajouter des flotteurs partout. A chaque fois qu’un assureur consacrera 100€ aux actions cotées, il devra disposer de 45€ de fonds propres. S’il met dans son portefeuille pour 100€ d’actions non cotées, le domaine du “private equity” par opposition au “public equity”, il faudra monter à 60€ de fonds propres. Et la difficulté c’est que ces fonds propres ne rapportent rien, ils coûtent de l’argent. Devant ces nouvelles règles, les assureurs s’étranglent et promettent d’abandonner les actions, cotées ou non cotées. En Grande-Bretagne, Solvabilité II alourdit les coûts de fonctionnement des assureurs comme en France, mais ne pose pas de problèmes insurmontables. Les fonds de pension ont pris l’habitude de financer les entreprises. De l’autre côté du Rhin, les participations croisées entre industriels et les liens de confiance entre la banque et l’industrie paraissent suffisant.
En France, le topo est un peu différent. L’absence de fonds de pension et la défiance quasi congénitale entre banquiers et industriels ont laissé la place aux assureurs. Avec un avantage considérable: quand AXA ou Groupama prennent position dans le capital de la BNP Paribas ou de Bolloré, c’est pour longtemps. Par nature, ils se montrent patients. Mais depuis six mois, les assureurs ont les nerfs à vif… à leur manière. Ils n’abandonnent pas leurs bonnes manières. Quoique. Avec de telles règles de solvabilité ils menacent ouvertement de se retirer de la bourse et du financement des start-up, les entreprises qui doivent assurer l’emploi de demain, ou d’après demain. “A ce tarif là, c’est “sauve-qui-peut“, c’est carton rouge” dit l’un. Avec d’autres mots, AXA, la BNP Paribas via sa filiale Cardif, Groupama, ou le Crédit Agricole, au travers de Predica, regardent vers la sortie.
250 Mds€ et la promesse faite à Sarkozy
“Ils sont dans leur rôle”, tempère un conseiller de Christine Lagarde, qui s’échine à trouver des solutions pour atténuer les effets de cette satanée directive européenne. Aujourd’hui, il y a deux choses à sauver: l’argent, les 250 Mds€, et la promesse faite à Nicolas Sarkozy, en 2004, quand il était à Bercy. Pour les 250 Mds€ on peut penser que les assureurs ne déserteront pas complètement la bourse. En effet, il n’y a pas d’autres investissements qui rapporte près de 6% en moyenne et par an sur une longue période. Il y a les actions et basta. De toute façon, ils ont encore un peu de temps pour réfléchir. La directive adoptée par le Parlement européen de nouvelles discussions s’ouvrent entre ministres, avec la Commission, avec un collège d’experts européens pour définir les règles de mise en œuvre. Le parcours devrait encore durer deux ans. Mais la règle des 45/60 paraît, elle, intouchable.
Voilà, pour les sous. Après, il y a “la” promesse. En 1984, le ministre de l’Economie de l’époque, Nicolas Sarkozy, reçoit une lettre de la Fédération Française des sociétés d’assurance (FFSA) par laquelle les assureurs s’engagent à consacrer 2% des fonds investis aux TPE et au domaine du “private equity”. Impossible de leur imposer un tel quota sans violer les règles de Bercy, elles y consentent donc. L’an passé, 2% de 1600 Mds€ d’actifs investis cela fait 32 Mds€ consacrés aux TPE et aux PME, directement ou indirectement via les couveuses de start-up du capital développement.
Comment sauvegarder les 250 Mds€ et la promesse? “On y travaille”, nous lâchait récemment un conseiller de Christine Lagarde. “Londres se range à notre constat aujourd’hui. Nous ne sommes plus isolé”, assure-t-il comme requinqué. “Arrêtons de discuter, on va l’appliquer, mais il faut se mettre tout de suite sur Solvabilité III…” s’agace un assureur dépité, sur le point de perdre son calme. La prochaine il faudra que Bercy et les assureurs soient un peu plus attentifs à ce qui se passe à Bruxelles et à Strasbourg.
PhDx
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