Comment les consommateurs ont participé au sauvetage des banques

Les banques et les consommateurs ne font pas bon ménage en France. L’affaire n’est pas nouvelle, puisqu’elle doit trouver son origine aux alentours du Moyen-âge, quand apparaît le métier de banquier. Depuis l’an 1009, le client se méfie de ce qui se déroule de l’autre côté du comptoir.

La Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes, la DGCCRF, devrait reprendre le sujet, pour demander aux banques de faire un effort en matière de tarifs et de transparence. Il s’agit en fait de reprendre les remontrances faites aux banques françaises par la Commission européenne en septembre dernier. Que prépare la DGCCRF? Mystère, l’administration chargée de veiller aux intérêts des consommateurs se refuse à communiquer la moindre information. Rendez-vous à la fin du mois de décembre ou au début de l’année prochaine. Circulez merci.

Le 22 septembre dernier, la Commission de Bruxelles soulignait, dans un texte sans ambiguïté, que les banques françaises étaient à la fois celles qui faisaient payer le plus cher leurs services à leurs clients, au côté des banques lituaniennes et autrichienne et celles dont les tarifs étaient les moins transparents. La France était cette fois citée en compagnie de la Hongrie, de la Grèce et de l’Espagne. Les banques françaises se retrouvaient donc avec constance dans le mauvais groupe.

Et la crise n’a pas arrangé les choses pour le consommateur. Elles les ont même aggravés. Depuis un an, les banques ont vu le coût de leur matière première s’effondrer. En novembre 2008, elles devaient s’acquitter d’un taux de 3,25% pour trouver de l’argent. Depuis le 13 mai dernier, le prix de l’argent pour les banques est tombé à 1% voir moins.

Cette baisse accordée par la Banque centrale européenne pour éviter que la récession ne se creuse, n’a pas les mêmes conséquences pour tout le monde. Les entreprises, les plus grosses en ont bénéficié. Très logiquement, la contraction de la demande de crédits destinées aux entreprises non financières, s’ajoutant et à une baisse réelle des taux (5,5% en novembre 2008, 3,09% le mois dernier) se traduisait par une baisse de recette de 2 milliards d’euros pour les banques.

Les prêts aux consommateurs n’ont pas suivi la même courbe. Loin s’en faut. Le crédit aux ménages est passé, selon le relevé de la Banque de France, de 6,28 à 5,22% depuis la fin de l’année 2008. Bien sûr la demande de crédit a reculé, mais la différence pour les banques reste très positive pour les banque: 300 millions d’euros!

Parfois le coût du crédit a à peine reculé, accélérant au passage la montée du sur-endettement. Le taux moyen appliqué aux découverts est ainsi passé de 11,38 à 10,53%. Quand les banques gagnaient 2,25% voire plus, leurs clients en difficulté se voyaient accorder une baisse royale de 0,85%! Cela s’appelle un coup de main dans les moments difficiles.

Les banques ont donc eu trois sauveurs : le contribuable, le régulateur et le consommateur. Il y a un an, les banques ont bénéficié d’un sérieux coup de main de l’Etat en apportant sa garantie à 320 milliards d’euros de prêts interbancaire réalisés sous l’égide la Banque de France. Le contribuable venait aussi renforcer les fonds propres des établissements les plus fragiles. Le régulateur, la Banque centrale européenne, ramenait le coût de l’argent à rien ou presque rien. Enfin, le consommateur était appelé à verser sa contribution.

Le consommateur réclame à Total de répercuter à la pompe la baisse du prix du brut. Le principe est simple et chaque fois qu’il fait le plein, le consommateur peut se plaindre. A la banque c’est autre chose parce qu’il n’est pas facile de passer de la Société Générale à la BNP Paribas ou du Crédit Agricole au Crédit Mutuel. On y est attaché à sa banque et pas par affection.

Rendez-vous en janvier, si la DGCCRF se décide à bouger.

PhDx

Ils en ont parlé : Le palmarès des tarifs bancaires 2010 de La Tribune

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