Le gouvernement italien boycotte la Croisette

Le film Draquila – l’Italia che trema (Draquila – L’Italie qui tremble) ne pouvait rêver meilleur coup de pub qu’un boycott du festival de Cannes par le ministre Italien de la culture. Une polémique qui rappelle celle autour d’un autre film en compétition: Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, objet de pressions plutôt surprenantes de la part de députés UMP et de la présidence de la République elle-même qui semblent en désaccord avec la vision du massacre de Sétif du réalisateur.

Le ministre Italien, Sandro Bondi, a pour sa part d’ores et déjà «décliné l’invitation à participer au prochain festival de Cannes en exprimant son regret et son trouble» face à la sélection d’un film «qui offense la vérité et le peuple italien dans son entier», rapporte le blog d’Eric Azan du monde.fr.

Proche du président du conseil italien Silvio Berlusconi, celui-ci aurait qualifié de «film propagande» cette critique de la gestion par le gouvernement de l’après-séisme dans la région de l’Aquila, comme le rapporte le site officiel Cannes 2010:

Draquila – L’Italie Qui Tremble, de Sabina Guzzanti, une imitatrice spécialiste de la satire politique, figure dans la sélection officielle, hors compétition et doit être projeté en “séance spéciale” lors du 63e Festival de Cannes (12-23 mai).(…) Sabina Guzzanti y dénonce, un peu à la manière du réalisateur américain Michael Moore, une mainmise d’hommes proches du pouvoir sur les projets de reconstruction de la ville.

Il y a un an, le séisme dans la région des Abruzes avait fait 308 morts et privé de logement 80.000 personnes et ravagé la ville médiévale de l’Aquila. Silvio Berlusconi a cumulé les couacs dans la gestion de la crise et s’est attiré la colère de la population. On se souvient de ses déclarations alors que le relogement des victimes s’éternisait:

Il ne leur manque rien, ils ont des soins médicaux, de la nourriture chaude… Bien sûr, leur abri actuel est tout à fait provisoire mais justement, il faut prendre ça comme un week-end au camping.

Egalement critiquée: son absence aux cérémonies de commémoration le 6 avril dernier.

Pour la réalisatrice, Sabina Guzzanti, interviewée par le site internet Articolo 21, l’objectif du film était de montrer que «les habitants de L’Aquila sont restés sous la tente pendant six mois seulement parce que le gouvernement voulait faire voir le ‘miracle’ des maisons» remises en grande pompe aux sinistrés à partir de septembre dernier. «Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays.»

[Lire l’article sur le blog du Monde.fr ici, celui de l’Articolo 21 là]
Voir la bande d’annonce de Draquila ici

M.C.