Si le thème des jardins à la française a été choisi par Jacques Grange pour la Biennale des Antiquaires à Paris, il se devait d’installer sous la coupole du Grand Palais une fontaine… parfumée. Francis Kurkdjian a composé la signature olfactive de la Biennale. Dès l’entrée, le visiteur découvre, images d’un monde flottant, les effluves, sous le bruissement de l’eau.
Connaisseur de Versailles, Francis Kurkdjian avait déjà recomposé le parfum de Marie-Antoinette (d’après les recettes de Jean-Louis Fargeon) et avait aussi imaginé des senteurs pour le bassin de l’Orangerie et d’autres installations olfactives au château.
« Côté jardin » évoque une promenade dans les allées du parc du château, une plongée dans des senteurs de feuillages fraîchement coupés et un délicat côté floral.
En parallèle à cette création in situ (première dans un espace fermé) a été imaginé un coffret de trois chandelles parfumées dans un étui qui reprend un motif de parterres d’André Le Nôtre.
Photo Grand Palais, Julio Piatti
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Il n’y a pas que des chapeaux que sortent les lapins, mais de l’imagination fertile de stylistes japonais. Né à Niigata en 1971 Hironori Yasuda est styliste, atypique s’il en est. En 1994, il a présenté la première collection Cune.
Depuis vingt ans se sont succédées des « collections » ayant chacune un thème et accompagnée de catalogues d’images. Parmi les thématiques (souvent loufoques) : Australie, L’intestin, Gyoza, Le coeur du chou… Le créateur parle de concept et ne considère pas ses vêtements comme des articles de mode ni comme des produits à la mode, mais « ce sont juste des vêtements ».
Un petit lapin stylisé traverse lentement (il n’est pas en retard) ses créations graphiques et la fantaisie est omniprésente ainsi les délicieux vêtements pour photocopieuses absolument délirants. Dans de petits films, le fantôme de King Kong s’empare de l‘objet volant bien identifié, bras ballants.
Mais si le lapin est bien connu au pays du soleil levant, il n’a pas encore de terrier en France. Une première incursion sous forme d’exposition a eu lieu quelques jours dans une galerie du marais en juillet. Des imprimés joyeux et drôles, des formes « basiques » et une sacrée dose de fantaisie. Un imprimé boîte de conserve un peu façon Warhol, mais la soupe Campbell a été remplacée par un insecticide japonais.
À retrouver à l’automne pour la prochaine collection et en espérant bientôt des points de vente en France.
www.youtube.com/user/
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En filigrane du dernier film d’Olivier Assayas se dessine un partenariat avec la maison Chanel. Pour le réalisateur, ce choix était en parfaite adéquation avec son personnage d’actrice. Il dit « Je disposais de peu de scènes pour imposer mon personnage central de Maria Enders – une comédienne à la notoriété internationale -, son statut d’icône, y compris dans la mesure où parfois il lui pèse. L’associer très tôt dans le récit à une maison comme celle de Chanel était un raccourci assez évident. Elle dit une forme de glamour et d’exigence, qu’on identifie à la femme française et au rayonnement mondial de celle-ci. » Ainsi Juliette Binoche porte une robe de mousseline de soie noire rebrodée, un modèle haute couture et des boucles d’oreilles « Fontaine » en or et diamants. Le maquillage n’est pas en reste avec le teint, le blush et pour les lèvres le crayon Bois de rose et le Rouge Coco Shine Secret (N°85). Chloé Grace Moretz porte une robe en tweed chiné bleu et blanc Chanel.
Mais le soutien de Chanel ne s’est pas limité à l’apparence, la maison a aussi joué un rôle de mécène dans une réalisation faite en 35mm.
Dans l’histoire de la maison, Coco Chanel eut des liens étroits avec le cinéma. Il y eut même un épisode de création de costumes à Hollywood pour la Metro Goldwyn Mayer (Tonight or never avec Gloria Swanson , The Greeks had a Word for them,…). Mais c’est en France que la créatrice établit des liens avec des cinéastes comme Renoir et Visconti. Robert Bresson a lui réalisé des photos pour une collection de joaillerie. Beaucoup d’actrices s’habillèrent en Chanel : Marlene Dietrich, Greta Garbo et parmi les « Françaises » : Romy Schneider, Jeanne Moreau (qui fut aussi habillée pour Les amants de louis Malle par Coco Chanel).
Au double C un troisième, cinéma.
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Trublion de la mode, Naco réussit chaque saison, quoique toujours en off, à créer des événements pour présenter ses collections. Théâtre d’une vidéo très réussie mêlant la présence « Divine » de Madame Paris (alter ego de Naco) à la présentation des modèles, le petit film Super Cool passe du noir et blanc à la couleur avec humour et fantaisie dans un esprit hommage à Polly Maggoo.
Avec sa thématique Super Cool, Naco se pose des questions sur le bon et le mauvais goût, sur le luxe opposé au « cheap ». Mais où va la mode ? Pas de réponses formulées (heureusement), mais des chemins de traverse pour s’amuser et pourquoi pas danser sur un air de polka (dot) à gros pois (un de ses pêchés mignons).
Une collection sans frontières où elle peut être lui, masculin-féminin, autre combat. Formes amples et sportswear revisité avec grands sweats décontractés. Rugissent les fauves à pattes de velours, nouveau léopard.
Flashy graffitis colorés pour ville taggée.
Sourire photographique à pleine bouche dévorant le vêtement.
Pour le soir, une touche de bling, paillette oblige. Et en cerise sur la casquette ou le sweat, un graffiti façon Naco (remember Karl Who) : Super Cool.
Ces modèles de l’automne hiver arrivent aujourd’hui dans les boutiques (notamment chez Gago à Aix-en-Provence ou aux Galeries la Fayette).
Sans oublier le travail de Naco artiste et une performance pour Berlin (Werkstattgalerie) où il remet la mode en question avec sa thématique « Shopping ». Humour et conscience !
https://www.youtube.com/watch?
Super Cool, un film de Nathalie Sauvegrain. Maquillage Karine Marsac pour Shu Uemura. Mannequin Marine Barbier et rédactrice de mode : Madame Paris.
Site web : www.naco-paris.com
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Art et mode, art et jeu. Chez Issey Miyake, les deux font la paire, sans oublier la technologie (un des rares créateurs à penser le futur). Pour les Designer’s days la collection Bao Bao avait été revisitée par le designer Mathieu Bassée qui, avec le fameux tissu à découpes géométriques, a inventé un paysage imaginaire.
Triangulaire, la structure se multiplie par quatre, huit et devient carré, pliable, plissable ; pointes, nervures, origami… Curieuse installation que la “Baographie”, chaîne de montagnes aux pics géométriques recomposés de ce “tissu”. Une nature peuplée d’un bestiaire fantastique et une intrigante série de masques.
Aujourd’hui se découvrent les plissés de la collection de la série Life imaginés par Kazumasa Nagai, graphiste. Des motifs choisis parmi des dessins de l’artiste autour d’animaux stylisés : loup, lion, singe… dans des couleurs vives. Une exposition au Japon au Musée d’art moderne de Toyama donne à voir le travail du célèbre graphiste né en 1929 et les nouveaux Pleats Please. Ludique et animalière, la collection automne-hiver incite à la mise en mouvement du corps, joyeusement. A découvrir à la boutique de la Rue Royale à Paris.
Sans oublier un prix de Compasso d’Oro ADI remis à Milan pour la collection In-Ei, éloge de l’ombre pour mieux faire surgir la lumière dans une collection développée par le reality lab, architecture, matériaux recyclés (fibre textile obtenue à partir de bouteilles en polyéthylène téréphtalate recyclées ou PET). Il y a quelques décennies, c’était Noguchi qui imaginait des lampes en papier dont la postérité est toujours vivace. Issey Miyake ne l’oublie pas et dit : « Aujourd’hui je représente une sorte d’esthétique et beauté japonaise, mais je n’ai jamais dépassé l’ouvre de Noguchi. Il est pure lumière ; peut-être suis-je l’ombre ». (Propos au FT).
Autour de l’univers d’Issey Miyake, le design et l’art à la mode toujours répondent.
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Noir c’est noir et se réveillent les vampires. Pour son retour* et son défilé (en marge de la couture), Eymeric François s’inspire de ces créatures noctambules pour leur côté intemporel et leur élégance qui broie du noir. Pas de grandes capes excentriques, mais des robes très féminines pour le soir. En clin d’oeil à ce qui fut son originale signature, une veste griffée de « lignes d’épingles ».
Techniquement un détournement de matière avec l’utilisation du ruban Satab qui vient souligner le corps. Des détails de noeuds en volumes, aériens, graphiques ; farandole de rubans de velours, de satin. Pour le maquillage, pas de teint blafard frotté d’ail ni de dents aiguisées, mis des ajouts d’arabesques posés en dentelles sur le visage des jolies vampirettes. Une collection tirée à quatre épingles.
Pendant trois ans, le créateur a créé des costumes pour le théâtre et des spectacles comme French Cancan (100 costumes).
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Nouvelle directrice du prêt-à-porter féminin d’Hermès, Nadège Vanhee-Cybulski est une ancienne diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers. Le cursus de la jeune créatrice est passé notamment par Maison Martin Margiela, Céline et The Row (la marque des soeurs Olsen). Les réseaux sociaux bruissaient de son nom et la maison Hermès vient d’officialiser sa nomination. Nadège Vanhee-Cybulski signera sa première collection en mars prochain, pour l’hiver 2015. Le printemps-été (présentation en octobre) sera encore créé par Christophe Lemaire qui se consacrera ensuite à sa marque éponyme.
Encore une belle nomination à mettre à l’actif d’une des plus grandes écoles de mode européennes. D’Anvers sont issus les Belges du groupe des six avec notamment Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck… et Martin Margiela. Du côté des grandes maisons, Anvers est aussi très présent : Kris Van Assche crée l’homme pour Dior et l’orientation mode de Raf Simons (directeur artistique pour la femme chez Dior) est en partie due à l’ancienne directrice de l’Académie, Linda Loppa.
Un nom à suivre et une nouvelle aventure pour Hermès au féminin.
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Créatrice d’origine turque, Ece Ege a fondé sa marque Dice Kayek avec sa soeur en 1992. Si elle crée des collections de mode, elle a aussi présenté son travail dans une remarquable exposition : Istanbul Contrast. De retour dans le calendrier de la mode à Paris, elle est membre invité de la couture. Intitulée Jardin d’hiver, sa collection est une parfaite réussite.
Dans un jeu de miroir sur scène, ses jeunes filles en fleurs déambulent en bleu pensée, nénuphar, coquelicot ou rose. Juxtaposition de couleurs en camaïeux précieux. Très travaillées, très construites, les formes s’architecturent en volumes, en superpositions. Effets « boules », drapés enveloppants. strates de tissus, broderies en gouttes de cristal, subtils jeux de plissés.
Délicieuse promenade et superbe collection.
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Membre invité de la couture, Zuhair Murad est un créateur venu du Liban où est installé le siège de sa maison. Sa collection pour l’automne hiver 2014-15 s’intitule Glam’ Futurisme. Une féminité revendiquée et audacieuse (jupes fendues).
Architecture (découpes géométriques), plissés, broderies,… Fourreaux près du corps.
Imprimés géométriques, fantaisie colorée. Rouge flamboyant, grand bleu ondoyant. Robes de bal en volume.
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Intitulée Les déesses du Nil, la collection de Serkan Cura (membre invité) s’envole avec son exquis travail de plumassier. Plumes en semis et légèreté proche de l’envol. Femmes sirènes (à l’origine ces créatures hybrides avaient un corps couvert de plumes avant de finir en queue de poisson). Silhouettes corsetées, ajouts de perles, brillances d’ailes d’insectes, éclat de couleurs fluo : rouge, vert,…
Final blanc mariée avec bustier de plumes en éventail.
Un travail remarquable.
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