Couturier visionnaire, Jean Patou a vu l’essor de sa maison dans les années vingt. Il a libéré la femme avec des modèles sans entraves, a mis la mode sur le chemin du prêt-à-porter et a « inventé » ce qui allait devenir le sportswear. La disparition en 1936 du couturier a mis fin à une carrière exemplaire.
Le 22 mai était organisée à Drouot une vente aux enchères (Pierre Bergé & Associés) autour d’objets détenus par la famille : des vêtements, des parfums et une collection de documents historiques, de manuscrits…
Du côté de la parfumerie, la maison Patou a créé Joy, offert puis lancé comme le parfum le plus cher du monde (son slogan) après le krach de 1929. Le Normandie en forme de bateau (6 500€) voguait auprès des passagers de première classe. Colony (600€) en forme d’ananas ou encore les trois temps de l’amour : Que sais-je ?, Amour Amour et Adieu sagesse. La maison est aussi à l’origine de la première huile solaire, l’huile de Chaldée. Dans la vente figurait un exceptionnel bar à parfums (10 000€).
Sous l’expertise de Pénélope Blanckaert, 54 lots de mode ont été dispersés. Le style Jean Patou, dans l’air du temps de son époque signe les années folles. Des robes droites souples avec parfois une pointe d’exotisme dans les broderies ou le choix des noms : Princesse lointaine, Téhéran… Nuit de Chine (1923), remarquable robe en satin et tulle de soie à motif rebrodé de chinoiseries, a été adjugée à 6 800€.
Black and White (1927), robe en crêpe de soie ivoire et rebrodée de perles de verre et strass a multiplié par 10 les estimations : 21 000€.
Le clou de la vente était autour de la partie sport avec des pulls pas encore montés et des tenues de pratiques sportives. Des pièces historiques pour l’histoire de la mode. Deux pulls déconstruits (pas montés) un à 600€, l’autre à 2 000 dont l’un préempté par le musée Galliera.
Un sweater en jersey de laine (5 000€) ou encore des lots de chaussettes…
Mais les enchères les plus exceptionnelles allèrent vers des total looks de sport avec une tenue de golf (jupe et twin-set) de 1930 à 85 000€. La tenue de sports d’hiver avec blouson et pantalon à pinces resserré avec l’étiquette « Jean Patou Sport et Voyage » de 1933 a atteint le même montant : 85 000€. À pièces rares, prix d’exception…
NB Aux prix des enchères, il faut ajouter plus de 20% de frais.
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Soutien important des jeunes créateurs, le prix LVMH en est à sa deuxième édition et vient d’annoncer ses lauréats. Autour des directeurs artistiques des maisons de mode du groupe : J.W. Anderson (Loewe), Nicolas Ghesquière (Louis Vuitton), Marc Jacobs (Marc Jacobs), Karl Lagerfeld (Fendi), Humberto Leon et Carol Lim (Kenzo), Phoebe Philo (Céline), Raf Simons (Dior), Riccardo Tisci (Givenchy), les autres membres du jury étaient Delphine Arnault, Jean–Paul Claverie et Pierre-Yves Roussel.
Le prix a été remis à un duo : Marta Marques et Paulo Almeida. Basés à Londres, les créateurs ont été formés à la Saint Martins School et défilent à Londres où ils ont été remarqués pour leur travail sur le denim. Delphine Arnault a souligné : « leur savoir-faire technique et leur travail singulier sur la couleur et le cuir a été remarqué par notre jury ». Les deux créateurs vont recevoir un prix de 300.000€ et une aide personnalisée pendant un an sur tous les secteurs.
Un prix spécial (150.000€) a été aussi remis à Simon Porte Jacquemus, jeune Français qui, en quelques saisons seulement, s’est fait remarqué avec son énergie et son style aux coupes simples et géométriques.
D’autres prix ont été remis à des créateurs leur donnant la possibilité d’intégrer le studio d’une des maisons du groupe. Matty Bovan (Saint Martins) chez Vuitton, Gabriel Castro (Saint Martins) chez Kenzo et Josh Read (Kingston University) chez Dior.
Un appréciable coup de pouce pour de nouveaux créateurs et, pour LVMH, l’oeil sur un vivier de talents de demain.
Photos Peverelli
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Journaliste réellement amateur de mode, présentateur (France 24) de toutes les audaces, osant les tenues les plus improbables avec humour, Pascal Mourier présente à la Galerie Joyce son « bureau ».
Le parcours initiatique débute avec un premier tournage au Mali en 1986 autour de l’ouverture d’une maternité et d’un accouchement. Saut dans le temps pour atterrir aux antipodes, dans l’univers de la mode et du luxe depuis les années 90.
Sur le bureau une vidéo en boucle enchaîne les interventions sur le plateau et le jeu des poursuites de défilés qui s’enchaînent. Sur les murs, une fresque de photos de souvenirs, de rencontres émaillées des inévitables selfies.
A découvrir, des objets, des accessoires… Un casque du duo On aura tout vu rehaussé de paillettes donne des couleurs du luxe à un objet high tech du quotidien. Imposant, drôle, tonitruant, le poncho multicolore de Walter van Beirendonck fut porté par Pascal Mourier lors d’une émission, hommage à la créativité d’un des plus audacieux créateurs de mode au masculin.
Les objets mémoriels de Régine Pierrot questionnent le temps avec les vestiges d’anciens objets (ainsi une disquette) du quotidien figés dans le bronze, archéologie poétique de la célérité de notre époque.
La collection de cartons d‘invitations est mise à la disposition des visiteurs qui peuvent en choisir un et en échange verser une obole au profit de l’association, Jogo Bonito, qui associe capoeira et football, autre marque de l’éclectisme de Pascal Mourier.
Galerie Joyce Jusqu’au 24 mai.
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M & M, mode et maquillage, un bel alliage. Chapelier extravagant, Philip Treacy a imaginé pour MAC trois couvre-chefs dont l’esprit trouve écho dans un maquillage associé. Célèbre outre-Manche, Philip Treacy a conçu des chapeaux pour de nombreux créateurs dont Alexander McQueen, Chanel,… et coiffe souvent les mariages royaux.
Pour MAC ont été choisi deux chapeaux historiques et a été créé un masque en dentelle.
Coiffe hiératique aux effets de brillance cristal avec un maquillage où l’oeil de biche s’étire, eyeliner prolongeant le trait. Poudre illuminatrice et scintillante pour magnifier le teint.
Bibi rose avec plume aguicheuse et fleurs, place au maquillage naturel et bouche rousse avec rouge à lèvres « Bourgogne jauni ».
Voilette noire mangeant le visage d’où surgit un oeil maquillé de dégradés de bleu, turquoise et ciel avec fards colorés : bleu encre vif, sarcelle vif et noir mat.
Une façon ludique et grand public de découvrir les créations de Philip Treacy.
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Marque italienne créée il y a vingt ans par Consuelo Castiglioni, Marni célèbre son anniversaire de façon originale avec un marché. Installée au Bon Marché, l’escale parisienne multiplie les couleurs à foison dans l’esprit des célèbres imprimés de la maison.
Ludiques, les festivités se déroulent en trois étapes. La première a été consacrée aux fleurs et aux plantes avec des céramiques japonaises et des emballages en papier aux couleurs vives et vintage.
Dévolue à l’art, la deuxième partie proposait des sandales notamment dans l‘esprit des geta, tissées, peintes avec aussi la participation d’ateliers de création Personimages. Dédiée à la mémoire, la troisième étape joue à la loterie vintage avec des souvenirs d’objets de la marque : tissus imprimés, bijoux, boutons…
À découvrir, des ateliers créatifs pour composer un collier ou customiser des tee-shirts avec des motifs enfantins. Des cabas à rayures, des sculptures en fils de fer, un joyeux capharnaüm coloré et ludique. Sans oublier la dimension caritative des festivités avec les bénéfices versés au profit de l’association Vimala.
Après Milan, Hong Kong, Tokyo et l’escale parisienne, la série d’événements se clôturera à Venise au moment de la Biennale avec « Becoming Marni », une installation d’une centaine d’oeuvres en bois de l’artiste autodidacte Véio.
Une jolie façon de découvrir ou redécouvrir l’univers coloriel de Marni, au Bon Marché jusqu’au 16 mai.
Marque futuriste et mythique des années 60, Courrèges a désormais deux directeurs artistiques qui vont assurer la création : Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant.
Rachetée en 2011 par Frédéric Torloting et Jacques Bungert (ex Young & Rubicam), la marque a pendant quelques années remis en avant des créations du passé et a relancé ses parfums en ajoutant des nouveautés ainsi La fille de l’air à découvrir en juin. Si pendant plusieurs saisons, le duo ne souhaitait pas nommer de directeur artistique, l’étape (quasi incontournable dans l’univers d’une mode en mouvement perpétuel ?) est aujourd’hui franchie.
Le choix s’est porté sur les créateurs d’une très jeune marque, mais déjà fortement médiatisée. Coperni Femme (avatar inspiré par Copernic pour leur révolution de mode) a été créée par Sébastien Meyer (stylisme) et Arnaud Vaillant (commercial) en 2013. Déjà lauréats du prix de l’ANDAM des premières collections l’année dernière, Coperni était en lice en 2015 pour le prix LVMH. Finalistes de ce prix, ils ont choisi de se retirer et de se consacrer à leur mission créative chez Courrèges.
Pour l’automne hiver 2015 ils avaient présenté en mars (sans défilé) leur collection Coperni Femme au Musée des arts décoratifs avec des vêtements aux réminiscences très années 60 privilégiant la forme, l’architecture des coupes.
Pour Frederic Torloting : « Ils ont la jeunesse et le talent qui nous semblent indispensables pour projeter Courrèges dans son temps d’avance. »
La vision du futur de Courrèges (2016) sera mise en orbite en octobre.
Portrait Coperni C J-B Talbourdet
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« Il sort le bout du nez
Quand arrive le mois de mai
Le muguet, le muguet du 1er mai »
Si les légendes sont nombreuses autour du muguet et de la coutume porte-bonheur du 1er mai, de Charles IX (?) jusqu’à nos jours et la fête du travail en passant par le chansonnier Félix Mayol (Bravo c’est drôle dit Trenet).
En parfum, si le muguet inspire avec son odeur caractéristique, il ne se livre pas avec des procédés classiques, mais est recomposé via la chimie. Parmi les quasi soliflores qui ont fleuri : Muguet des bois (Coty en 1941), Muguet du bonheur (Caron, 1952). Diorissimo (Dior, 1956) rend hommage à la fleur fétiche du couturier (une collection en 54 se nommait « ligne muguet ») avec une création mythique d’Edmond Roudnitska dans un bouquet rose, jasmin, fleur d’oranger, ylang-ylang. Le Muguet (Annick Goutal, 2001). Muguet blanc (Collection extraordinaire de Van Cleef & Arpels, 2009). Chez Penhaligon (1976) fleurit le muguet sous son patronyme anglais, Lily of the Valley.
Première interprétation du muguet en 1908 par Jacques Guerlain, le muguet est désormais une tradition de la maison avec un rendez-vous incontournable le 1er mai (en vente uniquement autour de ce jour). L’édition 2015 renoue avec la forme du flacon fleuri des origines, mais dans une édition en biscuit de porcelaine blanche (Artoria, « entreprise du patrimoine vivant ». Autour du muguet la fragrance s’entoure de notes rose, jasmin et un accord lilas. Ruban vert en organdi autour du cou, le parfum porte-bonheur se découvre dans une édition limitée de 1659 flacons.