En jeu en Chine, le carreau Burberry

 

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Signature reconnue de Burberry, le tartan camel, blanc, noir et rouge est aujourd’hui l’enjeu d’une bataille juridique en Chine. Le bureau chinois des marques, arguant du fait que ce carreau n’a pas été utilisé en Chine par Burberry depuis trois ans, déclare que le motif ne serait plus protégé dans le secteur du cuir. Une société chinoise cherche à utiliser le célèbre motif avec l’argument que Burberry s’est approprié une part de la culture écossaise ! Ces fameux carreaux sont répertoriés sous le nom de Burberry par la Scottish Tartans Authority. Le premier carreau (Original), camel, blanc, noir et rouge, figure dans la catégorie Corporate avec pour date 1927. Deux variations ont été ajoutées dans la catégorie mode avec le Black et le Grey, l’un en 1986, l’autre avant 2007.

Créé au début des années vingt pour ses doublures, le tartan composé par Burberry est devenu signature en 1924. Chez Burberry, le classique porte le nom de Haymarket Check (du lieu où était située la boutique ouverte en 1891) tandis que le Nova Check, est crème, noir et rouge avec un motif plus grand.

Régulièrement confronté au problème des contrefaçons, Burberry gagne ses procès, son carreau étant considéré comme une marque distinctive et identifiable.

Pour la décision chinoise, Burberry fait évidemment appel et la maison souligne que les carreaux sont une marque enregistrée et que personne ne peut les utiliser sans son autorisation.

À suivre.

 

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Cardin : Maxim’s La nuit

 

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Fringant nonagénaire, Pierre Cardin vient de présenter sa nouvelle collection couture : Maxim’s La nuit au cours d’un défilé fleuve de plus de 150 modèles au masculin et au féminin. Hors calendrier classique (la prochaine couture parisienne aura lieu fin janvier), la présentation signe l’univers d’un créateur à part.

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Après un apprentissage dans les maisons Paquin, Schiaparelli et Christian Dior, Pierre Cardin débute notamment avec des costumes, déguisements et tenues de bal. Il a aussi participé à des créations pour le cinéma : La belle et la bête de Cocteau et un mémorable défilé dans Le couturier de ces dames avec Fernandel et surtout les costumes pour Chapeau melon et bottes de cuir. Sous son nom, il débute en 1953 et devient très célèbre dans les années 60 pour son style géométrique et structuré. Il met au goût du jour le costume Mao, certains modèles sont qualifiés de « cosmonautes », sa robe bulle est un succès et une collection rebaptise ses robes du nom de « cardinettes ».

Sans aucun doute le couturier qui a le plus largement utilisé les possibilités de développement d’un nom tous azimuts ajoutant nombre de dérivés par le biais de licences (estimées à plusieurs centaines dans les années 80), Pierre Cardin a aussi fait de Maxim’s une marque.

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C’est chez Maxim’s qu’il a choisi de faire son retour à la couture autour d’une collection imaginée pour des clients y faisant la fête. Dans les cossus salons lambrissés où l’or se mêle au vert, il est là, entouré de journalistes, pour assister à son défilé. Habillées en Cardin, les hôtesses ont des tenues en écho au style du roi de la géométrie et de l’épure. Avant le défilé, en bande son se reconnaît My Way. Oui, Pierre Cardin présente à sa façon, hors des conventions. La nuit est tombée chez Maxim’s et se dessinent effets smoking et robes du soir. Quelques passages du Cardin de la grande époque géométrique avec des éléments en incrustation, entre bijou et décoration. Des fleurs en vinyle, des effets de plissés, des noeuds (presque paquet cadeau). Brillance de satins, tissus mordorés et glisse le velours sur le parquet. Strass et paillettes font briller l’élégance des grands soirs.

Des paillettes pour hommes, métro et übersexuels concernés. Des rosaces de tissus et s’animent les femmes fleurs. Un beau travail de drapé avec une base simple et géométrique juste architecturée pour transformer le pan de tissu en robe.

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Après une bouffée d’Oxygène (Jean-Michel Jarre), la musique s’emballe sur des rythmes hispano et robes à volants. À la fin du défilé, Pierre Cardin présente son studio et s’exprime : «  Ces robes sont faites pour danser ». Lui qui est aujourd’hui le plus âgé des couturiers n’a pas dit son dernier mot, il parle de continuer et peut-être même d’une collection sport à venir. Toujours a la tête de son empire, Pierre Cardin estime la valeur de sa maison et de son nom à un milliard d’euros.

 

 

Photos Jérôme Faggiano

 

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Sarah Moon Alchimies

 

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Immense photographe, Sarah Moon a su imposer son écriture poétique et personnelle au fil de ses clichés. Pour Alchimies, elle investit le sous-sol du Muséum national d’Histoire Naturelle. Dans la grande galerie de l’évolution sont réunies une centaine de photos dont une quarantaine inédites.

L’artiste introduit l’exposition par ces mots : « Fossilisés, embaumés, taxidermisés, empaillés, vrais ou faux, morts ou vifs, impressionnés sur un cliché, minéral, végétal ou animal, d’hier ou d’aujourd’hui, en noir ou en couleur, j’expose au Musée d’Histoire Naturelle mes récits pas très naturels.

… J’ai toujours pensé que je suis un peu taxidermiste quand je photographie…

Sous le titre Alchimies, figurent ses sujets de prédilection : les fleurs, magnifiques, en couleurs délavées. Les animaux, pris dans leurs lieux de captivité provisoires (vivants dans la ménagerie) ou capturés dans une forme d’éternité (naturalisés dans la zoothèque). Ses dernières photos, réalisées cet été, livrent une vision poétique et mélancolique de la nature.

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Toujours remarquable chez Sarah Moon, le travail du tirage magnifie le noir et blanc, aux effets d’un hasard maîtrisé. Délicates et précieuses, les couleurs habillent de rouge, d’orange, les pétales des fleurs.

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En projection figurent deux films. L’Effraie (2004) est une adaptation  de l’histoire du petit soldat de plomb et de son amour impossible pour une danseuse de porcelaine, d’après Andersen. L’autre film, dédié aux résidents de la ménagerie du jardin, s’est attardé cet été sur les animaux ainsi l’inoubliable regard du singe.

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Jusqu’au 24 Novembre. Grande galerie de l’évolution.  Muséum national d’Histoire naturelle.

 

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Vuitton à Venise

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Ville baroque, porte ouverte vers l’Orient, Venise sert de cadre à la nouvelle Invitation au voyage de Louis Vuitton. Une montgolfière se pose sur la place Saint Marc, l’héroïne (Arizona Muse) en descend, se dirige vers un palais. Une ambiance carnaval raffinée, masques et perruques poudrées, un brin décadente (Eyes Wide Shut ?).

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Au piano (clavecin) David Bowie, en guest star, joue « I’d rather be high », montre Tambour Evolution au poignet.

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Arizona Muse est à ses côtés… Et si ce n’était qu’un rêve ? Retour à la réalité entourée de bagages LV, mais, dans le sac Vivienne, demeure une partition, la mémoire est intacte.

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Le voyage se prolonge sur la lagune où vogue anachroniquement une jonque qui laisse les gondoles à Venise.

Un film de Romain Gavras et des photos David Sims.

Sur le site www.louisvuitton.com et fin novembre au cinéma.

www.youtube.com/user/LOUISVUITTON

 

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Replica

 

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Depuis les débuts de la Maison Martin Margiela, le créateur s’est penché sur le passé, sur les vêtements qui ont été portés, chargés d’histoire, de coutumes. Certains ont parfois été juste retravaillés, d’autres ont été dupliqués avec parfois aussi des transformations. Sous le nom de Replica, ces vêtements portent une étiquette qui les resitue dans leur époque et donne des indications (matières…). Ainsi en 2011 un pyjama d’homme coupé dans du cuir ou un peignoir ré-imaginé en peau lainée.

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Les parfums (dans le giron de L’Oréal) ont choisi aussi le terme Replica pour une collection qui joue sur la réinterprétation d’une mémoire olfactive qui s’attache à un lieu (espace) et à une année (temps). Les parfumeurs planchent sur les mots et imaginent sa traduction olfactive dans l’esprit d’odeurs qui pourraient être « familières ». Dans la première série : Beach Walk, (Calvi, 1972), un parfum solaire adouci de coco ; Flower Market (Paris, 2011), un imposant bouquet floral ; Funfair Evening (Santa Monica 2004), esprit de fête gourmand, petit grain et pomme. Dans la deuxième série : Lazy Sunday Morning (Florence, 2003), l’odeur de draps frais pour farniente ; Jazz Club (Brooklyn, 2013), un esprit masculin aux effluves d’alcool (rhum), tabac et bois ; Promenade in the Gardens (Oxforshire, 1986), le charme d’un jardin anglais, vert et fleuri.

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Sur le carton figure une photo supposée correspondre à la dénomination (ma seule réserve sur le projet est le manque de véracité entre lieu-date et photo).

Pour prolonger l’aventure, en quête de souvenirs, a été imaginé un projet ouvert à des artistes, photographes, journalistes, anonymes… qui ont sélectionné une photo personnelle et viennent l’ajouter à la mémoire des lieux des parfums Replica : Smells like memories. Une série d’une centaine de photos vient d’être présentée à la galerie Jousse (un événement éphémère) tandis que le projet ouvert à de nouvelles participations continue sur Tumblr.

À chacun sa madeleine.

 

replicafragrances.tumblr.com

 

 

 

 

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Nicolas Ghesquière chez Louis Vuitton

Ce n’est plus un murmure, c’est officiel, la nomination de Nicolas Ghesquière chez Vuitton est confirmée. Le créateur reprend les rennes de la mode féminine que Marc Jacobs avait incarnée pendant quinze ans. Influent et reconnu par la planète mode (International designer of the year en 2001) ou hors mode (dans la liste des 100 personnes les plus influentes par Time magazine en 2005), Nicolas Ghesquière avait réussi à faire de Balenciaga (dans le groupe PPR à l’époque) une des marques de mode les plus pointues. Son style, souvent audacieux et très construit, sera à (re)découvrir désormais sous la bannière LVMH dès mars 2014 avec la collection de l’automne-hiver.

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