Fringant nonagénaire, Pierre Cardin vient de présenter sa nouvelle collection couture : Maxim’s La nuit au cours d’un défilé fleuve de plus de 150 modèles au masculin et au féminin. Hors calendrier classique (la prochaine couture parisienne aura lieu fin janvier), la présentation signe l’univers d’un créateur à part.
Après un apprentissage dans les maisons Paquin, Schiaparelli et Christian Dior, Pierre Cardin débute notamment avec des costumes, déguisements et tenues de bal. Il a aussi participé à des créations pour le cinéma : La belle et la bête de Cocteau et un mémorable défilé dans Le couturier de ces dames avec Fernandel et surtout les costumes pour Chapeau melon et bottes de cuir. Sous son nom, il débute en 1953 et devient très célèbre dans les années 60 pour son style géométrique et structuré. Il met au goût du jour le costume Mao, certains modèles sont qualifiés de « cosmonautes », sa robe bulle est un succès et une collection rebaptise ses robes du nom de « cardinettes ».
Sans aucun doute le couturier qui a le plus largement utilisé les possibilités de développement d’un nom tous azimuts ajoutant nombre de dérivés par le biais de licences (estimées à plusieurs centaines dans les années 80), Pierre Cardin a aussi fait de Maxim’s une marque.
C’est chez Maxim’s qu’il a choisi de faire son retour à la couture autour d’une collection imaginée pour des clients y faisant la fête. Dans les cossus salons lambrissés où l’or se mêle au vert, il est là, entouré de journalistes, pour assister à son défilé. Habillées en Cardin, les hôtesses ont des tenues en écho au style du roi de la géométrie et de l’épure. Avant le défilé, en bande son se reconnaît My Way. Oui, Pierre Cardin présente à sa façon, hors des conventions. La nuit est tombée chez Maxim’s et se dessinent effets smoking et robes du soir. Quelques passages du Cardin de la grande époque géométrique avec des éléments en incrustation, entre bijou et décoration. Des fleurs en vinyle, des effets de plissés, des noeuds (presque paquet cadeau). Brillance de satins, tissus mordorés et glisse le velours sur le parquet. Strass et paillettes font briller l’élégance des grands soirs.
Des paillettes pour hommes, métro et übersexuels concernés. Des rosaces de tissus et s’animent les femmes fleurs. Un beau travail de drapé avec une base simple et géométrique juste architecturée pour transformer le pan de tissu en robe.
Après une bouffée d’Oxygène (Jean-Michel Jarre), la musique s’emballe sur des rythmes hispano et robes à volants. À la fin du défilé, Pierre Cardin présente son studio et s’exprime : « Ces robes sont faites pour danser ». Lui qui est aujourd’hui le plus âgé des couturiers n’a pas dit son dernier mot, il parle de continuer et peut-être même d’une collection sport à venir. Toujours a la tête de son empire, Pierre Cardin estime la valeur de sa maison et de son nom à un milliard d’euros.
Photos Jérôme Faggiano