Eau noire

Waouh! L’Eau noire (Dior),  un « masculin » envoûtant, grisant. Sous l’impulsion d’Hedi Slimane (directeur artistique de Dior Homme) naquit en 2004 une collection de Cologne : un élégant triptyque composé de Bois d’argent, Cologne blanche et cette somptueuse Eau noire. Aujourd’hui, Eau noire et Bois d’argent ont intégré la Collection privée de Christian Dior.

Rivière de Belgique, roman de Fabrice Gaignault, L’Eau noire pourrait couler so(m)brement, mais son nom mystérieux habille une fragrance magnifique.

Chef d’œuvre composé par Francis Kurkdjian, L’Eau noire est une somptueuse lavande aux accents orientaux. Le parfumeur explique que différentes lavandes ont été utilisées ainsi qu’un absolu de thym pour les accents aromatiques. Se retrouvent également la réglisse (pour broyer le noir ?), le cèdre de Virginie et la vanille bourbon. Une lavande folle, opulente, pétulante, mais aussi langoureuse, un peu sucrée et puissamment aromatique ; un sillage incroyable.

Ce parfum : une bombe.

 

 

Naissance : 2004

Papa : Francis Kurkdjian

Famille : Oriental

Genre supposé : Masculin

 

Le parfum de Felix F . et de Danyce B.

 

Le 21 décembre

 

 

 

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Jungle

 

Jungle, le parfum de Kenzo, entraîne sur des territoires chauds et épicés. Le nom claque, comme un livre, et s’ensuit un cortège d’images fortes, puissantes : une végétation luxuriante, des animaux, sauvages, des bruits, des couleurs (des plumes, des fleurs)… En termes d’odeur, j’aurais imaginé des odeurs végétales, un peu mouillées (rêve d’Amazonie ?). Mais Jungle m’a agréablement surpris et emporté ailleurs. Nom de la première marque de Kenzo, Jungle, se rapproche de l’univers coloré des débuts du créateur avec une fragrance haute en couleurs épicées. Le lancement de presse eut lieu dans la maison de Kenzo avec son couloir de nage et, sur la petite terrasse intérieure, une sorte de marché aux épices reconstitué pour bien marquer les esprits avec ces ingrédients majeurs.

J’ai aimé et porté Jungle. A l’époque, je n’avais pas retenu le nom du parfumeur (ils étaient sans doute aussi moins mis en avant il y a quinze ans ; aujourd’hui, les marques rendent plus facilement à César ce qu’a composé César, sauf P&G). C’est seulement récemment que j’ai vu que l’auteur de ce magnifique Jungle était Dominique Ropion (voir le Géranium pour monsieur), parfumeur de grand talent dont j’apprécie l’écriture.

Une jungle imaginaire, paradis défendu, inaccessible, Jungle magnifie de vastes territoires relevés de chaudes épices. Un bel oriental où se découvre mandarine, feuille de palmier, vanille, patchouli, héliotrope, girofle, mangue, vanille, réglisse, cumin,… Un festival d’épices, un côté fruit, confit, un pur délice, parfum joyeux.

Signé Joël Desgrippes, le flacon ondule, il est surmonté d’un animal. Dans la première version (ma préférée), le sage éléphant.

 

Naissance : 1996

Papa : Dominique Ropion

Famille : Oriental épicé

Genre : Féminin

 

Le 20 décembre

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Garage

 

Par provocation, j’aurais pu aimer un parfum dénommé Garage dont l’odeur rassemble des souvenirs d’essence, d’huile de moteur, de métal hurlant… Mais, j’aime réellement ce parfum de Comme des garçons (NDLR : l’intérêt pour cette marque atypique est consciemment assumé). J’ai toujours apprécié les odeurs de garage. Enfant, j’aurais pu passer des heures à respirer l’irrespirable d’un garage, toujours à l’affût de ces senteurs étranges.

Garage, le parfum, figure dans la collection Synthetic, au même titre que Tar, une odeur de goudron, de bitume urbain. Skai, comme un cuir réalisé en plastique. Soda, effervescent, pétillant. Dryclean, à l’image des  produits chimiques du nettoyage à sec. Ces parfums recomposent l’esprit d’odeurs du quotidien, pas forcément considérées comme aimables ou  nobles, mais toutes bien (re)connues. Des parfums pop, comme le mouvement artistique qui, par le biais de la représentation, de l’accumulation ou du détournement, élève le quotidien au rang d’oeuvre d’art. La série Synthetic s’incarne pour moi dans la même démarche que celle de Warhol avec la boîte de soupe Campbell’s.

L’acte n’est ni gratuit, ni même provocateur ; c’est une recherche dans un curieux et intéressant chemin de traverse. Au final, ce sont des parfums, même si pas évidents à considérer comme tels (quand je les fais tester à mes étudiants, il faut toujours un temps d’acclimatation pour les accepter).

En termes de composition, Garage associe aldéhyde de laurier, traces de kérosène, notes florales plastiques, acétate de vétiver, bois de cèdre de chine… Et puis, vroum vroum, se découvrent senteurs d’essence, métal… un cocktail  délicieusement artificiel, absolument « Synthetic ». Sorte d’anti-parfum selon les normes classiques, Garage et les autres Synthetic ouvrent des voies à une parfumerie originale et « inspirationnelle ».

 

Naissance : 2004

Maman : Marie-Aude Couture

Famille : Pop

Genre : No sex

 

Le 19 decembre

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Jicky

 

 

Transsexuel de la parfumerie, Jicky est passé du masculin au féminin. Bel oriental, il porte en germe tout le délice de ce qui fera la signature Guerlain.

Né en 1889, Jicky a le même âge que l’exposition universelle et la tour Eiffel.

Premier grand parfum moderne, il associe subtilement des notes naturelles à des notes synthétiques. L’époque est à la chimie et à ses découvertes en matière d’odeurs. La coumarine, présente dans la fève tonka, est synthétisée par Perkin en 1868. En 1876, Laire et Reimer réussissent à obtenir de la vanilline à partir d’un extrait de pin. Cette douce vanilline figure bien plus probablement dans nos répertoires d’odeurs que la véritable vanille en gousse. Pour Jicky, Aimé Guerlain a mélangé les deux, la naturelle et la nouvelle vanilline.

Jicky signe le lien ente une parfumerie du passé et son futur. Il s’agit aussi de l’orchestration due à l’intelligence humaine qui compose ;  toute la différence entre une odeur, aussi belle soit-elle, et la volonté de créer.

L’idée de base de Jicky est de marier la lavande et la vanille ; s’ajoutent bergamote, romarin, bois de rose, fève tonka, opoponax,…

Le nom est un diminutif, celui de Jacques, peut-être, neveu d’Aimé Guerlain ou encore prénom d’une jeune Anglaise dont le parfumeur fut amoureux, hommage ?

Dans Prières exaucées, Truman Capote l‘évoque : « La pièce était imprégnée de son parfum (à un moment je demandai le nom et Colette dit : « Jicky. L’impératrice Eugénie ne portait que ça. Je l’aime parce que c’est une fragrance d’autrefois à la charmante histoire et parce qu’il est léger sans être licencieux – comme les beaux diseurs. Proust le portait. C’est du moins ce que Cocteau me raconte. Mais il ne faut pas trop se fier à lui »).

Classique, élégant, le flacon (extrait) d’aujourd’hui est celui du modèle de 1908 de Gabriel Guerlain surmonté d’un bouchon à l’allure pétillante d’un champagne.

Est-ce pour lui ou pour elle, peu importe, Jicky demeure un monstre sacré de la parfumerie et chez Guerlain, il y en a pléthore. Parmi les magnifiques, j’ai aussi porté cette signature (guerlinade) chaleureuse, enveloppante figurant à l’excès dans Shalimar et sa magnifique histoire d’Orient et d’Inde romantique. Sans doute LE sillage le plus mémorable de la parfumerie. Composé par Jacques Guerlain, Shalimar est le fruit d’un surdosage d’éthylvanilline (puissante odeur de vanille) dans Jicky ! Sans oublier la douce et enivrante  Heure bleue qui, quand le jour disparaît, a des allures de parfum impressionniste.

La guerlinade (aussi le nom d’un parfum de 1921) est une signature, un sceau très présent chez Guerlain. Une fois sentie, on ne peut l’oublier. Dans ces notes de fond opulentes, douces, enchanteresses se croisent notamment iris, vanille, mais aussi bergamote, fève tonka, rose… avec des variantes. Cette guerlinade est surtout due aux créations de Jacques Guerlain, elle signe à jamais de nombreux parfums maison avec opulence et volupté.

 

Naissance : 1889

Papa : Aimé Guerlain

Famille : Oriental

Genre : Trans

 

Le 18 décembre

 

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Le Feu d’Issey

 

Boule rouge orange incandescente, Le Feu d’Issey  (Miyake) demeure un bel ovni dans la parfumerie. Bel ambré lacté hors du temps, il s’est lancé hors des tendances, sans doute trop en avance (jamais la sensation « lactée » ne s’est exprimée de façon aussi osée et radicale).

Composition de Jacques Cavallier, Le Feu d’Issey pose en tête une note de rose piquée de coriandre. Le coeur floral de lys doré du Japon est relevé par un poivre du Sichuan. Mais, c’est le fond qui signe la fragrance d’une puissante note ambrée, chaude, opulente. Le côté fumé du bois de gaïac s’adoucit et s’enveloppe de ces notes lactées (lactones ?) qui apportent une sensation chaleureuse, délicieusement régressive.

Parfum lacté boisé, le succès ne fut pas au rendez-vous, il subit même l’outrage d’un flanker dénommé Light (dans le sens de lumière !) qu’il vaut mieux oublier. Parfum précurseur, il est sujet de billets nostalgiques sur la toile. Le critique de parfums Luca Turin, dans son guide, lui attribue la note maximale de 5 étoiles. Décrite comme une « milky rose », Luca Turin dit « The surprise effect of Le feu d’Issey is total ». Le critique rend hommage au parfum, à ceux qui ont eu l’audace de le lancer,… mais il s’attriste de l’arrêt de la commercialistion. Il conclut : « Whether you wear it or not, if you can find it, it should be in your collection as a reminder that perfume is, among other things, the most portable form of intelligence ».

Làs, les succès ne signent pas les parfums les plus intéressants, mais brille encore l’étoile du Feu d’Issey.

Le flacon, boule de feu avec des gradations de couleurs, oublie le verre pour un plastique au doux toucher et qui se « dégoupille par le bas » pour laisser apparaître le spray, une création de Gwenael Nicolas. Mais le « plastique », s’il est noble en design, n’a pas encore les faveurs des consommateurs en parfumerie. Pourtant, éminemment tactile et ludique, cette sphère incandescente avait du charme.

Le nom ? Après le succès de L’Eau (également une très belle composition de Jacques Cavallier que j’ai aussi beaucoup portée, à ses débuts) est sans doute venu très naturellement, de façon élémentaire, le terme de feu. Mais, aujourd’hui, il s’est  éteint, le feu.

Un joli chaînon manquant.

 

Naissance : 1998

Papa : Jacques Cavallier

Famille : Ambré lacté

Genre : Féminin

 

Le parfum de Colette S.

Le 17 décembre

 

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Roma

 

Roma, la ville des sept collines, a donné son nom à un parfum de Laura Biagiotti. De Roma à Amor, l’anacyclique est un beau jeu du hasard. En allant jusqu’au palindrome supposé de Quintilien, le latin enflamme la ville : Roma tibi subito motibus ibit amor. « Rome, l’amour passionné viendra vite vers toi ».

Ville ouverte, ville éternelle, Rome a son parfum, invitation à l’architecture antique dans un flacon qui s’est choisi un fût de colonne (du forum) mouluré, tronqué en oblique, pas spécifiquement féminin ! Plus tard (en 1995), la version masculine de Roma rendra hommage au Colisée.

Ténébreux oriental, parfum à l’opulence balsamique, Roma s’incarne puissamment. En tête, fraîcheur bergamote, un zeste de pamplemousse, cassis, pour un côté fruité. Menthe et jacinthe, oeillet, jasmin, muguet, rose, tubéreuse, farandole de fleurs. Le fond donne toute sa munificence au parfum :  ambre, bois de santal, patchouli, musc, civette, vanille, mousse de chêne et myrrhe. Enveloppant, balsamique, je ne lui murmurerai pas Arrivederci Roma (même par Dean martin), il m’emporte du forum au bord de la fontaine de Trevi.

Créatrice italienne, surnommée notamment la reine du cachemire, Laura Biagiotti a poursuivi des études d’archéologie avant de suivre la voie (familiale) de la mode. Clin d’oeil antique, Roma est sa belle invitation au voyage, élixir troublant et délice capiteux.

 

 

Naissance :  1988

Papa : Jean-Pierre Mary ?

Famille : Oriental

Genre : Féminin

 

NDLR Le Roma Uomo est lui signé Annick Ménardo.

Venezia en 1992, un parfum de Michel Almairac dans un flacon doré et baroque.

 

Il est plus facile de le trouver sur internet que dans les parfumeries françaises…

 

Le 16 décembre

 

 

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Sel de vétiver

 

Du bois relevé de notes salées, du vétiver sec sur une route maritime semée d’embruns serait ma perception de Sel de vétiver (The different Company). Pourtant ce Sel de vétiver, Céline Ellena (le parfumeur), l’a imaginé dans une chaleur accablante : « quelque part en Afrique…  un jour de pluie trop rare. Je frotte des racines entre mes doigts et, un parfum presque brûlant s’en échappe voluptueusement. C’est l’odeur de la pluie qui tombe, celle musquée des madras colorés, celle enfin des épices et des fruits un peu mûrs…. j’imagine une harmonie salée et douce à la fois, sensuelle et fraîche, celle de la peau après un bain de mer, lorsque les particules de sel restent prisonnières, et que l’eau s’est évaporée à la chaleur du soleil ».

Si le parfumeur (je n’aime pas les noms au féminin, ainsi l’épouvantable « écrivaine ») raconte une histoire de soleil mouillé ; moi, le soleil, je ne le vois pas, je ne l’imagine pas. Je me dirige vers des embruns, des senteurs de mer salée, pas forcément au bout du monde, mais… surtout pas de soleil. Sel de vétiver m’accompagne sur le bassin d’Arcachon en balade sur le voilier d’amis chers. Dans la cuisine, j’utilise très légèrement le sel, je privilégie le goût des aliments ou alors je surdose volontairement en épices. Le sel me semble toujours un masque facile et accompagne le geste idiot de ceux qui resalent sans avoir goûté. En parfum, j’ai découvert au sel un goût exquis.

Dans la fragrance, pamplemousse et cardamome (pour apporter une sensation d’humidité) ; géranium et livèche (pour suggérer l’aspect salé). En majesté, le vétiver d’Haïti (essence et fraction), âpre, puissant et le patchouli. Enfin iris et ylang-ylang, pour une certaine douceur.

Un vétiver dans un bain de sel, ballade sur la mer salée, le parfum de Corto Maltese ?

 

 

 

Naissance 2006

Maman : Céline Ellena

Famille : Boisé aromatique

Genre : No sex

 

 

Le parfum d’Alain J.

Et flacon de Thierry de Bashmakoff

 

Le 15 décembre

 

 

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Brin de réglisse

 

 

Noir comme la réglisse (pas en bâton) et velouté, Brin de réglisse donne à la lavande une belle noblesse. Souffle une nouvelle fraîcheur sur les collines de Provence.

Dans ma mémoire : un premier parfum Hermès pour l’ouverture de la boutique avenue George V, un flacon éponyme, un collector (900 exemplaires) distribué aux invités en 2006 et un délicieux coup de coeur pour ce parfum enveloppant.

Quelques années plus tard, jolie surprise dans la collection Hermessence de Jean Claude Ellena pour Hermès. Ce Brin de réglisse vint rafraîchir ma mémoire et titiller d’exquis souvenirs proches du « George V ».

Si le parfumeur maison d’Hermès a un goût assumé pour les compositions simples et pour les fragrances minimalistes comme des « haikus »,  son Brin de réglisse laisse un magnifique et puissant sillage.

Penché sur la lavande, Jean Claude Ellena a sélectionné ce qui l’intéressait (les nouvelles techniques de fractionnement permettent de choisir les éléments que l‘on souhaite conserver) et a ainsi composé « sa » lavande. Pour habiller cette lavande voulue « sèche », le parfumeur a choisi un costume de soirée noir, sombre avec la réglisse (et si le noir avait une odeur, serait-ce la réglisse ?). Une fraîcheur et aussi une opulence, une sensation velours, une caresse enveloppante. Parmi les autres notes : bergamote (linalol en écho dans la lavande), fleur d’oranger, coumarine, foin.

Un des seigneurs de ma salle de bain.

 

 

 

Naissance : 2007

Papa : Jean Claude Ellena

Famille : Oriental ?

Genre : No sex

 

Dans les boutiques Hermès, essentiellement.

 

Le 14 décembre

 

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Eau parfumée au thé rouge

 

Bizarre, je dis bizarre, mais aussi original et admirable. Culotté de lancer un parfum aussi étonnant (Bulgari). « C’est une tuerie » ai-je entendu cette semaine par quelqu’un qui l’avait encore dans le nez ! Bien à l‘écart des autoroutes de la parfumerie, L’Eau au thé rouge de Bulgari est une composition d’Olivier Polge (IFF).

Au coeur de ce parfum infuse le thé. D’abord un thé qui n’est pas un thé, le Rooibos (Afrique du Sud), enveloppant et chaleureux et qui en tant que « thé rouge » résonne au nom du parfum. Ce « faux thé » réinterprété accentue une odeur de foin. S’ajoute un thé chinois, Yunnan qui a particulièrement inspiré Olivier Polge pour son côté très aldéhydé.

Parmi les autres composants figurent poivre rose, orange, bergamote, extrait de noix, muscs et labdanum en fond.

Son côté « laiteux, très doux, un peu gras est donné par la figue (Olivier Polge me parle d’octolactone gamma, ces mots scientifiques me ravissent !). Mon imagination me fait divaguer, sherpa en route vers de hauts sommets himalayens. Cette douceur un peu lactée et très curieuse me laisse phantasmer le goût du po cha, ce thé au beurre de yak (rance ?) que je n’osai goûter au Ladakh et au Népal. J’aimais aussi lire les histoires de ce thé dans la bande dessinée, Jonathan, héros perdu au fin fond de l’Himalaya. Mais là…, c’est un film parfumé très personnel.

Peu connu, mais admirable dans son originalité, partez à la recherche du Thé rouge (encore dans certaines parfumeries et sans problème sur internet). Que Bulgari conserve cette pépite à part. Ressentir L’Eau parfumée au Thé rouge donne diablement envie de la reporter, ovni digne d’un cabinet de curiosités qui de ce pas retourne à la case de ma salle de bain.

Oui, … « une tuerie ».

 

Naissance : 1996

Papa : Olivier Polge

Famille : Improbable

Genre : No sex

 

Le 13 décembre

 

NDLR Bulgari a une très belle collection de parfums au thé dont la magnifique Eau au thé vert signée Jean-Claude Ellena et le Thé blanc de Jacques Cavallier.

 

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Cuir mauresque

 

De ma rencontre avec Serge Lutens est né un amour particulier et irraisonné pour ses créations, son univers.

C’est sans doute autour des odeurs animales que Serge Lutens est le plus prolixe, l’entendre parler du vrai musc, de ses rêves de passer un lapin  à la moulinette, avec jubilation…

Sa parfumerie se révèle opulente, enveloppante, séduisante, riche de 1001 senteurs pour nuits plus belles que les jours. Le personnage de Lutens (lutin’s) me renvoie à Des Esseintes et je l’imagine (Serge L.) égaré dans son époque, mais y inscrivant des merveilles parfumées. Dans A rebours : « … il insuffla une légère pluie d’essences humaines et quasi félines, sentant la jupe, annonçant la femme poudrée et fardée, le stéphanotis, l’ayapana, l’opoponax, le chypre, le champaka, le sarcanthus… » des accumulations d’odeurs, des créations obsédantes jusqu’à ce que le héros en perde les sens.

Si plusieurs parfums m’enthousiasment, j’ai mes favoris, dont certains traversent immuablement le ciel de mes humeurs parfumées.

Cuir mauresque en fait partie. D’abord le mot cuir, un élément majeur dans ma « bibliothèque » avec ces réinterprétations qui empruntent les senteurs du bouleau (souvenir des belles forêts sans fin que le train parcourt entre Varsovie et Moscou). « Mauresque », le voyage emporte vers des routes de l’Orient, les Maures à la conquête de l’Espagne… Autrefois, les peaux, notamment celles dites d’Espagne s’imprégnaient de senteurs. Serge Lutens se serait inspiré de cette coutume pour habiller son cuir.

Des vapeurs d’Orient viennent titiller les narines, chaleur, opulence, sensualité. Farandole d’épices : cumin (une odeur très «  sueur ») et passez muscade, fleur d’oranger, fruits séchés, ou encore cèdre ?

Serge Lutens insiste sur deux ingrédients : jasmin d’Egypte et styrax brûlé. Sur la route du styrax, se profile à nouveau l’ombre de Des Esseintes, manipulant la résine : « … la brise qu’il soulevait avec des éventails ; et la nature exhalait encore, dans cette purulence de l’air, ses doux effluves. Des Esseintes maniait, échauffait entre ses doigts, une boulette de styrax, et une très bizarre odeur montait dans la pièce, une odeur tout à la fois répugnante et exquise, tenant de la délicieuse senteur de jonquille et de l’immonde puanteur de la gutta-percha et de l’huile de houille. »

 

 

Naissance : 1996

Papa : Serge Lutens / Christopher Sheldrake

Famille : Oriental magnifique, cuir

Sexe : No sex

Le 12 décembre

 

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