Ça faisait un bail qu’on ne l’avait pas fait. On était un peu rouillé, il a fallu qu’on s’échauffe, mais, au final, c’était bon. Je parle de nos séances de visionnage (amusé) de vieux pilotes des séries qu’on a aimé, dans notre jeunesse, ma collègue Charlotte Blum et moi. On a aimé revoir Alf, un peu moins Sauvés par le gong, on a réalisé que le premier épisode du Prince de Bel Air était vraiment chouette. Alors, parce qu’il n’y a plus que les footballeurs pour faire avancer la science capillaire, nous nous sommes replongé dans le pilote de MacGyver. McFly, direction le 29 septembre 1985 !
D’entrée de jeu, c’est beau. Très beau. Un joli plan du Grand Canyon. Sauf qu’on est censé être en Asie. Parce que MacGyver (Angus, de son prénom, tous les fans de AC/DC savent ça) est un voyageur, si vous l’aviez oublié. Du coup, comme le dit très bien Charlotte, « L’opener – la première scène, excusez sa technicité – de MacGyver, c’est un mix hasardeux entre Ushuaia (Nicolas Hulot, si tu nous lis…) et les décors en carton d’une pub de jouets pour enfants. C’est horrible. » Ce qui est horrible, c’est aussi le choix vestimentaire d’Angus, dans une super combinaison bleue avec bonnet rouge, alors qu’il est dans le désert. Alors qu’il doit, on va le comprendre, sauver un pilote d’avion prisonnier de vilains Chinois. Ravie, Charlotte poursuit, « on est dans la prod à budget discount, entre l’avion de Lost version péruvienne, les dialogues qui semblent écrits par les scénaristes de Sous le soleil, et les costumes tout à fait adaptés à la colorimétrie du désert : bleus. Super discret MacGyver, pour aller sauver un otage… J’ai l’impression de jouer à Où est Charlie. »
Evidemment, Mac sauve le gentil pilote américain des griffes des méchants Chinois, qui visent vraiment comme des brêles parce que franchement un mec en bleu au milieu du désert, faut être une sacrée tanche pour le rater. Surtout quand on a une kalachnikov. Et là, paf, on réalise que c’est un poète. Dans une superbe voix-off, il nous fait une comparaison digne des plus beaux moments de Crin Blanc entre le dressage de chevaux et la vie d’agent secret. Et tout ça avec un accent du sud, genre plouc du grand nord. Parce que MacGyver est du Minnesota, pour ceux qui ne le saurait pas. Charlotte reprend la main, comme dirait Julien ? « Une fois l’otage américain (le gentil, donc) sauvé, la série prend légèrement des airs de pub Mentos, celle que les Foo Fighters ont parodié dans le clip de Big Me. On a carrément envie de lui donner des kudos à MacGyver, de crier « Hey ! Bien joué » devant sa télé. Mais on ne dit rien parce qu’on est fascinés par ce fameux générique où Richard Dean Anderson occupe 100% des plans. »
Aaaah, le générique de MacGyver… On est sympa, on ne vous met pas de lien. En même temps, on sait que vous allez l’avoir dans la tête pour le restant de la journée, et ça suffit à notre bonheur. Curieusement, cet « opener », comme dirait Charlotte, n’a aucun lien avec le reste de l’épisode. « On entre dans une nouvelle mission que Mac fait mine d’hésiter à accepter pendant au moins 4,5 secondes. Sauf que c’est son boulot, alors il n’a pas le choix », résume Charlotte. Son job : sauver des scientifiques coincés dans une base souterraine très secrète au milieu du désert – les scénaristes de MacGyver avaient sans doute vu Breaking Bad pour aimer le désert à ce point là – avant que de méchants soldats ne fassent tout péter pour empêcher que des produits hautement toxiques ne se rependent. Pour dire les choses simplement : c’est la merde. Pour dire les choses avec l’esprit de Mac : produits chimiques + sous-sol + bombe = trop facile, mec.
Charlotte prend la main. « L’atout principal de MacGyver, après son cerveau, c’est son sac. J’avais oublié la contenance exceptionnelle de cette besace digne du cabas de Mary Poppins (elle en sortait un porte-manteau…). Il y jette tout ce qu’il trouve par terre tel un as du recyclage (je crois que c’est un hipster en fait…), parce qu’il SAIT que ça va lui servir à un moment. Stopper une coulée de produit chimique grâce à du chocolat, repérer des alarmes laser grâce à des cigarettes, tout ça, ça ne lui fait pas peur. » C’est vrai que non seulement Angus est balèze et qu’il peut vraiment construire un deltaplane avec un lot de slips Kiabi, mais en plus il est sacrément veinard. Tout ce qu’il ramasse est pile poile adapté pour sauver le monde derrière. Le coup du chocolat qui réagit positivement à la substance chimique est assez costaud. Comme dirait Charlotte, « on a un peu l’impression d’être dans un jeu vidéo genre Silent Hill, dans lequel le héros ramasse des objets qu’il pourra ensuite exploiter pour passer des étapes. Sauf que ça ne fait pas peur, qu’on sait qu’il va gagner et que personne ne va mourir ou être dévoré par un monstre. »
On savait Richard Dean Anderson était cool – il a un mulet, c’est dire – mais on avait un peu oublié qu’une nuque longue avec jean moulant et baskets à languettes, dans les années 80, c’était méga classe – et ça l’est presque redevenu, horreur. Du coup, non seulement Mac sauve l’affaire, mais il en profite pour draguer méchamment la jolie employée qu’il a croisé dans les couloirs en ruine – il aurait pu croiser un vieux chauve, mais c’est tomber sur la seule jolie fille du bunker, zut alors. « Pour accompagner cette romance en carton, il y a quelques nappes de musique romantique catastrophiques. Vraiment pas indispensable, les gars. »
Parce qu’elle m’enlève les mots de la bouche, et aussi parce que, comme Mac, je suis trop un beau gosse galant – et que j’ai eu la nuque longue et même la queue de souris dans les années 80, je lui laisse la conclusion du récit : « Si pendant l’épisode, on a souvent l’impression d’être dans Indiana Jones, la fin s’apparente plus à Scoubidou. Parce que non seulement MacGyver est assez fort pour éviter une explosion, mais il est aussi doté d’une finesse d’analyse incroyable et démasque un méchant qui se faisait passer pour une victime. En fin d’épisode, pour nous rappeler que non, MacGyver n’est pas un surhomme, juste un être humain, on le voit jouer au basket (oui, il est sportif) avec un gamin black qu’il considère comme son petit frère. Un gamin black (oui, il est tolérant). Et il laisse le gamin se payer sa tronche car oui, il a de l’humour. En fait, MacGyver, c’est l’homme parfait. » On n’en fait plus des comme ça…
Comme ils le rediffusent sur une chaîne de la TNT, j’ai revu aussi ce pilote, eeet.. ça fait bien vieillot quand même !
Et puis bon, à l’époque, j’avais trouvé que la série était justement de moins en moins “Ushuaiaesque” et de plus en plus centrée sur les rapports entre Mac et son boss et son/ses “amis”.. donc moins intéressante.
Au final, c’était super dans les années 80, aujourd’hui c’est plus que dispensable. ^^