Overdose de remakes

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S’il fallait une preuve que l’industrie des séries américaines ne va pas fort ces jours-ci, ce serait celui-là : on n’a jamais vu autant de remakes, suites plus ou moins officielles et autres réécritures opportunistes de « classiques » du petit écran. En deux ans, l’inflation a été permanente dans ce sous-genre rarement inspiré. Depuis septembre, ont ainsi tenté leur chance Melrose Place (la première nouveauté de la rentrée, tout un symbole), Eastwick (adaptation d’un film, ça compte aussi), V et Le Prisonnier. Quelques noms fameux qui viennent s’ajouter à Beverly Hills (90210 en l’occurrence), K2000, Super Jamie ou encore Terminator (adapté d’un film là aussi). Lire la suite…

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«The Wire» enseigné à Harvard

omarDisons le une fois pour toute : la meilleure série de l’histoire du petit écran s’appelle The Wire, Sur Ecoute en V.F. Ce n’est pas un choix très original – la grande majorité des critiques s’accorde sur les immenses qualités de cette série – mais nous aurons largement le temps de défendre dans ce blog d’autres séries plus contestables… The Wire, produite et diffusée par HBO de 2002 à 2008 (actuellement sur Orange Cinéma Séries chez nous), suit le quotidien des stups, des dealers, des gangsters de tous rangs et des politiciens de Baltimore, une des villes les plus pauvres de la côte Est américaine. Un chef d’œuvre de réalisme, écrit et produit par David Simon, un ancien journaliste infiltré des mois durant dans le monde cru, violent et sans pitié qu’il met en scène. Interprétation magistrale, scénarios brillantissimes, dialogues d’une justesse et d’une force jamais atteintes à la télévision, The Wire est aussi un portrait sans concession des disfonctionnement de l’Amérique, de sa misère et de sa violence. Lire la suite…

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On ne remplace pas Lost si facilement…

Le 2 février prochain, sur ABC, Lost, plus formidable entreprise sérielle grand public de ces dix dernières années (de mon point de vue), entamera son ultime saison. La dernière série de network vraiment innovante (même si on peut parler plus franchement d’un génial recyclage) tirera alors pour de bon à sa fin, et laissera derrière elle un vide immense en matière de thriller SF de haute volée (aussi sympathique soit Fringe, le projet suivant de J.J. Abrams, on est loin de l’inventivité de Lost). Comment remplacer Lost? Quelle série pour reprendre le flambeau? C’est la grande angoisse d’ABC, qui tente depuis trois saisons de trouver la parade…

En 2006, la chaîne avait déjà essayé de nous faire le coup de l’embrouille spatio-temporelle avec Day Break, sympathique mais médiocre série, qui ne dépassa jamais la barre fatidique des 13 épisodes. On y suivait les aventures d’un flic accusé à tort de meurtre (Taye Diggs), et contraint, à la manière de Bill Murray dans Un jour sans fin, de revivre le jour de son arrestation à l’infini – bien pratique pour démêler les fils de l’intrigue… Cette année, rebelote, puissance 1000, avec Flashforward, LA grosse bécane de la rentrée US. Lire la suite…

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Sarko fait son entrée dans l’histoire de la télé américaine

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy est entré dans l’Histoire de la télévision, en devenant le premier président français à avoir droit à son Simpson. Un honneur pour qui s’intéresse de près ou de loin aux séries, mais aussi un test politique en soit, tant l’impact des Simpson sur la culture populaire américaine peut être conséquent. La quasi totalité des présidents américains, Margaret Thatcher, Tony Blair, Lula et quelques autres ont eu avant lui cette « chance ». Certains s’en sont sorti discrètement (Lula n’a fait qu’une apparition éclair), d’autres en ont pris pour leur grade pendant des années (Bush père a été la cible favorite de la série, qu’il avait pris pour exemple d’une Amérique décadente lors de la campagne de 1992). Que dire du passage de Nicolas Sarkozy?

Vidéo incomplète, la première partie ayant été retirée par la Fox.
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La crise, c’est marrant?

Mieux vaut en rire que d’en pleurer. Depuis janvier dernier, aux Etats-Unis, le grand défi, c’est de faire se gondoler les téléspectateurs avec la crise. Pas forcément en s’en prenant directement aux vilains banquiers de Wall Street, mais en ironisant sur les petits malheurs et les gros bouleversements provoqués par la catastrophe financière. Ainsi, les Simpson, noyés sous les dettes, ont failli perdre leur maison, et les héros de Party Down, acteurs sans le sou forcés de jouer les serveurs pour un traiteur à domicile, prouvent qu’à Hollywood on peut souffrir de la crise autrement qu’en abandonnant la Maserati pour la Porsche.

Si Party Down est une vraie réussite, elle ne fait qu’effleurer le sujet. LA série comique de crise de la rentrée, c’était Hank, nouvelle sitcom de Kelsey Grammer, vedette aux Etats-Unis depuis Cheers et Frasier. Son pitch aurait pu être prometteur : un grand patron, ruiné, retourne vivre à la campagne. Malheureusement, le résultat, affligeant, a été élu haut la main horreur de la rentrée, avant d’être annulé. Deux autres projets autour de la crise, Two Dollar Beer – le quotidien d’un couple d’ouvriers de Detroit, la ville de l’automobile – et Canned (« viré ») – la réaction de quatre amis licenciés le même jour – n’ont même pas vu le jour.


La preuve, sans doute, qu’il est encore un peu tôt pour essayer de faire rire les Américains avec la crise…

Party Down, mardi 24, 22h20, Orange Cinénovo

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Un slasher sachant slasher…

… Doit savoir slasher sans s’assoupir. Une règle de base que n’a pas su respecter Harper’s Island, qui débute ce soir sur W9. Un « slasher », kesako ? A l’origine, un film où un psychopathe (ou deux, ou trois, selon l’humeur) décime une bande de types quasi sans défenses (si possible dans l’ordre suivant : la blonde à gros seins, le Noir sympa, le dragueur, la bonne copine, etc.) à l’aide de multiples objets tranchants (d’où le terme « slasher », de l’anglais to slash, taillader, couper). Par exemple : Vendredi 13, Massacre à la tronçonneuse (les armes à moteur, tant qu’elles coupent, sont admises), et plus près de nous Scream et ses descendants Souviens toi l’été dernier ou Urban Legend.

L’ambition d’Harper’s Island était fort louable : nous refaire le coup du slasher en version télé, en appliquant une formule hautement mathématique : une série étant plus longue qu’un film, il faudra tuer plus de monde. A la manière d’un jeu de téléréalité, on en zigouillerait un par semaine. A priori, on était partant. A tort. Pas assez gore, pas assez glauque, pas assez sexe (une des autres règles du slasher, il faut coucher avant de mourir), Harper’s Island n’a surtout qu’un seul personnage pour qui trembler (une gentille fifille traumatisée par un tueur en série dans sa jeunesse). Ceux qui auront la patience de supporter 13 chapitres longuets, à forte inclinaison soap, truffés de répliques cul-cul et de meurtres même pas flippants auront le droit de savoir qui est le/la vilain(e) tueur(se). Et de se dire qu’un slasher sachant slasher doit savoir slasher et s’lâcher un peu pour qu’on s’y amuse…

P.S : Dans son dossier de presse de rentrée, W9 annonçait la diffusion de Harder Island. Les amateurs de porno seront déçus, il ne s’agissait que d’une erreur de frappe…

Harper’s Island, 20h35, W9.

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Pas homo, pas bi, omni!

Mardi débute sur NRJ12 la troisième saison de Torchwood, bizarrerie britannique (presque un pléonasme) déclinée du très fameux Dr. Who, plus vieille série du royaume. Torchwood suit les enquêtes d’une poignée de chasseurs d’aliens, ici confrontée à une invasion d’extraterrestres décidés à enlever nos chères têtes blondes. Intelligente, particulièrement sombre pour une œuvre grand public, plutôt bien foutue malgré des moyens limités, Torchwood est aussi remarquable pour le choix de vie de son héros, le Capitaine Jack Harkness, immortel traqueur de bébêtes… omnisexuel.

Plus forts que les hétéros, les homos ou les bis, les omnisexuels apprécient la compagnie des femmes, des hommes, mais aussi des ET (ce qui semble difficilement faisable dans le monde réel). Derrière la fantaisie de cette sexualité, ce que Torchwood revendique, c’est la liberté totale de mœurs de ses héros.

Son créateur Russel T. Davies (père de Queer as Folk) et son acteur principal John Barrowman sont gays et sortis du placard depuis belle lurette. Dans un monde SF habituellement friand de héros machos, Harkness affiche dans cette troisième saison une homosexualité décomplexée, sans manières, en toute sobriété. Un manifeste discret, drôle et touchant, qui devrait plaire à toutes les femmes, les hommes et les aliens ouverts d’esprit.

Torchwood, saison 3, mardi 17 et mardi 24 à 20h40 sur NRJ12.

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Vampires en série

On ne parle plus que ça: les vampires sont partout. Depuis Twilight, on en a fait le fin du fin, et transformé ce qui fut une métaphore sanglante de la sexualité en une recette miracle pour attirer les midinettes. Pourtant, cela fait quelques saisons déjà que les vampires font du bon boulot. True Blood, lancée l’an passé par Allan Ball, le créateur de Six Feet Under, en est le meilleur exemple. Ce samedi commence sur Orange Cinéma Séries une autre vraie réussite vampirique, Being Human.

Sans doute en partie pour se défaire de l’étiquette fashionable de «série de vampires», ces deux œuvres mélangent les genres. On croise ainsi dans True Blood un type capable de se transformer en chien, une demi déesse capable de contrôler les désirs sexuels de ceux qui l’entourent, une télépathe, etc. Côté Being Human, le vampire de l’histoire fait colloc’ avec un loup-garou et une fantôme. Ridicule? Bien au contraire.

En prenant leurs distances avec les conventions, True Blood et Being Human modernisent la figure du vampire et lui confèrent une profondeur dramatique unique, parfait mélange de bestialité sensuelle et de souffrance existentielle – voir ceux qu’on aime vieillir et mourir, quoi de plus tragique? Mieux, en faisant d’eux une classe sociale presque comme les autres, True Blood tisse une métaphore maline du racisme et de l’homophobie. Ça ne nous empêchera pas d’aimer les voir mordre une ou deux victimes, mais ça nous changera des bons vieux vampires.

Being Human, le samedi à 20h40 sur Orange Ciné novo.

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Serial tués

dollhouseEt si on commençait par se plaindre? C’est de bon ton en ces temps obscurs, où l’on ne cesse d’annoncer la fin de «l’âge d’or des séries.» Donc, commençons par crier au scandale, et par jeter la télécommande aux «networks», autrement dit les grandes chaînes américaines (ABC, NBC, CBS, Fox et quelques autres).

Téva diffuse actuellement une série qui aurait du faire un carton. Dollhouse, c’est son nom, marquait l’an passé le retour aux affaires de Joss Whedon, créateur de Buffy contre les vampires. On allait voir ce qu’on allait voir. Et puis non. Ça n’a pas marché, le public n’a pas suivi et on donne peu cher de la vie de la série, qui devrait prendre la porte de la Fox d’ici la fin de sa seconde saison, en cours de diffusion outre-Atlantique.

Le problème, ce n’est pas que Whedon s’est troué. Le problème, c’est que les chaînes ont le chic ces jours-ci pour saborder leurs propres séries. Ainsi, la Fox a refusé le «pilote», le premier épisode écrit pas Whedon, pour forcer l’auteur à produire une ouverture fade à mourir, parfaite pour faire un four. Plus drôle encore, le meilleur des épisodes de la première saison de Dollhouse, le dernier, Epitaph one, n’a jamais été diffusé. On ne peut le voir que sur les DVD…

Les cas de «diffusions suicides» sont de plus en plus fréquent. Dernier cas en date, le remake de V, qui a commencé il y deux semaines sur ABC. Après quatre épisode, la série disparaitra de l’antenne jusqu’en… mars 2010. Même Lost aura droit à son mauvais traitement, puisque sa dernière saison sera coupée en deux par les Jeux Olympique d’Hiver. Changements de casting à la dernière minute, épisodes déplacés, programmation de séries aux sous-textes sombres en plein été (ex. The Philanthropist, de Tom Fontana, le créateur de Oz, qui n’a pas tenu le choc), c’est à croire que les networks ont trouvées LA parade pour se débarrasser de certains de leurs propres bébés.

Chez nous, Téva diffusera bien le treizième épisode de Dollhouse. Le hic, c’est qu’elle a opté pour notre version à nous de la diffusion sabordée : quatre épisodes d’un coup. Un coup à s’étrangler et à finir avec une vilaine indigestion, aussi séduisante soient les poupées de Joss Whedon…

Dollhouse, le jeudi à 20h35 sur Téva

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