Que voir dans la bande-annonce de Homeland saison 3 ?

Il n’y a pas que Breaking Bad, dans la vie. Il n’y a pas beaucoup mieux, mais il n’y a pas que ça. Tout excité à l’idée de revoir ce cher Walt, j’en ai presque raté la bande-annonce de la saison 3 de Homeland. Or, cette bande-annonce est un petit événement en soit. Elle marque le lancement du compte à rebours de la saison du quitte ou double : soit Homeland se reprend après une fin de saison 2 faiblarde, soit elle s’enfonce, ne parvient pas à ressaisir ses personnages, à recadrer son intrigue, et le risque d’abandon sera fort. Que tirer des 3’10’ de ce trailer ? Que voir entre les lignes ?

Elle s’ouvre sur les adieux de Carrie et Brody à la fin de la saison 2. Sans doute faut-il dès lors comprendre que l’enjeu de cette saison 3, ce sera de savoir si les deux tourtereaux vont réussir à se retrouver – un peu déjà la question au début de la saison 2, la cavale en moins. To Build a Home, du Cinematic Orchestra, a été choisie pour accompagner les images inédites – elles sont muettes jusqu’à l’ultime plan, j’y reviendrai. Un morceau mélancolique, aérien, entendu 6.586.375 fois dans des séries américaines (pas frais du tout, comme choix), qui peut vouloir dire plusieurs choses : les personnages vont mal, ils ont besoin d’un foyer, de repos, d’être ensemble, d’une épaule. Surtout Brody, qui est sur la route, en fuite. Une seule chose est certaine, ce choix musical teinte de romantisme la bande-annonce – qui par ailleurs ne sent pas la joie.

Voyons où semblent en être les différents personnages. Carrie est à nouveau internée, elle pleure, elle grimace, elle se roule en boule, elle se regarde dans le miroir, bref, elle fait ce qu’elle sait faire de mieux : la fille pas bien, mais alors pas bien du tout dans sa tête et sa peau. Elle est tellement dingue qu’elle a refait un joli collage mural sur Brody chez elle, avec des fils partout, qui tend à prouver qu’elle a vérifié que son chéri n’est pas au Groenland ! Les articles de presse qui l’accompagne nous donnent quelques indications sur la famille Brody : Dana elle aussi pète un plomb. « La fille de Nicholas Brody internée dans un hôpital psychiatrique », annonce un journal. Et un autre de compléter « la famille Brody en difficulté après l’attentat de la CIA. » Surtout Dana, en fait. Madame ne serait-elle pas cette ombre qui prend du bon temps ? Et Chris ? Ben, comme d’hab’, on s’en fout.

Saul n’a pas l’air d’aller beaucoup mieux que tout ce petit monde. On le voit d’abord s’asseoir avec pénibilité sur son lit – aidé par sa femme, qui est revenue, ce qui est déjà pas mal. Tout au long du trailer, il semble marqué, tendu, à bout, dégouté de son boulot. Il est tellement mal qu’il finit par lâcher un « je suis désolé » à Carrie, les seules paroles audibles du trailer – un message à peine caché des scénaristes, qui s’excusent de leurs approximations et lourdeurs dans la seconde partie de la saison 2 ?

Pendant ce temps-là, Quinn, qui ne servait pas à grand-chose dans la saison 2, s’active. Il semble d’abord fabriquer une bombe, puis on le voit en action, dans ce qui ressemble à un pays d’Amérique latine, où il descend une bonne demi-douzaine de guérilleros. C’est là que l’on parle de Brody. Il semble en effet que Quinn soit sur les traces de Brody, et que celui-ci se planque dans un pays d’Amérique latine. Difficile d’en avoir la certitude jusqu’à son apparition en pleine jungle, à l’arrière d’un pick-up, en train de jouer au tir aux lapins avec des ennemis non identifiés. Un plan le montre même devant un fond rouge et jaune, deux des couleurs dominantes des drapeaux colombiens, équatorien et… vénézuélien. Brody chez Chavez (enfin, chez les amis de Chavez) ? C’est mon choix n°1 ! Quoi qu’il en soit, il n’a pas la grande forme, a pris une balle, s’est rasé la tête, et se promène avec un jean baggy – par ordre de gravité.

Tout cela ne nous dit pas si cette saison 3 de Homeland sera à la hauteur de mes espérances. Elle sera « assez sombre, au début », a promis Claire Danes. On veut bien la croire. J’aimerais beaucoup qu’elle ne se limite pas à Carrie se roulant en boule et faisant des crises de nerfs. La noirceur, c’est bien, mais attention aux excès. Après son syndrome 24 de la saison passée, Homeland serait inspirée de retrouver le parfait équilibre entre drame psychologique et thriller qui avait fait le succès de ses débuts.

Homeland revient le 29 septembre sur Showtime, et sur Canal+ un peu plus tard.