Autumn Reeser : “Je pensais que Last Resort durerait 6 ans.”

Elle était une des héroïnes d’un des plus gros blockbusters de la dernière rentrée américaine, la nouvelle série de Shawn “The Shield” Ryan, actioner lourdement financé, Last Resort. Cette histoire dans laquelle un sous-marin américain, après avoir refusé de bombarder (nucléairement) le Pakistan, se réfugie sur une île de l’océan Indien, a fait pschit sur ABC, et a été annulée au bout de 13 petits épisodes. Autumn Reeser y joue Kylie Sinclair, une lobbyiste pour l’industrie de l’armement (troisième en partant de la gauche sur la photo). Une jeune femme séduisante, ambitieuse… et moins mauvaise qu’il n’y parait. Pourquoi Last Resort a-t-elle été annulée ? Comment se sent-on quand sa série prend l’eau ? Y aura-t-il une fin satisfaisante ? L’actrice, invitée du dernier Festival de Télévision de Monte Carlo, a répondu à quelques questions, alors que Canal+ lance la série.

Last Resort était censé être un des gros cartons de la rentrée. Il y avait Shawn Ryan, de gros moyens, un beau casting. Et la série s’est plantée. Pourquoi ?
C’est une série qui aurait été bien plus à l’aise sur une chaîne du câble. Je ne suis pas sûre qu’un network ait les épaules assez larges pour raconter cette histoire. C’était une œuvre épique et romantique, qui était à l’étroit dans un format 42 minutes. Il a fallu couper tant de choses, de ce qui était écrit et même de ce que nous tournions ! Du coup, la série a perdu le souffle dont elle avait besoin. Elle s’est fait écraser.

Ce n’est pas un peu le cas de toutes les séries de grandes chaînes ?
Non, je ne serais pas aussi catégorique. Ça dépend vraiment de la série. Certaines n’ont pas besoin d’autant de temps. Nous avions 10 personnages principaux, qui évoluaient dans un monde au bord de la Troisième Guerre mondiale. Il y avait tellement à dire… et pas assez de place et de temps.

Ce que je voulais dire, c’est que les networks n’ont plus les c… de faire ce genre de séries ambitieuses…
ABC en a eu, quand elle nous a programmé. On ne collait pas vraiment au genre de séries qu’elle a dans son catalogue en ce moment. Ils ont pris un risque, ils y ont cru, ils pensaient que ça pourrait lancer quelque chose de différent. Ça n’a pas marché…

Les histoires de sous-marins, ce n’est pas un peu daté ?
Non, au contraire, c’est une série très moderne, qui parle de globalisation et des extrêmes vers lesquels la soif de pouvoir des gens les pousse. Ce sont des thématiques universelles.

Au commencement de la série, on n’est pas sûr de ce que Last Resort veut nous dire sur le monde…
Si nous avions pu au moins faire une saison complète, nous aurions été plus au fond de ce qui se passe une fois que Marcus (le capitaine du sous-marin, joué par Andre Braugher, ndlr) est en gros le chef d’une île, le roi d’une nation, et à quel point le pouvoir peu corrompre ce personnage. Nous n’avons pas eu le temps d’aller aussi loin…

On se demandait aussi qui sont les gentils, qui sont les méchants, et si Last Resort veut nous dire que le salaud, dans l’histoire, c’est l’Amérique !
C’est une des particularité de la série : on ne devait jamais savoir si les personnages étaient bons ou mauvais. Mon personnage, Kylie Sinclair, est particulièrement ambigu. A la fois héroïque et manipulatrice, intéressée et altruiste. C’est le talent de Shawn Ryan, qui invente des personnages d’une rare complexité, à l’image de Vic Mackey, le héros de The Shield. Vic est un connard, mais on se range de son côté. Shawn peut écrire un salaud capable de faire de belles choses, et un héros qui butte un mec à bout portant…

Kylie est une femme de pouvoir qui use de son cerveau et de son corps pour avancer…
J’aime qu’elle se serve de sa féminité pour obtenir ce dont elle a besoin. Elle sait qu’elle est séduisante, et elle n’a pas peur d’user de son corps pour avancer. Elle est immorale, assez froide, et voit tout ce qui l’entoure comme des pions dans son jeu. Y compris sa féminité. J’adore ce genre de rôle féminin, qui ne prétendent pas être des hommes, et utilisent tous les atouts que Dieu leur a offert…

Y a-t-il au moins une fin à ces 13 épisodes ?
Oui. Il y a une fin nette, qui ne laisse aucun doute. Kylie a aussi une fin claire, qui m’a beaucoup plu.

Ils meurent tous ?
Mmh, pas tous ! (Rires). Franchement, j’étais sûre qu’ils allaient tout foutre en l’air et balancer une bombe nucléaire sur l’île ! Mais non, il y a des survivants (rires).

Vous étiez aussi au casting de No Ordinary Family, une autre série brutalement arrêtée. En tant qu’actrice, comment vit-on ces annulations ?
Pour Last Resort, j’avais déménagé à Hawaï avec ma famille… On pense toujours être préparé pour ce genre de situation. C’est déjà extra d’être dans une série qui est diffusée ! Le gros des pilotes ne devient jamais des séries, ce qui est encore plus frustrant. Le plus dur, c’est qu’on imagine nos personnages sur la durée, qu’on se projette nécessairement en avant. Pour Last Resort, j’étais sûre que ça durerait 6 ans. Il y avait un tel concept, un tel potentiel, que je m’y suis émotionnellement beaucoup investie… Bref, ça fait mal. Ça n’a pas été une surprise, mais ça a fait mal.

Last Resort, le jeudi 18 juillet à 20h55 sur Canal+