Rencontre avec un Grimm

La saison 2 de Grimm débute lundi prochain sur NBC, outre-Atlantique, avant de venir en France sur SyFy. Au début de l’année, j’ai pu me rendre sur le tournage de la série fantastique, à Portland, dans le Nord-Ouest des États-Unis. On tournait alors l’épisode 15 de la saison 1. A cette occasion, j’ai croisé David Giuntoli, qui incarne Nick Brukhardt, dernier descendant de la famille Grimm, chasseur de monstres bien cachés sous leurs apparences humaines. Voici l’intégralité de notre entretien.

Comment expliquez-vous la mode des séries et des films autour des contes ?
Je crois que nous naissons tous avec une sorte de connexion au monde fantastique. Nous grandissons en passant énormément de temps dans nos têtes, entre notre fantasmes et nos rêves, tout en étant structuré par la réalité. Enfants, nous croyions… j’espère ne pas vous choquer en disant cela… nous croyions au Père Noël, nous pensions sincèrement que des monstres vivaient sous nos lits. En devenant adultes, nous apprenons à rationaliser, à faire la part de l’imaginaire et du réel, mais cet imaginaire est toujours là, au fond de nous. Nous aimons vivre dans nos fantasmes, et nous aimons avoir peur. Les contes de fées, et tous les types de contes, permettent cela.

Croyez-vous aux monstres et à une vie fantastique ?
Pas du tout. Je suis un type extrêmement rationnel. Enfin… je ne crois pas aux fantômes… mais j’ai peur d’eux. Disons donc que je suis un lâche (rires) !

Vous semblez être quelqu’un de joyeux et de loquace, mais votre personnage est bien plus sombre. Le tournage de Grimm vous emmène-t-elle sur un terrain intime inhabituel ?
Essentiellement celui de l’extrême fatigue (rires). Dans les premiers épisodes, je devais jouer Nick comme si j’étais en train de perdre la tête, ou de faire un mauvais rêve. Avec le temps, au fur et à mesure qu’il réalise et accepte sa mission, il se détend, et moi avec lui. J’ai donc pu m’éloigner de ce côté systématiquement sombre et triste.

Dans une série proche du conte, faut-il un héros au cœur pur, comme dans beaucoup de contes ?
Nick est effectivement un « gentil », mais les contes les plus intéressants sont ceux qui ne sont justement pas tout noirs ou tout blancs. Nick veut faire le bien, ça fait de lui un type bien, mais il fait souvent des erreurs, sa famille a fait des erreurs dans le passé en massacrant les monstres sans distinction.

Nick deviendra-t-il une sorte de Buffy au masculin ?
Ça sera déjà le cas d’ici la fin de la saison 1, mais les choses vont se faire très lentement. Ce qui se passe autour de Nick est irréaliste, mais j’aime que son évolution intime soit crédible. Un type normal ne deviendrait pas du jour au lendemain un élu invincible. Il apprendrait, il progresserait, il trouverait sa voie, lentement. Nick ne devient pas Buffy soudainement, mais il devient un meilleur combattant et comprend mieux le monde des monstres, en tissant des alliances, en créant des amitiés, etc.

Grimm est une « buddy série » compliquée, car Nick est coincé entre deux relations, avec son partenaire Hank, et avec le loup-garou rangé des méchouis Monroe…
Nick doit être proche de Monroe, car il constitue sa seule porte d’entrée vers le monde des monstres. C’est un peu son GPS. D’un autre côté Hank est son meilleur ami, mais il ne peut pas lui révéler la vérité.

Une amitié entre humains et monstres est-elle possible ?
Bien entendu. Tous les monstres ne sont pas diaboliques ou mauvais. Je vois les monstres de Grimm comme ces parts d’ombre qui dorment en nous. Les tueurs en séries sont des gens similaires à nous en presque tout, mais qu’est-ce qui fait qu’ils deviennent des assassins, et pas moi ? Je n’ai pas la réponse, mais si j’ai un monstre en moi, je le contrôle, et ça fait de moi un « gentil. » Si ce monstre vit en quelqu’un d’autre, qui ne le contrôle pas, cela fait de lui un « méchant. » Nick doit donc apprendre à faire la différence entre les gentils monstres et les méchants monstres.

C’est votre premier gros rôle. Rétrospectivement, comment vivez-vous cela ?
J’aimerais presque retourner au début du tournage, car je ne me sentais pas près du tout, pas près à avoir autant de boulot et à jouer le personnage principal. J’ai énormément appris, mais c’est assez dingue. A Portland, je suis une célébrité ! J’adore ça, même si quand je croise des gens bourrés dans la rue ou dans les bars, ils se jettent sur moi (rires) !

Grimm, le vendredi soir sur NBC, et en France sur SyFy.

Les commentaires sont fermés !

« »