Dexter découpé… en chapitres

Je vous parlais en novembre dernier de 50 Questions sur les Experts, un ouvrage autour de CSI, comme son nom l’indique. S’il contient 20 questions de moins, sans doute la faute à un âge moins canonique de la série qu’il décrypte, 30 Questions sur Dexter, qui vient de paraître, méritait quelques lignes ici. Parce que la série de Showtime ne manque pas de profondeur et de sujets de société (notamment autour de la justice et de la peine de mort), parce qu’elle a suffisamment fait le tour de ces problématiques (trop fait ?) pour qu’on la dissèque avec un peu de recul, et parce que c’est un camarade, Guillaume Serres, ancien de Générique(s), qui signe ce petit ouvrage (115 pages). Soyons donc bon camarade, assumons le copinage, mais ne soyons pas de mauvaise fois non plus…

Anatomie d’un succès, 30 questions sur Dexter, le titre complet de ce livre édité aux éditions Chemins de tr@verse, s’avère une lecture intéressante pour les connaisseurs de la série, certainement plus difficile d’accès pour ceux qui ne la suivent pas, et qui se feront évidemment spoiler toutes les deux pages — c’est de bonne guerre dans un ouvrage analytique ! Guillaume Serres traite du “vigilantisme”, du sens du Dark Passenger et de la quête d’humanisation de Dexter, revient sur l’importance du décor, de Miami, et sur la promotion de la série aux États-Unis et dans le reste du monde. Très agréablement écrit, le livre s’avale avec plaisir, touche souvent juste, fait preuve d’une indéniable cinéphilie pour tisser des traits avec Melville ou Jarmush, et mérite donc mes très humbles et subjectives recommandations.

Seuls petits bémols, la saison 6, sans doute encore trop fraîche au bouclage du livre, n’est pas considérée — les contraintes de l’éditions — mais c’est un moindre mal, et trop peu de place est accordée au personnage de Debra et à sa relation avec Dexter. Riche sur la mythologie, l’inscription dans la culture pop et les détails industriels de Dexter, l’ouvrage eut été encore plus intéressant avec une analyse psychologique et psychanalytique plus développée de Dexter lui-même et de son cercle familial.

Nul n’est néanmoins tenu à l’exhaustivité absolue en 100 pages, et Anatomie d’un succès, 30 questions sur Dexter trouvera bonne place dans la bibliothèque des sériephiles.

Disponible en version numérique (5,99€) sur iBookstore, Kindlestore, Bouquineo.fr et en version papier (15€) sur Bouquineo.fr, Amazon.fr et chez votre libraire.

3 commentaires pour “Dexter découpé… en chapitres”

  1. Je ne suis pas convaincu que Dexter aborde le sujet de la peine de mort ou de la justice. Ou plutôt il ne s’agit pas de mort, ni vraiment de justice mais de sens à la vie. Dexter est “malade” de vouloir rationaliser la vie: la mort n’est là que pour représenter son rapport à l’altérité qu’il construit de manière purement prédatrice (c’est le mythe du bon sauvage qui considère toute relation sociale, et a fortiori son organisation, comme une corruption).
    Les meurtres de Dexter finissent par être invraisemblables si on ne les considèrent pas comme la nécessité de rendre visible à l’écran les problèmes quotidiens de l’articulation entre l’individualisme et l’altérité. “On a tous un cadavre dans son armoire”, ça ne veut pas dire que nous sommes réellement des meurtriers. C’est à dire qu’une analyse sémiologique du dispositif me semble plus intéressante qu’une analyse de la persona centrale (même s’il y a, par définition, des ponts entre les deux).

  2. Merci Pierre,
    pour cette petite news. Effectivement, le bouquin de Guillaume consacré à Dexter fait un point intéressant sur cette série marquante de la fin des années 2000.
    On peut également rappeler que dans la même collection, Guillaume Regourd avait signé un “50 questions” sur Les Experts (Las Vegas)
    Pierre

  3. @Pierre : Ben, j’ouvre mon post là-dessus :/

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