J’ai failli me faire avoir. Mis en appétit par les promesses racoleuses d’American Horror Story, j’en avais fait une des mes favorites de la rentrée US. Je me disais que ce serait tordu, captivant, mystérieux. Son casting avait fini de me séduire. J’en avais oublié ce que je pense des séries précédentes de Ryan Murphy, de Nip/Tuck, forte pendant une poignée de saisons avant de se vider de toute substance, ou de Glee, monstre marketing « feel good », fun un temps, rapidement barbant. Après trois épisodes d’intense tolérance, j’ai laissé tomber. American Horror Story est officiellement ma grosse déception de la rentrée.
Murphy est légèrement schizophrène. Il alterne les séries ados et les séries psycho. Il y a eu Popular, puis Nip/Tuck, puis Glee, et enfin American Horror Story (je ne compte pas Pretty/Handsome, avortée). A chaque fois, il pousse un peu plus loin ses excès, sa caricature, avec un mélange de cynisme, de mercantilisme et de véritable fascination pour la jeunesse (omniprésente même dans Nip/Tuck aussi) et pour les troubles psychiatriques en général. Ses séries fonctionnant bien côté audiences, on lui donne de plus en plus de libertés. Alors il se lâche, doucement d’abord, puis certainement avec American Horror Story. Ça aurait pu être une bonne nouvelle. Ça ne l’est pas.
Je n’ai rien contre les excès, bien au contraire. Quand ils servent un propos ou qu’ils fascinent. J’ai cru, à la fin du pilote d’American Horror Story, que Ryan s’amusait à en faire des paquets pour, par la suite, construire son œuvre, poser sa narration, bref, faire une série télé, pas un entassement de provocations gratuites et risibles. J’ai bien conscience de l’exercice de style auquel se livre les scénaristes, qui consiste à passer en revue toutes les situations horrifiques, tous les crimes, les effets visuels, sonores, narratifs, etc. American Horror Story est un hommage au genre. Sauf qu’un hommage, en général, c’est émouvant, ou touchant, ou juste, enfin, c’est bien. C’est censé vous donner envie de revoir les classiques…
Musique incessante (les grincements de violons, grrr), personnages en surchauffe permanente (malgré un très bon casting), compilation de psychoses et folies à donner le tournis, caricature d’angoisses et de peurs servies mâchoires serrées, infidélité, viol, torture, brûlure, suicide, sadomasochisme, et j’en passe, American Horror Story m’apparaît comme l’exutoire sans fondements narratifs de scénaristes certes geeks de l’horreur mais surtout libidineux, forcés de coller un maximum de trucs tordus en un minimum d’épisodes. Autrement dit, je m’ennuie ferme, et je m’agace.
Où est l’histoire, quels sont les vrais enjeux, où va Ryan Murphy ? Difficile de le dire. Il y a des centaines de pistes dans ce foutoire horrifique, qui, il faut lui reconnaître ça, ne laisse pas indifférent. Malheureusement, on aurait aimé qu’American Horror Story nous dérange, qu’elle titille nos phobies et nos peurs, qu’elle ausculte, intelligemment, notre inconscient et celui de l’Amérique (c’est dans le titre). Au final, je ne ressens qu’une crispation permanente devant cette série, stress sans doute recherché, mais qui n’aurait sans doute pas du s’obtenir à force d’énervement…
Image de Une : American Horror Story (FX)
A chaque fois que je regarde l’intro de cette série, ça me met sacrément mal à l’aise…
Je suis également déçu. Il y a des psychopathes de partout, des histoires qui émergent dans tous les sens, sans que ça n’est ni queue ni tête. Les intrigues en elles-même ne sont pas terriblement passionnantes. Pour une série basée sur l’horreur, effectivement, ça ne fait pas spécialement peur. Désolé, je trouve que Connie Britton qui est une formidable actrice comme on a pu le voir dans FNL, n’est pas à sa place dans cette série. Je trouve que ça ne lui correspond pas.
La série nous fait poser beaucoup de questions sur ce qui se passe et pourquoi ça se passe mais j’ai bien peur que l’on n’ait aucune réponse à tout ça. Ce que j’aime dans les films d’horreur c’est quand ils arrivent à nous faire croire à ce qu’il se passe. Là non.
Si on cherche juste le divertissement, ben là ça passe peut être. Mais le peu d’intérêt de certaines intrigues me font douter là dessus.
Ben, dans le même genre y’a bien Spartacus, et le pire c’est que ça devient potable à partir de l’épisode 5 donc bon. Y’a plus d’excuse pour ne pas aimer cette série plus que l’autre
J’attendrais le billet sur la saison 2 de Spartacus ;p
On devine vite qui sont les personnages et le manque de meta plot est gênant. Vers où va la série? Mais la deuxième partie de l’épisode d’Halloween aide peut-être un peu..
C’est faire fausse route que de chercher une histoire, voire même la simple notion de narration dite “classique”. Il semblerait que Murphy cherche moins à raconter une histoire avec les outils des dramaturges mais davantage à compiler les effets. C’est d’ailleurs ces derniers qui conduisent le récit et non l’inverse.
C’est amusant de voir comment Murphy, pour raconter l’Histoire d’horreur américaine, revisite l’arbre généalogique en ne gardant que les gimmicks. Cela finit par créer, de façon chimérique, une “nouvelle oeuvre”, genre trou noir dans lequel est aspirée la perception du spectateur (les questions Qui ? Pourquoi ? Quand ? Où ?…)
[…] du duo Ryan Murphy/Brad Falchuk qui s’essoufflent après de bons débuts. Je vous suggère l’article de Pierre Langlais dans ce registre justement. Je suis un peu plus mesuré pour l’instant. Je […]
Murphy n’est en effet pas Chris Carter. Dans MillenniuM et dans X-Files, l’horreur était bien présente, et bien plus effrayante que dans American Horror Story. Et reposait surtout sur une ambiance, pas sur des clichés horrifiques visuels. Et cette horreur était toujours au service d’un fond : dévoiler une part cachée de l’Amérique.
De toute façon, les séries de Murphy sont des concepts-baudruches, qui se dégonflent vite.
@Flo : l’horreur n’est pas forcément faite pour terrifier. Je dirais plutôt pour perturber, remuer les sangs.