Suite des aventures médiatiques de coach Raymond.
J-5
Il faut au moins reconnaître à L’Équipe le mérite d’avoir de la suite dans les idées et la mauvaise foi. Après sa une de la veille (“Leur chance, c’est lui”), le quotidien du sport et de l’automobile poursuit: “Notre chance, c’est eux”, apprend-t-on. Eux, ce sont Henry et Anelka, en plein conciliabule, sûrement en train de fomenter une rébellion à l’encontre du coach. En plein débat sur l’identité nationale, les choses sont claires: l’étranger, l’ennemi de l’intérieur, celui qui œuvre pour les forces du mal, c’est Domenech. Les bons Français, ceux qui vont nous envoyer au Mondial, sont Capt’ain Henry et Nico la malice. Idée simpliste? Oui. D’ailleurs, en pages intérieures, L’Équipe ne continue pas bien longtemps le Domenech bashing. Le syndrome Jacquet, peut-être, la raison, plus sûrement.
On se croirait revenu 16 ans en arrière. Un fameux France-Bulgarie, un crime, une Coupe du monde ratée… Depuis, l’équipe de France s’en est plutôt bien sortie avec un titre (1998) et une finale (2006) en trois éditions. Mais voilà que se profilent les petits hommes verts. Une double confrontation qui ravit d’avance la presse sportive tricolore. Une qualification, et c’est l’assurance d’un voyage en Afrique du Sud pour une palanquée de journalistes. L’occasion de disserter sur cette “équipe qui est née”, et ce “groupe qui a enfin trouvé une âme”, derrière son “leader charismatique, Thierry Henry”.
Une élimination, et c’est la promesse d’un déchaînement de violence anti-Domenech, qui sera désigné unique responsable du fiasco. Domenech, l’ennemi public numéro un depuis l’élimination à l’Euro 2008, un mec qui insupporte les journalistes parce qu’il se fout ouvertement de leur gueule: pour le pire (“Estelle, marry me”), et pour le meilleur (“l’odeur du sang et les lois d’exception”). Derrière L’Équipe, RMC ou le 10 Sport, ils sont nombreux à avoir voulu sa peau depuis un an et demi.