Suite des aventures médiatiques de coach Raymond.
J-5
Il faut au moins reconnaître à L’Équipe le mérite d’avoir de la suite dans les idées et la mauvaise foi. Après sa une de la veille (“Leur chance, c’est lui”), le quotidien du sport et de l’automobile poursuit: “Notre chance, c’est eux”, apprend-t-on. Eux, ce sont Henry et Anelka, en plein conciliabule, sûrement en train de fomenter une rébellion à l’encontre du coach. En plein débat sur l’identité nationale, les choses sont claires: l’étranger, l’ennemi de l’intérieur, celui qui œuvre pour les forces du mal, c’est Domenech. Les bons Français, ceux qui vont nous envoyer au Mondial, sont Capt’ain Henry et Nico la malice. Idée simpliste? Oui. D’ailleurs, en pages intérieures, L’Équipe ne continue pas bien longtemps le Domenech bashing. Le syndrome Jacquet, peut-être, la raison, plus sûrement.
“Huit grands noms du football international” ont ainsi été interrogés par les journalistes de la rédaction. Du beau monde (Sacchi, Piazza, Ancelotti, Van Gaal, Magath, Benitez…), et dont les avis – éclairés, au vu de leur palmarès – tranchent avec le discours habituel: Van Gaal a ainsi de “bons rapports” avec Ray; Sacchi rappelle que la France est allée deux fois en finale de la Coupe du monde, “dont une fois avec Domenech”, et que le sélectionneur avait “démontré qu’il sait très bien faire son métier”. “Quant à sa personnalité, chacun a le droit de s’exprimer comme il l’entend. C’est à celui qui écoute de comprendre”, explique l’ancien entraîneur du grand Milan.
Vendredi, c’est aussi la sortie du 10 Sport Hebdo, le canard de Michel Moulin, l’homme qui après Paru Vendu a voulu se lancer dans la vraie presse, fort d’une recette miracle, à base d’analyses de comptoir, éditos poujadistes, scoops foireux et pin-up en dernières pages. On passe sur le “choix du 10”, une sélection de ses “onze titulaires” pour Croke Park, mais on s’attarde un peu plus sur “la chronique de Daniel Bravo”. Lequel nous donne une bien belle leçon d’honnêteté intellectuelle, rappelant qu’en 2006, il avait soutenu mordicus les Bleus, et qu’il rigolait bien en voyant “les spécialistes du foot retourner leur veste au fil de la compétition”. Mais cette fois, l’ancien parisien n’y croit pas. “Domenech y est pour beaucoup”, et comme les supporters français, Bravo a l’impression d’avoir été “pris pour un jambon”. Gageons que si lui aussi venait à se tromper et que les Bleus allaient loin en Afrique du Sud, il n’hésiterait pas à faire le tour de la Concorde nu, comme Thierry Roland l’avait promis en 2006. Sans passer à l’acte, heureusement.
J-4
C’est le premier test, le jour où tout est permis et imaginable niveau titraille. Le Quotidien du Foot, dans son édition du week-end, y va de son déjà éculé “Eire-France décollage immédiat”, Bobby Laffont ne manquant pas de dissocier dans son édito l’éventuelle réussite des Bleus d’une quelconque réussite du “sélectionneur et de ses gris gris”. L’Équipe ne fait guère mieux, titrant “Vol Eire-France pour le Mondial”. Et comme l’honnêteté intellectuelle est une vertu que PdPS incarne parfaitement, il faut souligner que le journal de samedi est plutôt doux avec Ray, lequel apparaît quand même bien allumé, parfois. Ainsi, cette interview où il semble se délecter de l’exercice.
– Comment se présente l’affaire?
– L’affaire?
– Le match.
– Pour le moment, sous la pluie. (…) (En anglais, la traductrice déforme les propos du sélectionneur. Henry intervient, puis Domenech). Je n’ai jamais dit: “Malheureusement, il pleut”. Jamais.
– Les mauvaises conditions météorologiques vous inquiètent-elles?
– Ce sont les mauvaises interprétations qui m’inquiètent… On est au mois de novembre. On sait qu’il peut pleuvoir. Partout. (Il sourit).
Bon, il est peut-être taquin, peut-être mauvais politique, Raymond, mais pas aussi bon que les mecs d’Action Discrète. Lesquels ont pris un malin plaisir à aller tenter de faire tourner un clip de soutien au sélectionneur auprès des éminents membres du Variété Club de France, peuplé d’anciens de France 98. De Olmeta à Karembeu, en passant par Deschamps et Fernandez, un bon moment.
J-3, ou pas
La France a gagné. Tiens donc. Contre une équipe qui n’avait pas perdu un match en phase de qualification. Pas si évident, alors qu’on promettait une boucherie à des Bleus frêles et naïfs. De fait, Raymond s’achète trois jours de relative tranquillité jusqu’à mercredi et le match au Stade de France. Pas intouchable, mais presque. Ce n’est pas pour nous ravir dans notre petite entreprise d’enquête méticuleuse (mâtinée de mauvaise foi caractérisée), mais bon. Dans L’Équipe dominical, les sujets de débat sont Anelka, que certains ont vu hyperactif, d’autres nonchalant, et Lassana Diarra, qui se serait embrouillé avec quelques uns de ses adversaires.
Chassez le naturel, il revient au galop, via la presse irlandaise. Qui s’est débrouillée, avant le match, pour trouver un nouveau sujet de polémique autour de l’Équipe de France. Bon, ça ne va pas jusqu’au délire égyptien, mais si ça peut déstabiliser, on tente. On se souvient du pseudo coup de gueule de Thierry Henry, voici venu l’accrochage au sujet de l’absence de Patrick Vieira dans la sélection, entre Domenech et son capitaine Henry, toujours. Le premier nommé ne concède qu’une “discussion, d’où a jailli la lumière”. Un peu allumé, on vous disait.
Quand je vois le titre de l’Equipe “Notre chance, c’est eux !” Ca me fait doucement rigoler.
A croie que les journalistes de l’Equipe ont la mémoire courte. Je rappelle que si on se retrouve en barrage c’est parce qu’Henry et Anelka ont été tres mauvais durant les qualifs, ils ne marquaient pas, Gignac, Ribery ou Gourcuff tenait la barraque pour planter lees buts décisifs
Bref il ne faut pas compter sur Henry ou Anelka pour etre présent. Ils ne sont décisif qu’un match sur 15 alors ont peu etre certain que pour ce soir, la délivrance viendra d’ailleurs ou l’echec viendra d’eux