La chasse aux gros

Gignac sommé de perdre ses kilos. L’OM a envoyé Mc André-Pierre en cure en Italie sur les traces de Karim Benzema. En cette période estivale de parade à demi-nu sur les plages, l’embonpoint peut-il être accepté par le foot moderne?

L’opération de la dernière chance pour Marseille. Après avoir essayé en vain de recruter un attaquant international, DD a décidé d’en (re)-sculpter un. Le matériau de base est l’ancien attaquant international André-Pierre Gignac, et l’outil, la cure drastique. Dédé la bidoche a été envoyé à Merano, station thermale ayant fait perdre 7 kilos à Benzema cet été et soupçonnée de “rafraîchir” le sang de ses patients.

Après les Parisiens, les Belges et les roux, nous allons nous attaquer aux gros. Un sujet crucial qui a déjà passionné les fins limiers du Sun. Peut-on être gros dans le foot moderne ? Les commentateurs télévisuels attribuent tous la bonne forme actuelle de Benz à sa perte de kilos. Les mêmes ont vite montré du doigt les bourrelets de Gignac, rendus visibles par les maillots modernes, pour expliquer ses mauvaises performances.

Dédé a les crocs

Les bons gros et les mauvais gros

La vérité n’est pas si simple. Chez les footballeurs professionnels, comme chez les professionnels de la zappette que nous sommes, le poids des ans se fait sentir au niveau de la ceinture. Mais les joueurs dont la silhouette s’est arrondie au fil des années n’ont pas tous baissé de niveau, loin de là. Ronaldo – l’original, hein, pas le deuxième meilleur joueur du monde derrière Messi qui a essayé de lui voler son nom – était le footballeur le plus rapide sur terre balle au pied avant de devenir Gronaldo, la barrique la plus ridicule du monde.

Mais le Brésilien a eu l’intelligence de faire évoluer son jeu. Il est devenu renard des surfaces, travailleur des petits espaces et expert dans la science du placement. La capacité à rester au haut niveau malgré une surcharge pondérale est LA preuve ultime de la vista technique d’un joueur et de son intelligence tactique. Savoir effectuer un geste à la perfection peut rendre un joueur comme Robben grand. Mais s’adapter à sa prise de poids et faire évoluer son jeu vous fait rentrer dans la galaxie des Gros: Ronaldinho, Puskas, Gazza et bien sûr Maradona.

“Le plus rapide sur un mètre”

Le poids n’est pas forcément un handicap. Certains joueurs en faisaient même une marque de fabrique. Micky Quinn déclarait être le joueur le plus rapide sur un mètre. Des défenseurs comme Caçapa, N’Gotty ou Boli en fin de carrière, jouaient volontiers de leur physique de gros nounours. Ne serait-ce que pour se faire aimer des supporters !

Si le problème de surpoids de son attaquant embête tellement l’OM, c’est sûrement que le garçon n’a pas le talent pour être un bon joueur même en surpoids. Le risque pour lui est de voir sa carrière plombée par des kilos superflus. Un destin à la Vieri, Adriano, Edel ou Chilavert. La liste est longue des joueurs n’ayant pas su élever leur niveau à cause de leurs poignées d’amour. Il s’agit typiquement de joueurs fantasques, aimant la vie mais ayant du mal à s’imposer eux-mêmes des barrières.

A travers ce profil psychologique vite dressé, on peut facilement imaginer qui pourrait marcher sur les traces de ces énormes prédécesseurs. Balotelli et Feindouno se réfugieront peut-être un jour dans la boulimie quand ils auront épuisé les patiences de tous leurs entraîneurs. Cédric Carrasso pourrait s’empiffrer de barres glacées pendant le prochain Euro et retomber dans les travers de son début de carrière. Enfin, Benzema qui a lui aussi déjà fait le yoyo avec son tour de taille pourrait oublier Zahia dans les vapeurs alcoolisées….

Olivier Monod

Suivez-nous sur Twitter et Facebook

Crédit photos: Reuters