Du Pareil au Même dans la cour de la justice financière

Il faut savoir rendre hommage à l’Autorité des Marchés Financiers. L’AMF, que nous avons parfois envie de rebaptiser l’Autiste des Marchés Financiers, vient en effet de publier une sanction claire et transparente à propos d’un manquement (délit est réservé à la justice pénale) d’initié dans l’affaire Du Pareil au Même. En général, quand on entre chez DPAM, c’est pour acheter des robes à fleurs, des pantalons pour des monstres de 12 ans max, ou des écharpes dont la durée de vie de deux à trois récrées.

Une fortune à investir
Quand Olivier Halley s’intéresse à DPAM, c’est pour de toutes autres raisons que la taille ou les couleurs des duffle coats pour petits et moyens. La famille Halley de Caen a fait  fortune dans la grande distribution avec, entre autre, Continent. Le groupe cédé à Carrefour, en 1999, Olivier Halley a pris le chemin d’une Belgique fiscalement plus accueillante que la France. Il reconstitue là-bas un mini groupe familial avec la société holding Halley Family Office et plusieurs sociétés d’investissement, dont H Partners Distribution.

A l’automne 2007, la Société Générale Corporate & Investments Banking, la banque d’affaire de l’enseigne rouge et noire, lui apporte un dossier parfait: Du Pareil au Même. L’enseigne de vêtements pour enfants, créée en 1986, tourne bien: 6 millions de bénéfices pour 130 millions de chiffre d’affaires à l’époque des faits. La situation financière n’est pas mirobolante, mais la clientèle est jeune et se renouvelle puisque DPAM promet d’habiller les enfants de 0 à 14 ans. Enfin, n’essayez pas de traîner un garçon ou une fille de 14 ans dans un magasins DPAM. «Maiiiis çaaaaaaaa vaaaaaa paaaaaaas noooooon», sera à peu prêt la réponse de l’ado en formation.

La cible
Le 17 janvier 2008, la Société Générale CIB présente la cible idéale à Olivier Halley: DPAM. Le lendemain, celui-ci demande à un collaborateur de monter le dossier. Frédéric Gaspoz, conseiller et administrateur de Halley Family Office, a sa confiance et connaît la distribution. L’homme ne chôme pas, puisque le 31 janvier une réunion met en place l’intendance de l’OPA, le 1er février l’analyse de l’opération est approfondie, le 4 février on dessine le financement, le 12 février le rôle de la Société Générale CIB est défini, un contrat est signé le 21 février et le 10 mars, H Partners Distribution dépose un projet d’OPA amicale sur les titres DPAM.

En passant par le Liechtenstein
Le problème, c’est que pendant ce temps, Frédéric Gaspoz ne fait pas que de travailler sur le dossier. Il achète des actions DPAM. Entre le 24 janvier et 6 mars 2008, il ramasse sur le marché 18.286 actions pour lui-même qui lui permettront de faire une plus value de 284.313 euros. Il n’oublie pas sa famille pour laquelle il acquiert entre le 8 février et le 5 mars 24.598 actions pour une plus value de 373.480 euros. En opérant notamment à partir de comptes numérotés localisés au Liechtenstein, l’homme pense échapper aux enquêteurs de l’AFM. Raté, le 10 juin le gendarme de la Bourse ouvre une enquête qui vient d’aboutir à la publication sur le site de l’AMF d’une décision de la Commission des sanctions à l’encontre de Frédéric Gaspoz. L’homme de confiance, qui a reconnu les faits ayant «conscience d’avoir commis une  erreur déontologique en opérant sur l’action DPAM à titre personnel» a été condamné à une sanction de 300.000€ et à une publication des faits.

PhDx

Un commentaire pour “Du Pareil au Même dans la cour de la justice financière”

  1. […] la Commission des sanctions qui le cas échéant peut prononcer une sanction comme dans le cas de l’OPA sur Du Pareil au Même. On parle de manquement d’initié, le délit d’initié relevant du Code pénal et des […]

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