Henri Proglio: le conflit d’intérêts est-il évident ou évanescent?

Une gène, un silence, un sourire et puis rien. A peine avez-vous évoqué le nom de Proglio que le monde des affaires se recroqueville. Y-a-t-il conflit d’intérêts? “Vous le dites…, mais c’est off…” paraît être le plus osé. L’AFEP, un think tank proche du Medef, fait savoir, par la voix de son président Jean-Martin Folz,”qu’elle ne prend pas part au débat public”. Laurence Parisot, la présidente du Medef, ne voit rien à redire à cette situation: “Henri Proglio est Président non exécutif de Veolia. Il est devenu Président exécutif et hyper opérationnel d’EDF. Sa connaissance de Veolia, la contribution exceptionnelle et de longue durée qu’il a apportée à cette entreprise -un investissement d’une vie au service d’une entreprise- permettent de comprendre qu’il ne puisse pas quitter Veolia et ses projets de long terme subitement…”.

Daniel Lebègue, l’ancien patron de la BNP, président de l’Institut français des administrateurs (IFA) et de Transparency France, l’ONG qui se donne pour tâche de lutter contre la corruption, pèse ses mots mais dit les choses: “Il serait préférable qu’Henri Proglio quitte toute fonction au sein de Veolia, pour se soustraire à toute critique qui ne manquera pas de venir. Maintenant qu’une réponse a été apportée à la question seconde, la rémunération, il convient de régler la question principale. Les administrateurs doivent défendre l’intérêt des actionnaires de l’entreprise, comment au moment des rapprochements annoncés, monsieur Proglio pourra-t-il garantir les intérêts des actionnaires d’EDF et ceux des actionnaires de Veolia. Nous demandons aussi une disponibilité totale et là, je l’ai déjà dit, il faudrait être un surhomme pour gérer les deux entreprises. Notre avons une dernière demande à un administrateur, c’est la compétence. Mais en l’occurrence elle ne fait aucun doute.”

En dehors de Daniel Lebègue, le silence est de mise. Il faut remonter au 8 décembre pour trouver un jugement de poids. Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers, présentait le 6ème rapport de l’AMF sur le gouvernement d’entreprise. Question : que pense-t-il de la double présidence ? Réponse rapportée par Challenges : “Je trouve cette situation “baroque“. Mais elle est autorisée en droit et rien n’est prévu dans le code Afep-Medef à ce sujet, ce que l’on peut d’ailleurs regretter”

Philippe Mechet directeur de la communication de Veolia, se défend de tout conflit d’intérêts : “Ce que je constate c’est que jamais il n’y a eu le moindre conflit d’intérêts entre les deux maisons EDF et Veolia. Je ne suis pas dans la fiction, les conjectures, je regarde la réalité, la situation objective de l’entreprise. Pouvez-vous me citer un seul cas? Il n’y en pas. Jamais les deux entreprises ne ce sont retrouver face à face dans un appel d’offres.” Henri Proglio risque-t-il de se retrouver dans une situation intenable vis-à-vis des actionnaires de l’une ou l’autre entreprise qui l’accuseront de ne pas avoir défendu leurs intérêts? Philippe Méchet rejette ce scénario. “Les deux entreprises ont intérêt à ce rapprochement. Prenez Dalkia, c’est exactement ce qui s’est passé, c’était du gagnant-gagnant.”

PhDx

Qu’elle soit

Un commentaire pour “Henri Proglio: le conflit d’intérêts est-il évident ou évanescent?”

  1. […] perdue au milieu du papier, montre que la perception juridique du conflit d’intérêt, inexistante la veille, est désormais plus nette au 36-38 avenue Kléber au siège de la présidence d’EDF. Car de […]

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