Dans les veines de Gawker coulent le Web et les ragots…

Gawker, c’est le petit site Web d’infos qui fait peur aux grands. Lancé en 2003, il s’est fait connaître en publiant des articles sur les coulisses des médias new-yorkais et des potins sur les stars de Manhattan. «A chaque fois que le New York Times produit un document usage interne, celui-si se retrouve une heure plus tard en ligne sur Gawker», soupirent les journalistes du quotidien américain. Réponse de Gawker: «Les salariés qui en ont marre de leur boîte nous envoient les notes faites sur et par leur société. Chaque jour, on en reçoit des centaines, on trie puis on publie celles qui nous intéressent.»

Crédit: AA

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Gawker.com n’a rien d’un site d’infos généralistes. On y trouve de «l’infotainment», avec des sujets peopolitique, people tout court, des sujets culturels, tournés vers les usages des Web et/ou les jeux vidéos, et des sujets sur les médias. En particulier la télé, «l’occupation préférée de 90% d’Américains», sourit l’équipe. Bref, des sujets très populaires voire potaches, dont le ton détonne. Chaque jour, une soixantaine d’articles sont publiés sur Gawker, sans compter les billets des blogs que le site agrège, comme Valleywag, spécialisé dans les nouvelles technologies, Citylife, qui zoome sur le quotidien des New-Yorkais. Le tout, financé par la pub, est gratuit et compte le rester.

Rotation permanente

Moyenne d’âge des journalistes de Gawker: 30 ans. A la rédaction, qui compte une cinquantaine de personnes — la «moitié sont des contributeurs extérieurs», l’emplacement des bureaux change tout le temps, et les chefs tournent tout autant. «On n’a pas encore trouvé la meilleure configuration possible», me confie Remy Stern, le nouveau rédacteur en chef.

Chaque rédacteur peut voir, sur un outil interne, le nombre de clics que ses articles génèrent. Et ce, en temps réel. Avec ses 4, 2 millions de visiteurs uniques par mois (chiffres Quantcast), Gawker reste petit — People.com fait, lui, 15,7  millions de visiteurs uniques par mois, et Slate.com 8,1. Le trafic, Gawker regarde ça de près, et publie même des articles sur son cas.

Pourtant, question notoriété, Gawker s’est fait sa place au soleil. Et pas qu’au figuré. Le rédacteur en chef m’emmène visiter la partie, dit-il, «la plus importante du site»: une terrasse sur le toit de plusieurs centaines de mètres carrés avec vue sur l’un des quartiers les plus branchés de New York. «On y organise des soirées une fois par semaine. Le service marketing invite ses clients à venir siroter des bières. Une fois qu’ils ont bu quelques verres, ils achètent des publicités.» La bonne vieille technique.

Pas de conférence de rédaction

A Gawker, malgré l’apparente ambiance décontractée, le superflu n’existe pas. Aucun chargé d’édition ni secrétaire de rédaction pour relire les articles — «il y a très peu de différences entre la version écrite par le rédacteur et celle que l’internaute lit en ligne». Pas non plus de «front page editor» devant alimenter et animer la page d’accueil — «tout ce qui est mis en ligne est automatiquement sur la “une”». Et les titres? Et les photos? Et le circuit de la copie? «La journée, je passe derrière les rédacteurs pour changer ici un titre, pour mettre l’accent là sur un sujet, mais la nuit, ce sont eux qui s’en chargent.»

Pas non plus de conférence de rédaction tous les matins. «Toute la rédaction est connectée via Campfire (un outil qui permet de chatter à plusieurs, et échanger des fichiers de façon instantanée, ndlr), m’explique Remy Stern. C’est ici que l’on se demande “est-ce qu’on fait ce sujet?”, “qui le fait?”, “tu as vu cette vidéo? est-ce qu’on la publie?”, etc. Au lieu de prendre des décisions une fois par jour en conférence de rédaction, on en prend toutes les deux minutes par ce biais. De toute façon, on n’a pas mille ans pour décider.»

Surtout ne pas ressembler aux rédactions traditionnelles

La seule peur de Gawker, c’est de faire les mêmes choses – c’est-à-dire, pour eux, les mêmes erreurs – que les rédactions traditionnelles. «Les vieux journaux ont installé des circuits de la copie très établis, des processus de production sophistiqués, or on voit bien que ces mécanismes ne fonctionnent pas, tranche le rédacteur en chef. Si on met des avocats/relecteurs partout, on n’avance pas.» La théorie a du bon. Mais en pratique, cela met une sacrée pression sur les rédacteurs, qui n’ont pas de filet de sécurité. Et à qui il arrive de se tromper. «Notre communauté nous force à être vigilants. Les internautes nous signalent les fautes dès qu’ils en voient une, que les rédacteurs corrigent alors en indiquant qu’ils se sont trompés.» Un mode de production «work in progress» allègrement pratiqué ailleurs…

Crédit: AA

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Des sujets sur la télé vitesse grand V

Autre point commun avec les jeunes rédactions en ligne françaises: la pratique du «breaking news» permanent et du «live». «C’est très important, souligne le rédacteur en chef. On est dans une monde ultra compétitif. Cela ne sert à rien d’être le troisième site à publier l’info, il faut être le premier.» Car c’est rentable, en terme de trafic. Quand Gawker a fait des «lives» en janvier pour raconter, à la minute près, les piques que s’envoyaient les animateurs de show télévisuels américains comme Jay Leno, Connan O’ Brien ou David Letterman, par émissions interposées, cela lui a rapporté des millions d’internautes, assure-t-il. «Tous les Américains parlaient de ce scandale, qui a même fini par faire trois fois la “home” du nytimes.com». Gawker a alors sorti l’artillerie lourde. Une vingtaine de boîtiers pour enregistrer tous les shows du soir, y compris quand ils se tenaient au même moment mais sur des chaînes différentes, et pas moins de 10 personnes pour veiller au grain. «Si un animateur en insultait un autre, on était ainsi sûr d’avoir le passage en stock. On pouvait le numériser et le mettre en ligne en quelques minutes».

La main à la pâte

De règles, Gawker n’en a guère. Y compris sur l’usage des réseaux sociaux. «Les rédacteurs savent ce qu’il est pertinent d’y publier ou pas», reprend Remy Stern. Même si Gawker ne règlemente pas l’utilisation de Twitter ou Facebook par ses journalistes — contrairement au New York Times et à Reuters, qui ont édicté des chartes, Christoper Marscari, le responsable du marketing, fait une différence entre les contenus mis sur l’un ou l’autre réseau. «Sur Facebook, on publie les articles qui vont susciter le plus d’interaction entre la rédaction et les lecteurs. Sur Twitter, on met avant tout les contenus les plus informatifs». Là non plus, pas de superflu.

Que pensez-vous de Gawker? Donnez vos avis dans les commentaires ci-dessous…

Alice Antheaume

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Dans les coulisses d’Elysee.fr (MàJ)

Crédit: Elysee.fr

Crédit: Elysee.fr

A priori, entre un site d’infos et le nouveau site du président de la République, rien à voir. Mais à y regarder de plus près, les outils et les formats utilisés, spécifiques au Web, sont les mêmes – le traitement de l’information, c’est une autre histoire. Ainsi, sur la nouvelle «home page» d’Elysee.fr, que j’ai pu voir en avant-première et qui doit être lancée après les élections régionales (UPDATE: le nouveau site a été mis en ligne dans la nuit du 29 mars 2010), des photos grand format, en pleine colonne — mais sans pub — pointent sur les sujets du jour. Plus bas, une partie «dossiers» et une colonne d’«actualités». Certes, l’url ne trompe pas sur la marchandise: il s’agit bien du site d’information du chef de l’Etat. Certes, le code couleur graphique (bleu, blanc, rouge) rappelle où l’on est, ainsi que la devise «liberté, égalité, fraternité». Certes, Elysee.fr, piloté par le conseiller présidentiel Nicolas Princen au sein de la cellule de communication dirigée par Franck Louvrier, est un site institutionnel, qui porte la parole du président. Mais en coulisses, la production d’Elysee.fr s’organise parfois comme celle d’un site Web d’infos: l’un et l’autre numérisent des contenus, organisent leur diffusion et créent le débat, en ligne, dans une sphère publique donc. Sans compter que certaines innovations technologiques d’Elysee.fr vont faire des envieux dans les salles de rédaction. Pour vous le montrer, je me suis livrée au jeu des sept points de convergence / divergence.

1. La ligne éditoriale

Quand nombre de sites d’infos dégainent des articles au rythme de l’agenda de l’AFP, sur Elysee.fr, c’est l’agenda du «PR» (président de la République) qui détermine le menu du jour. En clair, si Nicolas Sarkozy fait un discours, ou un déplacement, comme mercredi 24 février au Gabon, cela détermine le contenu de la page d’accueil d’Elysee.fr du jour. En revanche, s’il ne fait pas d’allocution publique sur la grève dans les raffineries, alors niet, Elysee.fr n’en parle pas. Et ce, même si le sujet faisait par ailleurs la «une» de tous les sites d’infos au mois de février. La ligne éditoriale, c’est donc de coller à l’action du président.

2. L’iconographie

Quelle image mettre sur la page d’accueil? Quelle photo donne envie aux lecteurs de cliquer? Comment illustrer ce dossier? Ces questions, ce sont celles que se pose une rédaction des dizaines de fois par jour. Or ce n’est pas parce que l’on s’appelle Elysee.fr que l’on déroge à la règle. L’équipe du site présidentiel se triture aussi les méninges sur l’iconographie, avec les mêmes contraintes que les sites d’infos pour les photos de Nicolas Sarkozy: que celles-ci soient d’actu (c’est-à-dire du jour, pas du mois dernier) et qu’elles soient de très grande qualité pour convenir au format.

La grande majorité des photos proviennent des photographes de l’Elysée qui, depuis 1958, mitraillent les scènes diplomatiques pour la postérité, à des fins d’archives. Cette fois, leurs clichés sont mis en ligne, façon pour l’équipe d’Elysee.fr de valoriser des contenus qui existaient déjà mais n’étaient jusqu’alors pas montrés si vite. La difficulté du service photo? Saisir le président quand il n’est pas caché par la dizaine de personnes qui assure sa sécurité et l’entoure en permanence. Ce qui rend rares les photos où Nicolas Sarkozy est seul, comme ce cliché où on le voit visiter le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette, le 26 janvier 2010, à Ablain-Saint-Nazaire.

Crédit: Πρωθυπουργός της Ελλάδας

Crédit: Πρωθυπουργός της Ελλάδας

3. Le temps réel

Le rush des lefigaro.fr, 20minutes.fr, lemonde.fr, qui publient des «urgents» et des «dernières minutes» en espérant être les premiers à sortir l’info, Elysee.fr ne connaîtra pas. La présidence ne court pas après l’actu car c’est elle qui la créée. La preuve, il n’y a qu’à compter, sur les sites d’infos français, le nombre d’articles rebondissant sur les annonces de l’hyper-président.

Reste que pour mettre en ligne les vidéos des discours de Nicolas Sarkozy, cela va être la course. La séquence sera récupérée au pool TV, qui filme les interventions du président, sitôt l’allocution terminée pour que celle-ci soit disponible en ligne entre 15 et 30 minutes «après le prononcé». Bref, des quasi «directs». Et de la diffusion sans coupure ni montage, a contrario des sujets des télévisions – qui puisent aussi dans les images du pool TV.

4. Le circuit de la copie

Sur Elysee.fr, aucun contenu n’est publié sans validation. Idem pour les sites d’infos, où la plupart des articles des rédacteurs sont relus par des rédacteurs en chef et /ou des éditeurs. Dans ces conditions, le temps réel stricto sensu n’est pas possible, mais les «actualités» sur les déplacements du chef de l’Etat peuvent être préparées à J-48, avec la publication d’éléments de «contexte» des dits déplacements.

Or publier autre chose que des communiqués de presse, à propos du Président, c’est périlleux. Une simple faute d’orthographe peut faire l’objet de la risée des internautes. La polémique autour de la date exacte de la photo de Nicolas Sarkozy prise à Berlin en 1989 et publiée… sur sa page Facebook montre que le président est guetté en ligne.

5. L’audience

Sur Elysee.fr, les internautes s’appellent «les Français». Il n’est pas prévu qu’ils commentent directement sous les contenus publiés. Mais des boutons Facebook et Twitter sont visibles pour que «les Français» réagissent… sur les réseaux sociaux. Un choix qui coïncide avec les problématiques actuelles des sites d’infos, dont la communauté s’est exportée sur les réseaux. Pour l’équipe d’Elysee.fr, c’est aussi un souci: comment traiter / faire remonter les réactions des internautes? Alors que certains sites font des synthèses de réactions, ou des témoignages d’internautes, Nicolas Sarkozy consulte une sélection des commentaires laissés sur sa page Facebook. Façon baromètre de l’opinion publique numérique.

Sur Twitter, tout reste encore à faire et, comme dans les rédactions, l’équipe d’Elysee.fr s’interroge sur le potentiel de ce réseau encore réservé aux «happy few» (0,98% de la communauté de Twitter est française).

6. La technologie

C’est l’un des points de convergence le plus fort entre Elysee.fr et un site d’info: la nécessaire agrégation de nouvelles technologies. Mais sur Elysee.fr, il s’agit de mettre en valeur l’innovation technologique… française. Plutôt qu’une Google Maps sur les allers et retours de Nicolas Sarkozy, la carte des voyages présidentiels est donc signée IGN (Institut géographique national). Car IGN, c’est français! De même, point de YouTube (américain), place à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) et à Dailymotion, les plates-formes frenchy de vidéos.

Cependant, la vraie innovation du site réside dans la technologie de reconnaissance vocale des vidéos, conçue par deux sociétés – françaises! – Exalead et Vecsys. Un outil qui permet de chercher un mot dans les discours filmés de Nicolas Sarkozy, et rend traçable la parole politique dans le temps. De fait, le dispositif va sans doute plaire à Yann Barthès, dont Le Petit Journal de Canal+ excelle à traquer les répétitions et les bafouilles des hommes politiques. Et je prends le pari que les rédactions Web vont se bousculer pour l’acquérir.

7.  La politique

J’entends par là la politique au sens figuré. Car le lancement du nouveau site de l’Elysée pourrait bien faire évoluer le fonctionnement du Palais. En effet, la mise en ligne de données sur l’action de Nicolas Sarkozy qui, jusqu’à présent, étaient réservées à un usage interne, poussent à plus de transparence, l’une des valeurs clés du Web. Avec le risque, quand les données se multiplient dans le temps, de voir pointer d’éventuelles contradictions.

C’est peu ou prou ce qu’ont vécu – et vivent encore – les sites Web des journaux imprimés. D’abord ils ont retraité et numérisé des contenus existants (ceux du papier) pour les rendre accessibles en ligne – ce que fait Elysee.fr, au service du palais présidentiel; ensuite ils se sont constitués en rédaction spécifique, distincte du journal, et ont créé des contenus propres au Web.

Qui sait? L’Elysée pourrait aussi vivre sa révolution numérique…

Alice Antheaume

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Chercheuse d’infos, oui, journaliste, non

«Dans une rédaction, le problème le plus fréquent n’est pas de vérifier des faits, mais d’avoir les faits. Et… le plus vite possible.» Sarah J. Hinman est directrice du pôle «recherche d’infos» à Times Union, un quotidien crée en 1837 et édité à plus de 90.000 exemplaires, qui couvre l’actualité de la ville d’Albany et sa périphérie, au Nord de l’Etat de New York.

Le métier de Sarah J. Hinman? «News researcher». Chercheuse d’infos, donc. Spécificité: elle n’écrit pas d’articles, elle prend des notes qu’elle donne aux journalistes. «Je n’effectue qu’une partie de l’enquête», confie-t-elle lors d’un cours donné à l’école de journalisme de la Columbia. Son job consiste à travailler en amont, c’est-à-dire avant l’enquête ou le reportage des journalistes sur le terrain. Quelque soit l’histoire qui sera publiée (fait divers, politique, société, etc.), elle fournit aux reporters toutes les infos dont ils ont besoin. Les numéros de téléphone des personnes concernées, leurs adresses postales, la liste des gens dont ces personnes sont proches, ainsi que leurs coordonnées.

Crédit: Flickr/CC/Altemak

Bases de données à volonté

Comment savoir où se trouve en ce moment un SDF que la rédaction veut interviewer? Comment trouver le numéro de téléphone portable de cette femme accusée de meurtre? Comment savoir ce que cette ONG gagne grâce à ses soirées caritatives? Pour Sarah J. Hinman, pas de problème, elle connaît le Net – et les bases de données – comme sa poche. A la voir chercher en un temps record les réponses aux questions précédentes, je me dis que, pas possible, je suis tombée sur la Lisbeth Salander américaine – l’héroïne de Millénium, geekette ébouriffante, qui farfouille sur le réseau en quête d’infos pour une enquête du journaliste Michael Blomkvist.

Aucune question n’est insoluble

«J’adore qu’on me pose des questions», reprend Sarah J. Hinman, qui scrute frénétiquement son écran. «En fait, j’adore trouver les réponses… Et j’adore les chiffres aussi. Plus que les lettres, ils veulent toujours dire quelque chose. Il suffit de les faire parler». Et la voici qui trouve l’équivalent du numéro de sécurité sociale d’un célèbre homme politique américain… «Les femmes sont plus difficiles à traquer», tempère Sarah J. Hinman, «car, mariées, elles changent de noms.»

Ancienne documentaliste, elle a à son disposition des bases de données payantes, dont Nexis, qui répertorie notamment des détails très précis sur les entreprises et leurs salariés (environ 10.000 dollars l’abonnement à l’année pour une rédaction américaine), mais aussi les réseaux sociaux, et des bases de données gratuites, accessibles en ligne, dont l’une liste tous les professeurs américains, et une autre les magistrats du pays. «Un jour, on cherchait des informations sur une avocate endettée jusqu’au cou, qui avait disparu de la circulation, se souvient Sarah J. Hinman. En faisant une requête sur son nom dans l’annuaire des magistrats, j’ai vu qu’elle avait été radiée de l’ordre des avocats. C’était peut-être insignifiant, mais j’ai donné l’élément au journaliste. Or il se trouve que la date de sa radiation correspondait peu ou prou à la date à laquelle elle avait commencé à ne plus payer ses emprunts bancaires.»

Coup gagnant

Times Union, le Times, et d’autres rédactions américaines, y compris des télévisions, ont recours aux services des «news researchers». Une tactique payante, me raconte un professeur de la Columbia. «Un “news researcher” représente une double économie pour une rédaction. 1. Il coûte moins cher en salaire qu’un journaliste 2. Il permet aux journalistes de faire deux fois plus de terrain», et produire de la valeur ajoutée «visible» grâce à des reportages, au lieu de passer du temps, moins «visible» pour le lecteur, coincés derrière un écran à chercher les infos du «news researcher». «C’est un économiseur de temps», plaidait déjà il y a quelques années Theresa Collington Moore, qui faisait ce métier dans une chaîne de télé en Floride. Pour celle-ci, «ne pas avoir cette fonction dans une rédaction, c’est comme jouer au foot sans gardien de but».

Qu’en pensez-vous? Faut-il que la fonction de «news researcher» s’implante dans les rédactions françaises?

Alice Antheaume

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Les TimesCast, le nouveau show quotidien du New York Times

Crédit: New York Times

Crédit: New York Times

C’est l’attraction de ce début de semaine à New York. Les «TimesCast», des vidéos de 6-8 minutes dans lesquelles on voit les débats internes autour des sujets couverts par le New York Times, sont depuis lundi mises en ligne tous les jours, du lundi au vendredi, entre 13 heures et 14 heures, heure locale (entre 18 et 19 heures en France, où ils cartonnent, m’a confié le responsable du projet). «On a testé le format pendant des mois avant de le lancer, me raconte Jigar Mehta, journaliste au pôle vidéo du New York Times. Le but est de montrer le fond de la boîte noire aux internautes, car s’ils voient ce qu’il se passe, ils comprendront mieux qui nous sommes et ce que nous faisons.» Une façon de maintenir – ou créer? – le lien entre les internautes et la marque du quotidien américain. «Cela montre quels sujets nous décidons de couvrir, et comment on décide de les raconter, avait dit Ann Derry, directrice éditoriale, dans un communiqué. Nous donnons à nos internautes un accès inédit à nos coulisses.»

Transparent

La tentative est louable: viser la transparence. Une valeur clé et un peu fantasmatique du Web. Sauf que, à y regarder de plus près, la spontanéité n’y est pas. Le «TimesCast» fait l’objet d’un savant agencement, en quatre séquences, dont la première est la plus percutante, car elle montre une partie de la réunion dédiée à la première page («page one meeting»). Dans les séquences qui suivent, plusieurs conversations entre journalistes et rédacteurs en chef, mais qui paraissent peu naturelles à l’écran. A tel point que le site Gawker a ironisé sur le format, en évoquant une saga télévisuelle rebaptisée «you-are-there newsroom web show».

Ce qui fait sourire le service vidéo du New York Times, parmi lesquelles quatre personnes (!) travaillent sur les «TimesCast». «C’est vrai que que c’est un show», dit le responsable de la séquence vidéo. «Mais on ne force personne de la rédaction à parler devant la caméra, seuls sont filmés ceux qui le souhaitent».

Pas de script, mais un conducteur

A la question «les discussions des “TimesCast” sont-elles scénarisées?», Jigar Mehta répond «non, il n’y a pas de script». En revanche, il y a bel et bien un conducteur qui établit, avant le tournage des séquences, les deux ou trois points principaux qui doivent être cités pour expliquer un sujet. «Quand le sujet le plus chaud du jour est le retrait de Google de Chine, comme c’était le cas ce mardi, nous n’allons pas ré-expliquer ce qu’est Google, mais nous allons donner des éléments de contexte, de diplomatie, d’économie, mais aussi revenir sur les usages des internautes en Chine

Une case monétisable

Impossible de connaître pour l’instant le nombre de personnes qui ont cliqué sur le bouton lecture des premiers «TimesCast»; les chiffres ne sortiront pas de l’enceinte du New York Times.

Parmi les réactions relevées sur Twitter à la sortie du premier numéro, certains se sont étonnés du costume-cravate que portent tous les participants de la conférence de rédaction. Remarque anecdotique, mais qui n’est pas infondée. «Les journalistes du New York Times ne vont pas à la “page one meeting”, ce sont leurs chefs qui s’y rendent, m’explique un journaliste du pôle multimédia. Lorsqu’ils en ont besoin, les chefs de service appellent leurs reporters (via un système qui permet à la table d’entendre la conversation, ndlr) pendant la conférence pour avoir des explications sur tel ou tel sujet. Ces chefs ont des responsabilités, ce qui les oblige à rencontrer beaucoup de monde toute la journée et assurer la visibilité du titre», d’où leur mise moins décontractée que ceux qui restent derrière l’écran du site Web toute la journée.

Au New York Times, le «TimesCast» mobilise. Jamais deux ou trois caméras n’avaient obtenu chaque jour leur entrée dans la réunion de la première page. Mais si le format intéresse, c’est aussi parce qu’il est pourvoyeur de publicités. Le transporteur FedEx le parraine, et les éditeurs du programme réfléchissent à insérer, au milieu de la vidéo, une autre «page» de pub. «C’est un rendez-vous quotidien, qui peut fidéliser», argue l’équipe chargée de monétiser le contenu. Des arguments qui devraient parler aux annonceurs.

Alice Antheaume

La service vidéo du New York Times a noté un pic de connections depuis la France sur les «TimesCast». Ils m’ont demandé pourquoi ça intéressait tant les Français. A votre avis, pourquoi?

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Quand j’ai compris… comment CNN fait des “lives” télévisuels

«C’est un jour historique», «nous allons entrer dans l’histoire», «la date sera inscrite pour la postérité». A la chambre des représentants des Etats-Unis, les envolées lyriques étaient légion, dans la nuit du 21 au 22 mars. Et le vote final leur a donné raison: par 219 voix contre 212, le texte de la réforme de la couverture de santé américaine a été adopté.

Moi qui ne connais que peu la télévision américaine, je suis restée scotchée devant le live fait par CNN. Pas en ligne, sur le petit écran. Vu le sujet, dont les arguments ont été rabâchés depuis des mois, c’était une gageure de garder en haleine les téléspectateurs. Une gageure que connaissent bien les chaînes françaises Public Sénat et La Chaîne parlementaire (les chaînes d’information en continu ont-elles un jour essayé?). Alors, comment procède CNN pour éviter le zapping sur un sujet «parlementaire»?

  • Le «cut»

La règlementation américaine favorise la télégénie du débat: les discours des représentants sont limités à 1 minute, ou 2 minutes maximum, tandis qu’au Sénat ou à l’Assemblée française, sénateurs et députés ont le plus souvent 4 ou 5 minutes devant eux. Voire plus. Et quand le président de la chambre des représentants sonne la fin de l’intervention, il n’y a pas de «ouh» possible, contrairement aux débats parlementaires français. C’est cut, et donc télévisuel.

  • Le suspense sur l’heure du vote

Au début, le vote devait avoir lieu à 19h, heure locale. Ensuite, «après 22h». Finalement, cela aura été juste avant minuit, après dix heures de débat entre démocrates et républicains. Pourtant, le «live» de CNN tient, qu’importe si la programmation initiale prévoyait tel ou telle émission ou série à la place. Les journalistes, en plateau, tiennent aussi, évidemment.

  • Le duplex

Plutôt que de filmer en longueur les débats de la chambre, avec des représentants des Etats américains qui répètent les mêmes arguments depuis un an («c’est le moment de montrer que la couverture médicale est un droit et non un privilège»), l’aller-retour est incessant entre d’un côté la chambre, et de l’autre, le plateau de CNN, avec cinq interlocuteurs serrés comme des sardines, les yeux rivés sur leur écran d’ordinateur.

  • Le côté «perso»

A la chambre des représentants comme sur le plateau de CNN, l’ambiance était aux confidences familiales. «Ma mère est morte à 52 ans parce qu’elle ne pouvait pas se payer d’assurance santé», raconte cette journaliste sur le plateau de la chaîne américaine. De la même façon, Obama avait lu un peu plus tôt des lettres d’Américains endettés jusqu’au cou par leurs factures médicales. En clair, on est passé du débat d’idées à l’alignement d’expériences personnelles. Quite à verser dans la démagogie, pour «personnifier» le débat, on n’a pas trouvé mieux.

  • Twitter à la télé

D’habitude, les tweets issus du réseau social aux 50 millions de messages postés par jour sont l’apanage des rédactions Web. Sauf que là, sur le plateau de CNN, l’un des invités était chargé de faire des points réguliers sur les réactions des internautes sur Twitter à propos de la réforme du système de santé. Les réactions les plus pertinentes, s’entend.

  • Les coupures pubs

Quand La Chaîne parlementaire française montre des plans sur les «suspensions de séance» de l’Assemblée, CNN multiplie des publicités. Ici, une pub pour une boutique de baseball, là, pour un appareil qui fait les dents blanches, ou encore, pour le supplément week-end du New York Times, qui offre une remise de – 50% et vous «permet d’entrer dans le débat». Ou surprise, une pub anti-assurance santé. Une pause fraîcheur, pour ainsi dire.

AA

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Participation en hausse pour les régionales

Avec 53,6% d’abstention, le premier tour des élections régionales n’a pas été à la hauteur de l’intérêt des électeurs. Or les médias ont aussi souffert de ce record absolu d’abstention dans les urnes. Car la désaffection du public pour la soirée électorale s’est également sentie sur les chaînes de télé et la plupart des sites Web d’infos. De fait, aucun record d’audience notable pour les rédactions qui couvraient l’événement. Du moins le soir-même du premier tour.

A la télévision, les résultats de la soirée électorale du 14 mars ont été honorables, mais sans plus. Je mets à part France 3, qui a du annuler son plateau du 14 mars à la dernière minute et programmer Zorro à la place. TF1 a récolté 5,8 millions de téléspectateurs en moyenne (soit 22,8% de part d’audience) quand France 2 a attiré 4,9 millions de personnes (19,1 % de part d’audience), selon les chiffres de Médiamétrie. Rien là de vraiment surprenant: à titre de comparaison, le vendredi 5 mars, TF1 caracolait en tête des audiences de «prime time» avec 5,3 millions de téléspectateurs réunis devant la série Les Experts. A peine 0,5 million de moins que lors du plateau du premier tour, co-animé pourtant par Laurence Ferrari et Claire Chazal.

Sur les sites d’information nationale, le trafic multiplié par deux

Sur les sites Web d’infos dits «nationaux», qui avaient aussi mis en place des dispositifs spéciaux, l’afflux d’internautes a été réel. Mais pas exceptionnel. D’après cette étude de Médiamétrie, «les sites d’information mesurés (dont Europe1.fr, France2.fr, France3.fr, franceinter.com, france-info.com, france-culture.com, lejdd.fr, latribune.fr ou lci.tf1.fr, ndlr) ont enregistré près de 29% de trafic supplémentaire par rapport aux deux dimanches précédents». Et ce, en moyenne sur l’ensemble de la journée, le pic se situant entre 20h et 22h, au moment où la plupart des sites Web d’infos ont fait des «lives» réactualisés en permanence, avec l’annonce des résultats, région par région. Le nombre de visites, sur lemonde.fr, a progressé de 39% entre les dimanches 7 et 14 mars, aboutissant à 1,6 million de visites lors de la journée du premier tour. Mais sur 20minutes.fr et lepost.fr, la progression est moindre – respectivement +6% et +8% en visites.

Crédit: Clémentine Gallot

Crédit: Clémentine Gallot

Alors oui, la plupart des sites, dont lefigaro.fr et slate.fr, ont drainé 2 à 2,5 fois plus de trafic que les précédents dimanches, mais cela reste faible par rapport à l’annonce de la mort d’une Super Nanny, dont l’impact sur le trafic reste inégalé – et qui était survenu un mercredi matin, en pleine semaine. Ou des images de la tempête Xynthia, diffusées le dimanche 28 février, et qui ont scotché les lecteurs et spectateurs aux informations. Rien que pour la télé, 10 millions de téléspectateurs ont suivi le JT de Claire Chazal, le 28 février au soir. De même, France 3 a enregistré, grâce – notamment – aux reportages en Charente Maritime diffusés le 28 février, ses meilleures audiences de l’année 2009-2010.

Engouement pour les articles qui parlent… d’abstention

Pourquoi les régionales n’emportent pas les suffrages générés par la mort d’une animatrice de télé ou d’une tempête en région? Parce que les Français se fichent de la politique? Non. Parce qu’ils mesurent mal l’enjeu de ce scrutin? Peut-être. Parce que le dimanche précédent le premier tour était plus riche en actualité? Oui, pour les sites qui ont couvert, en nocturne, la cérémonie des Oscars. Au fond, si les élections ne «trafiquent» que peu, c’est parce qu’elles sont prévisibles. En clair, je connais la date du scrutin depuis longtemps, je sais à peu près comment va dérouler la soirée électorale, régentée par un calendrier prévu à l’avance, et je peux quasiment prédire ce que tel ou tel personnage politique, rompu à l’exercice de l’interview, va dire. Ce qui laisse a priori peu de place à la surprise (sauf éventuellement lors de l’annonce des résultats) ou même à la spontanéité (il n’y avait qu’à entendre l’uniformité des commentaires des responsables politiques dimanche soir). Or l’imprévisibilité d’une information, c’est quand même l’un des préalables à ce qui fera son succès – d’audience. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard si les articles les plus lus des sites d’infos lors du premier tour sont ceux qui évoquent l’abstention inédite de cette élection.

La montée en flèche des sites de presse régionale

Le bilan n’est pourtant pas si terne. Si l’on regarde la progression du trafic d’un dimanche à un autre (et non le résultat chiffré),  les seuls à avoir emporté le pompon le soir du premier tour sont les sites de presse quotidienne régionale (PQR). Lamontagne.fr, qui couvre l’information locale auvergnate a ainsi vu son nombre de visites augmenter de plus de  150% par rapport au dimanche précédent en visites et plus de 200% en pages vues. Même tendance pour leberry.fr, qui a fait + 87% de visites le 14 mars comparé au 7 mars, et + 82% en pages vues. Le Midi-Libre a connu aussi une belle croissance, de 65%, à l’occasion du premier tour (dimanche 14 et lundi 15 comparés à la semaine précédente).

J+1

Quant aux sites Web d’information nationale, ils ont fait au final plus d’audience le lundi, c’est-à-dire le lendemain de l’élection, que le jour même des résultats du premier tour. Le 15 mars, lefigaro.fr a ainsi fait son meilleur chiffre, depuis le début de l’année 2010, en nombre de visites par jour. Lemonde.fr fait ce jour-là + 38% de visites par rapport au lundi précédent. Et + 53,6% en pages vues. La raison est terre à terre: de façon générale en ligne, il y a toujours plus de monde le lundi que le dimanche – retour au bureau, connexion Internet plus aisée, pas d’enfants dans les pattes, etc. Il en aurait fallu un coup de théâtre pour déstabiliser les statistiques usuelles.

Pensez-vous que le deuxième tour sera plus suivi, en ligne et à la télé, que le premier tour? Si vous avez des chiffres à partager, n’hésitez pas…

Alice Antheaume

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Liens du jour #25

Toujours plus de recherche (mais pas que sur Google), toujours plus de personnalisation, de réseaux sociaux, et d’emails: voici quelques unes des tendances marketing de 2010 (Etreintes digitales)

Le poids de la vidéo d’information en ligne (Nieman Lab)

Comment le New York Times et CNN se battent pour survivre en ligne (editorsweblog)

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Liens du jour #24

Impossible de gagner de l’argent en produisant de l’information? (Gawker)

.com, trois lettres et un signe de ponctuation qui ont changé le monde (blog Reuters)

Twitter commence à vendre ses services aux médias (AFP Mediawatch)

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Du bon usage des réseaux sociaux selon Reuters

Crédit: LoopZilla

Crédit: LoopZilla

Le New York Times a déjà édicté, à l’usage de ses journalistes, une charte interne pour l’utilisation des réseaux sociaux. C’est au tour de Reuters de s’emparer du problème. L’agence vient de rédiger un règlement à l’adresse de ses employés. «Nous voulons vous encourager à vous servir des réseaux sociaux dans votre métier de journaliste, mais nous voulons aussi être certains que vous connaissez les risques – notamment ceux qui menacent la réputation d’indépendance et d’intégrité de Reuters.» Pas de scoop sur Twitter, pas de liens intempestifs, pas de bagarre dans les commentaires en ligne… Voici quelques unes des recommandations relevées.

  • Réfléchir avant de poster

Le succès des réseaux sociaux tient à la facilité pour les internautes d’y participer, rappelle Reuters. Donc «résistez à la tentation de répondre par la colère» à ceux dont vous pensez qu’ils se sont trompés. Reuters insiste auprès de ses journalistes: «n’oubliez pas que, lorsque vous commentez quelque chose en ligne, votre commentaire peut être cité par un journal ou un blog comme une déclaration officielle venant de Reuters.» Enfin, «gardez votre distance critique, conseille l’agence. Il est très simple de partager un lien sur Twitter ou Facebook, mais si ce lien se révèle être un canular, vous engagez votre crédibilité et celle de Reuters.»

  • Ne pas montrer ses préférences

Très facile, sur les réseaux sociaux, de repérer les goûts de quelqu’un, le genre d’amis qu’il a, les sujets qu’il aime, et une foule d’autres indicateurs. Reuters le sait bien et conseille à ses employés de ne pas afficher leur bord politique sur leur profil Facebook et de rester neutre lorsqu’ils sont sur le point d’adhérer à tel ou tel groupe sur le réseau social. Car l’affichage de préférences entache la couverture – supposée neutre – de certains sujets politiques ou controversés. De la même façon, le New York Times a demandé à ses journalistes, lors de l’élection présidentielle américaine, de ne pas rejoindre la page fan d’Obama. A moins de s’inscrire, dans le même temps, à la page fan de John Mc Cain.

  • Etre transparent

Pendant les «chats» ou autres discussions par messageries instantanées, les journalistes de Reuters doivent afficher qui ils sont. Et ne pas se faire passer pour quelqu’un d’autre, même par écran interposé. De la même façon, ils doivent indiquer qu’ils sont journalistes à Reuters lorsqu’ils se créent un profil sur les réseaux sociaux, ou lorsqu’ils tiennent un blog, ou lorsqu’ils écrivent un commentaire en ligne.

  • Deux comptes, un pro et un perso

Pour différencier les statuts et tweets qui relèvent du privé d’un côté et du professionnel de l’autre, Reuters préconise que ses journalistes se créent deux comptes distincts. L’un à usage professionnel, «pour agréger de l’information et construire un réseau», l’autre à usage personnel, où les journalistes doivent indiquer qu’ils travaillent à Reuters, mais que leurs messages ne reflètent pas l’avis de leur employeur et où ils n’écrivent rien qui puisse être dommageable à leur employeur.

  • Demander la permission à son chef avant d’avoir un compte professionnel sur les réseaux sociaux

Twitter ou Facebooker de façon professionnelle nécessite du temps, peut-on lire dans la charte, et cette répartition des horaires «doit être discutée avec votre supérieur». En outre, continue Reuters, puisque vous devrez y mettre des liens et des contenus, «assurez-vous que ce que vous mettrez en ligne sur votre compte professionnel ne sera pas contraire à nos objectifs commerciaux. Pour le savoir, discutez en avec votre chef.» Enfin, «prenez garde à ne pas mettre vos sources dans vos “followings” (ceux que vous suivez, ndlr) sur Twitter ou parmi vos amis sur Facebook, car elles pourraient être repérées par nos concurrents».

  • Ne pas publier de «breaking news» sur Twitter

Le scoop doit avant tout être publié sur le fil Reuters, à destination des clients de l’agence. Pas question de tweeter, donc, dans ce cas. Le règlement stipule néanmoins que, lorsqu’un scoop paraît sur Twitter, et qu’il n’est pas signé Reuters, les journalistes de l’agence ont le droit de le retweeter, c’est-à-dire citer le tweet de l’auteur en question.

Pour Reuters, il y a trois usages journalistiques possibles sur Twitter:

  1. partager des articles et construire une communauté, l’apanage de journalistes spécialisés (comme Ben Hirschler, journaliste scientifique pour Reuters)

  2. solliciter des réactions des lecteurs, le cas pour les les éditorialistes et les blogueurs de Reuters

  3. faire des live-tweets de certains événements, comme lors du forum économique mondial, réuni à Davos

Et vous, qu’en pensez-vous? Aimeriez-vous que les médias dictent des comportements à leurs journalistes quand ils sont présents sur les réseaux sociaux?

AA

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Liens du jour #23

Les articles qui ont des chiffres dans leur titre sont plus partagés sur Facebook que ceux qui n’ont pas de chiffre dans leur titre (DanZarrella)

Gros médias ou gros squatteurs de référencement dans les moteurs de recherche? (Gigaom)

Le journalisme de données les doigts dans le nez (Media Trend)

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