Des exabits de données

“Le déluge des données”: c’est le titre du dossier auquel The Economist consacre 14 pages dans son numéro sorti le 27 février 2010. “Où que vous regardiez, la quantité d’informations augmente dans le monde”, écrit le journal. “Pourtant, les analyser reste toujours aussi difficile, même si ce déluge de données a déjà commencé à transformer l’économie, la politique, les sciences et la société de tous les jours”.

Histoire de donner une idée de l’ampleur du phénomène, l’hebdomadaire rappelle que l’humanité a créé 150 exabits de données en 2005 et qu’en 2010, elle créera… 1.200 exabits.

>> A lire dans The Economist

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Liens du jour #18

Facebook fait breveter son “newsfeed”, le fil d’actualités de ses utilisateurs (All Facebook)

Pierre Louette, qui rejoint France Télécom en tant que secrétaire général, laisse l’AFP au milieu du gué (Le Figaro)

L’art de faire une liste, trucs et astuces en vidéo (Hubspot)

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Journalistes en mode test

Crédit : Flickr/CC/just.Luc

Crédit : Flickr/CC/just.Luc

Le métier de journaliste est descendu de son piédestal. A moins d’avoir vécu au Pôle Nord au cours des dix dernières années, vous le saviez déjà. Et que cela ne va pas en s’arrangeant.

Grille de notes

La preuve, les journalistes français peuvent désormais être notés en ligne, nommément et indépendamment du média pour lequel ils travaillent, comme l’ont été avant eux les professeurs sur le site note2be.com.

Topjournaliste.com, lancé le 26 janvier dernier, permet à chaque internaute de proposer à l’évaluation un journaliste de son choix en remplissant une petite fiche d’identité sur celui-ci. Puis de le noter, sur 5, selon 8 critères: exactitude de l’info reportée, maîtrise du sujet, investigation sur l’information, expression française, présentation du sujet, politesse /respect, primeur de l’information, pertinence de l’analyse. Une grille d’évaluation digne d’un oral d’admission pour une école de journalisme.

Résultat, un top 5 des journalistes les mieux notés, et des pires. Pour l’instant, le classement n’est pas très éloquent, puisqu’il n’y a que peu de personnes listées, et trop peu de votes, si ce n’est pour Julien Tellouck, de Game One, qui fait l’objet d’un soutien impressionnant, Eric Zemmour, le chroniqueur de France 2 et RTL, et Jean-Marc Morandini, toujours prompts à déchaîner les passions.

Un jeu vidéo dont le journaliste est le héros

Outre ce site de notation, un jeu vidéo de simulation de vie est sorti à l’automne (en France) sur la console Nintendo DS. Et il propose de jouer à… être journaliste. Destiné surtout à un public de jeunes filles, le jeu reproduit tous les clichés qui circulent autour de ce métier. «Commence comme journaliste de presse locale puis deviens reporter international et anime ton propre show télé», indique la notice. Visiblement, la quête du Graal journalistique passe par la télé. Quant au journalisme sur le Web…

Alors que le jeu sort en Angleterre en mars prochain, le site UK Resistance s’est amusé à refaire les règles du jeu: «commence comme journaliste de presse locale et deviens un blogueur déprimé», «développe tes talents de plagieur», «fais-toi insulter à chaque fois qu’on t’envoie un communiqué et que tu ne réponds pas», «bois tellement d’alcool gratuitement que, même après trois ans de sevrage, tu as toujours mal au foie», ou encore «parle à des femmes, mais uniquement parce qu’elles sont obligées de te répondre». Exagéré? Pas si sûr.

AA

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Liens du jour #17

Pourquoi les médias ne digèrent pas les excuses de Tiger Woods? (NPR)

Le secret de la formule du National Enquirer, un tabloïd anglais qui concourt pour le prix Pulitzer (Guardian)

Et si la publicité électorale dans les médias était réformée? (Le Figaro)

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La culture populaire à l’abordage des sites d’infos français

Crédit: M6

Crédit: M6

Avant, c’était simple. Ce qui faisait de l’audience sur les sites d’infos français, c’était le 11 septembre 2001, le duel Chirac-Le Pen en 2002, les attentats de Madrid en 2004, ceux de Londres en 2005, ou encore l’élection présidentielle de 2007. Maintenant, les sujets qui se révèlent être les meilleurs pourvoyeurs de trafic pour les sites généralistes s’appellent Super Nanny (la star d’un show télé), Filip Nikolic (l’ex-leader des 2be3, un boy’s band des années 90) et Jocelyn Quivrin (un acteur décédé en novembre 2009 dans un accident de voiture). Sans exagération aucune, le jour de la mort de Super Nanny, alias Cathy Sarraï, le 20 janvier 2010, a été un moment historique pour plusieurs sites d’infos français.

20minutes.fr a reçu 1 million de visites sur la seule journée du 20 janvier, soit presque deux fois le nombre de visites comptabilisées en moyenne chaque jour. Si l’article annonçant le décès de Super Nanny est le plus lu de toute l’histoire de 20minutes.fr, un site dont l’ADN est de mixer des sujets légers et sérieux, ni LeMonde.fr ni Libération.fr, moins attendus sur ces sujets, n’ont échappé à l’engouement des lecteurs. Alors que le site du quotidien du soir s’est contenté d’éditer une dépêche AFP intitulée «Super Nanny est morte», celle-ci a figuré pendant deux jours parmi les articles les plus envoyés par email. Idem à Liberation.fr qui a fait, ce jour-là, sa plus grosse audience depuis les élections européennes (637.000 visites le 20 janvier).

Accident de parcours ou vraie tendance?

«Ce jour-là m’a déprimé, j’ai eu envie de rendre ma carte de presse», soupire Ludovic Blecher, rédacteur Ln chef de liberation.fr. «D’autant que c’était un mois où il y avait de l’actu, avec le tremblement de terre en Haïti, et la polémique autour de Georges Frêche».

Mais les internautes en ont décidé autrement. Et contraint les sites d’infos à s’adapter. Néanmoins, cela été un vrai cas de conscience pour les rédactions de sites d’infos dits «sérieux»: que faire d’un sujet ultra populaire? 1. Le zapper, au risque de passer à côté d’un événement qui intéresse les lecteurs et de se priver de l’audience qui va avec. 2. Le traiter, mais du bout des doigts, pour ne pas faire le grand écart entre le nucléaire en Iran et la dernière frasque de Britney Spears. 3. L’assumer, en faisant autre chose que donner l’information, par exemple en livrant une enquête poussée sur Cathy Sarraï.

La plupart ont choisi l’option numéro deux. «On a traité l’information avec deux heures de retard, me raconte un journaliste du Monde.fr. Et on ne l’a pas monté tout en haut de la page d’accueil mais mis dans notre liste d’articles sans photo en bas de la page d’accueil.» Même réponse du côté de Libération.fr: «70% du trafic sur Super Nanny est venu du “search” (par exemple en tapant Super Nanny dans Google et en cliquant sur l’article de Libe.fr dans la page de résultats, ndlr). Cela veut dire que l’essentiel de l’audience sur ce sujet ne s’est pas connectée “directement” sur liberation.fr mais est arrivée par des agrégateurs externes. Du coup, il n’y avait pas besoin de mettre Super Nanny sur la page d’accueil pour avoir du trafic.»

Série de morts d’icônes populaires

Avant la mort de Super Nanny, il y a eu celle de Filip Nikolic, de Jocelyn Quivrin et celle de Michael Jackson. Mais aussi les humeurs de Laure Manaudou, en 2007. Les sites qui ont publié ces informations ont vu leur audience augmenter de façon spectaculaire. Comment expliquer cette poussée de trafic sur le people? D’abord parce que le «marché», en ligne, a évolué. Quand l’accès à Internet était surtout accessible depuis les bureaux privilégiés que chez monsieur tout le monde comme c’est le cas aujourd’hui, les sites d’infos traditionnels publiaient en majorité des articles parlant de politique ou de diplomatie. Laissant à d’autres les faits divers ou la culture dite populaire, comme la télé, les loisirs, la culture Internet, le people. L’arrivée de nouveaux venus comme lepost.fr et 20minutes.fr a tout changé, en s’engouffrant dans ces thématiques. Et obligeant les médias traditionnels à les suivre sur ce terrain.

L’infotainment en vigueur

La tendance n’est pas que française. Au Brésil, en Angleterre, en Inde, ou aux Etats-Unis grandit l’appétit pour «l’infotainment», un néologisme issu de la contraction entre information et entertainment (divertissement). En Inde, les éditeurs parlent du «règne des 3C» dans les médias, à savoir le crime, le cricket, et le cinéma, les trois domaines qui recueillent le plus de suffrages.

«Il faut savoir qui vous regarde, rappelle un journaliste de TF1. Super Nanny a échappé à beaucoup de journalistes. Personnellement, je n’avais même jamais regardé l’émission. Mais à l’occasion de son décès, cela méritait que je change de lunettes, même si Super Nanny était sur une chaîne concurrente (M6, ndlr)». Tous les journalistes interrogés le disent: ils n’avaient pas mesuré l’attachement des Français pour cette femme. Ce qui pose avec acuité le problème de la déconnexion entre les rédactions et leurs lecteurs/auditeurs. «Même si la rédaction de Libe.fr avait bien senti que le sujet montait sur le Web (Super Nanny a fait partie des dix sujets les plus évoqués sur Twitter pendant une heure, une première pour un thème franco-français), je n’aurais jamais imaginé l’ampleur que le phénomène allait avoir», reconnaît Ludovic Blecher.

L’émotion avant tout

Interloquée, la rédaction du Monde.fr a aussi regardé de près le comportement de ses lecteurs en ligne. «Les rares fois où nous faisons des sujets people, nos internautes sont assez agressifs, arguant que Hubert Beuve-Méry, le fondateur du Monde, doit se retourner dans sa tombe en lisant ça, que nous violons la ligne éditoriale du journal, etc. Mais cette fois, pour Super Nanny, les commentaires ont été plutôt positifs.» La raison? «Les sujets people sont le plus souvent bâtis sur des rumeurs, reprend ce journaliste du Monde.fr. Or dans le cas d’un décès, il s’agit d’un fait.» Inattaquable, donc.

Alors quoi? La ligne éditoriale des sites doit-elle être déterminée par les goûts des internautes? Ou faut-il que les journalistes choisissent leurs sujets indépendamment de ce que plébiscite l’audience? Tout est question de curseur, et d’angles. L’art étant de doser entre informations essentielles — mais qui n’intéressent peut-être pas le grand public — et des sujets à visée populaire. Le risque, à terme, c’est que s’installe un journalisme à deux vitesses. Un journalisme d’élite, d’un côté, et un journalisme populaire, de l’autre. Sans que les deux puissent se rencontrer?

Pas sûr. Si la ligne éditoriale d’un site d’infos et les goûts des internautes ne coïncident pas toujours, il y a au moins une chose qui fait l’unanimité. C’est gagné quand l’article véhicule ou suscite une émotion, comme le montre cette étude sur les articles les plus envoyés du New York Times. Et cela reste valable même si l’article parle de cosmologie.

Alice Antheaume

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Liens du jour #16

Le New York Times réfléchit à rendre ses blogs payants (blog Reuters)

Le plagiat, le mal journalistique du 21e siècle? (blog Babel @ Bedlam)

Google met à disposition “Living Stories”, un rival de l’outil “Covert it live” pour la couverture en direct d’événements (Guardian)

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Carlo de Benedetti: «Ce qui est gratuit ne vaut rien»

Lui, c’est le président du groupe L’Espresso. Un groupe en forme d’empire qui détient le quotidien italien La Republicca, connu notamment pour ses questions non complaisantes et ses révélations sur les affaires de Silvio Berlusconi, l’hebdomadaire L’Espresso, seize quotidiens locaux, trois radios et… une régie publicitaire. Car Carlo de Benedetti est avant tout un homme d’affaires. Il regarde donc de près la «valeur» des informations publiées.

Il donnait ce jeudi 18 février une conférence à Sciences Po, à Paris, sur le thème «Internet et journaux: la voie de la démocratie contre le populisme». Résumé de la séance de questions / réponses entre Carlo de Benedetti et l’assistance.

Vous opposez la presse écrite, qui serait le lieu d’un journalisme approfondi et d’analyse, à Internet qui ne produirait que dans l’urgence. Pourtant, il existe des sites d’informations et des pure-players qui publient des contenus de qualité…

Oui, il existe des sites de fond. C’est l’une des raisons pour laquelle il faut payer pour les contenus de ces sites. Pour moi, ce qui est gratuit ne vaut rien, ça n’a pas de valeur. Internet va déboucher dans un espace de dualité avec, d’un côté, des informations très générales gratuites et, de l’autre, des informations plus approfondies qui devront être payantes. Internet a quelque chose à apporter: en Italie, on a refait les contrats de travail dans les médias, pour obliger les journalistes du papier à alimenter le site de leur journal. Il y a des sites d’information très approfondis, dont le nombre de visiteurs reste relativement limité. Mais y a-t-il vraiment des sites gratuits de qualité?

Vous dénoncez également le risque d’Internet de mener au populisme…

Je ne dis pas qu’Internet ne soit pas un outil spectaculaire de transmission des messages. On l’a vu avec l’organisation du «No Berlusconi Day» (le 5 décembre 2009, des dizaines de milliers d’Italiens descendaient dans la rue à l’appel de bloggeurs pour réclamer la démission de Silvio Berlusconi, ndlr) pour en Italie ou du «Move On» (une organisation pro-Obama qui organisait des rassemblements pendant la campagne, ndlr) aux Etats-Unis pour Barack Obama. Ces rassemblements de masse sont rendus possibles par les réseaux sociaux et permettent une expression de la démocratie «home made». Mais j’ai peur de la possibilité – et du risque – de fuite dans un populisme qui peut être très dangereux. Internet est un instrument. Les réseaux sociaux sont seuls capables de faire venir des centaines de milliers de personnes à un seul endroit. Mais sur Internet, un danger subsiste s’il n’y a pas de point de référence pour faire la différence entre être informé et avoir une opinion, entre savoir et connaître.

Mais Internet permet l’expression de chacun sur l’actualité, notamment avec le journalisme citoyen. Que pensez-vous de ce phénomène?

Un journaliste professionnel peut toujours être critiqué pour son apparente présomption: il semble se prendre pour un arbitre sur des sujets qu’il ne connaît pas forcément en profondeur. Mais je pense que la retranscription d’un événement ne doit pas être faite par des gens qui n’ont pas les compétences pour mettre en ordre un raisonnement. Ou alors ce n’est plus du journalisme, c’est de l’information brute. Les deux peuvent parfois coïncider mais ce sont bel et bien deux choses différentes.

Ozal Emier

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Liens du jour #15

Traquer le parcours d’une souris sur un ordinateur? C’est possible avec une application spéciale (blog Bits du New York Times)

Facebook a étudié l’humeur de ses utilisateurs (dans leurs statuts) pendant la St Valentin. Résultat de l’étude ici (Allfacebook.com)

Les Français convaincus de la complémentarité d’Internet et des journaux? C’est ce qu’avance une étude TNS Sofres / EPIQ (Youvox)

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Liens du jour #14

Itinéraire chronologique de la couverture de la collision des trains en Belgique, du premier tweet jusqu’à Google News (Ecole de journalisme de Sciences Po)

Vous aussi, vous pourrez bientôt être comme Tom Cruise dans Minority Report (blog Bits du New York Times)

Pourquoi MySpace et Internet pourraient tuer Rupert Murdoch (Newser)

Mégalopolis, le journal du très grand Paris, est en kiosques et… en ligne

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Liens du jour #13

La Tribune, Le Figaro, Les Echos… Quand la presse payante devient gratuite en catimini (Eco89)

L’AFP surveille qui lui vole des contenus sur le Net grâce à un logiciel ad hoc, “Attributor” (Monday Note)

Si Twitter = micro-blog, alors Google Buzz = micro-commentaires? (Gravity7)

La pub sur les réseaux sociaux n’explose pas (Cnet.com)

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