Cannes dans un fauteuil, ce sont des communiqués qui s’enchaînent les uns après les autres… Les robes, les smokings, les bijoux, les accessoires dans un tourbillon de détails et de photos (pas toujours libres de droit). Si maquillage et coiffure relèvent de l’éphémère, ils contiennent moult détails instructifs sur la couleur du teint, l’utilisation d’une ombre à paupières et le nom d’un rouge à lèvres qui fera rêver…
Kristen Kristen Stewart Paz Vega
Maquillage Chanel Maquillage Dior
Cette année, le jury à composante féminine forte reflétait des attitudes très différentes face à la mode. Si Jane Campion avait, parait-il, hésité à accepter en raison du rôle joué par les tenues à porter, elle a montré que ce n’était pas chez elle une préoccupation existentielle, choisissant des sandales plates sans sacrifier à l’escarpin. Parmi les autres membres du jury, Carole Bouquet, toujours chic et élégante, a continué son histoire avec Chanel dont elle fut l’égérie parfum pendant des années. Membre jeune, cool ( ?) et branchée du jury, Sofia Coppola privilégia des marques pointues d’aujourd’hui : Valentino, Vuitton, Marc Jacobs… L’Iranienne Leila Hatami devait, elle, réussir à être élégante, mais avec sobriété.
Si la tenue de rigueur sur tapis rouge est le smoking pour les hommes, les maisons Dior et Francesco Smalto sont parmi les plus prisées, ainsi dans le jury, Gael Garcia Bernal en Dior.
Côté couture, les maisons rivalisent avec leurs tenues d’apparat et leurs broderies sur fourreaux glamour. Elie Saab a habillé de nombreuses actrices ainsi Jane Fonda, Nicole Kidman, Clotilde Courau, Jessica Chastain …
Plus sexy, Atelier Versace avait crée sur mesure la robe en mousseline de soie jaune d’Uma Thurman. Hilary Swank, pour la présentation de The Homesman, avait choisi également une robe en satin blanc de Versace.
Habituellement en Dior (égérie) pour la montée des marches, Marion Cotillard a aussi porté pour la conférence de presse une tenue magnifique et originale de la Maison Martin Margiela (à prendre comme un clin d’oeil hommage à la Belgique des frères Dardenne ?), une magnifique tenue de la collection artisanale entièrement rebrodée de pierres, d’éléments métalliques.
Le plus intéressant, pour les amateurs de mode, est de voir le modèle de la collection (en défilés) et la version people au festival ainsi la robe bustier et bandeau en broderie de Maxime Simoens portée par Suzanne Clément.
Le superbe travail de la robe en ailes d’insectes, flamboyante création du duo On aura tout vu, fut porté par Gyselle Soares.
Mention très bien à Aymeline Vallade qui a joué les garçonnes, fidèle à l’esprit Saint Laurent (elle incarne Betty Catroux dans le film de Bonello), avec un smoking sur mesure Pallas.
Les bijoux sont aussi omniprésents au féminin et au masculin (pas seulement les montres). L’équipe canadienne de Mommy portait les éclats de Boucheron. Xavier Nolan avec une créole Quatre Lumière. Anne Dorval, un sautoir Goutte de lumière et bague Hekat la grenouille et Suzanne Clément des boucles d’oreille Ava et une bague Noctua la chouette.
Nicole Garcia avait choisi de rehausser sa tenue Bouchra Jarrar de bijoux Goossens : Collier Taj Mahal et bracelets.
Sans oublier le petit Buzz de cette année autour de la robe peut être la moins chère du festival : un modèle de la Redoute à 178€ (voire même déjà soldé) porté par Barbara Probst accompagnant Benjamin Biolay et l’équipe de son premier court métrage. Une petite robe noire simple et remarquée !
Derrière le cinéma, se profile une opulente vitrine où les marques rivalisent pour paraître, portées par les acteurs et surtout les actrices les plus en vue. Mais, une fois les sunlights éteints, les tenues d’un jour retournent dans les vestiaires, subsisteront quelques photos et les traces des mails envoyés aux journalistes.
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Fondateur et membre de Memphis, Ettore Sottsass est le sujet d’une superbe monographie chez Phaidon tandis que quelques unes de ses oeuvres sont exposées chez Azzedine Alaïa. Orchestré par Ernest Mourmans, le choix des meubles montre toute l’originalité d’un designer inspiré par de multiples influences ethniques et guidé par un goût prononcé pour les associations audacieuses de couleurs. Parmi les matériaux de prédilection : le plastique laminé. En phase avec son époque, Sottsass a aussi imaginé un mobilier pratique avec des éléments modulaires (Synthesis 45). Concepteur des formes des premiers ordinateurs pour Olivetti (Elea en 1958), Sottsass a dessiné pour le groupe l’iconique machine à écrire Valentine en 1969.
En 1980, il fonde le groupe Memphis qui verra, parmi ses membres, les grands noms du design ainsi Andrea Branzi, Martine Bedin, Masanori Umeda ou même Shiro Kuramata. Choisi lors de l’écoute d’une chanson de Bob Dylan : Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues again, le nom de Memphis fait également référence à l’Egypte ancienne. Mouvement très original, Memphis a duré une dizaine d’années.
L’ouvrage consacré à Ettore Sottsass a été conçu pour être consulté de façon chronologique ou thématique. Photos, mais aussi croquis composent une magnifique monographie autour de l’oeuvre d’un des designers majeurs du XXè siècle.
Parmi ses chefs-d’oeuvre de la période Memphis : Casablanca (1981) étagère à cinq niveaux à la finition mouchetée. Carlton, un meuble multicolore aux subtils jeux d’obliques. Ornementation, humour, tribalité, couleurs, éclectisme… une joyeuse plongée dans le design du XXe siècle.
Galerie Azzedine Alaïa jusqu’au 25 mai.
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Parmi la liste des 100 personnes les plus influentes répertoriées par le magazine Time, Beyoncé a été choisie pour la couverture. Pour son portrait, la chanteuse a pris la pose avec un vêtement d’Alexandre Vauthier. Pièce de la collection haute couture du printemps été 2014, le maillot de bain deux pièces est porté avec une blouse transparente.
Beyoncé est notamment citée pour le lancement réussi de son album sans promotion et avec des ventes dépassant les records d’iTunes. Parmi les personnalités liées à la mode et à la beauté figure Phoebe Philo, la remarquable directrice artistique britannique de la maison Céline. Le mannequin Christy Turlington Burns est mentionnée pour son engagement pour la santé des mères de familles. L’Américaine Natalie Massenet est présente pour sa réussite dans ses créations d’entreprises de ventes de mode sur le net : Net-a-porter.com et Mr Porter.
Photo Paola Kudacki pour Time.
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C’est dans le cadre de la vente d’objets du Phocéa de Mouna Ayoub qu’ont été exposées et vendues deux robes de Jean Paul Gaultier, modèles de haute couture sur le thème « marin ».
Michel Pastoureau dans L’étoffe du diable tente de resituer l’histoire de la rayure marine : « Peut-être l’origine de ces rayures maritimes n’est-elle ni idéologique ni sémiologique, mais simplement textile. La chemise rayée des marins est… un tricot, un vêtement de dessous tenant chaud. Pour des raisons en partie techniques, la bonneterie européenne a surtout produit des pièces de vêtement rayées ». Ensuite historiquement « la société européenne a déplacé du grand large vers le rivage la rayure maritime ». Cette rayure bleu-blanc fleurit désormais en bord de plage et signe aussi la France version Armor Lux arborée par Arnaud Montebourg.
Adepte de la marinière, Jean Paul Gaultier l’a noblement réinventée en couture avec broderies et plumes. Les deux modèles de Mouna Ayoub sont des vêtements issus de ses collections. Pénélope Blanckaert, l’experte de la partie mode de la vente, décrit les modèles. Lascar est « une robe à bandes en tricot de soie marine et ivoire prolongée de plumes d’autruche laquées à décor de rayures ». Un même modèle a figuré dans l’exposition et le catalogue de « Les marins font la mode » (Musée de la marine en 2009). Il fut aussi porté par Caroline de Monaco au Bal de la rose de 2000. Emblématique, cette robe figure aussi dans l’exposition itinérante du créateur, « De la rue aux étoiles » actuellement à Londres au Barbican (voir l’antiblogue). Le modèle de Mouna Ayoub a été adjugé 28000€ (plus les frais).
L’autre modèle, Bateau-lavoir (collection la Parigote) joue aussi la rayure marine ; en défilé, il fut porté par la Parisienne Inès de la Fressange. Un pull en jersey de soie drapé sur pantalon à pont (seul exemplaire en dehors du prototype du défilé). Une enchère de 11 000€ plus les frais.
La mode, les deux temps forts de la vente du Phocéa.
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Pour célébrer son 25ème anniversaire, le parfum Eternity (Calvin Klein) reprend une de ses campagnes iconiques signée Peter Lindbergh en 1995.
Lancé en 1988, Eternity suggérait l’idée d’un amour sans fin (éternel ?), tournant la page à des années d’excès… Pour son mariage, Calvin Klein avait choisi d’offrir à son épouse l’alliance du Duc de Windsor donnée à Wallis Simpson et gravée du mot Eternity. Égérie du parfum, Christy Turlington le demeura jusqu’en 2006. La campagne la plus mythique est sans conteste celle de 1995, remise en avant aujourd’hui. Un homme, une femme et deux parfums. Photographiés par Peter Lindbergh, les mannequins Christy Turlington Burns et Mark Vanderloo portent à leur doigt un symbole clair de l’union amoureuse (et légitime) : une alliance. Reprise à l’identique aujourd’hui, la photo est accompagnée d’une nouvelle légende : « Time can’t touch us. Celebrating 25 years ». L’occasion de redécouvrir Eternity et la composition de Sophia Grojsman, un bouquet floral rose, violette, muguet…
Une édition anniversaire va célébrer les 25 ans avec une touche de gris métallisé. Le flacon, comme ceux des premiers grands parfums Calvin Klein a été créé par Pierre Dinand. Déjà dans l’air du temps en 1985, Obsession fut imaginé dans un registre de provocation, de liberté sexuelle assumée; plus tard Kate Moss nue en devint l’égérie. En 1991 Escape fut lancé pour prôner des valeurs saines et sportives, répondant à une nouvelle envie d’évasion, de nature.
Dans la prochaine collection de mode homme Calvin Klein pour l’automne hiver 2014, Italo Zucchelli a pensé à l’oeuvre d’Ed Ruscha et à son utilisation de mots écrits. Se retrouvent ainsi, imprimés sur des sweat-shirts, ces mots messages et parfums : Obsession et Eternity. Deux facettes du monde de Calvin Klein.
Plus tard, en 1995, CK One (design Fabien Baron), parfum mixte, unisexe, jouera sur l’ambiguïté entre l’un et l‘autre. Steven Meisel mettra en scène cette androgynie fashion avec une tribu de filles en pantalon et de garçons aux cheveux longs.
Des campagnes en noir et blanc en osmose avec leur époque et sur lesquelles le temps semble avoir moins prise.
C Peter Lindbergh
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