On va appeler ça une interview posthume. L’an dernier, début octobre, je me rendais à Cannes, au MIPCOM. Là, je rencontrais Steve Stark, producteur exécutif de The Event, alors fraichement lancée sur NBC. Il me parlait de comment éviter d’être comparé à Lost, et de comment produire une grosse machine en temps de crise. Plus de six mois après l’arrêt de sa série, son témoignage semble incroyablement optimiste… The Event commence ce soir sur Canal+ à 20h50.
Ça ne vous agace pas qu’on vous colle l’étiquette de « série qui veut prendre la place de Lost » ?
Je préfère autant voler sous le radar, ne pas jouer dans la cours des Abrams, Bruckheimer et consorts, créer la surprise. Enfin, c’est comme ça, The Event est une série attendue au tournant. Pour autant, ce n’est pas juste un « nouveau Lost », c’est un concept unique, et le public semble l’apprécier.
Ça ne change pas l’étiquette, qui a coûté très cher à Flashforward… Les gens regardent nécessairement votre série différemment…
Et nous la regardons différemment. Ce qui est arrivé à Flashforward nous a servi de leçon. Une de nos scénaristes a bossé sur cette série – on ne l’utilise pas pour cette raison, hein – et elle a pu nous apprendre pas mal de choses. A mon avis, ils avaient un superbe pilote, mais ils se sont perdus en flashbacks et en explications de ce qui s’étaient passé, quand nous allons nettement plus de l’avant. Nous avons quelques flashbacks, mais surtout pour donner de l’épaisseur aux personnages.
Et comment comptez-vous vous débarrasser de cette étiquette ?
D’abord, nous avons écrit cette série il y a 5 ans. Avant Flashforward, et donc avant que ne débute la compétition du « nouveau Lost. » A l’époque, Lost était juste une bonne série, pas un marqueur comme aujourd’hui… Mis à part ça, The Event a son propre style, son propre rythme, entre 24 et Lost. Enfin, et surtout, nous ne voulons pas frustrer les téléspectateurs, nous allons donc apporter des réponses aux questions que nous posons, chaque semaine.
Comment arrive-t-on à vendre une grosse production comme The Event en pleine crise économique et télévisuelle ?
C’est une histoire courte mais intéressante : j’avais dans mes cartons un polar assez classique, avec un léger twist, que je voulais vendre à NBC. Ils ont refusé, et au moment où j’allais raccrocher, ils m’ont dit « par contre, si vous avez une série à suspens, un blockbuster potentiel, ça nous intéresse. » The Event dormait dans mon tiroir depuis 5 ans, j’ai compris qu’ils voulaient tenter de combler le vide laissé par Lost, alors j’ai saisi ma chance !
Un gros budget, une nécessaire fidélité des téléspectateurs, une série feuilletonnante, n’avez-vous pas peur d’être sur un modèle qui se meurt sur les networks ?
C’est une réalité. Nous faisons notre mieux pour que les ressorts de The Event soient avant tout humains, émotifs, pour que les téléspectateurs se sentent concernés, s’attachent, reviennent. Les scènes d’action et la SF ne sont là que pour accompagner l’humain. La mythologie n’est importante que quand l’humain a accroché le téléspectateur.
« The Event. » C’est culotté comme titre. Si votre série n’est pas événement, vous allez vous faire charrier…
C’était notre titre de travail il y a 5 ans, et il est resté. Nous avons réalisé tardivement qu’il nous faudrait penser au marketing, mais nous n’avons rien changé. De fait, il y a un « événement » dans la série, et c’est autour de cet événement que tout tourne. Il va falloir que nous clôturions la saison 1 par un autre événement, qui lancera la saison 2…
Le 11 septembre est presque dix ans derrière nous. The Event tourne-t-elle le dos aux conspirations et autres menaces terroristes « tendances » depuis les attentats ?
Nous nous sommes plus inspiré des thrillers de années 70, aussi des films et des séries conspirationnistes. Nos personnages mystères sont aussi assez 70s’, dans l’esprit…
Certes, mais vous faites une métaphore claire de Guantanamo dès le pilote. Avez-vous des ambitions « politiques » ?
Bien sûr. Nous essayons d’aborder, de manière allégorique, des questions sociales universelles, l’immigration, les prisonniers, la torture, etc.
Votre président est Noir et Latino. Pour faire mieux que 24 ?
Ses origines ont un impact sur sa façon de considérer la situation dans laquelle il va se retrouver. Le fait qu’il vienne d’une famille d’immigrés Cubains est important – d’autant qu’il est Afro-Cubain, une minorité au sein d’une minorité aux Etats-Unis. Il y a 5 ans, il était juste latino, et quand nous avons trouvé Blair Underwood, nous en avons fait un Afro-Cubain.
Image de Une : The Event, NBC/Canal+
Perso, j’ai beaucoup aimé the Event.
Le non-suspense de ses derniers épisodes (on savait que la série allait s’arrêter) n’ont pas entamé mon plaisir, et la scène finale est géniale.
J’espère 2 saisons de plus, voir une seule, mais je sais que je ne l’aurais pas.
J’avais adoré Jericho de la même façon, et j’ai été très satisfait de leur capacité à boucler leur histoire sous la contrainte. J’aimerai que the Event se voit laisser une même chance.
Bon, en meme temps, une série où le président va interroger les suspects lui-même dans les cellules guntanamesques… Meme 24 a pas osé.
“Nous avons quelques flashbacks”
C’est ce qu’on appelle un méga euphémisme. Cette succession incessante de flashback de flashback de flashback de surflashback ont rendu cette série tellement indigeste… J’ai lâché au bout de 4 épisodes.
Ce qui est un peu dommage, car les flashbacks de flashbacks ( je te rejoins sur ce point) s’arrêtent à partir du 5/6 ème épisode pour se concentrer sur l’action.
Cela dit, la fin de saison est tellement frustrante lorsque l’on est pas sur d’avoir une saison 2 que je te déconseille de la finir.