J’ai eu la chance, il y a deux semaines, de faire une suite d’interviews dans le cadre des TCA, ces rencontres organisées par le syndicat de la critique américaine, à Los Angeles. J’y ai croisé le casting de True Blood, dont on reparlera ici et dans l’Hebdo Séries, celui de Enlightened, à venir sur HBO (et ici aussi), et celui d’Entourage, dont la dernière saison est en cours de diffusion outre-Atlantique, toujours sur HBO (avant d’arriver sur Orange Cinéma Séries et TPS Star chez nous). Je publierai ces interviews de temps en temps, et je veux commencer par celle de Jeremy Piven, alias Ari Gold, sans doute le plus charismatique des personnages, et le comédien le plus récompensé (3 Emmys et 1 Golden Globe du meilleur second rôle comique). Il y parle de son personnage, de son expérience, et du futur film qui bouclera la série. Cette interview contient quelques petits spoilers pour ceux qui ne sont pas à jour sur Entourage.
Comment Ari va-t-il gérer sa situation familiale… complexe (ndlr. au début de cette saison 8, il frôle le divorce) ?
Tout ce qu’il a fait jusqu’ici, il l’a fait pour sa femme et ses enfants – même si sa manière de prouver son amour est un poil insatisfaisante. Ça a toujours été la base du personnage pour moi, son excuse absolue pour justifier son comportement : il faisait ça pour le bien de sa famille. Le voir perdre ça, c’est le priver de ce qui lui permettait d’être attachant. Ne reste maintenant qu’un individu cruel. Prendre un personnage si impulsif et si agressif et le priver de sa confiance, le mettre à nu, a été un immense plaisir pour moi. Sans doute la meilleure façon de boucler son histoire.
Cela vous a-t-il permit de mieux comprendre Ari ?
J’ai toujours été très loin de ce qu’il est. Mon énergie est très différente de la sienne. Je suis quelqu’un de pausé, de calme, je viens du théâtre, de Chicago, je ne suis pas un requin hollywoodien. Tout ce qui compte, pour moi, c’est le boulot. Et si je peux gagner ma vie grâce au boulot, tant mieux. La devise de Ari, c’est « tout pour le pognon. » Ça a été une leçon pour moi de vivre avec lui durant ces huit saisons.
Comment cela vous a-t-il affecté ?
Intimement, j’ai beaucoup évolué. Je suis très attaché à la spiritualité, je reviens d’Inde, je fais du yoga, j’essaye d’avancer sereinement dans ma vie. Quand vous êtes acteur, vous ne demandez qu’à avoir du boulot. J’ai eu la chance d’avoir celui-ci pendant huit ans, je dois maintenant accepter de ne plus l’avoir, de consacrer plus de temps à ma vie hors des plateaux… Euh, vous êtes d’où déjà ?
… de France.
Ah… j’ai vu Man on a wire hier. Ce film sur ce funambule (Philippe Petit, ndlr). J’ai passé deux des heures les plus extraordinaires de ma vie. Ce type m’a inspiré. Il parle littéralement de vivre sa vie sur un fil, de prendre à bras le corps l’inconnu, la peur, de prendre des risques dans sa vie et sa carrière. C’est un héros. Je serais tenté de faire des choix sûrs, de jouer des personnages proches de moi…
Être acteur, c’est marcher sur un fil ?
Ça devrait l’être. C’est notre devoir. Notre boulot, c’est de sortir de soi, de créer quelque chose d’autre que nous, de prendre ce risque. J’ai le vertige. J’ai une trouille bleue dès que je me penche au dessus du vide. Mais je n’ai pas peur de faire la même chose en tant qu’acteur.
Qu’avez-vous fait de plus risqué dans votre carrière ?
Cette huitième saison. Il y a un moment, dans le dernier épisode, où Ari a une épiphanie sur sa vie, sur là où il se trouve. Ça a été un instant intense, assez effrayant, le genre de moment qu’un acteur attend pendant toute une série, la résolution du personnage. J’espère avoir été bon, j’ai l’impression de m’en être bien sorti…
La saison 7 était plus sombre que les précédentes. Va-t-on poursuivre la chute, ou revenir vers plus de comédie ?
Attendez de voir l’épisode 3, qui je crois reflète assez bien l’équilibre de cette saison : il est très sombre, mais Ari a sans doute certaines de ses meilleures scènes de comédies. Il est à nouveau célibataire, et il a son premier rencard en vingt ans, ce qui le met dans une position très inconfortable. Cette simple idée pourrait donner un film entier, une comédie romantique : un mec qui doit réapprendre à draguer…
Alors, plus sombre ou plus drôle ?
J’espère les deux. Plus drôle, mais plus sentimental. Je n’aime pas séparer le drame et la comédie. Les deux se mêlent.
Entourage a-t-elle selon vous cassé certaines idées reçues sur Hollywood ?
A mon avis, elle les a plutôt renforcé… Pour autant, en fouillant les personnages, en les humanisant, nous avons peut-être jeté une lumière neuve sur, dans le cas de Ari, un requin hollywoodien classique.
Avez-vous des regrets sur ces huit saisons ?
Personnellement, aucun. Je suis passé par tous les stades émotionnels, à travers mon personnage. J’ai tout donné. Je suis vidé. Ce que je déteste par-dessus tout, c’est quitter un tournage, une journée, une saison ou une série, avec l’impression de ne pas avoir donné le maximum.
Si Ari Gold devait vous donner un conseil de carrière aujourd’hui, que vous dirait-il ?
Mon prochain film, c’est Spy Kids 4D, qui pourrait faire un carton en salle. Ari dirait « bien joué ! » Mon film suivant est un film indépendant, très risqué, mon meilleur rôle dramatique (sans doute Angels Crest, ndlr), mais Ari dirait : « bordel, c’est quoi ces conneries ? » Ensuite, je joue dans un gros film avec Miley Cyrus, que Ari adorerait sans doute ! Je fais un peu de tout…
Va-t-on voir le film Entourage ?
Je pense, oui. La série n’est pas finie. Je continue de comprendre les personnages, de réaliser ce qu’ils sont, de saisir leur potentiel. Les sentir si « frais » après huit saisons, c’est laisser les téléspectateurs satisfaits mais avec encore assez d’appétit pour un film…
Et si HBO vous propose un spin-off d’Entourage centré sur Ari ?
Il y a de quoi faire… mais à mon avis ça ne se fera pas. C’est dingue, mais après huit ans, je pense qu’il y a bien plus à faire avec ce personnage. Ce serait une super série, mais personne ne me l’a proposé.
Photo : Jeremy Piven dans Entourage, HBO.
Une excellente série, avec peu de période faible, sur huit saisons, c’est rare! Ari Gold est devenu culte, c’est vrai que c’est plaisant de le voir “perdre le contrôle” dans cette fin de série.
[…] Interview : 20 minutes avec Ari Gold (Têtes de séries) […]
Peu de periodes faibles ?!?!!?
Seules les saisons 2-4 sont a garder. Tout le reste est a jeter a la poubelle. C’est une catastrophe.
Et si Ari Gold etait a peu pres le seul truc potable de la serie meme a son top, ce qu’ils font la est tout simplement delirant: casser l’essence meme du personnage. Ari Gold etait a la fois completement cingle, et en meme temps le seul type “normal” de la serie: il est marie, il s’entend bien avec sa femme, il ne la trompe pas, il ne prend pas de drogue, il a des enfants, il a meme une vague vie religieuse.
En le mettant sur le meme pied que les autres (qui baise Dana Gordon maintenant), il perd toute son essence.
Pour le reste Entourage est une serie qui fut marrante, donc, peu de temps, et sinon a vomir la plupart du temps: apologie de la drogue, filles qui sont TOUTES des putes (sauf Mme Gold jusqu’a peu) – elles couchent toutes en 5 mn pour le pognon ou sortir avec une star, etc…
100 ans de feminisme pour se retrouver avec un discours digne de Cro Magnon et d’Al Qaeda. Pas mal.