Après le décevant Sex & The City 2, les écrans français accueilleront bientôt (le 16 juin, précisément) une autre déclinaison ciné d’une série “culte”, L’Agence tous risques. S’il fallait choisir un programme aux antipodes des discussions cul et shopping de Carrie et de ses copines, la bourrine A-Team arriverait en bonne place. Pas franchement un sommet intellectuel lors de sa diffusion dans les années 80 — le statut de ses héros, anciens du Vietnam poursuivis (à tort) par la justice militaire conférait cependant à l’ensemble un petit côté rebelle pas désagréable — L’Agence tous risques, le film, ne s’avance pas avec le même passif que Sex & the City. Tout ce qu’on en attend, c’est se marrer un bon coup et voir de l’action. Tout spectateur capable de débrancher son cerveau à l’entrée de la salle sera, à ce niveau-là, comblé.
L’Agence tous risques, le film, est un “prequel” de la série, autrement dit une introduction au programme télé (le film se clôt d’ailleurs sur la fameuse phrase du générique, “… today, still wanted by the government, they survive as soldiers of fortune…”), retour sur la rencontre entre les différents membres de l’équipe et la mission qui les poussera à devenir des hors la lois. Le Vietnam a été remplacé par l’Irak (logique), l’histoire de “vol” complexifiée (il faut bien une intrigue), mais le fond reste le même : embauchés pour récupérer des planches à billets tombées entre de mauvaises mains, Hannibal, Futé, Barracuda et Looping se retrouvent accusés de vol et de meurtre, arrêtés et condamnés. Ils s’évadent et tentent de prouver leur innocence (avant, dans la série, de devenir des mercenaires au service de ceux qui “arrivent à les trouver”). Sur le grand écran, tout cela ressemble à une course poursuite géante de près de 2h. Comme dirait le poète : pif, paf, boum.
Les amateurs de castagne et de poursuites renversantes (surtout dans les airs) en auront pour leur argent. On compte une bonne demi-douzaine de scènes d’action chargées en testostérone dans L’Agence tous risques. La réalisation de ce petit film indépendant a été confiée à Joe Carnahan, qui a décroché son brevet de bourrin il y a déjà 3 ans avec Mi$e à prix (une pochade décevante, loin de son premier film plutôt réussi, Narc). Ça pète donc dans tous les sens (la scène finale est un déluge pyrotechnique), et on ne va pas s’en plaindre. Côté humour, c’est un peu plus décevant. Il faut une bonne demi-heure pour que les blagues commencent à faire leur effet. La séquence d’introduction du film, la rencontre des membres de l’Agence et leurs premières discussions (compilation militariste à la virilité machiste basse du front) est un sommet de connerie. Il faut un temps pour s’habituer au niveau intellectuel de “l’œuvre”, qui se laisse ensuite regarder sans déplaisir.
Reste une question majeure : peut-on apprécier une Agence tous risques relookée, avec un nouveau casting ? Là encore, on hésite. Barracuda sans Mister T, c’était mission impossible. Le champion d’ultimate fighting Quinton “Rampage” Jackson fait ce qu’il peut, singe au maximum son modèle, mais n’est convainquant qu’en action. Bradley Cooper (Alias, Very Bad Trip) est en revanche impeccable en Futé. Charmeur, déconneur, boosté aux anabolisants, il cabotine à la perfection. Le nouveau Looping, incarné par le Sud-Africain Sharlto Copley (District 9), est lui aussi très bien (même si on aurait rêvé de voir Jim Carrey accepter le rôle). Malheureusement, le chef de cette petite équipe, Hannibal, ne fait pas le poids. Clairement pas taillé pour ce genre de rôle, Liam Neeson n’est que l’ombre de George Peppard. Il n’a ni son charme, ni sa classe américaine (normal, il est Irlandais). Forçant sa voix, claquant ses répliques à ma manière d’un Horatio Caine, il se fait éclipser par Cooper, la vraie vedette du film.
Pas de quoi bouder son plaisir : L’Agence tous risques, le film, est une énorme bourrinerie débile, mais un décervelage de catégorie supérieure, qui n’insulte pas son modèle, et qui offre un divertissement satisfaisant — dont l’intrigue est lisible à des kilomètres, mais à l’excellent quota d’explosions par minute. Les fans de séries, tristes de ne pas voir apparaître les membre de la A-Team originale, pourront se consoler avec la présence de la très charmante Jessica Biel (à une époque cul-béni dans Sept à la Maison) et… d’un héros de série amateur de whisky, de passage sans doute pour arrondir ses fins de mois.
Image de Une : L’agence tous risques, 20th Century Fox.
“incarné par un inconnu total, le Sud-Africain Sharlto Copley” Il a quand même joué dans District 9 qui a était nominée au Oscar 😉
D’ailleurs ce qui n’ont pas vue ce film doivent absolument le regarder !
Bien vu. Je précise ça. Je n’ai pas vu District 9, un de ses 4 rôles seulement selon Imdb…
Merci beaucoup pour l’article, j’ai adoré votre ton! Continuez, je vous lirais avec plaisir!
Comme pas mal de séries cultes des années 1980, je doute que A-Team passe l’épreuve d’un visionnage en 2010. Gamin j’adorais, mais je pense qu’aujourd’hui je serais surtout navré par l’indigence des scenarii et le manichéisme des personnages, Mac Gyver repasse sur la TNT en ce moment, j’ai lâché au bout de 10mn!
Sinon je te conseille District 9, à voir absolument!!!
Et vive les filles de Toulouse 🙂
et est-ce qu’ils font autant de fer à souder? car c’est là la clé de leur succès!
Ah oui, plein ! C’est un des charmes du film, il est resté bricolo. Même pas sûr qu’on y voit un seul ordinateur. Que des cartes, des majorettes pour préparer les attaques de camions et du fer à souder…