Flics of New York

Le week-end dernier, j’étais donc au MIPTV, à Cannes. Et j’en profite pour publier cette semaine quelques-unes des interviews que j’y ai réalisées. Par exemple, une discussion en compagnie de Franka Potente (La Mémoire dans la peau) et Tom Weston-Jones (MI-5) à propos de Copper, la première prod exclusive pour BBC America. Un polar en 1864, l’époque de Gangs of New York (enfin, juste après), dans une Big Apple chaotique et merdeuse — littéralement. Dans ce projet drivé par Tom Fontana (qui est partout en ce moment) le britannique Weston-Jones incarne Kevin Corcoran, un flic dont la fille a été assassinée et la femme portée disparue, et qui tente de faire le ménage dans Five Points, le quartier irlandais. L’Allemande Potente joue elle une maquerelle d’origine… allemande, Eva Heissen, dans les bras de laquelle Corcoran vient se réfugier. La diffusion est prévue pour le 19 août prochain.

Difficile de ne pas rapprocher Copper des Gangs of New York
Tom Weston-Jones : C’est certain que la comparaison est inévitable. Les deux histoires se déroulent dans la même ville, à la même époque, mais sur la forme comme sur le fond, ce sont deux œuvres très différentes…
Franka Potente : Je suis une grande fan de Scorsese, mais Gangs of New York est très théâtral, Copper est bien moins dans l’emphase…
TWJ : Scorsese a exagéré les choses. Il a mis 25 gangs dans son histoire, quand dans la réalité il n’y en avaient en fait que 5 ou 6.

Où en sommes nous de l’histoire de New York au début de Copper ?
TWJ : La série débute littéralement là où s’arrête Gangs of New York, en 1864, à peine un an après les émeutes. Elles ont été maitrisées par des soldats unionistes, qui ont « fait le ménage » en ville. Kevin Corcoran est un de ces soldats, qui a du tuer des Irlandais. Il a quitté la ville, et la série s’ouvre sur son retour, quelques mois plus tard. Ce passé est important dans la fragilité du personnage.
FP : Oui, il y a une incertitude dans tous les personnages, qui sont des immigrants qui peinent à poser leurs bagages…

C’est une époque où l’Amérique prenait forme. Copper réfléchit-elle à ce qu’est l’Amérique, à l’époque et encore aujourd’hui ?
FP : Pas seulement sur l’Amérique, mais sur la planète entière. C’est une histoire de réévaluation des valeurs…
TWJ : Regardez ce qui se passe avec les révolutions arabes. Le monde bouge, il y a du changement dans l’air, comme à cette époque-là en Amérique.

La tendance est à la « rock’n’rollisation » de l’histoire. Qu’est-il de Copper ?
TWJ : Les personnages s’expriment dans une langue assez poétique…
FP : … qui est contemporain, moderne, mais avec un léger décalage, une touche particulière qui tient aussi au fait que le casting est européen, et que du coup vous avez tous ces accents qui se mélangent. Cette « rock’n’rollisation » dont vous parlez, je crois qu’elle vient du Roméo + Juliette de Baz Luhrmann. C’est l’exemple le plus extrême. A l’époque, je n’avais pas aimé, mais avec le recul je comprends que c’est un moyen efficace de rendre attrayante l’Histoire ou des textes classiques à une audience plus jeune. Ce doit être un outil, pas l’essence de l’œuvre. C’est ce qu’est la modernisation dans Copper selon moi.
TWJ : Par exemple, si on parle de langage, je n’ai pas encore eu une seule scène où mes dialogues m’ont parus trop complexes. Je suis du genre lent, et pourtant tout m’a semblé clair et moderne…

Copper est un polar. Quel genre ? Les Experts : 1864 ?
TWJ : Non, ça n’a rien à voir avec Les Experts ou NCIS. Sa marque de fabrique, c’est que c’est un bordel absolu. La police n’a presque pas de pouvoirs, elle fait juste ce qu’elle peut pour maintenir l’ordre. Les gangs sont bien plus forts qu’elle, et du coup les flics de la série sont une espèce menacée. Tout est chaotique dans ce New York, et Copper cherche l’humanité dans ce chaos.
FP : Vous connaissez The Shield ? (elle a joué dans 3 épisodes de la série, ndlr) Je retrouve le même genre de personnage, un antihéros, amoral, qui sait que pour faire son boulot, il doit passer des deux côtés de la loi.
TWJ : Corcoran est un antihéros oui, avec ses contradictions, ses failles, comme chacun d’entre nous.

Quel est l’impact de Tom Fontana sur la série et votre travail ?
FP : Ça fait pas mal d’années que je fais ce boulot, et j’ai rencontré de grands créateurs, mais peu d’entre eux vivent, respirent littéralement ce qu’ils font. Tom en fait partie. Il ne veut pas faire ce qu’il fait, il doit faire ce qu’il fait. C’est vital pour lui. Il n’est pas du genre à donner des leçons, mais il sait tellement de choses que vous ne cesser d’apprendre à ses côtés. Il est tellement cultivé !
TWJ : Tout ça lui semble naturel… Quand je lis les scripts, j’entends sa voix, ses indications sont limpides, même quand elles sont simplifiées. Il sait vous indiquer la bonne direction sans vous l’imposer.

Image de Une : Copper (Cineflix/BBC America)

Un commentaire pour “Flics of New York”

  1. Polar historique… New York… Tom Fontana… Le compte est bon!

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