D’une manière générale, j’ai une dent contre tout ce qui est remake, adaptation, spin-off, sequel de “classiques” ou de séries “cultes” — bref, de tous ces produits plus ou moins formatés qui cherchent à faire de la thune sur un autre produit qui, en son temps, fut glorieux. Je me suis acharné sur le remake catastrophique — le mot est faible — de Drôles de Dames. Ma prochaine grande angoisse : le nouveau Dallas, une suite attendue l’été prochain sur TNT. Bien sûr, l’original valait son pesant de stetsons, a eu un impact considérable sur l’image des séries américaines dans le monde et sur l’évolution des “prime time soaps.” Mais c’était une autre époque. Tout comme les “super véhicules” comme k 2000 et Supercoptère n’ont plus rien à faire à la télé, ce retour de Dallas me semble incroyablement anachronique.
Souvenez-vous de l’échec, il y a deux ans, de Dirty Sexy Money. Vrai “prime time soap”, plus souvent comparé à un “nouveau Dynastie”, cette série avec Peter Krause reposait sur l’auscultation vaguement fascinée et dégoutée de la vie d’une famille de milliardaires, de ses coups bas, de ses tourments, de ses mystères. Elle n’était pas si mal écrite, et servie par un casting de qualité. Mais, s’interrogeaient alors ses détracteurs, était-ce le bon moment, en pleine crise économique, de mettre en scène le luxe, et de faire d’une fortune un des thèmes centraux d’une fiction ? Sans doute que non. Les ados de Gossip Girl ou de 90210 s’en sortent, car cette richesse n’est pas la leur, c’est celle de leurs parents, et parce que — je risque une explication — ceux qui regardent ces séries, majoritairement des ados et de jeunes adultes, se laissent encore le droit de rêvasser devant tant de confort matériel.
En est-il de même chez les adultes, voire cette bonne vieille ménagère, clairement visée par une suite comme le Dallas de TNT, dont les héros sont les vieux J.R, Bobby, et leurs fils respectifs ? Qui croit encore, hors du fin fond du Texas et de quelques émirats, au fantasme du pétrole, à une époque où nos deux plus grandes peurs sont la faillite économique et la destruction de la planète ? Les images de la série, qui nous arrivent par trailers depuis le mois de juillet — le dernier en date est visible ci-dessous — semblent d’un autre temps, d’un autre monde, presque indécentes. Lone Star, tristement éphémère pépite de la rentrée 2010, avait brillamment mis en question le rôle du pétrole, en suggérant l’apparition d’énergies alternatives, et en amorçant une mise en danger du modèle à papa de Dallas. Qu’en sera-t-il dans ce sequel ? A voir les images de ses héros prenant une douche de pétrole, on n’attend pas de révolution.
Ces derniers temps, les scénaristes préfèrent nous envoyer dans les années 60 pour nous faire rêver de cigarettes, d’alcool, de voitures sans ceinture de sécurité et de sexe non protégé. Dans les années 80, les Ewing pouvaient se rouler dans le pétrole, et vendre leur essence à Michael Knight et consorts, qui roulaient dans des bolides surconsommateurs. Lors de son retour foireux et foiré, K 2000 aurait-elle du être hybride ? Peut-être… Les séries sont certes aussi faites pour rêver, mais des types comme les personnages de Dallas sont passés du rôle de fantasmes — même haineux, comme J.R — à celui d’ennemis de la planète, cumulant les doubles casquettes de pollueurs et de grands patrons. On aime détester les méchants, mais on ne se passionne pas forcément pour leurs petits combats…
Bref, la question centrale de ce post est donc (et vous êtes invités à y répondre) : une série est-elle mauvaise si elle ignore à ce point l’état des préoccupations de la majorité du public, autrement dit ici, le pétrole et la tune, dans un monde pollué et en crise ? Peut-être à tort, je trouve ce remake de Dallas daté, et je “crains” que seuls les plus de 60 ans y trouvent leur compte. Un avis qui n’est que renforcé par ce qu’on perçoit de la dramaturgie de la série dans ses bandes-annonces bien lourdes, où des acteurs lisses de chez lisse (Jesse Metcalfe est tout juste bon à couper des rosiers torse nu) se chamaillent comme dans les Feux de l’Amour. On est content de revoir Hagman — un type aussi cynique que son personnage, ce qui est humainement puant mais amusant — et Duffy, et on espère que ces deux là s’entretueront pour de bon. Pour le reste, ça sent déjà la critique impitoyable…
Image de Une : Dallas (TNT)
Peut-être que la négation du temps, le fantasme d’un retour dans le passé même (il ne s’agit même plus de conservatisme) peut trouver un public. Une expérience sociologique très intéressante: on compte sur vous pour un suivi de ce qui se passe dans cette série au niveau du récit et au niveau de son accueil aux US.
Les Etats Unis du Dallas des années 80 étaient aussi en pleine crise et en plein doute, autant idéologique qu’économique. Et la série a fonctionné… au delà de toutes les espérances de CBS.
Mais, à cette époque, elle a réellement changé la façon de faire des séries :
– tout d’abord avec le choix d’un VRAI feuilleton et pas une série à épisodes
– ensuite avec des cliffhangers bien travaillés
– enfin avec des personnages faillibles, humains, souvent bons et mauvais à la fois.
Dallas a ouvert la voie aux séries feuilletonantes des années 90, une autre façon de faire des séries, de meilleures qualité mais rentables.
Le remaque saura t il renouveler le genre ou se contentera t il d’un (mauvais ?) plagiat ?
Ce n’est pas un remake mais une suite.
@Benj : “le nouveau Dallas, une suite attendue l’été prochain sur TNT”, dans le premier paragraphe.
Déjà en terme de série, faut arrêter de recycler les éternelles recettes à succès, que ce soit des suites ou des remakes (tiens je parle de recyclage). La panique qui inonde les studios à la recherche de nouvelles idées équivaut à celle de la planète à trouver des solutions pour remédier au futur manque de pétrole.
Je suis (trop) jeune pour avoir connu la série “Dallas” 1ère du nom, et je sais que je suis trop vieux pour regarder celle que TNT va diffuser prochainement. Le casting est trop propre sur lui (pourtant j’aime bien Jordana Brewster, alias Jill dans “Chuck”), et en plus on rappelle les anciens papis pour bien lancer la série comme il se doit, et ça, ça a tendance à m’insupporter.
A choisir, autant rediffuser les anciens Dallas. La crise économique pousse les gens à regarder davantage de comédies que de drames (c’est pas moi qui le dit, c’est les audiences), histoire de penser à autre chose. Est-ce que voir une nouvelle génération de jeunes beaux/belles cherchant la richesse et le pouvoir au sein de conflits familiaux va cartonner? Pas sur… Moi je vois la série faire une saison gros max, p’tet une 2e si ça marche correctement, mais ça s’effondra car ça ne tiendra pas la route.
Tout a déjà été fait dans ce genre de soap en terme de rebondissement ou de cliffhanger pour que l’on puisse être surpris par ce Dallas 2.0 (ou “Dallas, 20 ans plus tard”, au choix). J’ai l’air assez critique, mais c’est parce que les images que j’en ai vu me pousse à penser ça.
Et pour répondre à la question du dernier paragraphe: une série n’est pas forcément mauvaise si elle va à l’encontre des préoccupations d’une planète, mais elle le sera si elle ne parvient pas à mettre ses atouts en valeur (le fond et la forme, pas uniquement l’un ou l’autre).
De toute façon les années 80 ne seront à la mode que dans 10 ans. Et reprendre des vieux standards ne fonctionne que si on innove ou qu’on décale Le ton voire, qu’on les parodie(ce que J’essaie de faire à travers un projet actuel). Nous verrons bien…
Heu, que je sache, les Forrester, héros de je ne sais plus quel soap, sont pleins aux as. Revenge fonctionne pas mal, Et Domtown Abbey aussi. je crois. Le problème n’est pas de mettre en scène ou pas des riches aux fortunes extravagantes, le problème est et restera toujours l’écriture. Et le traitement.
Bien plus que mettre en scène ou pas des riches, tenter un remake ou pas.
Déjà en son temps “Dallas” ne m’a jamais scotché devant la TV, alors aujourd’hui pas plus qu’hier je ne regarderais ce genre de série! 60 ans bien passés pourtant et Dallas restera toujours pour moi une série inintéressante, j’en ai vu qq minutes de certains épisodes par hasard et en zappant. Même dans les années 80 ça me paraissait déjà d’un autre temps! alors aujourd’hui cela relève carrément de la préhistoire.
Pas plus qu’hier, la suite aujourd’hui ne m’intéressera!
Nous avons eu en France les “années Tapi à tout crin”, cela a été assez dommageable sans en rajouter une couche avec Dallas et Cie.
Revenons à des valeurs humaines avant tout, et utilisons l’argent comme un moyen et non une fin en soi.
Pour avoir scotché devant un bon bout de Dallas à la toute fin des années 90 lors d’une année de fac désastreuse, je dois dire que je garde une certaine admiration pour cette série.
Cela pour au moins une chose : Bobby meurt, une saison entière passe, les fans le réclament évidemment, une nouvelle saison débute, Pamela s’y réveille après un atroce cauchemar aux côtés de Bobby : cette saison écoulée n’était qu’un rêve! Brillant de simplicité et de culot! Au bord du foutage de gueule, mais tellement plus franc qu’un vague pretexte comme “j’ai organisé ma disparition”, “j’étais amnésique, recueilli par des gens simples”, “défiguré, j’ais subi des opérations de chirurgie réparatrice et suis joué par un autre acteur”…
Je n’ai pas revu une telle audace jusqu’à l’invention de Dawn, la soeur de Buffy, implantée au début de la saison 5, sans plus d’explication pendant plusieurs épisodes.
Voilà, je trouve que ces séries ont inventé les meilleurs “twists” scénaristiques sans pour autant “sauter le requin”.
Mais ça n’est certes pas le sujet de l’article!
J’attends avec impatience le retour de “Brie-Comte-Robert”.