L’heure du bilan 4 : les actrices

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Pour certains, aujourd’hui, on fête la naissance d’un barbu chevelu. Histoire d’équilibrer un peu les choses, j’ai donc décidé de continuer mon bilan de l’année sérielle 2010 avec le top des… actrices. Par souci de galanterie, aussi, puisque les messieurs suivront dans quelques jours. Rappelons ici que ce bilan en 5 étapes ne concerne que les nouveautés, les séries sorties en 2010 (bon, pour la France, j’ai du bidouiller, c’est pas de ma faute). Donc, ce qui suit dans ce post est un top 5 des performances de comédiennes dans des séries diffusées pour la première fois en 2010. J’ai donc repris ma liste de nouveautés et… constaté que la télé est un monde de mecs. Les trois-quarts des nouveautés ont pour héros un homme. Et encore, je suis gentil. Résultat, de mes 5 actrices, une seule est un vrai premier rôle. Et aucune n’est nominée aux prochains Golden Globes…

Je ne vais donc pas vous parler de Julianna Margulies, d’Edie Falco, de January Jones ou de Toni Collette. Mais de…

5. Martha Plimpton pour Raising Hope.
Une habituée du petit écran, Plimpton a eu le bon goût cette année de figurer dans deux des meilleures nouvelles comédies : Raising Hope et How to Make it in America. Son rôle dans la série d’HBO étant limité (quoi que réjouissant), c’est pour sa performance en mère de famille redneck dans la comédie de la Fox qu’elle décroche cette cinquième place. Forcément un poil surjoué, avec l’accent, la clope, le look bien pourri et tout ce qu’il faut pour avoir l’air plouc (on est chez les créateurs de My name is Earl, il ne faut pas l’oublier), son interprétation parvient à toucher. De la beaufitude, donc, mais subtile. Son association avec le toujours parfait Garret Dillahunt est une des principales raisons de notre affection pour la série.

4. Laura Linney pour The Big C.
De toutes les nouvelles venues de cette année 2010, Linney est sans doute la plus à même de décrocher l’Emmy l’année prochaine. D’abord parce qu’elle prend la suite sur Showtime de Toni Collette et Edie Falco, toutes deux récompensées. Ensuite parce qu’elle joue une cancéreuse. Et c’est justement pour ça, et malgré sa très touchante performance, qu’on ne lui offre « que » la quatrième place de ce classement. Linney parvient à tenir un équilibre fragile entre le pathos et l’humour, mais on a tendance à s’agacer face à ces « rôles à prix », qui semblent avoir été écrits pour que la critique s’esclaffe devant tant de qualités. Linney est excellente (on le savait avant The Big C), sa série est très loin de la catastrophe attendue (on fait même partie de ceux qui la défende), mais on préfère ici les rôles moins artificiels.

3. Gretchen Mol pour Boardwalk Empire.
Je vous avais prévenu, on ira chercher les seconds rôles dans ce classement. Il y a d’autres personnages féminins intéressants dans Boardwalk Empire, mais je préfère de loin Gillian, la mère de Jimmy Darmody, à Margaret Schroeder (qui m’agace un peu) ou Lucy Danziger. Oublions tout de suite le fait que Mol n’a que 9 ans de plus que son « fils », Michael Pitt. C’est Pitt qui joue plus jeune que son âge. Mol, en danseuse de charme presque quarantenaire, incarne selon moi le personnage le plus troublant, le plus subtilement séducteur et touchant de cette rentrée. Une femme forte, qui ne tremble pas devant ces gros machos de mafieux. Et puis… quel sourire, quelle beauté !

2. Lauren Hodges pour Rubicon.
J’avoue, je suis un peu de mauvaise fois. Ma colère envers AMC pour l’annulation de Rubicon a ce genre de conséquences. J’attribuerais donc cette seconde place non seulement à Lauren Hodges pour son rôle de Tanya, mais à l’ensemble des personnages féminins de Rubicon et à leurs actrices, Jessica Collins, Miranda Richardson, etc. Pourquoi Hodges en particulier ? Parce qu’elle illustre à merveille la fragilité dépressive du casting de la série, où la cerne, le cheveu en bataille et la visible méforme physique sont des atouts. Petit gabarit, Hodges, aperçue dans In Treatment, ferait presque passer James Badge Dale pour un type bien dans ses baskets. Une seconde place pour Rubicon, et pour la délicatesse générale de l’interprétation de ses actrices (on en reparlera chez les hommes).

1. Melissa Leo pour Treme.
Melissa Leo est une des comédiennes les plus sous-estimées du moment. Ou du moins l’était-elle. Vu le nombre vertigineux de projets dans lesquels elle a été engagée récemment, on se plait à croire que Treme aura changé ça. Leo incarne avec une fragilité et une émotion déchirante Toni Bernette, avocate passionnée, humaniste, qui tient bon malgré l’adversité, qui se donne toute entière pour aider son prochain – une sorte de sainte, de martyr de la Nouvelle-Orléans post-Katrina. Impossible de ne pas souffrir avec elle, de ne pas verser une larme face à sa détresse. Et pourtant, Leo n’en fait jamais trop, reste fermée, douce, calme même quand la tempête détruit son personnage. Évite le pathos. Ces messieurs des Golden Globes ont fait une grave erreur en oubliant de la nominer. Et un de mes plus gros regrets de l’année 2010 restera lié à elle : j’étais en février dernier sur le tournage de Treme. Je n’avais pas vu la série. Après avoir interviewé les anciens de The Wire, un paquet d’acteurs, on me propose de passer un moment avec elle. Je ne la connais pas (et pourtant, elle jouait dans Homicide…). Je suis fatigué. Je passe. J’ai encore honte de mon erreur. Melissa Leo est grande, je suis tout petit. On ne m’y reprendra pas.

Image de Une : Melissa Leo dans Treme, HBO/Orange Cinéma Séries.

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