Rentrée US 2010-2011 : verdict !

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Il fallait bien la faire celle-là. Prendre le risque de classer les 23 nouveautés diffusées jusqu’à présent dans cette rentrée des séries US 2010-2011. En gros, seules les networks ont dégainées, à l’exception de Boardwalk Empire (HBO) et Terriers (FX). Ce qu’on pense de l’ensemble ? Fade. Mais tout n’est pas à jeter, loin de là. Forcément, ce petit classement repose sur un seul épisode de chaque série. Comme faire une liste et partir aurait été un peu facile, je vais tenter de justifier mes choix, pas toujours simples. Vous avez le droit de les détester, et de vous énerver dans les commentaires. Ça sert aussi à ça un blog, à s’en prendre plein les dents…

23. Chase.
What else ? On s’y attendait. Chase est un sous-polar sans saveur, au scénario ticket de métro, avec un casting de fonds de tiroirs. On détestait avant même la diffusion, et on est bien content que ça soit une daube. N’est-ce pas Mr. Bruckheimer ?

22. Hellcats.
Je dois être trop vieux pour ces conneries. Les héroïnes au super brushing qui s’agitent sur du Black Eyed Peas, ça me gonfle. Si je veux voir ça, je vais au Macumba, c’est moins loin et je risque pas de me faire choper par Hadopi. Parfait pour du bas de gamme CW façon 90210, le bébé de Tom Welling n’est même pas sexy, et à peine bitchy. Pom, Pom, Plouf…

21. Shit My Dad Says.
Shit nous aussi. Note pour les producteurs : un compte Twitter, c’est marrant quand c’est sur Twitter, et qu’on lit une blague par jour. Au bout de 32 vannes vaseuses, on en vient à vouloir zigouiller ce pauvre William Shatner, qui s’étrangle tout seul dans les décors les plus moches de l’année. Et si finalement il avait fallu censurer cette série ?

20. Outlaw.
On aime beaucoup Jimmy Smits, en candidat à la présidentielle, en flic ou en procureur taré. On serait à presque tout pour lui. J’ai dis “presque.” Parce qu’Outlaw et sa compilation de caricatures légales et de tirades bidons, c’est un peu trop pour nous. A 22h50 sur la TNT, on se laissera tenter, surtout si on est à moitié endormi. Sinon, sorry Jimmy…

19. Undercovers.
Quand on s’appelle J.J. Abrams, on est tenu à certains standards. Un auteur doué qui pond une série médiocre, ça s’appelle un plantage. Ou un foutage de gueule. Optons pour un foutage de gueule, un caprice bâclé de gosse de riche. Alias sans qualités, sans humour, sans suspens, sans acteurs dignes de ce nom (les deux héros de Undercovers sortent tout droit d’une pub pour Dunlopillo), ça fait pas Alias (qu’Abrams ai voulu revenir à ses premiers amours ou pas). On voulait du fun, on aura eu que du vide.

18. Mike & Molly.
Très mal classée, Mike & Molly ne manque pourtant pas de qualités. Cette sitcom produite par Chuck Lorre (Mon Oncle Charlie, The Big Bang Theory) a au moins le mérite de vouloir rire avec l’obésité. Le problème, c’est qu’elle ne rit pas “de l’obésité”, ce qui eut été nettement plus drôle. En humour, il faut savoir déranger. Malgré ses sympathiques gros de héros, Mike & Molly est bien trop gentille. On sourit à peine.

17. Nikita.
Ça aurait pu être bien pire. Dans le genre remake, on fait difficilement plus déjà-vu que Nikita. Cette version made in CW est distrayante, et quoi que cousue de fils blanc, pas désagréable. Les fans d’Alias (encore elle) s’amuseront. Ceux qui luttent contre l’anorexie à Hollywood s’inquiéteront de la forme de Maggie Q, si famélique qu’on l’imagine mal casser du méchant.

16. Outsourced.
Un Américain en Inde, l’idée pouvait être amusante. D’ailleurs, elle l’est. Cette comédie d’NBC commence plutôt bien, avec une jolie blague “post crise.” Et puis ça vire au gentiment raciste. Et une petite blague sur le nom des Indiens, une autre sur leurs vaches sacrées, une autre sur leur bouffe… On est sûr que ça va s’arranger, et on suivra peut-être même ça avec plaisir. Mais on est un peu gêné, pour le moment. Sur FX (Philadelphia, Louie), on aurait applaudi l’irrévérence des commentaires déplacés. Ici, on ne sait pas trop sur quel pied danser… Du coup, on n’ose pas trop rire. Dommage.

15. Law & Order : Los Angeles.
15e. Ou 23e. Ou hors compétition d’ailleurs. Law & Order, c’est bien. C’est sympa quand on tombe dessus au milieu de la nuit sur TF1. Ça se respecte. Mais pourquoi cette version hollywoodienne ? Demandez à Dick Wolf, il vous répondra : “parce que.” Et c’est exactement ça, parce que. Sans doute que ceux que ça intéresse regarderons aussi “parce que.” On est content pour eux, parce qu’au fond, c’est une série tout à fait correcte L&O : LA. Mais on s’en fout un peu.

14. The Event.
C’était bien, en fait, FlashForward. On aurait du regarder plus souvent. ABC n’aurait pas du l’annuler. Parce qu’en matière de Lost Wannabe”, The Event, ça pète pas des briques. Le premier épisode avait certains arguments, alors on est aller voir le second. Et c’est mauvais. L’intrigue (on ne dira rien, hein, pour ceux qui veulent regarder quand même) sent à plein pif le réchauffé et la conspiration à la petite semaine. Ça aurait pu faire une chouette série B, mais les personnages sont vraiment trop niais — à commencer par le sous David Palmer incarné par Blair Underwood, qui finira par nous faire une Bill Pulman dans Independance Day et monter dans un avion de combat. Bref, pour l’instant c’est raté, et on doute que ça s’améliore. “Not Attending”, comme on dit sur Facebook.

13. The Defenders.
A la différence d’Undercovers ou The Event, cette série légale ne nous promet pas la lune. Avec un duo pareil, Belushi /O’Connell, on pouvait s’attendre au pire. Mais non. Produite par Carol “CSI” Mendelsohn, cette petite chose made in Las Vegas n’est pas si désagréable que ça. Ça cabotine à 200 à l’heure, mais l’enquête du pilote n’est pas si mal, et les deux acteurs vont bien ensemble. Pas de quoi crier au génie, mais Jerry O’Connell tient peut-être sa première série non annulée précocement depuis Sliders.

12. Better with you.
Comme la plupart des sitcoms, il faudra un peu de temps pour confirmer notre première impression. Mais on a rit. Une ou deux fois. Et le reste du temps, on a trouvé ça sympa. Et c’est déjà pas mal. Ce sont des anciens de Friends (et de Joey, mais ça ne se fait pas de le dire…) qui sont aux manettes de cette histoire de couples à New York. Avec un peu de chance, ça donnera donc de quoi détendre nos soirées entre deux épisodes de Community et Eastbound & Down

11. The Whole Truth.
Est-ce le retour de Maura Tierney, qu’on aime bien, ou le capital sympathie (si, si) de Rob Morrow, mais on trouve ce drame légal plutôt agréable. Comme dans Outlaw, c’est bourré de caricatures, mais au moins, elles sont assumées. Parce que la loi, dans cette série-là, c’est du spectacle. Le concept est plutôt bien utilisé : on passe de la défense à l’accusation toutes les cinq minutes, pour ainsi voir l’enquête des deux côtés de la barre. C’est un poil trop frime, mais ça fonctionne, malgré une chute de premier épisode qui laisse poindre un doute : si le “toute la vérité” du titre sous-entend que jamais nous ne seront laissés dans le doute à la fin d’un épisode — l’accusé était-il vraiment coupable ? — alors on risque de ne pas revenir souvent.

10. Running Wilde.
Le nouveau projet des créateurs de Arrested Development entre de justesse dans le Top 10. Parce qu’on les aime bien, qu’on aime bien, aussi, Will Arnet et Keri Russel. Sinon, il faut l’avouer, on est déçu. Passé la blague du cheval nain, complétement nulle et du coup à se tordre de rire, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent dans le pilote de Running Wilde. Arnet cabotine, Russel secoue ses belles boucles, et les scénaristes écrivent plein de trucs super loufoques, mais le résultat sonne creux. Alors pourquoi une place dans le Top 10 ? Parce qu’on espère que les choses vont s’améliorer.

9. No Ordinary Family.
Je sais, No Ordinary Family n’a rien à faire dans le Top 10. Il a suffi d’une fuite cet été pour que tout le monde commence à descendre en flèche la superproduction d’ABC. Oui, toutes ses séquences familiales sont cul-cul la praline (ce qui est fort regrettable vu qu’il y a “famille” dans le titre). Oui, on espère que les deux gosses se feront butter fissa par les méchants (dont le père de 7 à la Maison, ahahahahahahahahahaha. Pardon). Oui, tout ça sent fort la morale à deux balles cinquante, du genre “tous unis, nous serons une belle famille.” Mais Michael Chiklis est très bien, Julie Benz fait bien le boulot, Romany Malco fait un bon pote d’excellente facture, et toutes les scènes d’action sont impeccablement réalisées. Alors, si ça bastonne un peu, on restera. Juste pour le “No Ordinary”, même sans le “Family.”

8. Hawaii Five-0.
Et si ça nous faisait un plaisir très coupable ? Je prends le risque. Bourrin, très buddy movie, le remake le plus frime de l’année fera un malheur sur M6/TF1 en prime time. Et même que si on n’a rien de mieux à faire, on regardera. Dans le désordre. Sans réfléchir. Parce qu’Hawaii Five-0, c’est con, mais alors très con. Mais du coup, c’est assez bon. Pardon.

7. Terriers.
Face à une concurrence comme Hawaii Five-0, un petit polar du câble produit par Shawn Ryan (The Shield) a intérêt à faire au moins 7e du classement. Terriers ne casse pas des briques, mais Donald Logue et Michael Raymond-James sont assez crados et déglingués pour qu’on suivent leurs enquêtes de plus près. Avec un peu de pot, elles pourraient bien s’ajouter à la liste des plaisirs coupables… avouables.

6. My Generation.
Je sais, celle-ci est déjà annulée. Et alors ? Faux documentaire sur une bande de lycéens de 2000 retrouvés en 2010, My Generation avait tout du projet bancal, mal foutu, destiné à âtre annulé… mais qui avait quelque chose à dire. Une idée. Un sujet. On appelle ça un concept original, et ça mérite à l’aise une belle place dans ce classement. RIP.

5. Blue Bloods.
On attendait un peu mieux que le sympathique polar aperçu dans le pilote, mais Blue Bloods, concocté par quelques anciens des Soprano, est loin d’être un échec. Ce projet, qui lorgne clairement du côté du cinéma de James Gray perd un peu trop de temps avec ses enquêtes secondaires banales, mais son histoire de famille et de société secrète pourrait valoir le coup. Et puis Tom Selleck à moustache…

4. Raising Hope.
Raising Hope est la série la plus drôle de la rentrée. Et la comédie la mieux troussée. Imaginée par les créateurs de My Name is Earl, elle propose le même genre d’histoire de rednecks et de renaissance — ici, une naissance tout court. C’est vivant, touchant, joyeusement beauf, et Garret Dillahunt est formidable en père de famille ado attardé. Mieux, derrière l’humour, cette série pourrait avoir de quoi faire une belle comédie dramatique, avec quelques personnages secondaires qu’on sent plutôt bien (la caissière, par exemple). A suivre, donc.

3. Detroit 1-8-7.
Au départ, ça devait être un “documenteur” sur la police de Detroit. Avec plein d’humour. Finalement, c’est un polar filmé à l’épaule, réaliste, sombre, mais non dénué d’humour. Un projet un peu bancal mais prenant, qui lorgne de très très loin vers The Wire, plus sûrement vers Southland ou New York 911. De bien belles références, et, en super bonus, l’excellent Michael Imperioli, qu’on attend toujours de voir exploser depuis la fin des Soprano. Allez, cette fois-ci, c’est la bonne !

2. Lone Star.
A force de vous en parler… Oui, Lone Star est aussi annulée. C’est triste. Non pas que la Fox tenait là un chef d’œuvre, mais une vraie belle histoire originale, joliment mise en scène, avec plein de très beaux morceaux pop dedans. Faisons au moins un pari sur les cendres de Lone Star : son héros, James Wolk, quasi débutant, deviendra grand. RIP (bis).

1. Boardwalk Empire.
C’est presque trop facile. On aurait presque dû la mettre en hors compétition. Pas les mêmes moyens, pas les mêmes plumes (Terence Winter, ex-Soprano, décidément ça en fait beaucoup cette année…), pas la même réalisation (Martin Scorsese, anyone ?), pas le même casting (Steve Buscemi, Michael Pitt, Michael Kenneth Williams…) que la concurrence. On attendra encore un peu pour crier au chef d’œuvre (surtout que les drames historiques, ce n’est pas précisément ma came), mais placer Boardwalk Empire a une autre place que celle de numéro 1 aurait tenu du crime de lèse majesté.

Image de Une : Boardwalk Empire, HBO.

7 commentaires pour “Rentrée US 2010-2011 : verdict !”

  1. Je suis plutôt d’accord avec le classement : mais par défaut malheureusement… Il n’y a pas grand chose d’excitant dans tout ça. Oui Boardwalk Empire se doit d’être premier, sauf que : par défaut aussi. Franchement, malgré les moyens et une vraie ambition esthétique, la série a du mal à prendre vraiment de l’ampleur. On s’ennuie la moitié du temps…

    Moi mon plaisir coupable, pour le moment, c’est pas HawaII Five O mais Nikita qui est franchement divertissante, plutôt bien produite et bien montée.

    Je m’étonne juste de l’absence, même si elle est sortie un peu tôt, de Rubicon. Avec la médiocrité de cette rentrée, on peut faire une petite entorse aux règles et décider de la mettre dans le classement. La série est splendide, haletante et attachante… La meilleure des nouveautés

  2. Rubicon date de la saison 2009-2010, cession d’été. Pas de 2010-2011. Voyez mon classement des séries les plus attendues de l’été. Et oui, c’est brillant !

  3. D’accord avec ton classement, pour ce que j’ai vu des nouveautés. J’ai raté Lone Star, je vais regarder cela, 2ème de ton classement, ça doit valoir le coup.

    Et @SebAda, Rubicon aussi, faut que je la vois! Cette série, je n’en ai pas entendu parler à sa sortie, mais depuis, quel bouche à oreille! (ou quel clavier à écran…)

  4. D’accord avec ce classement et le commentaire sur Rubicon. Je rajouterai trois arguments :
    1/ la série prend le temps. Pas de frénésie, d’explosions, de courses poursuites… C’est rare à notre époque et ça fait du bien.
    2/ James Badge Dale est un putain de bon acteur et Jessica Colins est d’une beauté rare.
    3/ C’est très personnel mais Rubicon me rappelle les Trois Jours du Condor.

    Au passage, bravo à Pierre pour tes articles toujours très agréables à lire dans les choix et les arguments.

  5. c’est vraiment une rentrée moyenne voire très moyenne. Le signe? c’est que personne ne s’étripe dessus. Et ça sur un classement de 23 séries!
    Est ce que Walking dead va faire mouche? Caprica la suite, Spartacus dont l’acteur principal n’est pas guéri vont ils continuer sur leur lancée critique? Et HBO va t il enfin nus faire vibrer à nouveau (A game of thrones pourrait être son nouveau joker..). Mince je suis à nouveau dans la prospection.
    On remarquera aussi que depuis Big Bang Theory, les comédies ont du mal à accrocher par leur originalité..(Et on aimerait que Ted trouve enfin the mother). Désolé pour ce cmmentaire un peu confus, Pierre. Sinon c’est une des rares fois où tu es aussi tranché dans tes critiques ou tout du moins que tu t’expliques aussi directement.

  6. et Haven? Moi j aime bien! 🙂

  7. Haven, c’était cet été. Nous parlons de la rentrée ici. 🙂

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