Et de deux. Après Lone Star mercredi, c’est My Generation qui vient de prendre la porte. La série d’ABC est passée sous la barre fatidique des 4 millions de téléspectateurs, et le couperet est tombé. Deux épisodes et puis s’en va. “C’est la vie”, comme on dit là-bas. Cette drôle de série en forme de documentaire, qui suivait les retrouvailles d’un groupe de lycéens de l’an 2000 en 2010, n’était pas un chef d’œuvre, loin de là. Elle était bourrée de défauts, même, d’exagérations, de ratés. Mais elle proposait quelque chose d’autre. Pas un polar, pas un drame légal, pas un soap, pas un bidule fantastique sans âme à la The Event. Elle osait. Mal, mais elle osait. Et elle a pris la porte. Lone Star, My Generation, deux des séries les plus originales de l’année américaine ont donc fait leurs cartons les premières. Et, oui, je me répète, mais l’inquiétude monte. L’ambition serait-elle sur le point d’être bannie des networks américaines ?
Une des grandes forces de la fiction outre-Atlantique, ne cessions-nous de répéter, c’est le droit à l’erreur. Le temps laissé aux œuvres pour faire leurs preuves. Une série en laquelle croit une chaîne, disait-on, pourra prendre le temps de convaincre. Au moins on lui laissera quelques épisodes. En 2009, l’ambitieuse Kings, sur NBC (une relecture moderne de la Bible et de la vie du Roi David), avait eu droit à cinq épisodes avant d’être décapitée. Elle avait été changé de case horaire, on avait tenté en vain de lui trouver une place… l’enterrant chaque fois un peu plus. Au moins l’ensemble des épisodes tournés avaient-ils été diffusés. Ce genre de “faveurs”, ces tâtonnements sont révolus. Aujourd’hui, on tranche. Un premier épisode décevant en audience ? On vous en laisse un deuxième, sait-on jamais. En fait, on sait très bien. On ne remonte jamais dans les audiences. On limite la casse, mais on ne double pas son auditoire…
On ne peut pas en vouloir aux grandes chaînes de vouloir se débarrasser de séries sans public. C’est la loi du business. Le vrai problème, c’est cette annulation brutale, rapide, sans pitié. Chaque année, elle se raccourcit. Même Profit, pourtant bien plus dérangeante et encore moins bien accueillie que Lone Star et My Generation, avait eu le droit, en 1996, à quatre épisodes (sur huit produits, les quatre suivant ayant été diffusés… en 2002). En laissant aussi peu de temps aux producteurs et scénaristes, les networks (on ne parle ici que des grandes chaînes, pas des chaînes du câble) poussent insidieusement à l’efficacité. Un joli mot, a priori. En fait le pire de tous. Il faut trouver vite son public, plaire sans tarder, être “efficace”. Et on ne fait pas ça en choquant ou en provoquant, en amenant quelque chose de nouveau. On le fait en caressant les téléspectateurs dans le sens du poil, en faisant appel à ce qu’ils aiment déjà. En bannissant l’originalité au profit du près-à-consommer.
Cette rentrée américaine a déjà montré l’avancée du phénomène, avec une pelleté de séries déjà vues, de Hawaii Five-0 à Law & Order : Los Angeles en passant par quelques sitcoms sans grande saveur. Seules Lone Star (annulée), My Generation (annulée) et Detroit 1-8-7 (qui s’accroche pour l’instant) semblent avoir quelque chose à dire (ce qui ne veut pas dire que d’autres programmes comme Raising Hope ou Blue Bloods sont à jeter à la poubelle — d’ailleurs, on fera lundi un classement des nouveautés). Il est fort à craindre que la saison prochaine soit encore pire. Quel network va prendre le risque de lancer une série condamnée à dégager après deux épisodes, boudée par un public lentement habitué à la médiocrité ?
Tout à fait d’accord avec toi, bien que moi je sois vraiment dégoûtée que My Generation ait été évincée comme ça : elle avait du potentiel, cette série. Et même si c’est évident qu’il y a avait des maladresses, le côté cliché des personnages était vraiment assumé je pense. Bref, ton billet m’a fait prendre conscience de la nouvelle norme des chaînes US et ça fait bien flippé
“Ce genre de “faveurs”, ces tâtonnements sont révolus. Aujourd’hui, on tranche. Un premier épisode décevant en audience ? On vous en laisse un deuxième, sait-on jamais. En fait, on sait très bien. On ne remonte jamais dans les audiences. On limite la casse, mais on ne double pas son auditoire…”
Les annulations précoces de Lone Star et My Generation sont tout à fait logiques étant donné leur taux plus que faible sur la cible des 18/49 ans chères aux annonceurs. La première faisait à peine jeu égal avec Gossip Girl et la seconde s’est fait battre nettement par The Vampire Diaries, deux séries de la CW, une chaîne qui éprouve bien des difficultés à réunir 3 millions de personnes.
Bref, ces deux séries sont quasiment mortes-nées. Il n’y avait rien à construire avec un public aussi… absent. Elles sont partie de beaucoup trop bas. Si l’echec avait été moins prononcé, elles auraient peut-être satisfait leur commande initiale de 13 épisodes. Dans le cas présent, on était loin du compte, on est presque dans une situation où W9 ferait jeu égal ou battrait M6 pour faire une grossière comparaison.
En tout cas, ces deux flops magistraux sont le fruit d’un ensemble de choses. Pour commencer, Lone Star avait affaire à une concurrence des plus rudes -on sentait le bide venir de loin- et My Generation n’était pas particulièrement accrocheuse (d’ailleurs, la première…).
ca me donne une idée Pierre. Pourquoi ne pas faire un article sur ces petites séries de qualité/prometteuses qui ont eu une vie trop courte. Parfois d’ailleurs avec des fins abruptes. J’ai beaucoup aimé Kings malgré quelques défauts aussi et son destin a fait que jamais on ne saura comment fini l’intrigue.
Je pense d’une manière plus générale que les séries misent sur des valeurs sures. LE public devient exigeant et surtout assez formaté. Il n’y a guère que sur les chaines payantes que l’ambition (aidée par l’argent bien entendu) peut fonctionner. Mon Friday NIght Lights adoré est peut être l’exemple d’une série qui a changé de réseau, de budget mais qui continue malgré tout.. Et qui aurait pu s’arrêter à la première saison.
Pas d’accord. Les networks executent les series qui ne marchent pas, tres vite, depuis des annees. Rien de nouveau.
Au contraire, ces dernieres annees ils ont au moins propose l’ensemble des episodes sur internet surtout pour les series de type feuilletonantes. C’est donc mieux qu’avant.
Alors oui ici ils annulent apres juste 2 episodes plutot que 4 dans le passe – mais on a aussi rarement vu des audiences aussi basses pour des networks. Ces series n’avaient aucun potentiel d’audience imaginable.
Le “coupable” c’est donc plutot le public. Le public de “qualite” est passe sur le cable et n’attend plus grand chose des grands networks. Les autres ne veulent que du CSI et autres variantes.
Et puis, quand meme soyons serieux: ces deux series etaient l’une mediocre, l’autre completement nulle. Aucune injustice ici.