Le temps où les séries familiales ressemblaient à la Petite Maison dans la Prairie est révolu. L’image de la famille, aux États-Unis mais aussi chez nous, ne cesse d’évoluer, de se redéfinir, de rejeter les modèles classiques pour multiplier les possibilités – et donc les scénarios. Plus gros succès critique de la dernière rentrée américaine, Modern Family (ABC) porte jusque dans son nom ce désir de renouveau. Parenthood, lancée cette semaine sur NBC, sur un modèle plus classique, se penche aussi sur la complexité du lien familial, source inépuisable de réflexion sociale, psychodramatique et comique (à la manière d’un Brothers & Sisters).
Famille moderne, Parentalité, Frères & Sœurs, on fait difficilement plus didactique. Demi-copie de Fais pas ci, fais pas ça, autre réussite de peinture familiale (cette fois-ci hexagonale), Modern Family met en scène une famille volontairement (et humoristiquement) hétéroclite, en trois foyers : la fille, mère de famille, active, mariée, le fils, gay, en couple et récemment papa, et le père, vieux riche marié à une beauté de trente ans sa cadette. Décomposée, recomposée, multiculturelle, multiraciale, etc. cette famille-là n’a plus grand-chose de traditionnelle, si ce n’est une batterie de valeurs et d’idées préconçues sur l’éducation, malmenées par la série. Surtout, on s’y déteste joyeusement, quelles que soient les générations, entre mères et filles, entre conjoints, entre beau-fils et beau-père, etc.
Parenthood est elle axée toute entière sur ces relations transgénérationnelles, et sur la difficulté de se débarrasser de son œdipe, de ses complexes vis à vis de ses frères ou sœurs, des vieilles rancunes… Même chose que dans Modern Family, ici, on décompose, on recompose, on divorce, on se remarie, on est frères, demi-frères, demi-demi-sœurs, et la table du diner familial s’allonge, chaque couvert devenant une source de conflit et de remise en cause du lien familial. Évidemment, Modern Family comme Parenthood étant des séries de network, grand public (quoi que tout à fait honnêtes, surtout la première), il n’est pas question ici de provoquer et de contester avec la force d’un Six Feet Under ou d’un John From Cincinnati. Reste une volonté, fort louable, des séries, de proposer une image rénovée de la famille : aussi complexe, composite et insaisissable que ce qu’elle tend à devenir dans nos sociétés.
Image de Une : Parenthood, NBC.