Les Césars… des séries

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On va encore me prendre pour un rigolo, qui s’amuse à faire des posts absolument dispensables, mais cette fois-ci, j’ai une excuse : ces “Césars des séries” m’ont été suggéré par ma rédaction en chef chez Slate. Du coup, c’est sans la moindre hésitation que ce blog se prête ce samedi à un drôle d’exercice : reprendre une par une les principales catégories des Césars, et les transformer en catégories liées aux séries. Attention, puisqu’on est en France avec les Césars, on reste en France. Pas si simple de trouver de la matière pour varier les plaisirs, aussi on ne s’étonnera pas (comme c’est d’ailleurs souvent le cas aux vrais Césars) que les mêmes œuvres réapparaissent plusieurs fois. Comme d’habitude, je n’ai pas le monopole du bon goût, ni l’omniscience critique, vous êtes donc vivement invités à critiquer mes choix dans vos commentaires.

Voici donc mes Césars des séries 2010, concernant les séries diffusées en 2009 et début 2010 (jusqu’à très récemment, voir jusqu’à dans quelques semaines. Dans ce cas, c’est une invitation à jeter un coup d’oeil…)

Meilleure série : Pigalle, la nuit (Hervé Hadmar et Marc Herpoux, Canal +). Attendez-vous à voir ces noms-là réapparaitre dans cette “cérémonie.” Avant-même de voir Pigalle, on avait un faible pour le travail des deux compères, déjà auteurs des ambitieux Oubliés. Hadmar et Herpoux, malgré les quelques longueurs de leur histoire, osent l’originalité, osent tourner à leur sauce les règles des séries américaines, prendre des risques, et font avancer, pour de bon, la fiction hexagonale. Une mention spéciale aussi à Kaamelott (M6), monument de la télé française, qui s’en est allé avec classe en 2009.

Meilleur Réalisateur : Hervé Hadmar et Marc Herpoux (Pigalle, la nuit, Canal+). Rebelote. Et pour les mêmes raisons : l’ambition et le goût du risque. Filmée en longue focale, loin des personnages, au milieu de la foule du quartier de Pigalle, figurants pour de vrai, Pigalle, la nuit assume son réalisme (caméra à l’épaule, images qui tremble) tout en soignant son onirisme (lumières saturées, scènes fantasmagorique). On finit certes par avoir la nausée des plans des mêmes rues et des mêmes devantures saturées de néons… mais n’est-ce pas ce que ressentent aussi les personnages de la série ? Une mention à Braquo (Canal+), noir de chez noir, qui profite forcément du savoir-faire de son créateur Olivier Marchal et de son bras droit Frédéric Shoendoerffer.

Meilleur Acteur : Simon Abkarian (Pigalle, la nuit, Canal+). Rassurez-vous, après, je me calme sur Pigalle, mais c’est une évidence tellement Abkarian est bluffant en patron de sex-shop. Tour à tour flippant, touchant et drôle, il mérite haut la main ce titre. Un grand acteur, trop peu connu du grand public.

Meilleure Actrice : Valérie Bonneton (Fais pas ci, fais pas ça, France 2). Ses détracteurs diront qu’elle est hystérique, mais la performance de Bonneton en mère de famille au bord de la crise de nerfs est un délice. Son “à table” est devenu culte, et la tristesse qui se dégage de son humour est une preuve qu’on ne tient pas ici une simple interprétation bouffonne. Là aussi, une actrice de talent, peu connue du grand public.

Meilleur Acteur dans un second rôle : Franck Pitiot et Jean-Christophe Hembert (Kaamelott, M6). Les Perceval et Karadoc de Simon Astier sont non seulement totalement “cultes”, mais à se tordre de rire. Pour services rendus pendant six saisons, levons nos vers à ces imbéciles heureux, qui méritent au moins un César. “C’est pas faux.”

Meilleure Actrice dans un second rôle : Anne Girouard (Kaamelott, M6). Kaamelott offre une telle collection de seconds rôles qu’ont aurait eu tort de ne pas s’y servir. En Guenièvre naîve et bigote sur les bords, Anne Girouard est parfaite. On aurait aussi pu décerner ce prix à Audrey Fleurot, hilarante Dame du Lac, mais on préfère attendre la saison trois d’Engrenages, au printemps sur Canal+ (Engrenages, grande absente de l’année 2009 par ailleurs).

Meilleur Espoir Masculin : Joseph Malerba (Braquo, Canal+). Joseph Malerba n’est pas un nouveau venu (il a joué dans des paquets de séries françaises et au cinéma, récemment dans Mesrine), mais sa présence animale et son jeu brut en Walter, flic en détresse et père de famille malheureux, sautent au visage. Le PAF a besoin d’acteurs aussi impressionnants, à des années lumières du lisse et du joli brushing.

Meilleur Espoir Féminin: Céline Sallette (L’Ecole du pouvoir, Canal+/Arte). Toute en retenue, émouvante, sa prestation dans cette très bonne mini-série sur l’ENA promet à cette actrice encore méconnue de beaux lendemains. A suivre, donc.

Meilleure Adaptation : Les Invincibles (Making Prod, Arte). Vous ne les connaissez pas encore, mais Les Invincibles arrivent la semaine prochaine sur Arte. Une comédie adaptée d’un format québécois, et notre coup de sympathie de ce début d’année 2010. Quatre potes décident de tout reprendre à zéro et de rester jeunes, malgré la trentaine menaçante. Léger, intelligent (la trentaine masculine est un sujet encore à explorer à la télé) et rythmé. Arte a déjà commandé deux saisons. On lui en souhaite bien plus.

Meilleur web série (remplace le court-métrage) : Le Visiteur du futur (www.levisiteurdufutur.com). Un bon gros délire SF filmé avec deux fois rien, preuve ultime que la websérie est un des avenirs de la série tout court. Tout est dans le titre de cette comédie où un type catastrophiste ne cesse de débarquer du futur pour prévenir un jeune et ses potes de cataclysmes à venir. 5 petites minutes par épisodes, à voir pour se faire une idée de l’inventivité des “amateurs”.

Meilleure série étrangère : Breaking Bad (AMC, Orange Cinéma Séries chez nous). Faut-il encore présenter Breaking Bad ? Walt White, prof de chimie, père de famille, loser né, découvre qu’il est atteint d’un cancer en phase terminal. Pour éviter que sa famille se retrouve dans le besoin à sa mort, et parce qu’il pète les plombs, il devient dealer de méthamphétamines (drogue très dure…). Un chef d’oeuvre noir, puissance, émouvant, drôle, osé, porté par un grand acteur, Bryan Cranston. Le must. (Lost aurait aussi une bonne place ici).

7 commentaires pour “Les Césars… des séries”

  1. C’est en effet une bonne idée et, naturellement, et sans surprise, le choix est extrêmement réduit.
    Je suis assez d’accord avec ce palmarès.
    On voit en effet mal une Véronique Genest trustant le rôle de la meilleure actrice ou même quiconque de la nouvelle équipe de Caméra Café dans ce classement.
    Mais, au moins, chaque catégorie est fièrement représenté ce qui n’aurait sans douté pas pu être le cas il y a quelques années.
    Bilan, soyons réalistes : merci Canal + d’être moins frileux que la concurrence …

  2. Je ne sais pas comment j’aurais dispatcher les récompenses, mais même si la série a été annulée … la série “Reporter” était présente en 2009 et à mon avis aurait mérité quelques compressions.

    C’est pour moi la meilleure série française jamais produite et en plus elle est originale, car il ne s’agit pas d’un drama policier ou juridique de plus, inspiré d’une série US.

    Peut-être un meilleur scénario original ?

  3. En meilleur espoir série (oui j’invente des catégories !) je mettrais Hero Corp la saison 2 est assez superbe (beaucoup plus prenante que la saison 1) donc j’attends la saison 3 avec beaucoup d’impatiente si la série continue à s’améliorer.

    Sinon le reste me convient assez, sauf que je ne connais pas Pigalle la Nuit et que je mettrais kaamelott partout tellement cette série et je trouve LA seul vraie série française qui titile les séries américaines et anglaises.

  4. Juste en passant : Marc Herpoux ne réalise pas, seul Hervé Hadmar le fait. Ils écrivent à deux, mais ne réalisent pas à deux.

  5. seule une experte comme Mlle Barthes pouvait savoir ce genre de choses : merci de nous éclairer !…
    🙂

  6. Bien vu pour le Visiteur du futur. Je trouve aussi que cette websérie est excellente, très drôle et inventive.

  7. Pigalle la nuit à une place prédominante, il faudrait peut être que je regarde cette série.

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