#Chronique d’une crise paradoxale# (6) La grande récession est finie…

La Banque de France vient de publier son Enquête mensuelle de conjoncture qui donne une série de photos de “la grande récession”. Les investissements, les marges, la trésorerie de l’industrie se redressent, repassent au dessus de “la moyenne de longue période” (depuis 1991), qui marque un retour à la “normale”. Du coup il est possible de mesurer l’impact de la crise. La mécanique pour l’industrie est donc la suivante: la situation de trésorerie des entreprises, les moyens financiers dont elles disposent sans avoir besoin de demander un coup de main à leurs fournisseurs ou à leurs banques, se dégradent à partir au milieu de l’année 2006. Le résultat brut d’exploitation, les profits des entreprises, qui venait d’atteindre un sommet, chute rapidement à partir du deuxième semestre 2006. Les investissements ont tenu une année environ avant de plonger au 2ème semestre 2007. Le creux de la récession est atteint il y a un an à la fin de l’année 2008, et 2009 est une  remontée assez rapide vers la normalité.

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Source: Banque de France.

Deux éléments de ce que nous appelons une crise paradoxale. La consommation des produits informatiques, numériques, de téléviseurs, ou de GPS, bref ce que l’on regroupe sous le vocable d’électronique grand public n’a enregistré qu’un faible ralentissement à la fin de 2008.

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Source: Banque de France.

Les achats de voitures neuves ont également enregistré un revers en 2008, mais l’année 2009 c’est traduite par un record des ventes (2.268.730 immatriculations), depuis 1990! Drôle de crise durant laquelle on bat des records de consommations.

Image 2Source: Banque de France.

Il reste la question du chômage qui devrait se résorber avec la remontée du taux d’utilisation des capacités de production. Mais il reste de la marge puisque la tendance vient seulement de s’inverser.

Image 3Nous nous posions la question de savoir comment appeler cette crise liée à des sommets de consommation, le nom qui s’impose donc est “la grande récession”.

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# Sans commentaire # La crise est finie ou presque…

La croissance aux Etats-Unis s’est établie à 5,7% en rythme annuel au 4° trimestre 2009. Le Département du Commerce souligne que cela représente la plus forte croissance depuis le 3° trimestre de 2003. Il s’agit du signe le plus fort qui montre que la plus importante période de récession enregistrée depuis les années 30 est terminée, selon de Département du Commerce. Nokia, Kodak, Yahoo annoncent un retour ou une forte croissance de leurs profits.

Moscou projetait de tuer Fanny Mae et Freddie Mac. La Russie aurait proposé à la Chine de vendre simultanément les participations qu’ils détenaient dans Fannie Mae et Freddie Mac, les deux organismes publics de crédits hypothécaires, au coeur de la crise des subprimes.C’est ce que révèle Hank Paulson, l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor, dans un livre dont le Financlial Times publie des extraits. La tractation se serait déroulée à Pékin, durant les Jeux Olympiques, en août 2008. L’idée étant d’accélérer la crise qui allait emporter Lehman Brothers en septembre 2009 et provoquer un risque d’effondrement du système financier américain avec la faillite d’AIG, évité par une nationalisation de l’assureur en novembre 2009. Pékin devait finalement rejeter la proposition de Moscou.

15 banques ont été mises en failites aux Etats-Unis, au cours du mois de janvier. En 2009, 140 ont disparu. Deux ans et demi après les débuts de la crise financière aux Etats-Unis, l’agence fédérale de garantie des dépôts bancaires ( FDIC) estime que le nombre de banques en difficulté financière continue de grimper, étant à 552 au 30 septembre, contre 416 trois mois auparavant. AFP

Pour la Banque de France, le crédit redémarre . En baisse continue depuis décembre 2007, les crédits au secteur privé sont repartis à la hausse en décembre 2009: +0,2%, +2,4% en croissance annualisée sur 3 mois (CVS). Les crédit aux sociétés non financières sont également redevenus positifs: +1,7% en décembre 2009, en croissance annualisée sur trois mois. Les crédits destinés aux investissements (+5,7%) et les crédits accordés aux ménages (+6,8%) font un bond.

BMW annonce un chiffre d’affaires en baisse pour 2009 (-4,7% à 50,68 milliards d’euros), mais fera des bénéfices et voit la croissance revenir en 2010.  Les Echos.fr (29/01/10)

Jean-Pierre Jouyet et le conflit d’intérêts.
Interview aux Echos : “Henri Proglio est un grand dirigeant d’entreprise. Sa nomination est une chance pour EDF. Reste que la question du cumul de ses mandats à la tête de deux entreprises cotées peut soulever un conflit d’intérêts, notamment s’il devait y avoir rapprochement.” Les Echos (29/01/10)

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#Chronique d’une crise paradoxale# (3) La croissance revient pas les emplois

Le FMI confirme sa prévision pour la croissance mondiale en 2010 : 3% en 2010. Ce chiffre repris avancé aujourd’hui (20/01/10) par Dominique Strauss-Kahn, reprend les prévisions du Fonds monétaire international publiées en octobre dernier (Perspectives de l’économie mondiale. Oct. 2009).

L’économie sera tirée par les puissances émergentes que les puissances industrielles seront à la traîne. En octobre, le FMI prévoyait une croissance de 1,3% pour les pays développés et de 3,6% pour les pays nouvellement industrialisés d’Asie. Pour la France, les experts de Washington avançaient un chiffre de 0,9%. Christine Lagarde a annoncé lundi que c’est une croissance de 1,4% qui était attendue en 2010.

La situation du chômage devrait elle se détériorer cette année. Toujours, en octobre, le FMI prévoyait un taux de chômage de 9,3% en 201 (8,2% en 2008) dans les pays développés, et de 10,3% en France (9,3% en 2008).

Il faudra attendre la révision détaillée des chiffres du FMI pour savoir si cette reprise sans travail se confirme.

“Après avoir indiqué que le déficit de l’Etat atteindrait le record de 138 milliards d’euros en 2009, soit 3 milliards de moins que les prévisions, le ministre du Budget a déclaré, mercredi 20 janvier, que c’est au tour du déficit public français (Etat, comptes sociaux, collectivités locales) d’afficher un léger mieux par rapport aux chiffres attendus. Il atteint effectivement 7,9% du PIB en 2009, contre les 8,2%.” Challenges (20/01/10)

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#Chronique d’une crise paradoxale# (2)

Création d’entreprise au plus haut. (Insee)

580 193 créations d’entreprise en 2009, +75% par rapport à 2008.
Le nombre cumulé de créations des mois d’octobre, novembre et décembre 2009 : 215.778. Il est en forte hausse par rapport aux mêmes mois un an auparavant (+111,3 %, T/T-4). Les secteurs qui contribuent le plus à cette hausse sont le soutien aux entreprises et le commerce.Sur l’ensemble de l’année 2009, on dénombre 320 019 demandes de créations sous le régime de l’auto-entrepreneur, soit plus d’une création sur deux.

Bilan démograpique 2009 positif (Insee)

821 000 naissances en 2009.
64 321
de personnes vivent en France.
84,5
c’est l’espérance de vie d’une fille née en 2009.
77,8
c’est l’espérance de vie d’un garçon né en 2009.
Deux pacs pour trois mariages en 2009.

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Mais c’est quoi cette crise? Chronique d’une crise paradoxale (1)

Coluche a dit : “Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça.”

En d’autres termes la question est : c’est quoi cette crise ou le pouvoir d’achat des ménages augmente et ou l’on a jamais vendu autant de voitures neuves ? L’Insee vient en effet d’annoncer que le pouvoir d’achat du revenu disponible des ménages a progressé au 3ème trimestre 2009 de 0,6% et de 2,2% sur l’ensemble de l’année. Les signes de la crise sont connus. Il y a la chute de la production intérieure brute (PIB -2,3% en 2009), des investissements (-6,6%), des exportations (-11,3%), mais il reste une question : C’est quoi une crise qui semble en place depuis 1973 et qui voit le pouvoir d’achat des ménages progresser?

La crise dans tous les dictionnaires du monde est une rupture brutale des équilibres. Peut-on parler de crise en 2008 et 2009 quand LA crise a commencé au tout début des années 70. Le premier choc pétrolier a installé le mot dans les esprits, il n’en sortira plus. Le 17 octobre 1973, les pays producteurs réduisent leurs livraisons de brut aux pays occidentaux, en premier lieu aux Etats-Unis, en représailles à la guerre du Kippour. Le prix va passer en quelques semaines de 3 à 18$ le baril.

Depuis le mot crise n’est plus jamais sorti des pages des journaux. Alors ou sont les ruptures brutales? Depuis 1982, la moyenne du taux de chômage observée par l’Insee en France métropolitaine est de 8,8%. Au 3ème trimestre 2009, il a atteint 9,1% ce qui ne constitue pas, fort heureusement un sommet puisque le plus haut date du 2ème semestre 1997 : 10,9%. Il n’y a donc pas là de rupture.
Prenons un autre critère: la création d’entreprises. En période de crise, elle doit s’effondrer. Nous en sommes loin. Depuis l’an 2000, l’Insee relève mois après mois le nombre d’entreprises qui voient le jour. En moyenne, 24.323 entreprises naissent chaque mois. Depuis janvier 2008, nous sommes dans une situation florissante puisque 37.400 entreprises voient le jour chaque mois.
Regardons les défaillances d’entreprises. Là, il y a bien un signe, mais pas exactement une rupture. Depuis le 1er janvier 1993 et jusqu’au 31 juillet 2009, l’Insee enregistrait 3.905 disparitions d’entreprises en données brutes. Entre le 1er janvier 2008 et juillet, le chiffre est grimpé à 4.329 disparitions.
Regardons un indice bêta : les transports terrestres de marchandises en France, par millions de tonnes/km. La crise est indiscernable. L’Insee comptabilise entre janvier 1982 et septembre 1998 (au-delà de cette date les chiffres sont classés “Secret statistique”!) : 16.946 Mt/k. Sur les 24 derniers mois de la période considérée, nous sommes à 20.952 Mt/k. Soit une augmentation de 67% par rapport aux 24 premiers mois pris en compte. Peut-on parler de crise?
Les ventes de voitures devraient chuter avec une crise digne de ce nom. Eh bien, elles grimpent. Cette fois le relevé de l’Insee démarre le 1er janvier 1995 et s’arrête en septembre 2009. Il y a 14 ans nous sommes à un indice de chiffre d’affaires de 62. Depuis, la moyenne est de 87, mais sur les 24 derniers mois nous sommes à 106. Drôle de crise donc.
Pour trouver une rupture il faut regarder la balance des paiements et là, il y a de quoi être inquiet. Les chiffres courent de janvier 1999 à octobre 2009, presque 10 ans et une rupture nette. Jusqu’en décembre 2003, la France affiche une balance positive. Mois après mois, les paiements à l’étranger sont inférieurs aux paiements de l’étranger de 2,2 milliards d’euros. Après, elle devient négative de 1,6 milliard. Et le plus étonnant est la persistance du phénomène. La bascule peut être déterminée avec précision : octobre 2004. Avant cette date la balance est positive, après elle devient négative à 4 exceptions prêt. Et il faut remonter à novembre 2006 pour trouver un mois positif.

Revenons sur la chute de la production industrielle. Un indice évident de la crise parmi d’autres. Regarder les chiffres sur une longue période inciterait plutôt à le classer dans la catégorie mutation de société plutôt que des “ruptures brutales”. L’indice de la production industrielle de biens durables (CVS) est passé de 125 dans les années 90 à 76. Cela fait 50 points perdus très régulièrement en 19 ans.

Soyons humains! La population a-t-elle baissé? Une vague d’émigration a-t-elle frappé la France? Non. Au contraire, nous étions 53 millions en janvier 1975, nous sommes 63 millions. Prenons un dernier indice, un indice d’une grande douceur : la natalité entre janvier 1975 et octobre 2009. En moyenne, la France affiche un taux honorable de 13,3 naissances pour 1000 habitants. A-t-il bougé? Un peu : 13,7 sur les 17 premières années, 12,6 après.
Peut-être faut-il trouver un autre mot pour désigner une crise qui dure depuis 1975, voit le pouvoir d’achat des ménages et les ventes de voitures neuves progresser? La croissance, caractérise les 30 douloureuses qui ont succédé aux 30 glorieuses.
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