Cent jours de travail par an, mais 11h00 de travail par jour.
Les aiguilleurs du ciel en grève n’ont peut-être pas apprécié le Rapport 2010 de la Cour des Comptes.Les conclusions du chapitre les concernant, intitulé “La gestion du personnel de la navigation aérienne”.
“Plusieurs points peuvent être soulignés :
– les contrôleurs de la navigation aérienne ne travailleraient effectivement qu’une centaine de jours par an, pour autant qu’on puisse bien estimer ce chiffre;
– la durée de leurs journées excède sensiblement celle de leurs collègues européens, au risque d’un affaiblissement de l’attention, et la DGAC [Direction générale de l’aviation civile] refuse de remettre en cause cet « acquis social »;
– l’opacité persiste sur le suivi des présences, contrairement à ce qui est constaté dans les pays étrangers.
Au-delà des questions soulevées par un niveau de productivité extrêmement faible et qui progresse peu, ces pratiques sont surprenantes dans une activité vouée à la sécurité pour laquelle la transparence et le contrôle devraient être la norme.
La pratique des clairances est inacceptable. La volonté des syndicats de les conserver a conduit à des dispositifs qui ne sont pas à la hauteur des exigences de sécurité qui doivent prévaloir dans le contrôle aérien. La DGAC doit désormais se mettre au niveau des standards européens et renoncer, sans tarder, à ses pratiques opaques. Un contrôle effectif de la présence permettrait de gérer les pointes de trafic, en ayant recours aux heures supplémentaires, ce qui permettrait par ailleurs un pilotage plus fin et partant une réduction des effectifs.
Par ailleurs, la DGAC doit rapidement renoncer à la règle du travail « un jour sur deux » pour adopter des cycles de travail, semblables à ceux qui prévalent à Eurocontrol et qui voient alterner quatre jours de travail et deux jours de repos. De tels cycles permettent de limiter la durée des vacations qui est aujourd’hui excessive, compte tenu du stress induit par ce métier que la DGAC met, par ailleurs, en avant.
Quant à la démarche protocolaire, elle ne correspond que très partiellement, du fait notamment de son caractère asymétrique, à l’esprit
de la contractualisation que défend la DGAC. Le contre-exemple de la réorganisation du contrôle aérien en région parisienne montre qu’elle
échoue à l’utiliser pour des enjeux clés.
En tout état de cause, la Cour recommande qu’un lien plus fort soit fait entre les mesures indemnitaires et leurs contreparties, la mise en œuvre de ces dernières devant faire l’objet d’un suivi adéquat. Enfin, les protocoles devraient être conclus pour une durée plus importante quitte à les accompagner de mécanismes de sauvegarde, adaptant la mise en œuvre des mesures indemnitaires en cas de retournement du trafic aérien et de diminution des ressources qu’il apporte pour financer ces mesures.
La Cour considère donc qu’au-delà des pistes envisagées pour pallier ses principaux défauts, la question de la pérennité de la méthode
protocolaire doit continuer d’être posée.”
En clair, les magistrats se demandent comment justifier à la fois une centaine de jours de présence au nom de la concentration nécessaire et de la sécurité qui en découle et des vacations qui penvent dépasser 11h00 en une journée?
Le poète et le pognon.
Lu dans “Libération”, dit ou écrit par Jacques Higelin, poète et chanteur : L’humain avant le pognon.
«Ce que je vois, c’est que les richesses ne sont pas réparties comme il faut sur la planète. Je suis sûr que ça ne coûterait pas tant que ça de faire passer l’humain avant le pognon. De faire en sorte que les gens aient au moins le minimum décent pour vivre.
«Ce qui me fait mal, c’est qu’on fait d’abord payer cette crise aux gens qui en souffrent le plus. Moi, je crois qu’il y a une volonté du pouvoir politique (lui-même dépendant du pouvoir économique) que cela ne s’arrange pas, que les gens restent dépendants, qu’ils descendent le plus bas possible. J’y vois un mépris profond de sa part.
Je me souviens de Sarkozy disant : “Qu’est-ce que vous voulez que je vous donne ? Mes caisses sont vides !“ La suite a montré que c’était faux. La crise, pour les grands de l’économie mondiale, ça me fait bien rire. Ils n’ont pas changé leurs habitudes. Ils ont été les premiers à être soutenus par les Etats et ils recommencent à jouer avec du fric virtuel. Ce n’est pas leur problème qu’il y ait une partie de l’humanité qui souffre.»
Nous aussi nous sommes pour la paix et les gentils. Nous détestons les méchants.
PhDx
Image de une: alain.caperan via FlickrCC
En fait, le problème qui se pose aux aiguilleurs du ciel est que, dans la cadre de cette harmonisation européenne, ils ne pourraient plus bénéficier de leurs clairances et autres fantaisies, mais ils se gardent bien de le dire.
Par ailleurs, en Grande Bretagne par exemple, les contrôleurs aériens dépendent d’une société de droit privé dont ils sont eux mêmes les actionnaires et ils sont beaucoup moins ,nombreux que les nôtres qui demandent sans arrêt des embauches de personnel supplémentaire. Pour autant que je sache, le ciel anglais n’est pas plus accidentogène que le nôtre.
Alors il faudrait que cessent ces grèves corporatistes à fausses barbes dont les victimes sont les clients.