Henri Proglio président sur courant alternatif on and off

Henri Proglio a aujourd’hui une vision plus claire des risques qu’il prend en étant à la fois président du conseil d’administration de Veolia et président directeur général d’EDF. Il le dit dans le Journal du dimanche, sans le dire… C’est la règle du off. L’article, titré “Comment le PDG se défend”, est fait des propos tenus par Henri Proglio samedi après midi dans les locaux d’EDF. On peut lire qu’il était “détendu, en jean et bras de chemise”, mais les propos qu’il tient ne lui sont jamais directement attribués. C’est la règle, parfois absurde du “off the record”, en français ce n’est pas dans l’enregistrement et l’auteur des paroles pourra toujours dire: “je n’ai jamais dit cela”.

Que dit donc sans le dire Henri Proglio? Il décrit à nouveau les projets de rapprochements entre Veolia et EDF. Il parle de la voiture électrique, des certificats de CO2, de conquérir des marchés à l’international, bref, il y a du pain sur la planche. Mais l’essentiel est plus loin. un question vient probablement du ou des journalistes présents: “Alors conflits d’intérêts?” Réponse de l’intéressé qui ne dit pas son nom: “L’essentiel est le projet industriel. Et quand on passera aux questions financières, promis juré, il ne s’en mêlera pas.”

Cette petite phrase, perdue au milieu du papier, montre que la perception juridique du conflits d’intérêts, inexistante la veille, est désormais plus nette au avenue de Wagram au siège de la présidence d’EDF. Car de quoi s’agit-il? Pas de penser que l’homme est malhonnête. Ça n’est pas le cas. Ou qu’il négligerait les intérêts de l’une ou l’autre entreprise par cynisme ou cupidité. Non, la question est ailleurs. Simplement, le même homme étant à la tête de deux entreprises qui vont être amenées à négocier de nombreux dossiers, à s’échanger des participations, à construire ensemble des chantiers, les actionnaires de Veolia ou ceux d’EDF pourront aller devant les tribunaux pour se plaindre d’avoir été lésés. Comment établir que les intérêts forcément contradictoire des deux entreprises.

Les temps ont changé et un détour par le Palais de Justice de Paris, jeudi dernier, permettait de le constater. A la 11° chambre correctionnelle se retrouvait les plus grands avocats pour fixer le calendrier de l’affaire Vivendi. Juste après un trafic de cigarettes et la condamnation de deux ressortissants chinois à 84.000€ d’amende, M° Meztner, représentant Jean-Marie Messier, M° Farthouat, et une vingtaine d’avocats se pressait pour savoir quand les plaintes des petits actionnaires allaient être examinées. Des grands patrons contraints par des petits actionnaires de venir s’expliquer étaient inepte. C’est aujourd’hui possible.

Du coup, Henri Proglio risque de se retrouver dans une posture intenable au moment ou les négociations commencent entre Veolia et EDF. Sa bonne foi et sa loyauté ne sont pas en cause. Simplement, on ne peut défendre simultanément des intérêts contradictoires. En droit des affaires, le president non exécutif de Veaolia aurait pu arguer du fait qu’il se trouve au dessus de la mélée. Que son rôle se borne à administrer le conseil d’administration et que son directeur générale dirige le groupe. Cette argument semble difficilement tenable tant l’homme s’est mis en avant depuis des mois, défendant l’idée d’un rapprochement stratégique. Il a de plus commis une erreur en ne faisant pas entrer son second, Antoine Frérot, chez Veolia au conseil d’administration.

PhDx

Un commentaire pour “Henri Proglio président sur courant alternatif on and off”

  1. […] effacer quand les questions financières seraient évoquées. il inventait une sorte de président “on and off “ alternativement présent et absent, difficilement […]

« »