C’est le livre que nous devrions tous avoir sous la main en ce moment.
Parce qu’il est important d’expliquer à nos enfants ce qu’il y a derrière ces images qui envahissent les médias, de la télévision à Internet, depuis des semaines. Ces familles en anoraks massées sur des quais de gare ou dans des camps, ces familles dont tous les regards traduisent l’épuisement, ces femmes et ces hommes mal rasés ayant dans leurs bras ou dans leurs jambes leurs enfants silencieux. Il faut expliquer aux jeunes dans quelle époque ils vivent, et ce qui se passe en Europe avec les migrants.
Je ne doute pas que chacun sache quoi dire en fonction de ses convictions. Je ne doute pas qu’il soit question d’humanisme et de solidarité dans les conversations… Mais il faut, et ce livre peut nous y aider, mieux répondre à leurs questions. C’est à dire leur apporter des réponses concrètes et sortir du débat passionné, compliqué, souvent indigeste que nos enfants entendent par bribes, ici et là, dans les médias ; sans parler de sortir des mauvaises blagues qui inondent les réseaux sociaux sur le sujet, Facebook en tête…
Avec 150 questions très bien chapitrées, “Vivons ensemble” fait l’état des lieux de l’immigration en France :
– Des migrants et des frontières.
– Les immigrés en France.
– La nationalité française.
– Les réfugiés et demandeurs d’asile.
– Avoir ou ne pas avoir de papiers.
– La France multiple au quotidien.
– Les discriminations.
– L’immigration, une question politique / économique.
– La laïcité et les religions.
– Apprendre à être Français.
– L’enrichissement des cultures.
– L’avenir des migrations.
L’immigration est replacée dans l’Histoire, expliquant les raisons des différentes migrations, questionnant la place attribuée aux immigrés dans la société, évoquant des relations faites de brassage et de rejet, d’incompréhension et d’enrichissement.
Les questions sont posées sans tabous (Notre pays peut-il accueillir tous les pauvres ? Qu’est ce que les immigrés apportent à la France ? Les personnes qui demandent l’asile à la France sont-elles dangereuses ? Est-ce que les enfants d’immigrés réussissent à l’école ? Les immigrés aiment-ils la France ? Et si l’on renvoyait les immigrés pour donner du travail à ceux qui n’en ont pas ? Les immigrés doivent-ils être utiles ? ) Les réponses sont claires, concrètes, grâce à des chiffres, des extraits littéraires, des cartes illustrées, des définitions et plein de petits dessins humoristiques pour alléger la maquette… et le sujet.
On y trouve aussi des réponses aux questions sur les mouvements migratoires des Juifs et sur leur identité, sur le rapport à la laïcité des Musulmans, sur les Antillais en France, sur l’intégration des “beurs”… L’ouvrage balaye les peurs, les doutes, les non-dits. C’est, en fait, un ouvrage pour les jeunes qui soulagera beaucoup d’adultes. On y découvre des raisonnements souples, intelligents, ouverts. Les questions amènent d’autres questions et les réponses sont toujours là, proposant la part lumineuse de l’immigration.
“L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme” écrivait Victor Hugo. Avec ce livre-outil, proposons à nos enfants de faire connaissance avec le sujet, pour se forger leur propre opinion. Parce que vivre ensemble sera l’un des thèmes majeurs de leur avenir proche. Tout proche.
SB
“Vivons ensemble”, de Mustapha Harzoune, Samia Messaoudi, ill. d’Hervé Pinel.
Albin Michel Jeunesse, Documentaires. 19,90€.
lire le billetVous partez en voyage avec vos enfants ?
Intéressez-les à votre destination avant de partir.
Rue Sainte-Anne à Paris, la très belle librairie de Voyageurs du Monde possède l’un des plus beaux choix de livres jeunesse dédiés aux cultures du monde. Dans un décor qui est déjà un voyage en lui-même -mi paquebot, mi librairie- vous accèderez par l’un des escaliers en colimaçon des deux boutiques rassemblées en une seule librairie à un joli petit coin dédié aux enfants. Là, des tapis, des petites chaises, un mini fauteuil en rotin et surtout… du calme. Sur les rayonnages des longues étagères pensées à hauteur d’enfant, des romans, des bandes-dessinées, des albums, des jeux autour du monde, des récits de voyage et même des livres de recettes… Tout ici a été pensé pour donner aux petits Français envie d’apprendre comment vivent les autres enfants de la planète, ou pour leur faire découvrir l’ailleurs par les livres.
Car dans cet espace ils font ce qu’ils veulent, ils sont chez eux. Pas de vendeur revêche pour leur dire : “On ne touche pas! ” ou “On n’ouvre pas les livres…” Au contraire : consultation libre et lecture fortement souhaitée.
Au rez de chaussée de la librairie, dans une alcôve-atelier, un corner propose également tout un tas d’accessoires de voyage (tours de cou pour dormir en voiture ou en avion en forme de pingouin ou de chien, sacs Bensimon aux couleurs acidulés, etc. ) Voyageurs du Monde propose également une jolie sélection de papeterie, comme des crayons et des carnets de qualité pour donner aux enfants l’envie d’écrire leur propre carnet de route, ou de créer un “scrapbook” autour de leur voyage.
A ne pas manquer, juste à côté du coin des enfants, la pièce dédiée aux mappemondes. La plupart sont lumineuses et permettent aux enfants de comprendre vraiment là où ils vont, d’apprécier une autre dimension du voyage qu’ils vont faire ou de tous ceux qui les attendent !
Prenez le temps de vous rendre sur place comme vous iriez faire une visite dans un lieu culturel avec vos enfants… Si vous n’avez pas de grand voyage prévu, à coup sûr vous en repartirez avec une envie de prendre l’avion comme jamais ! Ou un train de nuit…
Ici, vous trouverez aussi l’une des plus belles sélections de cartes et de guides de la capitale mais également toute la littérature qui vous accompagnera en voyage, une sélection de romans et d’essais : 150 destinations sont référencées par Voyageurs du Monde.
A savoir, tout au long de l’année la librairie oragnise des ateliers pour les enfants et des rencontres dédicaces avec des auteurs jeunesse. Les infos sont mises en ligne au fur et à mesure sur le site internet… Reprise à la rentrée !
En attendant, allez faire un tour rue Sainte-Anne cet été. La librairie, qui ouvre à 9h30 à la fraîche, est un havre de paix et une mine pour les amoureux du voyage. Une librairie déjà culte, qui a été merveilleusement pensée comme un lieu propice à l’échappée, comme un premier départ, sans doute le meilleur, celui où rien ne s’est encore passé et que tout reste à imaginer…
SB.
Librairie Voyageurs du Monde
48 rue Sainte-Anne
75002 Paris
Tél. : 01.42.86.17.38.
Ouvert de 9h30 à 19h du lundi au samedi.
Contact email : librairie@vdm.com
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Partenaire officiel du film “Le Petit Prince”, réalisé par Mark Osborne, qui sortira en France le 29 juillet prochain, Air France propose à tous les parents de faire réaliser un dessin à leurs enfants (de moins de 12 ans) sur le thème “Dessine-moi le Petit Prince et un avion”.
Les parents ont jusqu’au 12 juillet ensuite pour publier ces dessins sur les réseaux sociaux Twitter, Instagram et Facebook d’AirFrance suivis des deux hashtags #lepetitprince et #airfrance.
À partir du 27 juillet, et pendant une semaine, la Compagnie publiera sur ses réseaux sociaux les meilleurs dessins et s’en servira pour répondre à ses fans (ils sont 6 millions à suivre la compagnie…) à travers des messages dédiés à la sortie du film, à des offres destinées aux familles ou encore à des réponses aux clients (pour les adoucir ?)
En octobre 2015, Air France sera la première compagnie au monde à diffuser le film “Le Petit Prince” en exclusivité à bord de ses vols longs-courriers.
Avec ce concours, Air France souhaite “retrouver son âme d’enfant au coeur de l’été”. Profitons-en pour donner une opportunité aux nôtres – qui n’ont pas encore perdu la leur – de dessiner en toute liberté sur ce très joli thème.
L’occasion, aussi, de faire relire à nos enfants le chef d’oeuvre de Saint-Exupéry. Après, seulement, ils auront le droit d’aller au cinéma !
SB
lire le billetIl serait évidemment plus simple d’écrire dans cet article qu’Enjoy Phoenix c’est de la merde. Que ce n’est pas de la littérature ; que ce n’est même pas un livre ; et surtout que ce n’est pas le genre de lecture qu’on a envie de mettre entre les mains de nos ados. Parce que “ ça ne fait que prolonger le lien que nous, ô parents bienveillants, essayons de couper avec l’addiction à ces vidéos débiles qui rongent les neurones encore frais de nos gosses”. Pourtant, ce serait commettre une erreur. Une erreur de parent, une erreur de jugement. Ce serait passer à côté d’un véritable phénomène de société, juste reflet de l’évolution de la consommation des médias par nos enfants. Un peu comme si nos parents nous avaient méprisés lorsque nous nous sommes mis à utiliser un Bi-bop pour appeler nos copains depuis une borne dans la rue, au lieu d’utiliser le téléphone orange France Télécom du salon, avec écouteur à fil. Essayons plutôt d’être d’avant-garde au lieu d’appartenir à celle de l’arrière… Enjoy Phoenix est une Youtubeuse. Répéter après moi : ioutioubeuze. C’est à dire une fille qui a monté sa chaîne de télé You Tube, sur laquelle elle poste des vidéos qu’elle tourne elle-même, dans sa chambre, avec une web’cam, pour donner des conseils sur la façon dont elle se coiffe, se maquille, tous ses secrets de beauté quoi. On est loin de Daech. Un jour, cette gamine s’est mise devant sa caméra. Elle avait 16 ans et des choses à dire, c’était il y a quatre ans. Elle a fait ça comme il faut, comme une pro. Rien à redire. Alors les internautes sont arrivés et ils sont restés… Rapidement, ils sont passés du statut d’internaute à celui de fan. Ils sont aujourd’hui 1,6 millions à la suivre régulièrement sur sa chaîne ioutioub. Inouï. De quoi faire rêver n’importe quel homme politique ! Alors la notoriété, voilà son crime. En France, on aime pas beaucoup le succès, faut dire… Et puis elle est blonde, jolie, avec un nom d’ange texan, une image gérée à l’américaine, des partenariats de “product placement” qui tombent et un modèle économique qui se profile, successful.
Ca va, ce qu’elle fait, n’importe quelle gamine peut le faire, entend-on. Ah ouais ouais, mais il fallait avoir l’idée la première !!! Alors, quand une éditrice avec du flair comprend qu’Enjoy Phoenix va devenir quelqu’un d’indispensable dans le paysage adolescent, elle lui propose de raconter son incroyable parcours. Cela donne un récit, celui de Marie Lopez, jeune fille normale, avec des problèmes d’adolescente (harcèlement, mal être, …) devenue une star sur internet et un modèle pour des milliers de jeunes filles, lesquelles se reconnaissent dans son histoire ou, tout simplement, écoutent ses conseils beauté. Un vrai livre pour ado, qui raconte une histoire vraie. Pas une fiction, pour une fois. Alors la force du témoignage d’Enjoy Phoenix ne se juge pas au crédit que l’on accorde à ses choix de khôl. Non. Il faut accueillir ce livre comme ses vidéos. Avec la même curiosité que l’on met à les regarder par dessus l’épaule de nos enfants. Curiosité qui se transforme vite, avouons-le, en admiration parce que le succès de cette Enjoy Phoenix impressionne…! Et il vaut mieux s’attacher à comprendre ce qui se passe quand ça se passe, qu’à refuser de voir le monde changer.
Alors, son livre ? Et bien c’est un témoignage. A prendre comme un témoignage. Peu importe qu’il s’agisse de grande ou petite littérature. Laissons ça aux vautours de la critique. Seule compte l’envie de lire un livre. Il serait aujourd’hui injuste de faire à Marie Lopez, son auteur, un procès d’intention littéraire. La sienne fut de se raconter. Le pari est réussi. D’ailleurs, le livre n’est pas signé de son nom de scène… “Enjoy Phoenix”, elle, a réussi un tout autre exploit. Après ses vidéos, elle a fait venir à la lecture des milliers de jeunes adolescentes. Et si sa balade littéraire les a fait aller au bout de 216 pages, alors on peut se réjouir, oui, de cet autre phénomène qui est en train de naître : celui de donner envie de lire le livre… d’un film qu’on a déjà vu.
#EnjoyMarie, de Marie Lopez. Ed. Anne Carrière.
SB
lire le billetSi l’un de vos enfants a de l’imagination et qu’il aime écrire, donnez lui l’opportunité de participer à cette expérience inédite !
“Lire en short” la grande fête du livre pour la jeunesse qui aura lieu dans toute la France du 17 au 31 juillet et Lecteurs.com proposent un défi amusant. Il s’agit d’écrire la suite d’un paragraphe du prochain tome de Vango, la célèbre série de Thimothée de Fombelle. Tout est à imaginer ! Vango, ce jeune adulte de 19 ans qui vit d’incroyables aventures dans les années 1930, ne demande qu’à devenir le héros de l’imaginaire d’un de ses lecteurs…. Un concours assez rare et qui devrait stimuler les amateurs de la série.
Comment participer ?
S’inscrire sur le site Lecteurs.com (indiquez soigneusement la date de naissance et les coordonnées pour être contacté).
Imaginez le texte, rédigez-le et postez-le sur la page du concours : Lecteurs.com/concours
Le texte doit faire entre 1500 et 3500 signes maximum.
Date limite pour le rendre : mercredi 8 juillet à 10h.
lire le billetC’est une belle histoire tricotée de mystères et d’inquiétude, de quoi démarrer un beau scénar… Celle d’un phare abandonné depuis 105 ans situé en pleine mer dans le raz de Sein, dont le dernier couple de gardiens a perdu la tête à cause de l’isolement forcé, et qui va de nouveau être habité durant deux mois par un homme qui a décidé d’y écrire un livre et de filmer les éléments : la mer et le vent, ou plutôt la tempête et les hurlements. Car de nombreuses légendes courent autour du mystérieux phare de Tévennec. On murmure notamment qu’il serait maudit… Il faut dire qu’avant sa construction, de nombreux navires se sont fracassés sur le rocher où il est aujourd’hui édifié. Et encore… S’il n’y avait que les naufrages… Mais tous les gardiens qui y ont séjourné ont entendu, par temps de forte houle, une sorte de sifflement lugubre hurlant “Kers cuit ! “, c’est à dire “Va t’en !” en breton… D’ailleurs, pour les habitants de la région ce phare est un lieu maléfique où séjourne l’Ankou, la personnification de la mort.
Aucune de ces légendes n’effraie pourtant Marc Pointud, président de la Société nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises, grand navigateur, qui a décidé de s’y installer en novembre et octobre prochains. Les mois les plus difficiles certes, mais les plus significatifs sur le plan des éléments… L’homme est prêt à affronter les tempêtes bretonnes qui frappent l’édifice en hiver, le submergeant au point de le couper du monde durant plusieurs jours : “Ça ne me fait pas peur. J’aurai du temps. Là-bas, on vit parfois dans la brume. On ne voit pas à 10 mètres pendant une semaine complète“, a précisé l’intéressé. Quant aux voix que l’on entend, il explique qu’il y a simplement une grotte sous-marine sous les rochers qui fait que la houle émet tantôt un sifflement, tantôt un hurlement !
L’idée de Marc Pointud est de lancer une opération pour faire parler du phare de Tévennec et de pouvoir à terme le restaurer. Pour cela, il a ouvert une campagne de financement participatif, sous le nom de « Lumière sur Tévennec » sur le site Mymajorcompany.com. Objectif : récolter 6800 euros pour financer les futurs travaux. Plusieurs privilèges seront accordés aux contributeurs de cette belle opération (groupe Facebook privé pour suivre la vie à l’intérieur du phare de Marc Pointud, photos en exclusivité, etc.)
Il s’agit de l’unique maison-phare en France construite en pleine mer. Personne n’y a séjourné depuis plus d’un siècle… Le projet « Lumière sur Tévennec » ravivera la présence humaine, renouant avec la grande tradition des gardiens de phares en mer : passer 60 jours en solitaire dans l’enfer de Tévennec, dans les parages de la baie des Trépassés. Parions que dans un lieu pareil son instigateur souffrira de beaucoup de choses mais sûrement pas des affres de la page blanche !
SB
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Subtile Suzie… Ses théories sont aussi fabuleuses que facétieuses ! C’est pourquoi son père a décidé de lui rendre hommage et de les publier. Et son père, c’est pas n’importe qui, c’est Eric Chevillard, l’un de nos plus grands auteurs français (très grand auteur : enfant, on lui a imposé quotidiennement la soupe – d’ailleurs Suzie retrace ce douloureux épisode). Célèbre pour son humour un brin tanique, Chevillart n’a pas eu à se forcer pour nous amuser. C’est la petite Suzie qui fait tout le boulot ! Du pur style Chevillard maison. Magnifiquement appuyées par les dessins de Jean-François Martin, les théories de Suzie jonglent, comme seuls en sont capables les enfants, avec les fausses évidences sur lesquelles repose notre rapport au monde et aux choses. Tout comme on ne sait si la poule fut là avant l’oeuf ou l’oeuf avant la poule, la question se pose : à qui s’adresse ce petit livre ? A mon avis, il est tout simplement destiné aux enfants qui ont des parents qui croient n’avoir que des enfants.
SB.
“Les théories de Suzie” par Eric Chevillard, illustrations Jean-François Martin (Hélium), 13,90€