Faux témoignages sincères: l’effet réseau

Crédit: Flickr/CC/Jean-François Gornet

Crédit: Flickr/CC/Jean-François Gornet

Sur l’antenne de RTL, dimanche soir à 19h, une auditrice affirme avoir “vu de ses yeux un homme charger son arme” à Paris. Un témoignage sincère, mais erroné, qui s’inscrit dans un contexte de psychose collective au lendemain des attentats survenus à Paris et à Saint Denis vendredi 13 novembre. “Lors de la seule soirée de dimanche dernier, plus de 7.000 tweets ont annoncé des fusillades à Paris”, fustige Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter, lors de sa chronique sur la mécanique médiatique de vendredi matin. Des messages écrits à la va-vite indiquant des tirs, ici au Trocadéro, là place de la République ou encore aux Halles.

Résidant aux abords de la place de la République, près de la “war zone” comme la surnomment maintenant mes voisins, j’ai assisté dimanche soir au mouvement de panique de la foule. J’ai vu des jeunes courir ventre à terre se réfugier sous la porte cochère de mon immeuble. Larmes aux yeux, souffle court, ils hurlent: “on a vu les tueurs, on a entendu les tirs, cela a sifflé dans nos oreilles”. Ils sont cinq. Ils pleurent. Ils crient d’effroi. Ils répètent ces mêmes phrases à l’unisson, paniqués, sincèrement paniqués. Ce sont des témoins qui, en toute bonne foi, croient avoir VRAIMENT vu ces tueurs et avoir VRAIMENT entendu des tirs.

J’aurais pu les filmer avec mon smartphone. J’aurais pu publier leurs témoignages sur les réseaux sociaux. D’autant que j’avais moi-même entendu ce qui semblait être une explosion. En outre, j’avais là cinq témoins différents racontant la même histoire, donc l’information pouvait être ainsi recoupée.

Sauf que, quelques secondes plus tard, je recevais des SMS d’amis journalistes m’ordonnant de rester chez moi parce qu’une ampoule ou des pétards avaient claqué place de la République, que des policiers sur les dents avaient mis en joue leurs armes, déclenchant le mouvement de foule qui s’en est suivi.


Colère et grosse fatigue

Dans les rédactions, prises dans le tambour de la machine à laver depuis plusieurs jours, certains confrères s’en prennent aux réseaux sociaux. Y “circulent beaucoup plus de rumeurs infondées que d’informations vérifiées”, continue Jean-Marc Four, sur France Inter.

Je comprends bien sûr leur colère, dans la fébrilité de cette tragédie, mais je ne comprends pas pourquoi, cette fois-ci, elle porte sur les réseaux sociaux. Car, dans l’ensemble, il y a beaucoup moins d’errements en ligne, beaucoup moins de théories de complot que, par exemple, lors des attentats de Charlie Hebdo, il y a dix mois.

Leur agacement provient en fait de ces témoignages aussi sincères que faux, qu’ils craignent de relayer. Brice Dugénie, reporter à RTL, confie à l’antenne sa perplexité lors de la panique dans les rues de Paris de dimanche soir. “Je ne comprends pas exactement ce qu’il se passe (…) Je n’ai entendu aucun coup de feu, j’ai eu deux témoignages de personnes qui m’ont dit en avoir entendu”.

La rumeur est comme la panique: irrationnelle

En ligne, dans le climat de psychose actuelle, “la moindre rumeur, guettée avec avidité, a un impact immédiat et considérable”, écrit Grégoire Lemarchand, responsable des réseaux sociaux à l’AFP.

Méfiance, donc. “Dans ce genre de mouvement, la rumeur est un peu comme la panique, elle est irrationnelle, déraisonnable, tout le monde dit un peu n’importe quoi”, continue Brice Dugénie, au micro de RTL.

En France, le code pénal prévoit la condamnation des fausses informations – jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende lorsqu’”une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise”. Mais seulement s’il y a une intention de manifeste de “faire croire”. Ce qui n’est pas le cas ici.

Derrière le tweet de ces citoyens, leur statut Facebook, leur SMS, ou même leur interview, nulle volonté de désinformer, mais le réflexe de protéger amis en particulier et followers en général d’éventuelles répliques au carnage qui a déjà provoqué la mort de 129 personnes.

Mécanique de psychose

Pour les journalistes, il est difficile de garder cette mesure dans la sidération, mêlée de fatigue et de chagrin après ces derniers jours. Difficile aussi de questionner la véracité des paroles de tous ces gens, ébranlés comme jamais, traumatisés par l’ampleur des attentats.

Les réseaux sociaux ne sont que le miroir d’une mécanique bien connue en cas de drame collectif. La fébrilité provoque des erreurs de perception qui provoquent des témoignages erronés qui provoquent la rumeur, laquelle est partagée comme une traînée de poudre et génère encore plus de fébrilité.

C’est ce que le professeur de sociologie Gérald Bronner appelle “l’effet Esope” dans son livre La démocratie des crédules. On alimente ses angoisses par des recherches sur le Web qui confirment “l’obsédante intuition du pire”. Résultat, le “marché cognitif est biaisé”, parce que l’on veut savoir si l’on a raison d’avoir peur en allant chercher des informations qui font peur, et parce qu’il y a une surreprésentation d’alertes au détriment des témoignages rassurants. Or, pour Gérald Bronner, ces alertes instillent un “poison d’inquiétude” qui “épuise notre capacité collective à réagir en cas de dangers avérés”.

Alice Antheaume

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Campagne présidentielle en cours de numérisation

Crédit: Flickr/CC/Marc Lagneau

Une élection politique peut-elle se gagner sur les réseaux sociaux? La question fait l’objet d’une étude aux Etats-Unis, et suscite, en France, beaucoup d’interrogations à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, ce dimanche 22 avril.

Et pour cause, les Français sont désormais connectés. 75% des Français sont des internautes, et 25 millions sont inscrits sur Facebook sur une population globale de 66 millions, dont 43 millions sont électeurs.

Problème: personne ne sait encore comment transformer un “like” sur Facebook en vote dans l’urne, a déclaré Fleur Pellerin, la responsable de l’économie numérique pour François Hollande, lors d’une conférence organisée à l’Ecole de journalisme de Sciences Po (1).

>> Ce WIP a été publié en anglais sur CNN, lisez-le ici >>

Pourtant, cette campagne 2012 marque un tournant dans l’histoire politique française. Car c’est la première fois que les candidats – de Nicolas Sarkozy (UMP) à François Hollande (PS), en passant par Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Marine Le Pen (Front national) et Eva Joly (Europe Ecologie Les Verts) – ont intégré le Web et les réseaux sociaux à leur stratégie de campagne.

Des stratégies de campagne en ligne

Nicolas Sarkozy, le président sortant, mise sur Facebook, le réseau social le plus “populaire” en France, et a sorti en février une timeline remarquée pour conter, façon storytelling politique, sa stature de chef de l’Etat. Ses équipes de campagne ont aussi lancé une application sur smartphone reposant sur de l’open data pour proposer aux électeurs de découvrir le bilan du mandat de Nicolas Sarkozy, département par département.

Quant à François Hollande, favori des sondages, il possède le compte politique le plus suivi sur Twitter (224.000 abonnés au moment de rédiger cet article, 157.000 pour Nicolas Sarkozy).

L’humour en politique existe… sur le Web

Autre nouveauté de cette campagne: la production de Web séries et de sites, parfois drôles, pour tacler l’adversaire. C’est le cas du “kikadiquoi”, une série vidéo satirique réalisée par l’UMP qui tourne en dérision les mots de François Hollande et des socialistes. En guise de riposte, le PS a lancé un site, le Sarkolol, qui se présente comme le jeu Memory, pour rappeler, à chaque carte, les “affaires” de Nicolas Sarkozy.


Si ces candidats et leurs équipes de campagne se démènent pour être présents en ligne, c’est pour 1. y être visibles 2. mobiliser des sympathisants 3. court-circuiter les médias traditionnels.

Chacun devient un média à part entière”, a dit Nicolas Sarkozy lors de ses voeux à la presse, le 1er février 2012. Façon de dire que chaque politique est désormais, à l’ère numérique, un média qui peut diffuser sur les réseaux sociaux un message sans passer par le filtre des rédactions. Et d’ajouter: “L’année 2012 verront les réseaux sociaux s’emparer de la sphère médiatique, c’est une modification profonde des relations entre les médias, la politique et le citoyen”.

Le numérique et la télévision

Modification profonde, oui, mais encore en cours. La majorité des Français (74%) s’informent sur l’élection présidentielle d’abord via la télévision, tandis qu’Internet constitue la 2e source d’information pour 40% d’entre eux, selon une enquête réalisée par l’Institut CSA pour Orange et Terrafemina.

Alors que la “Social TV” s’installe dans les usages, télévision et réseaux sociaux sont désormais complémentaires. Depuis la primaire socialiste, les émissions politiques à la télévision font l’objet de commentaires en très grand nombre sur Twitter, les téléspectateurs étant réunis sur un canapé virtuel géant pour disséquer les propos des politiques. La télévision diffuse les paroles des candidats, les réseaux sociaux hébergent les conversations autour de ces paroles de candidats. Et c’est là, sur les réseaux sociaux, qu’est jugée la crédibilité des candidats. Car leurs promesses et leurs chiffres sont “fact checkées” en live par des journalistes et des experts, faisant office de sous-titres éclairés lorsque les politiques déroulent leur discours.

Pour quel impact? Les candidats, se sachant scrutés, font davantage attention à ce qu’ils disent. “Mes propositions ont été commentées, chiffrées et diffusées par vous”, a confirmé François Hollande, lors de son meeting à Vincennes, le 15 avril 2012.

Mais rien ne permet de dire que les réseaux sociaux feraient changer d’avis les électeurs. Ceux-ci peuvent assister ou se livrer à des batailles d’arguments, mais restent le plus souvent confortés dans leur adoration ou leur détestation d’un candidat, dans une Webosphère où les militants sont avant tout à gauche, un peu à l’extrême droite, et moins nombreux à droite.

Le nom du prochain président sera d’abord écrit sur les réseaux sociaux

La réponse à la question initiale de cet article, “Une élection politique peut-elle se gagner sur les réseaux sociaux?”, est sans doute non en 2012, du moins en France. Mais la question “les réseaux sociaux peuvent-ils prédire le nom du prochain président de la République française?” appelle une réponse positive. Car la loi interdit aux médias de l’hexagone de donner les premières estimations de résultats avant 20h, heure à laquelle les derniers bureaux de vote des grandes villes ferment le jour du scrutin.

Sauf que, sur le Web, sur les réseaux sociaux, sur les médias non français mais francophones – et accessibles en un clic, donc, ces estimations vont fuiter dès 18h30, heure à laquelle les plus informés obtiennent les premières simulations issues des 100 premiers bulletins dépouillés dans des bureaux de vote ayant fermé à 18h. Loi oblige, les médias français vont donc s’empêcher de parler avant 20h du nom du prochain président de la République, alors que celui-ci sera déjà écrit depuis plus d’une heure sur les réseaux sociaux.

Alice Antheaume

(1) Conférence sur les enjeux de la campagne numérique, le 22 mars dernier, avec Fleur Pellerin, Nicolas Princen, responsable de la campagne Web et du programme numérique pour Nicolas Sarkozy, et Thierry Vedel, chercheur au CEVIPOF – conférence que j’ai animée.

(2) Enquête réalisée en ligne auprès de 1006 personnes âgées de 18 ans ou plus du 27 au 29 mars 2012.

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Dans les coulisses d’Elysee.fr (MàJ)

Crédit: Elysee.fr

Crédit: Elysee.fr

A priori, entre un site d’infos et le nouveau site du président de la République, rien à voir. Mais à y regarder de plus près, les outils et les formats utilisés, spécifiques au Web, sont les mêmes – le traitement de l’information, c’est une autre histoire. Ainsi, sur la nouvelle «home page» d’Elysee.fr, que j’ai pu voir en avant-première et qui doit être lancée après les élections régionales (UPDATE: le nouveau site a été mis en ligne dans la nuit du 29 mars 2010), des photos grand format, en pleine colonne — mais sans pub — pointent sur les sujets du jour. Plus bas, une partie «dossiers» et une colonne d’«actualités». Certes, l’url ne trompe pas sur la marchandise: il s’agit bien du site d’information du chef de l’Etat. Certes, le code couleur graphique (bleu, blanc, rouge) rappelle où l’on est, ainsi que la devise «liberté, égalité, fraternité». Certes, Elysee.fr, piloté par le conseiller présidentiel Nicolas Princen au sein de la cellule de communication dirigée par Franck Louvrier, est un site institutionnel, qui porte la parole du président. Mais en coulisses, la production d’Elysee.fr s’organise parfois comme celle d’un site Web d’infos: l’un et l’autre numérisent des contenus, organisent leur diffusion et créent le débat, en ligne, dans une sphère publique donc. Sans compter que certaines innovations technologiques d’Elysee.fr vont faire des envieux dans les salles de rédaction. Pour vous le montrer, je me suis livrée au jeu des sept points de convergence / divergence.

1. La ligne éditoriale

Quand nombre de sites d’infos dégainent des articles au rythme de l’agenda de l’AFP, sur Elysee.fr, c’est l’agenda du «PR» (président de la République) qui détermine le menu du jour. En clair, si Nicolas Sarkozy fait un discours, ou un déplacement, comme mercredi 24 février au Gabon, cela détermine le contenu de la page d’accueil d’Elysee.fr du jour. En revanche, s’il ne fait pas d’allocution publique sur la grève dans les raffineries, alors niet, Elysee.fr n’en parle pas. Et ce, même si le sujet faisait par ailleurs la «une» de tous les sites d’infos au mois de février. La ligne éditoriale, c’est donc de coller à l’action du président.

2. L’iconographie

Quelle image mettre sur la page d’accueil? Quelle photo donne envie aux lecteurs de cliquer? Comment illustrer ce dossier? Ces questions, ce sont celles que se pose une rédaction des dizaines de fois par jour. Or ce n’est pas parce que l’on s’appelle Elysee.fr que l’on déroge à la règle. L’équipe du site présidentiel se triture aussi les méninges sur l’iconographie, avec les mêmes contraintes que les sites d’infos pour les photos de Nicolas Sarkozy: que celles-ci soient d’actu (c’est-à-dire du jour, pas du mois dernier) et qu’elles soient de très grande qualité pour convenir au format.

La grande majorité des photos proviennent des photographes de l’Elysée qui, depuis 1958, mitraillent les scènes diplomatiques pour la postérité, à des fins d’archives. Cette fois, leurs clichés sont mis en ligne, façon pour l’équipe d’Elysee.fr de valoriser des contenus qui existaient déjà mais n’étaient jusqu’alors pas montrés si vite. La difficulté du service photo? Saisir le président quand il n’est pas caché par la dizaine de personnes qui assure sa sécurité et l’entoure en permanence. Ce qui rend rares les photos où Nicolas Sarkozy est seul, comme ce cliché où on le voit visiter le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette, le 26 janvier 2010, à Ablain-Saint-Nazaire.

Crédit: Πρωθυπουργός της Ελλάδας

Crédit: Πρωθυπουργός της Ελλάδας

3. Le temps réel

Le rush des lefigaro.fr, 20minutes.fr, lemonde.fr, qui publient des «urgents» et des «dernières minutes» en espérant être les premiers à sortir l’info, Elysee.fr ne connaîtra pas. La présidence ne court pas après l’actu car c’est elle qui la créée. La preuve, il n’y a qu’à compter, sur les sites d’infos français, le nombre d’articles rebondissant sur les annonces de l’hyper-président.

Reste que pour mettre en ligne les vidéos des discours de Nicolas Sarkozy, cela va être la course. La séquence sera récupérée au pool TV, qui filme les interventions du président, sitôt l’allocution terminée pour que celle-ci soit disponible en ligne entre 15 et 30 minutes «après le prononcé». Bref, des quasi «directs». Et de la diffusion sans coupure ni montage, a contrario des sujets des télévisions – qui puisent aussi dans les images du pool TV.

4. Le circuit de la copie

Sur Elysee.fr, aucun contenu n’est publié sans validation. Idem pour les sites d’infos, où la plupart des articles des rédacteurs sont relus par des rédacteurs en chef et /ou des éditeurs. Dans ces conditions, le temps réel stricto sensu n’est pas possible, mais les «actualités» sur les déplacements du chef de l’Etat peuvent être préparées à J-48, avec la publication d’éléments de «contexte» des dits déplacements.

Or publier autre chose que des communiqués de presse, à propos du Président, c’est périlleux. Une simple faute d’orthographe peut faire l’objet de la risée des internautes. La polémique autour de la date exacte de la photo de Nicolas Sarkozy prise à Berlin en 1989 et publiée… sur sa page Facebook montre que le président est guetté en ligne.

5. L’audience

Sur Elysee.fr, les internautes s’appellent «les Français». Il n’est pas prévu qu’ils commentent directement sous les contenus publiés. Mais des boutons Facebook et Twitter sont visibles pour que «les Français» réagissent… sur les réseaux sociaux. Un choix qui coïncide avec les problématiques actuelles des sites d’infos, dont la communauté s’est exportée sur les réseaux. Pour l’équipe d’Elysee.fr, c’est aussi un souci: comment traiter / faire remonter les réactions des internautes? Alors que certains sites font des synthèses de réactions, ou des témoignages d’internautes, Nicolas Sarkozy consulte une sélection des commentaires laissés sur sa page Facebook. Façon baromètre de l’opinion publique numérique.

Sur Twitter, tout reste encore à faire et, comme dans les rédactions, l’équipe d’Elysee.fr s’interroge sur le potentiel de ce réseau encore réservé aux «happy few» (0,98% de la communauté de Twitter est française).

6. La technologie

C’est l’un des points de convergence le plus fort entre Elysee.fr et un site d’info: la nécessaire agrégation de nouvelles technologies. Mais sur Elysee.fr, il s’agit de mettre en valeur l’innovation technologique… française. Plutôt qu’une Google Maps sur les allers et retours de Nicolas Sarkozy, la carte des voyages présidentiels est donc signée IGN (Institut géographique national). Car IGN, c’est français! De même, point de YouTube (américain), place à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) et à Dailymotion, les plates-formes frenchy de vidéos.

Cependant, la vraie innovation du site réside dans la technologie de reconnaissance vocale des vidéos, conçue par deux sociétés – françaises! – Exalead et Vecsys. Un outil qui permet de chercher un mot dans les discours filmés de Nicolas Sarkozy, et rend traçable la parole politique dans le temps. De fait, le dispositif va sans doute plaire à Yann Barthès, dont Le Petit Journal de Canal+ excelle à traquer les répétitions et les bafouilles des hommes politiques. Et je prends le pari que les rédactions Web vont se bousculer pour l’acquérir.

7.  La politique

J’entends par là la politique au sens figuré. Car le lancement du nouveau site de l’Elysée pourrait bien faire évoluer le fonctionnement du Palais. En effet, la mise en ligne de données sur l’action de Nicolas Sarkozy qui, jusqu’à présent, étaient réservées à un usage interne, poussent à plus de transparence, l’une des valeurs clés du Web. Avec le risque, quand les données se multiplient dans le temps, de voir pointer d’éventuelles contradictions.

C’est peu ou prou ce qu’ont vécu – et vivent encore – les sites Web des journaux imprimés. D’abord ils ont retraité et numérisé des contenus existants (ceux du papier) pour les rendre accessibles en ligne – ce que fait Elysee.fr, au service du palais présidentiel; ensuite ils se sont constitués en rédaction spécifique, distincte du journal, et ont créé des contenus propres au Web.

Qui sait? L’Elysée pourrait aussi vivre sa révolution numérique…

Alice Antheaume

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