Grumpy Cat a été la star – à quatre pattes – du festival South by South West à Austin, aux Etats-Unis. Au Web Summit, organisé à Dublin, en Irlande, du 4 au 6 novembre 2014, la tête d’affiche s’appelle Eva Longoria. Invitée à converser avec une journaliste de Vanity Fair, l’actrice de la série Desperate Housewives s’est mis dans la poche les quelque 22.000 participants venus d’abord pour «réseauter», parler nouvelles technologies et trouver des investisseurs pour lancer leur start-up.
«Je n’étais jamais venue en Irlande»
A la question «qu’est-ce qui vous amène au Web Summit?», Eva Longoria a répondu par un éclat de rire décomplexé: «je n’étais jamais venue en Irlande». Avant de préciser: «on m’a invitée à parler de mes investissements qui, dans un monde global, nécessitent différents modèles selon le pays. Une bonne façon de partager ces modèles, c’est de recourir à la technologie».
L’actrice, présentée comme productrice/entrepreneuse/philanthrope, a préféré axer son intervention sur les femmes, une denrée plutôt rare dans les conférences sur les technologies. «J’aimerais encourager toutes les femmes présentes ici à aider leurs jeunes congénères, à devenir leur mentor, à leur montrer la voie. Parce que, sans mentor, le système ne fonctionne pas.» Un discours salué par une salve nourrie d’applaudissements et les flashs des photographes agglutinés près de la grande scène.
Le tollé Kardashian
Pourtant, les geeks ne sont pas public facile. Lors d’une autre conférence dédiée au mobile qui s’est tenue en Californie le 27 octobre, la venue de Kim Kardashian a provoqué une levée de boucliers sur Twitter, avant même qu’elle ne monte sur la scène, sur le thème «que peut-elle nous apprendre sur la technologie?». «C’est une star du mobile», a justifié la journaliste qui l’a invitée, Kara Swisher, arguant que son jeu sur Iphone, Kim Kardashian: Hollywood, génère 200 millions de dollars de revenus. Bien plus, donc, que ce qu’obtiennent la plupart des créateurs de start-up, continue Techcrunch. Interrogée sur les raisons pour lesquelles elle n’est pas prise au sérieux, Kim Kardashian a confié qu’elle ne le sait «pas très bien». «Peut-être parce que mon succès provient d’une télé-réalité, ce qui peut être négatif pour certains»…
Qui tire la couverture sur qui?
A qui profite la présence de telles célébrités à ces événements arpentés par des entrepreneurs du Web? A la renommée de la conférence? Ou à la star qui accède ainsi à un autre public que son terreau de fans habituels? Sans doute les deux.
Faire venir une star à une conférence numérique, c’est profiter de son influence. Une Kim Kardashian, avec plus de 25 millions d’abonnés sur Twitter, 20 millions sur Instagram, représente une chambre d’écho extraordinaire quand elle évoque un événement en ligne. Et, au delà, cela peut avoir des retombées pour l’économie locale, comme lorsqu’Eva Longoria visite les trésors du pays – le petit déjeuner irlandais, la cathédrale Saint Patrick, un bar de Dublin – dont elle parle sur les réseaux sociaux. A un jour d’intervalle, elle fait ainsi la couverture de deux journaux, le «Irish Independent» puis le «Irish Time».
Des stars qui rayonnent via le réseau
Pour les stars qui investissent dans le numérique, c’est aussi un coup de projecteur sur leurs activités. C’est le cas de Lily Cole, le mannequin au visage en forme de lune. Invitée au Web Summit, elle a présenté sa start-up, impossible.com, une plate-forme de trocs qui permet par exemple d’échanger des cours de tricot contre le design d’un site Web.
Reconversion en vue? «J’ai plus d’amis dans la technologie (dont Jimmy Walles, le co-fondateur de Wikipédia, qui a investi dans impossible.com et la conseille, ndlr) que dans la mode», a-t-elle expliqué. «Je passe un à deux mois par an à jouer des rôles et à faire du mannequinat, pour payer les factures et mettre de la lumière sur mes projets. Le reste du temps, je travaille à cette start-up avec ma petite équipe qui, comme dans toutes les start-up, analyse les data et pense à son développement».
Le partage comme compétence
Ces stars peuvent même avoir des compétences numériques inédites. Kim Kardashian est une championne du partage en ligne. «Toute ma carrière est basée sur les réseaux sociaux», et notamment «dans un environnement mobile», a-t-elle clamé. Flairant le filon, des entreprises de technologie ont même embauché des célébrités pour profiter de leur expérience. «La chanteuse Alicia Keys a travaillé pendant un an au sein du fabricant Blackberry en tant que directrice créative. Une position qu’a également occupé la chanteuse Lady Gaga chez Polaroid», répertorie Lefigaro.fr.
Enfin, la présence d’Eva Longoria et Lily Cole féminine quelque peu le casting. Au Web Summit, seuls 15% des orateurs sont des femmes, regrette l’équipe. Quant au public, il n’est pas non plus très féminin même si l’organisation a offert des billets gratuits à des femmes triées sur le volet – pour un montant total de 250.000 euros, ce qui, si l’on se réfère au prix d’un billet à 800 euros, fait 312 billets.
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Alice Antheaume
lire le billetIls vieillissent, sont de plus en plus précaires, et se féminisent. Telles sont les conclusions du rapport de l’Observatoire des métiers de la presse, réalisé à partir des données 2012 de la CCIJP, la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. Des données qui, hélas, ne permettent pas de mesurer le nombre de journalistes travaillant pour le numérique.
37.477 journalistes ont une carte de presse en France en 2012. C’est à peine plus que l’année précédente, en 2011, où l’on en dénombrait 37.286. En réalité, il y a plus de journalistes en France que cela mais tous ne demandent pas leur carte de presse pour effectuer leur métier.
Age
Les “encartés”, comme on les surnomme, ont en moyenne 42,9 ans – 42,3% de l’ensemble ont plus de 45 ans, 28% ont moins de 35 ans. Des chiffres qui “témoignent d’un vieillissement régulier des journalistes encartés”, note le rapport, et notamment en presse écrite et télévision. Les plus jeunes exercent dans la production audiovisuelle.
Compétences
Le plus gros vivier de journalistes encartés travailleraient dans le secteur que l’étude appelle “presse écrite” (66% du corpus), une catégorie un peu fourre-tout qui comprend la presse quotidienne nationale, la presse quotidienne régionale, les agences de presse comme Reuters ou l’AFP, mais aussi les sites d’informations des quotidiens et magazines ainsi que les pure players. Pas étonnant, donc, que cette catégorie fasse le plein, devant la télévision (14,8%), la radio (9,5%) et la production audiovisuelle (2,5%).
Quelle part prennent les journalistes numériques dans ce corpus? Difficile à dire, d’autant que ceux qui travaillent, par exemple, pour les sites de Radio France sont répertoriés dans la catégorie radio tandis que ceux qui produisent sur France TV Info figurent dans la catégorie télévision. Interrogée sur ce point, Nathalie Barret, responsable des Observatoires des métiers, reconnaît que cette répartition n’est pas satisfaisante. “En essayant d’isoler les journalistes ayant déclaré qu’ils travaillaient sur un .fr, .info, .com, ou .org, nous constatons qu’ils formeraient 3.5% de l’ensemble”, m’explique-t-elle. “Nous sommes bien en deçà de la vérité”. Obtenir un pourcentage plus précis dépend de la déclaration que font les journalistes au moment de demander ou renouveler leur carte de presse auprès de la CCIJP. Or spécifier qu’on travaille sur le site de lexpress.fr plutôt que pour l’hebdomadaire n’est pas “nécessaire” pour obtenir sa carte. En outre, les rédactions font souvent des demandes collectives et ne rentrent pas dans les détails des attributions de chacun de leurs journalistes.
Contrats
Le pourcentage de CDI? 73.7% – 74,2% l’année précédente, en 2011. Quant aux journalistes en contrats précaires (CDD ou piges), ils sont 21,3%. Sans surprise, les pigistes et CDD sont sur-représentés dans les moins de 26 ans (67,7%). “Dans la tranche d’âge 26-34 ans, un journaliste sur trois a un contrat précaire”, diagnostique le rapport.
Salaires
Le salaire moyen d’un journaliste professionnel en CDI? 3.790 euros bruts par mois. D’un journaliste en CDD? 2.506 euros bruts par mois. D’un pigiste? 2.257 euros bruts par mois. A noter, “un journaliste diplômé d’un cursus reconnu en CDI ou CDD gagne en moyenne 12% de plus qu’un journaliste diplômé d’un cursus non reconnu”. Pourquoi? Cela fait partie des questions que se posent les jeunes journalistes. Voici la raison: à Radio France, le premier salaire perçu varie en fonction de la formation. Un étudiant d’une école de journalisme reconnue, comme l’Ecole de journalisme de Sciences Po, peut obtenir 2.160 euros bruts par mois, quand un étudiant d’une formation non reconnue par la profession des journalistes reçoit, lors de sa première année, 1.757 euros bruts. De même, au Monde.fr, un jeune journaliste non titulaire de sa carte de presse gagne 2.300 euros bruts mensuels quand un journaliste titulaire d’une carte de presse obtient 2.900 euros bruts.
D’une manière générale, on gagne mieux sa vie en étant un homme et en travaillant pour la télévision ou la production audiovisuelle, et ce, même si les contrats y sont plus précaires – ce sont les fameux CDD d’usages, qui s’échelonnent sur une saison télé, de septembre à juin.
Condition féminine
On dénombre 45,7% de femmes encartées en 2012 contre 54,3 % d’hommes – un pourcentage qui, d’ailleurs, ne cesse de monter – . Pourtant, elles sont peu représentées dans les postes de direction, et notamment les plus hautes fonctions, la direction de la rédaction (26,2% de femmes) et la rédaction en chef (34%). Elles sont un tout petit peu plus présentes aux postes de direction des rangs inférieurs, soit rédaction en chef adjointe (36,4% de femmes) et chef de service (37,9% de femmes), mais on est loin de l’équilibre. Il n’y a guère que la fonction de chef de rubrique qui recueille 52,2% des femmes. En même temps, on peut être seule à sa rubrique et être chef de rubrique – c’est une fonction qui va pas forcément de pair avec manager une équipe.
Parmi les premières demandes, figurent un grand nombre de femmes (56,2% contre 43,8% d’hommes), des contrats précaires (61,2 des premières demandes sont en CDD ou piges), et faisant une demande sur le tard.
A noter: la tranche 45-56 ans est de plus en plus nombreuse à faire une première demande de carte de presse. Le rapport estime qu’il s’agit “probablement de reconversions professionnelles vers le journalisme”. L’effet Roselyne Bachelot?
Alice Antheaume
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