Pourquoi le journalisme continue à muter en 2011?

Crédit: DR

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«Il y a 20 ans, il n’y avait pas de Web. Il y a 15 ans, Google n’existait pas. Il y a 10 ans, nous n’avions pas de compte Facebook. Et il y a 5 ans, pas de Twitter», énumère Adam Croizer, le président de la société britannique de télévision ITV, lors du Changing Media Summit, la conférence organisée par le Guardian à Londres, ces 23 et 24 mars. La révolution numérique du journalisme est maintenant derrière nous. Cependant, certains éditeurs n’en reviennent toujours pas, mi-fascinés mi-effrayés, d’apprendre à vivre avec ce tsunami digital.

Depuis le début de l’année 2011, se multiplient les signes de cette nouvelle ère. Autant de preuves que le monde, privé et professionnel, journalistique et technologique, continue à changer. En guise d’introduction à la conférence, Rory Cellan Jones, journaliste spécialisé en nouvelles technologies pour la BBC, égrène la liste des événements qui poussent les journalistes à reconsidérer leur rôle et… leur influence.

  • Janvier/février 2011: Le printemps arabe, ses «lives» et Al Jazeera.

Les révoltes en Tunisie, puis en Egypte, sacrent la chaîne Al Jazeera english, très active pour couvrir ces événements. Les journalistes de la chaîne, dotés d’un réseau efficace, et apprenant en marchant, honorent avec succès la demande d’un public avide d’un flot ininterrompu d’informations, y compris d’infos pouvant sembler insignifiantes. C’est à ce moment-là que s’installent, sur nombre de sites d’informations généralistes dans le monde, des «lives» longue durée, composés de texte, de photos, de vidéos, de commentaires, de messages issus des réseaux sociaux, d’informations brutes et d’analyse journalistique. Des lives qui racontent, minute par minute, sept jours sur sept, les dernières avancées des soulèvements.

Créé par Rupert Murdoch, qui détient également The Sun et The Wall Street Journal, ce magazine payant n’est disponible que sur iPad. Son prix: 99 cents la semaine, 39.99 dollars l’année. The Daily «n’est pas qu’une application, c’est une nouvelle voix», peut-on lire sur leur présentation.

  • 11 mars 2011: Angry Birds boucle un (sérieux) tour de table.

L’éditeur d’Angry Birds, ce jeu sur mobile qui consiste à lancer des oiseaux, considéré comme le Super Mario des années 2010, lève 42 millions de dollars. Et continue à se développer, revendiquant 40 millions de «joueurs» actifs mensuels. Une mine qui donne des idées au journalisme. En effet, les mécaniques de jeu, qui jouent «sur nos motivations personnelles», poussent les utilisateurs «à agir», rappelle Marie-Catherine Beuth sur son blog Etreintes digitales. Et donc à consommer des contenus.

  • 17 mars 2011: le New York Times dévoile un mur payant «incroyablement complexe», selon les mots de Rory Cellan Jones.

Et c’est peu de le dire. En effet, le système mis en place regorge d’exceptions: si vous consommez moins de 20 contenus par mois, c’est gratuit. Sinon, il faut payer 15 dollars par mois pour lire les informations sur ordinateur et téléphone mobile, mais 20 dollars mensuels pour les lire sur l’ordinateur et une tablette et… 35 dollars pour disposer de ces contenus sur tous les supports. Logique ou pas, les contenus restent gratuits si vous y accédez depuis les réseaux sociaux.

  • 21 mars 2011: Twitter fête ses cinq ans.

Le réseau social de San Francisco franchit les étapes d’une start-up qui réussit, et compte désormais 200 millions d’inscrits dans le monde, dont 2,4 millions en France. A côté des 500 millions d’utilisateurs de Facebook, dont 20 millions de Français, le chiffre semble dérisoire. Et pourtant, Twitter constitue un outil de compétition pour les journalistes. La photo de l’avion qui a amerri en catastrophe sur l’Hudson, à New York, c’est sur Twitter qu’elle est apparue en premier, créant un «breaking news» historique. Et ce n’est pas la seule photo publiée sur Twitter à avoir compté en tant qu’information, comme en témoigne ce diaporama des neufs photos qui ont fait entrer le réseau dans l’univers des médias.

  • 22 mars 2011: Lady Gaga est interviewée par… Google.

Une interview «exclusive» d’une durée d’1h11 avec public, applaudissements, et questions des internautes, dans laquelle la chanteuse se dit «très honorée» d’être chez Google, se souvenant qu’au lycée, ses amies rêvaient de travailler pour le moteur de recherche américain, et qu’elle rêvait, elle, d’être le mot «que celles-ci cherchaient». Cela va sans dire, la vidéo de la rencontre entre Lady Gaga et Marissa Meyer, vice présidente de Google, a été publiée sur YouTube, la plate-forme du géant américain.

A cette liste, il faudrait ajouter le rachat du site Huffington Post par AOL pour 315 millions de dollars, et le lancement par Google d’un magazine en Angleterre, intitulé Think Quaterly

Alice Antheaume

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Gamification, émotion, accélération: les mots de TEDx 2011

Crédit: Flickr/CC/photonquantique

Crédit: Flickr/CC/photonquantique

Ce samedi 15 janvier a eu lieu la 2e édition parisienne des conférences TEDx (Technologie, Entertainment, et Design), organisées à l’espace Pierre Cardin. Assister à cette journée, c’est une expérience composite. Un mélange assez séduisant qui mixerait les ingrédients de la conférence Le Web de Loïc et Géraldine Le Meur, d’une pièce de théâtre et d’un concert de musique. L’année dernière, lors de la première édition, j’y avais déjà consacré un W.I.P.

Au programme, une salle remplie à ras bord, des robots de téléprésence, et 18 interventions, de l’architecture intérieure réalisée par un aveugle (désarçonnant Eric Brun-Sanglard), du cerveau sans sexe (classique mais nécessaire Catherine Vidal), de la 4D bien expliquée (démonstration d’Etienne Parizot), en passant par une probable future révélation musicale (géniale Irma). Chacun a eu 18 minutes pour faire “le speak de sa vie”, c’est-à-dire formuler une idée qui vaut la peine d’être partagée, conformément aux règles de TED. Enfin, pas partagée à 100%, dans la mesure où les vidéos diffusées par Canal+ ne peuvent pas être “embedées” sur cette page, dommage.

Petit compte-rendu sélectif en trois mots liés au journalisme: “gamification”, émotion, et accélération.

Gamification

Il est le père des Nabaztag, ces lapins blanc connectés au Wifi et capables de parler. rafi Haladjian (avec un r minuscule) le sait, ses lapins étaient “un peu seuls”, au moment de leur création, en 2005. Un peu comme aux débuts de l’Internet, lorsque, “même si vous aviez le matériel, même si cela voulait bien marcher, avoir une adresse email ne servait pourtant à rien. Car vous ne connaissiez personne à qui envoyer un message”, rappelle-t-il.

Aujourd’hui, les lapins communicants se sentiraient moins isolés, dans la mesure où se sont développés depuis d’autres objets communicants, comme le… Snif Tag, un boîtier accroché au collier de votre chien qui vous permet de suivre en temps réel ce que fait votre animal de sa journée (!), ou bien la balance Whitings qui annonce votre poids sur Twitter à chaque pesée. “Qui connecte un oeuf connecte un boeuf”, s’amuse à ériger comme maxime rafi Haladjian.

Gadget que tout cela? Peut-être. Mais cela participe de ce que rafi Haladjian appelle la “gamification”, un néologisme qui montre la volonté de donner “une logique de jeu aux pratiques” du quotidien, comme le fait le réseau social Foursquare, en proposant aux internautes de gagner des badges à chaque fois qu’ils s’identifient dans le lieu où ils se trouvent. Qui sait? Demain, en nous lavant les dents, nous pourrons peut-être gagner des points, voire un match contre un adversaire se brossant aussi les dents, moins longtemps, et moins dans les coins que nous.

Emotion

Une “BD reportage” sur le bidonville de Kibera, situé à Nairobi, où l’on découvre ce que sont des “toilettes volantes”, une autre qui dessine la situation au Sud Liban, avec cette jeune fille de 19 ans qui raconte comment une grenade a emporté sa jambe… Patrick Chappatte, dessinateur de presse pour le quotidien suisse Le Temps et l’International Herald Tribune, veut montrer “l’implication de la grande actualité sur la vie ordinaire“. Et pour cela, il croit aux vertus du dessin, dont “la simplicité permet de retrouver l’émotion (…) et qui peut aider à raconter le monde, un monde de plus en plus compliqué”.

Autre avantage du dessin d’actualité, selon Patrick Chappatte: “Intéresser les lecteurs à des sujets qui ne les auraient pas intéressé” en temps normal.

Et si le dessin, pas nouveau dans la presse, était l’un des futurs possibles du journalisme? “Tout ce que je dessine est vrai, reprend Patrick Chappatte. Je travaille comme un journaliste traditionnel, je pars en reportage, je fais des rendez-vous, je réalise des interviews, et ensuite, je mets en dessin les anecdotes les plus parlantes”. Une façon de raconter journalistiquement la vérité, comme l’ont fait aussi Joe Sacco sur la Palestine et la Bosnie, ou Art Spiegelman avec Maus, l’histoire dessinée d’un couple rescapé de la Shoah, qui lui a valu le graal journalistique, un prix Pulitzer en 1992.

Accélération

Un autre intervenant évoque, sans l’expliciter, l’information. Via son discours sur les paradoxes de la vitesse, Jean-Louis Servan-Schreiber, fondateur des revues Pyschologies et Clés, l’annonce: “L’ère de la vitesse n’aura duré que 175 ans”. Et il montre, pour ce faire, l’image d’une pierre pierre tombale d’une dénommée “Plus vite”, née en 1825, et morte en l’an 2000, année du crash du Concorde.

Depuis lors, Servan-Schreiber estime que nous avons arrêté de chercher à aller plus vite. Désormais, la vitesse ne progresse plus, et pourtant, l’accélération continue. Accélération d’informations à gérer, minute par minute, via SMS, emails, coups de téléphone, qui mène, dit l’homme, à un “abêtissement par accumulation” qui nous empêcherait de “réfléchir” et de prendre des décisions valables. Pas très temps réel, cette fois.

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Spiil: Esprit du Web, es-tu là?

«Comment voyez-vous le futur du journalisme?» C’est par cette question, posée par Jessica Chekroun, journaliste pour l’Atelier des médias, qu’a commencé ma journée au Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne), vendredi 22 octobre. Journée de débats, ateliers (1), et de «réseautage» organisée à la Maison des métallos, à Paris, par le syndicat professionnel des pure players, la première du genre depuis leur naissance, il y a un an, en octobre 2009. Ambiance sur place résumée en trois questions.

Crédit: Satellifax

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1. Y a-t-il un esprit Web?

Contents, les organisateurs du Spiil, de voir les «450 inscrits» discuter comme s’ils étaient les membres d’une même famille. Ici, la majorité des présents sont des producteurs de contenus en ligne. Point de contingence du papier donc – les pure players étant des sites Web d’infos sans déclinaison imprimée, comme Slate.fr, Bakchich, Arrêts sur images, Médiapart, le Bondy Blog, etc.

«Je suis journaliste Web», apostrophe un participant dans la salle, n’oubliant pas d’accoler le mot Web à sa fonction. «L’esprit Web n’est pas si éloigné de l’esprit rock, pense Antonio Casilli, auteur de «Les Liaisons numériques» (éd. du Seuil) (MISE A JOUR LUNDI 14h30). Il a aussi ses valeurs et ses codes esthétiques». Des valeurs «libertaires et solidaires», détaille à ce sujet Owni, qui ont permis de se mettre d’accord sur des normes universelles, pour fonder par exemple les licences Creative Commons.

Des valeurs qui – pour les avoir évoquées dans un W.I.P. sur la «rédaction secrète du Web français» et un autre sur les usages des «forçats du Web» – se concrétisent, dans le monde des producteurs d’infos en ligne, par le partage de centaines de liens quotidiens, par l’entraide, l’intérêt pour l’expérimentation, et cette vie faite de chats, de réseaux sociaux, de photos taguées à tous les étages. Et d’interaction avec l’audience. «Puisque l’audience apporte de la valeur ajoutée aux sites d’informations, il faut réfléchir à des moyens de partager nos revenus avec elle, s’enthousiasme Benoît Raphaël, ancien rédacteur en chef du Post.fr, avant de se raviser: «le problème, c’est que l’on n’a pas beaucoup de revenus à partager.»

Quant aux codes esthétiques, s’ils existent, ils concernent moins la mise vestimentaire du producteur de contenu en ligne que ses outils de travail. Iphone, iPad, Android, ordinateurs portables, mais aussi plug in, navigateurs et applications mobiles.

2. Comment couvrir les retraites autrement qu’en faisant du «live»?

Dans les coulisses du Spiil, c’était, actualité oblige, l’une des préoccupations les plus pressantes des journalistes harassés par des semaines de couverture en temps réel des mouvements contre la réforme des retraites. Comment trouver, chaque jour, un angle différent sur ce sujet qui dure? Et mieux, un format différent?

Outre les «lives», très pratiqués par lemonde.fr et 20minutes.fr, rejoints par leparisien.fr et Rue89, il y a eu aussi des cartes interactives, pas toujours très complètes d’ailleurs, mais problème: comment faire pour ne pas lasser les internautes quand ce format revient chaque jour et comment «faire des retours sur ce qu’il s’est passé il y a 24h, voire 48h, qui n’est déjà plus dans l’actu», s’interroge Yann Guégan, gestionnaire de communautés sur Rue89, interviewé à ce sujet dans l’émission d’Arrêts sur images. D’autant que, ajoute-t-il, «c’est fatiguant, de tenir un “live” du matin au soir, lorsqu’on est une petite équipe». Pour le site Regards sur le numérique, tout se résume en une question: l’article est-il mort?

3. Quelle campagne en ligne en 2012?

Outre la question des modèles gratuit/payant, des aides à la presse en ligne – celles de l’Etat comme celles que pourront peut-être apporter un site comme jaimelinfo.com, qui proposera aux internautes de faire des dons pour subventionner le reportage de leur choix -, le sujet débattu au cours de la dernière séance plénière de la journée du Spiil a concerné la future campagne de 2012. A quoi celle-ci va-t-elle ressembler? Plus exactement, la prochaine élection présidentielle va-t-elle encore reposer sur l’image (télévisuelle, ndlr) et la personnalité des candidats, demande Dominique Cardon, sociologue et auteur de «La Démocratie Internet» (éd. du Seuil), ou mettre – enfin – le programme des candidats en débat via le Web?

La réponse du panel invité , vendredi, a été réservée: «Il y a trois ans, je travaillais dans un grand ministère du côté de Bercy», raconte Xavier Moisant, qui s’est occupé de la campagne en ligne de Jacques Chirac, en 2002. «Je me demandais pourquoi personne ne répondait à mes emails. J’ai posé la question, on m’a répondu: “pour avoir une réponse, faxe nous tes emails!”»

«C’est vrai que les hommes politiques français n’ont pas souvent un ordinateur sur leur bureau, confirme Benoît Thieulin, co-fondateur de La Netscouade, qui s’est occupé de la campagne de Ségolène Royal en 2007. Or c’est dur de faire une stratégie Web si l’on n’est pas praticien du Web». Xavier Moisant s’en souvient: la seule relation que Jacques Chirac entretenait, à l’époque, avec Internet consistait en des signets qui le menaient vers les résultats des compétitions de sumo. D’après Benoît Thieulin, «notre classe politique, dans sa formation intellectuelle et dans sa carrière, qui passe souvent par de grandes administrations centrales, n’est pas formée au Web. Développer une stratégie complexe ne peut venir que de la pratique même, sinon on se limite à calquer sur le Web des stratégies préexistantes» sans vraiment les penser pour le Net.

L’avantage est, qui que soient ses futurs compétiteurs, à Nicolas Sarkozy, estime Xavier Moisant. En dépit des 7 Français sur 10 qui s’estiment mécontents de l’action du chef de l’Etat, selon un sondage Ifop/JDD publié le 24 cotobre, il a une arme que les autres n’ont pas, à savoir une page Facebook qui compte plus de 334.000 personnes. Un vivier sur lequel s’appuyer pour 2012.

(1) J’intervenais pour ma part lors d’un atelier intitulé «tout ce que les journalistes Web doivent apprendre et que leurs collègues ignorent», animé par Philippe Couve, en compagnie de Soizic Bouju, Marc Mentré et Eric Mettout.

Alice Antheaume

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A TEDx, des théories à échanger

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«C’est en écoutant les idées dans d’autres domaines que le sien qu’on a de nouvelles idées dans sa spécialité, puisque le monde est connecté». Tel est le principe des conférences TED, un rendez-vous annuel aux Etats-Unis depuis 20 ans, et dont une déclinaison vient d’être organisée à Paris le 30 janvier 2010.

Parmi les intervenants, citons un docteur en physique théorique, capable d’expliquer la théorie de relativité et de… se faire comprendre (brillant Christophe Galfard), un philosophe qui pense que toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout si cette vérité aide un assassin à tuer (époustouflant Miguel Benasayag), un stand-up vraiment drôle (Vinvin), d’autres interventions moins réussies et… quelques invités venus parler – de près ou de loin – du Web. Compte-rendu à lire ci-dessous…

L’autorité vacillante du journaliste

A commencer par Christine Ockrent, que l’on ne présente plus, et qui a été la première à officier sur la scène de TEDx. «A chaque sursaut technologique, il y a une utopie, commence-t-elle. Lorsque les pigeons voyageurs sont apparus, on a pensé qu’ils empêcheraient les guerres». Et de poursuivre qu’aujourd’hui, avec l’arrivée de Facebook, c’est l’utopie du tout-info, «l’utopie selon laquelle tout le monde partage tout.» La directrice générale de l’audiovisuel extérieur de la France, qui regroupe les chaînes de télé France 24 et TV5 Monde, et la station de radio RFI, sait que le métier des journalistes d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui qu’elle exerçait à ses débuts. «Sur la toile, la fonction d’autorité du journaliste s’est diluée», reconnaît-elle. Or selon elle – et c’est ici que cela devient intéressant, «la toile va reconstituer cette fonction d’une façon ou d’une autre».

Christine Ockrent argumente: «la communauté immense de Facebook (400 millions d’inscrits, ndlr) veut s’organiser. Regrouper ses communautés par zone d’intérêts. Et élire des leaders.» Leaders qui seraient, si l’on pousse un peu, des déclinaisons du métier de journaliste? Ceux qui seraient (toujours) capables de choisir, de trier, de sélectionner l’information? Aucun doute, estime Christine Ockrent, pour qui «il n’y a rien de plus compliqué que le choix».

Dans le Net, pas sur le Net

«Comment allons-nous communiquer avec Internet dans 20 ou 30 ans?», a enchaîné Joël de Rosnay, le fondateur d’Agoravox. A cette question de prospective, il répond par deux mots. Deux mots qui incarnent, selon lui, les deux tendances du futur. La «biothique» (contraction d’informatique et de biologie) et les «environnements intelligents». «La puissance d’un ordinateur va s’étendre à notre environnement», explique-t-il, donnant l’exemple d’un hall d’hôtel et d’un aéroport. «Comment va-t-on cliquer dans ce hall? Comment va-t-on créer un environnement cliquable?», reprend-t-il. Ce sera le boulot des «puces RFID, des systèmes de reconnaissance faciale, des détecteurs de mouvement, comme cela existe déjà sur la console de jeux Wii.» En clair, pour Joël de Rosnay, le smartphone ne sera bientôt plus un écran sur lequel on navigue, mais un outil pour vivre dans cet écran. «Le téléphone sera un scanner, une télécommande, une souris…»

Méfiance

En regardant le flux vidéo de cette édition parisienne – parfois inégale, les membres de Twitter ont souligné à juste titre que revenait un leitmotiv dans les interventions: celui de la défiance. Et pas qu’envers les journalistes. «Où est passée l’expertise des communicants?, demande Gildas Bonnel, ancien publicitaire. Même avec alerte niveau 6 de l’OMS, qui s’est fait vacciner contre la grippe A / H1N1?». Une tension palpable aussi dans les relations internationales, estime Guy-Philippe Goldstein, consultant, faisant allusion au conflit qui oppose Google et la Chine. «On est dans une course au cyber-armement, où règne la peur réciproque de l’attaque surprise». Ambiance.

Alice Antheaume

Merci à Olivier Maurel de m’avoir invitée.

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