Un tiers des vidéos en France sont bloquées par des “Adblock”

Crédit: Flickr/CC/Denis Bocquet

Crédit: Flickr/CC/Denis Bocquet

Les “Adblock”, ces bloqueurs de publicités disponibles gratuitement sur n’importe quel navigateur (Chrome, Firefox, etc.), qui empêchent les campagnes publicitaires (display, native adversiting) de s’afficher, sont les nouveaux fléaux des éditeurs.

Selon une étude réalisée par SecretMedia, une société qui vend une solution pour contrer les “Adblock”, l’impact est colossal sur la consommation de vidéos, et notamment en Europe. Revue de chiffres.

  • Aux Etats-Unis, 26% du temps passé à regarder des vidéos depuis un ordinateur est “adblocké”
  • Au Canada, 43% du temps passé devant une vidéo n’est pas monétisé
  • En Angleterre, le pourcentage est de 42%
  • En Espagne, le chiffre est de 41%
  • En France, on tourne autour de 33%
  • En Allemagne, c’est pire: 63% du temps passé devant une vidéo n’est pas monétisé
Crédit: SecretMedia

Crédit: SecretMedia

Marché saturé

“L’Allemagne est un bon exemple de ce que peut devenir un marché saturé par les bloqueurs de publicité”, peut-on lire dans cette étude. Il faut dire aussi que c’est dans ce pays qu’est né le plus connu de ces logiciels, Adblock Plus, édité par la start-up allemande Eyeo, dont l’activité est légale selon le jugement rendu par le tribunal de Munich en mai dernier.

Si SecretMedia a analysé l’impact des “Adblock” sur les vidéos, c’est bien sûr pour alerter les éditeurs sur les méfaits des “Adblock” sur leurs revenus et… en faire de futurs clients.

Razzia sur les vidéos en ligne

Tous les éditeurs ont en effet mis le cap sur les vidéos en ligne: parce qu’il y a une audience avide d’en consommer (en France, 33,6 millions d’internautes ont regardé au moins une vidéo sur leur écran d’ordinateur, en juillet 2015, selon Médiamétrie), parce que cette audience est jeune (les 18-34 ans regardent chaque jour 55 minutes de vidéos, sur leur ordinateur ou sur mobile) et “bankable” auprès des annonceurs, et parce que le CPM (coût de la pub pour mille affichages) est plus élevé que sur des formats classiques.

“C’est là que l’argent est”, confirme Frédéric Filloux dans sa Monday Note. Résultat, les vidéos sont devenues des nids à publicités. Presque trop. “Trop de médias ont saturé leurs productions de vidéos payantes, qui se lancent automatiquement, souvent avec le volume au maximum”, reprend Frédéric Filloux. “Dans les vidéos aux sujets plus légitimes, souvent précédées de pré-roll publicitaire de 30 secondes, la plupart des éditeurs ont agi contre le sens commun et ont décidé ne pas permettre aux internautes de “passer” la pub après 5 secondes. Quand on ne peut pas échapper à ces publicités, le contenu devient juste insupportable”.

Bloquer les publicités et le nombre d’impressions sur une vidéo

D’après SecretMedia, non seulement les “Adblock” bloquent l’affichage des publicités, mais ils “font aussi disparaître un certain nombre d’éléments, comme les liens renvoyant sur d’autres vidéos, des widgets, et bien sûr les mesures d’impression”. C’est dont tout le système de mesure qui est remis en cause, et qui empêche l’audience d’être monétisée.

Alice Antheaume

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Portrait de la France des consommateurs d’informations

Comment, en 2012, s’informe-t-on? C’est sur cette question que s’est penché le Reuters Institute Study of Journalism, en analysant la façon dont les Américains, les Anglais, les Allemands, les Danois et les Français sont en contact avec l’actualité.

Cette étude (en PDF), publiée le 9 juillet 2012, montre que Facebook joue désormais un rôle clé dans le partage d’informations, supplantant les emails et Twitter, que les plus jeunes (16-24 ans) s’informent sur les réseaux sociaux plutôt qu’en cherchant dans des moteurs de recherche et que les smartphones sont de plus en plus utilisés pour accéder à l’actualité – 28% des Anglais et des Américains et 32% des Danois disent utiliser leur mobile chaque semaine pour ce faire. La France s’y révèle très active: elle est en effet prolixe en matière de participation aux sondages en ligne et de production de commentaires, pas tant dans l’impasse que cela.

En reprenant les questions posées par cette enquête, voici le portrait, en creux, des consommateurs d’informations français.

  • Quelle source d’informations avez-vous utilisée au cours de la dernière semaine pour vous informer?

Les Français répondent en majorité la télévision et le Web, comme les Danois, quand les Allemands restent attachés aux journaux imprimés – qu’ils regardent à 68% au moins une fois par semaine, et les Américains et les Anglais privilégient le Web.

Et si l’on regarde de plus près les sources d’informations uniquement en ligne, les Français se connectent avant tout sur les sites des journaux, les Anglais sur les sites des chaînes de télévision, et les Américains sur d’autres sources d’informations en ligne, comme les pure-players et les portails d’informations tels Yahoo! et Google News, ainsi que sur les blogs et les réseaux sociaux.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • Quelle catégorie d’informations vous intéresse le plus?

Les Français préfèrent les sujets de politique intérieure, juste devant la politique tout court ; la politique intérieure remporte aussi les suffrages aux Etats-Unis, suivie des informations locales ; quant aux Allemands, ils sont davantage portés vers les informations internationales régionales.

La catégorie d’informations qui marche le moins bien, à contrario? Les informations économiques et financières pour la France, tandis qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, ce sont les arts et la culture qui font chou blanc – alors que ce type d’actualités est prisé en France.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • Quel outil avez-vous utilisé au cours de la dernière semaine pour vous informer?

En France, et dans tous les autres pays analysés dans cette étude, c’est l’ordinateur qui domine, et de très loin, suivi du mobile et de la tablette, dans de plus faibles proportions. Le Danemark est le pays où le mobile fait la percée la plus forte, derrière l’ordinateur néanmoins.

  • Avez-vous déjà payé en ligne pour obtenir des informations?

Là encore, le Danemark a une longueur d’avance, ses habitants étant les plus nombreux à être passés à l’acte de paiement en ligne pour de l’info. De l’autre côté de l’échelle, les Anglais sont les plus réticents à cette idée – seuls 4% d’entre eux disent l’avoir déjà fait, quand les Français et les Américains le font un peu, mais dans de faibles proportions.

  • Avez-vous participé à la production d’informations en ligne au cours de la dernière semaine?

Discussion par messagerie instantanée sur l’actualité, partage d’informations sur les réseaux sociaux, publications de commentaires sous un article, etc.: les Américains sont une majorité à participer à la production et au partage d’informations en ligne. Et, surprise, la France est le “pays européen le plus engagé” sur ce créneau, devant l’Allemagne, l’Angleterre et le Danemark.

Crédit : Reuters Institute for the Study of Journalism

  • De quelle façon participez-vous à la production d’informations ou partagez-vous des infos?

40% des Français sondés déclarent participer à un sondage en ligne chaque semaine et 21% commentent des informations sur les réseaux sociaux. “L’élection présidentielle française était en cours lorsque notre étude a été menée”, précise le Reuters Institute, “ce qui peut expliquer ces chiffres légèrement plus élevés” en France.

Conclusion? La rapide mutation du papier vers le numérique telle que l’ont connue les Etats-Unis ne trouve pas vraiment “sa réplique dans les pays européens”, constate l’étude du Reuters Institute, qui veut pour preuve l’exemple de l’Allemagne, très attachée au papier et dont “les habitudes de lecture montrent une faible utilisation d’Internet”.

Alice Antheaume

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